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cher fils vient-il d'une race mortelle? a-t-il pas fallu qu'elle fût couverte de la vertu du Très-Haut? est-ce pas le Saint-Esprit qui l'a remplie d'un germe céleste parmi les délices de ses chastes embrassements, et qui, se coulant sur son corps très-pur d'une manière ineffable, y a formé celui qui devait être la consolation d'Israël et l'attente des nations? C'est pourquoi l'admirable saint Grégoire dépeint en ces termes la conception du Sauveur : Lorsque le doigt de Dieu composait la chair de son Fils du sang le plus pur de Marie, «la concupiscence, dit-il, n'osant approcher, regardait de loin avec étonnement un spectacle si nouveau, et <«< la nature s'arrêta toute surprise de voir son Seigneur et son <«< Maître dont la seule vertu agissait sur cette chair virginale» : Stetit natura contra et concupiscentia longe cum stupore, Dominum naturæ intuentes in corpore mirabiliter operantem.

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Et n'est-ce pas ce que la Vierge elle-même chante avec une telle allégresse dans ces paroles de son Cantique: Fecit mihi magna qui potens est; « Le Tout-Puissant m'a fait de grandes <«< choses? » Et que vous a-t-il fait, ô Marie! Certes, elle ne peut nous le dire; seulement elle s'écrie toute transportée, qu'il lui a fait de grandes choses: Fecit mihi magna qui polens est. C'est qu'elle se sentait enceinte du Saint-Esprit; elle voyait qu'elle avait un fils qui était d'une race divine; elle ne savait comment faire, ni pour célébrer la munificence divine, ni pour témoigner assez son ravissement d'avoir conçu un fils qui n'eût point d'autre père que Dieu. Que si elle ne peut elle-même nous exprimer ses transports, qui suis-je, chrétiens, pour vous décrire ici la tendresse extrême et l'impétuosité de son amour maternel, qui était enflammé par des considérations si pressantes? Que les autres mères mettent si haut qu'il leur plaira cette inclination si natu

relle qu'elles ressentent pour leurs enfants, je crois que tout ce qu'elles en disent est très-véritable, et nous en voyons des effets qui passent de bien loin tout ce que l'on pourrait s'en imaginer; mais je soutiens, et je vous prie de considérer cette vérité, que l'affection d'une bonne mère n'a pas tant d'avantage par-dessus les amitiés ordinaires, que l'amour de Marie surpasse celui de toutes les autres mères. Pour quelle raison ? C'est parce qu'étant mère d'une façon toute miraculeuse et avec des circonstances tout à fait extraordinaires, son amour doit être d'un rang tout particulier. Et comme l'on dit, et je pense qu'il est véritable, qu'il faudrait avoir le cœur d'une mère pour bien concevoir quelle est l'affection d'une mère, je dis tout de même qu'il faudrait avoir le cœur de la sainte Vierge pour bien concevoir l'amour de la sainte Vierge.

Et que dirai-je maintenant de celui de notre Sauveur? Certes je l'avoue, chrétiens, je me trouve bien plus empêché à dépeindre l'affection du fils que je ne l'ai été à vous représenter celle de la mère; car je suis certain qu'autant que Notre-Seigneur surpasse la sainte Vierge en toute autre chose, d'autant il était meilleur fils qu'elle n'était bonne mère. Il n'y a rien qui me touche plus dans l'histoire de l'Évangile que de voir jusqu'à quel excès le Sauveur Jésus a aimé la nature humaine; il n'a rien dédaigné de tout ce qui était de l'homme; il a tout pris, excepté le péché, tout jusqu'aux moindres choses, tout jusqu'aux plus grandes infirmités. Que j'aille au jardin des Olives, je le vois dans la crainte, dans la tristesse, dans une telle consternation, qu'il sue sang et eau dans la seule considération de son supplice. Je n'ai jamais ouï dire que cet accident fût arrivé à autre personne qu'à lui, ce qui m'oblige de croire que jamais homme n'a

eu les passions ni si délicates ni si fortes que mon Sauveur. Quoi donc mon Maître, vous vous êtes revêtu si franchement de ces sentiments de faiblesse qui semblaient même être indignes de votre personne; vous les avez pris si purs, si entiers, si sincères! que sera-ce après cela de l'amour envers les parents, étant certain qu'il n'y a rien dans la nature de plus naturel, de plus équitable, de plus nécessaire, vu particulièrement qu'elle est votre mère, non par un événement fortuit, mais que l'on vous l'a prédestinée dès l'éternité, préparée et sanctifiée dans le temps, promise par tant d'oracles divins, que vous-même vous l'avez choisie comme celle qui vous plaisait le plus parmi toutes les créatures!

Et, à ce propos, j'ose assurer une chose qui n'est pas moins véritable qu'elle vous paraîtra peut-être d'abord extraordinaire. Je sais bien que toute la gloire de la sainte Vierge vient de ce qu'elle est mère du Sauveur; et je dis de plus qu'il y a beaucoup de gloire au Sauveur d'être le fils de la Vierge. N'appréhendez pas, chrétiens, que je veuille déroger à la grandeur de mon Maître par cette proposition. Mais quand je vois les saints Pères, parlant de Notre-Seigneur, prendre plaisir à l'appeler par honneur le fils d'une vierge, je ne puis plus douter qu'ils n'aient estimé que ce titre lui plaisait fort, et qu'il lui était extrêmement honorable. Sur quoi j'apprends une chose de saint Augustin qui donne, à mon avis, un grand poids à cette pensée. La concupiscence, dit-il, qui se mêle, comme vous savez, dans les générations communes, corrompt tellement la matière qui se ramasse pour former nos corps, que la chair qui en est composée en contracte une corruption nécessaire. Je ne m'étends point à éclaircir cette vérité; je me contente de dire que vous la trouverez dans

mille beaux endroits de saint Augustin. Que si ce commerce ordinaire, ayant quelque chose d'impur, fait passer en nos corps un mélange d'impureté, je puis assurer au contraire que le fruit d'une chair virginale tirera d'une racine si pure une pureté sans égale. Cette conséquence est certaine et suit évidemment des principes de saint Augustin. Et comme le corps du Sauveur devait être plus pur que les rayons du soleil, de là vient, dit ce grand évêque, qu'« il s'est choisi dès l'éternité une mère vierge : » Ideo virginem matrem;... pia fide sanctum germen in se fieri promerentem,... de qua crearetur elegit. Car il était bienséant que la sainte chair du Sauveur fût, pour ainsi dire, embellie de toute la pureté d'un sang virginal, afin qu'elle fût digne d'être unie au Verbe divin, et d'être présentée au Père éternel comme une victime vivante pour l'expiation de nos fautes; tellement que la pureté qui est dans la chair de Jésus est dérivée en partie de cette pureté angélique que le Saint-Esprit coula dans le corps de la Vierge, lorsque, charmé de son intégrité inviolable, il la sanctifia par sa présence, et la consacra comme un temple vivant au Fils du Dieu vivant.

Faites maintenant avec moi cette réflexion, chrétiens. Mon Sauveur, c'est l'amant et le chaste époux des vierges; il se glorifie d'être appelé le fils d'une vierge; il veut absolument qu'on lui amène les vierges; il les a toujours en sa compagnie; elles suivent cet Agneau sans tache partout où il va que s'il aime si passionnément les vierges dont il a purifié la chair par son sang, quelle sera sa tendresse pour cette Vierge incomparable qu'il a élue dès l'éternité pour en tirer la pureté de sa chair et de son sang! Concluons donc de tout ce discours que l'amitié réciproque du Fils et de la Mère est inconcevable, et que nous pouvons bien

avoir quelque idée grossière de cette liaison merveilleuse; mais de comprendre quelle est l'ardeur et quelle la véhémence de ces torrents de flammes qui de Jésus vont déborder sur Marie, et de Marie retournent continuellement à Jésus, croyez-moi, les séraphins, tout brûlants qu'ils sont, ne le sauraient faire. Mais d'autant que quelques-uns pourraient se persuader que cette sainte société n'a point d'autres liens que la chair, il me sera aisé de vous faire voir, selon que je l'ai promis, et par les vérités les vérités que j'ai déjà établies, avec quels avantages la sainte Vierge est entrée dans l'alliance de Dieu par sa maternité glorieuse; et de là je vous laisserai à conclure quel est son crédit auprès du Père éternel.

Pour cela, je vous prie de considérer que cet amour de la Vierge, dont je vous parlais tout à l'heure, ne s'arrêtait pas à la seule humanité de son Fils: non, certes, il allait plus avant; et par l'humanité, comme par un moyen d'union, il passait à la nature divine qui en est inséparable. Et pour vous expliquer ma pensée, j'ai à vous proposer une doctrine sur laquelle il est nécessaire d'aller pas à pas de peur de tomber dans l'erreur; et plût à Dieu que je pusse la déduire aussi nettement comme elle me semble solide! Voici donc comme je raisonne une bonne mère aime tout ce qui touche la personne de son fils; je sais bien qu'elle va quelquefois plus avant, qu'elle porte son amitié jusqu'à ses amis, et généralement à toutes les choses qui lui appartiennent, mais particulièrement pour ce qui regarde la propre personne de son fils; vous savez qu'elle y est sensible au dernier point. Je vous demande maintenant : Qu'était la Divinité au Fils de Marie? comment touchait-elle à sa personne? lui était-elle étrangère? Je ne veux point ici vous faire de questions extraordinaires; j'in

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