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espèce de vers avec alliteration; elle a été gravée peu de tems avant la bataille de Braavalla-Heide, vers l'an 735 de J.-C., et elle contient une prière aux dieux Odin Frey et aux autres Ases, d'accorder au roi HaraldHültekirn la victoire sur les princes perfides Ring et Ole. M. le conseiller Schlegel a fait la remarque que cette manière orientale d'écrire était la plus ancienne, qu'elle avait été mise hors d'usage par les lettrés romains, lors de l'introduction du christianisme, et qu'elle donne ainsi un caractère important pour reconnaître l'âge des runes. Sans doute, cette heureuse découverte servira à l'explication de plusieurs autres monumens runiques qui ont été conservés dans une grande partie de l'Europe comme des monumens muets de la plus ancienne histoire.

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ASIE.

CORÉE. Efforts tentés par le vicaire apostolique pour pénétrer dans ce pays.-M. Bruguière, évêque de Capse et vicaire apostolique en Corée, n'a pu encore pénétrer dans ce pays. La dernière lettre que l'on a reçue de lui est du 28 octobre 1833. Il se trouvait alors dans la province de Cham-si, au nord de la Chine. Parti de Macao le 16 décembre de l'année précédente, il avait éprouvé mille obstacles. Outre la difficulté ordinaire pour un Européen de voyager en Chine, il avait été souvent contrarié par l'extrême timidité ou par l'inexpérience des courriers chargés de lui servir de guides. Arrivé dans la province de Pécheli, il espérait pouvoir se rendre en Tartarie, d'où il aurait gagné la Corée. Mais l'alarme se répandit parmi les chrétiens, et le prélat fut obligé de céder à leurs frayeurs et de se retirer dans le Cham-si pour pénétrer de là dans la Tartarie. Ce détour allonge son voyage de 300 lieues. Il s'attendait à voyager dans l'hiver, et le froid, en Tartarie, est terrible. M. Bruguière ne paraissait pas effrayé de cette perspective. Quand on pense, que, lorsqu'il sera à la fin de son voyage, il sera loin d'être à la fin de ses peines, et que les dangers qu'il court en Chine ne sont que le prélude de ceux qui l'attendent en Corée, on ne peut qu'admirer le courage que donnent une foi vive et un zèle ardent. Le missionnaire se loue des services que lui ont rendus M. l'évêque de Nankin et le vicaire apostolique de Cham-si. Il regrettait de n'avoir pas pris la voie de la mer, qui eût été le moyen le plus court et le plus facile de se rendre à sa destination; mais les chrétiens de Nankin n'auraient pas osé s'exposer à le recevoir dans leurs barques.

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Raisons

Parallèle entre la doctrine du professeur et celle du pédagogue. de douter que la doctrine du pédagogue soit la dernière expression de celle du professeur. Le livre d'instruction n'est pas lui-même orthodoxe. - Premier reproche adressé à l'auteur de ce livre, il a altéré la Sainte-Ecriture. - Second reproche, il a dénaturé la doctrine catholique en ce qui regarde l'Église.-Observation finale.

Nous avons, dans un premier article 1, essayé de caractériser la doctrine religieuse du célèbre professeur de philosophie à la

1 Voir le n° 51, ci-dessus, p. 169.

TOME IX. N° 52.— 2° édition, 1845

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Faculté des lettres de Paris; nous allons maintenant examiner quels sont les principes de l'auteur du Livre d'instruction morale et religieuse, à l'usage des écoles élémentaires; cet examen et le parallèle qui va s'établir entre le Professeur et le Pédadogue, feront la matière de ce second et dernier article.

Et d'abord, nous serons dans le cas de faire remarquer qu'entre ces deux instituteurs il y a peu de rapports: le premier ne voit dans le christianisme qu'un symbole, et il ne craint pas de proclamer que les vérités cachées sous le symbole peuvent et doivent être aujourd'hui abordées, dégagées, illustrées par la philosophie; le second, au contraire, s'attache fortement à la lettre, rien n'indique qu'il soupçonne que les paroles et les faits puissent avoir, outre leur sens naturel, quelque sens figuratif; il n'admet pas même l'usage de ces explications qui, sous le prétexte de mettre les choses saintes à la portée de l'enfance, en affaiblissent l'autorité. Ainsi, le premier voit des figures partout, le second n'en voit nulle part. Mais ce n'est encore là qu'un des points de discordance, il y en a bien d'autres; et sur les choses fondamentales, ces deux instituteurs sont souvent en opposition directe. Quand je demande au philosophe ce que c'est que la foi? il me dit que c'est un don naturel, inhérent à la raison, lequel se manifeste aussitôt que l'intelligence humaine s'éveille avec les puissances qui lui sont propres ; si je fais la même question au pédadogue, il me répond que la foi est une vertu surnaturelle, par laquelle nous croyons en Dieu et à tout ce qu'il a révélé.

Sur la révélation, même désaccord entre ces deux personnages: l'un nous dit qu'elle est tout intérieure, et qu'il faut chercher les vérités révélées dans notre propre raison; l'autre affirme que la révélation est extérieure, et que nous trouverons ce que Dieu a révélé dans l'Écriture-Sainte et dans la Tradition. Tous les deux, néanmoins, s'accordent à dire que Dieu a fait le monde; mais le premier ajoute aussitôt, que Dieu en créant l'univers, ne l'a pas tiré du néant, qu'il l'a tiré de lui-même; et le second prétend, lui, que le créateur a fait toutes choses de rien. Le philosophe est pleinement convaincu que l'Être-Suprême gouverne au moyen des lois générales, qu'il n'aurait pas pu faire autres qu'elles sont, et auxquelles il ne pourrait pas déroger; le pédadogue pense,

au contraire, que Dieu n'a point été gêné dans le choix qu'il a fait des lois de la nature, dont il peut suspendre à son gré le cours, et sans cesse il nous raconte les miracles et les prodiges qui ont signalé la conduite de la Providence par rapport au peuple Juif, et qui ont marqué du sceau divin la prédication évangélique à son début. Quand le premier nous parle de la Trinité des personnes en Dieu, vous croiriez entendre un philosophe alexandrin; le second s'exprime à cet égard dans un langage orthodoxe. Sur la Chute de l'homme et sa Rédemption, le premier se tait; le second ne craint pas d'expliquer, en termes positifs, le dogme chrétien: il dit la faute du premier homme, il raconte la circonstance du grand sacrifice expiatoire. En ce qui regarde la personne du Rédempteur, le premier nous donne lieu de penser qu'il en fait un être mythologique; le second se prosterne aux pieds de Jésus-Christ et l'adore; c'est pour lui non-seulement un être réel, mais il est à ses yeux la seconde personne de la sainte Trinité, incarnée, un Dieu et un homme tout ensemble. Nous ne prolongerons pas ce rapprochement qui pourrait être poussé plus loin; nous croyons en avoir assez dit pour faire voir qu'entre les enseignemens de l'orgueilleux philosophe et ceux de l'humble pédadogue, il y a bien peu d'harmonie; et cependant on nous dit que le philosophe et le pédadogue ne sont qu'un.

Ceux qui ne sont pas initiés aux mystères de l'éclectisme, concluront de ce qui précède que, dans l'intervalle de 1829 à 1833, il s'est opéré dans l'esprit de M. Cousin un changement, et que sa manière de voir, en ce qui regarde le christianisme, a subi des modifications notables; mais ceux qui ont approfondi le système philosophique que cet auteur a essayé de mettre en vogue, sont obligés d'être plus circonspects; car ils n'ignorent pas que le grand but de l'éclectisme moderne est de tout concilier, d'amener tous les systèmes à s'amalgamer dans le sein d'un vaste et puissant éclectisme, et qu'enfin M. Cousin a déclaré que l'unique solution possible, au milieu des oppositions et des contradictions soulevées sur les grandes questions de l'humanité, se trouvait dans l'harmonie des contraires; or, est-il, à l'heure qu'il est, désabusé de cette idée? a-t-il renoncé tout-à-fait au projet d'admettre le pour et le contre comme élémens de son système? c'est ce que

nous ne saurions décider; et partant, quand M. Cousin pose en 1833 l'opposé de ce qu'il disait en 1829, nous restons dans l'incertitude de savoir s'il faut en conclure qu'il a changé d'opinion, ou s'il faut simplement en induire qu'il fait de l'éclectisme, en harmonisant les contraires.

Cependant nous sommes heureux de pouvoir dire que la lecture du Livre élémentaire qu'on attribue à M. Cousin, sans qu'il fasse de réclamation, nous donne à penser qu'il s'est rapproché de la vérité. Il présente les traditions antiques avec dignité; il développe la doctrine évangélique avec un sentiment de conviction; en un mot, M. Cousin, en expliquant le christianisme est, redevenu chrétien : puisse cette impression être chez lui durable!

Si nous témoignons quelque défiance à ce sujet, c'est que la mobilité d'imagination du célèbre professeur est connue en France, il est Français; en Allemagne, il est Allemand; la fixité n'est point en lui la qualité qui domine. D'ailleurs, et nous sommes bien forcés de le dire, nous ne trouvons point ici les marques sensibles d'un retour entier, d'une conversion sincère et parfaite, qui ne calcule rien, qui se produit à la lumière du grand jour, et qui éprouve le besoin impérieux de donner à la vérité trop long-tems méconnue, les preuves d'assentiment les plus éclatantes. M. Victor Cousin n'a point attaché son nom à l'œuvre nouvelle, qui pourrait servir à constater son amendement; il n'a rétracté aucune des opinions qu'il a soutenues à la face de la France, et cependant il avait proclamé la suprématic de la philosophie sur la religion; il avait mis le protestantisme audessus du catholicisme; il avait fait de l'affranchissement de l'esprit humain, conséquence inévitable du principe de la Réforme, le dernier degré de l'échelle progressive; il avait dénoncé formellement la consommation du règne de la foi et le commencement de celui de la raison. Si M. Cousin, sur ces différens points, est revenu à des idées plus saines, pourquoi ne s'est-il point attaché à réparer le mal qu'il a fait ? pourquoi n'a-t-il pas cherché, en abjurant solennellement ses erreurs, à ramener dans le sein de l'église ceux qu'il a entraînés dans le labyrinthe du libre examen? Il n'y a donc pas à tirer de la dernière démarche de M. Cousin des inductions décisives en faveur de son orthodoxie.

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