Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

plication de l'argent sur le fer était, comme on le sait, une industriemétallurgique spéciale aux peuples dits barbares qui envahirent les débris de l'empire romain. Le style d'ornementation familier à ces mêmes peuples, et particulièrement les volutes cannelées, les courbes terminées en bec d'oiseau, dont ils faisaient si fréquemment usage, se retrouvent sur le mors du musée de Madrid. - Au milieu de ces ornements très-caractéristiques on remarque, en outre, divers monogrammes qui méritent une attention toute particulière. Eux-mêmes rappellent par leur forme les monogrammes du même genre qui se voient sur diverses monnaies frappées à Mérida, à Narbonne et dans d'autres lieux sous les derniers rois wisigoths. Ainsi qu'on peut le voir sur le dessin soumis à l'Académie, un de ces monogrammes, monté en croix, renferme très

[ocr errors]
[ocr errors]

visiblement les lettres V, I, T et A. En combinant d'une certaine façon les bras de la croix avec la barre supérieure du T, on y trouve également le Z, ce qui achève de donner tous les éléments du nom de WITTIZA, interprétation d'autant plus admissible que la forme des lettres est ici absolument identique à celle qui se remarque sur les monnaies de ce prince, même évasement de l'angle du V, même A sans barre, qui n'est autre qu'un V renversé.

Le monogramme ainsi composé orne une des bossettes du mors. Sur une autre, se trouvent assemblées moins symétriquement, mais très-lisiblement, les lettres A, V, G, S et T précédées d'une croix et suivies d'un I. En rattachant cette dernière

lettre au monogramme lui-même, il semble impossible de ne pas lire le mot AVGVSTI, qualification souveraine qu'un monarque seul a pu prendre et même un monarque très-puissant. Le génitif, il est vrai, soulève ici une objection assez grave. Faut-il y voir un exemple de plus de ces infractions à la grammaire dont les Goths ne se faisaient pas faute ? Celle-ci cependant serait bien forte.

Notons encore que la croix qui précède ici le monogramme a tout-à-fait la même forme que celles qui accompagnaient les fameuses couronnes de Guarrazar. Tout semble donc concourir à prouver l'origine wisigothique du mors de la real Armeria. La richesse particulière de l'ornementation permet en outre d'affirmer qu'il n'a pu appartenir qu'à un haut personnage, et, quoi que en dise le catalogue de l'Armeria, les monogrammes cités plus haut rendent au moins très probable que ce personnage a été Wittiza lui-même, hypothèse encore corroborée par cette circonstance particulière que le nors a été trouvé précisément dans la contrée où les traditions les plus anciennes veulent que Wittiza ait livré sa dernière bataille à son compétiteur. On peut s'étonner seulement que les auteurs du catalogue de Madrid aient fait périr Wittiza dans cette rencontre, quand tout le monde sait qu'étant tombé vivant entre les mains de son compétiteur, celui-ci le jeta en prison après lui avoir fait crever les yeux en représailles du même acte de cruauté exercé sur son père par Wittiza lui-même. Mais là où l'homme ne mourut pas, le cheval put très-bien être tué, et il n'y aurait rien que de naturel à ce qu'une des pièces de son harnais se fût retrouvée plus tard sur le lieu du combat. Toutes les probabilités semblent donc être en faveur de l'hypothèse qui attribue le mors en question au cheval de Wittiza lui-même. Mais en fût-il autrement, que la seule origine wisigothique de cet objet suffirait pour lui donner un intérêt exceptionnel. C'est à ce titre surtout que M. DE LASTEYRIE a cru devoir en soumettre le dessin à l'examen de l'Académie.

M. DE LONGPÉRIER invite M. DE LASTEYRIE à bien vérifier, avant de donner une forme plus arrêtée à son intéressante communication, si les textes et les monuments permettraient de croire que le titre d'Augustus ait pu être porté par un roi goth. « Les barbares de

l'invasion, ajoute-t-il, s'emparaient des terres, des richesses, du pouvoir; dépouillaient l'Empire et les Empereurs de toutes les manières, mais ils n'ont pas osé prendre le titre d'Auguste. Sur les monnaies de Wittiza on ne lit d'autre titre que REX; et, si, dans le second monogramme décrit par M. DE LASTEYRIE, on doit bien positivement reconnaître le titre Augustus, appliqué à Wittiza, il y aurait là une nouveauté tellement singulière qu'elle mériterait un commentaire tout spécial. »

M. DE LASTEYRIE, tout en pensant qu'on trouverait peut-être quelques exceptions à cette règle, reconnaît néanmoins la valeur de l'objection de son savant confrère. La forme du mot au génitif constitue d'ailleurs une autre difficulté d'interprétation qu'il a lui-même signalée. Mais alors il demande quel sens on pourrait donner à ce monogramme dont les éléments ne paraissent guère douteux.

M. LABOULAYE pense qu'en réunissant les deux monogrammes, on pourrait peut-être y trouver la formule VITA AVGVSTI.

Mais M. DE LONGPERIER objecte que, pour que cette formule fût régulière, il faudrait VITA AVGVSTO, ce dernier mot, non point. au génitif, mais au datif. L'explication du monogramme est donc encore à chercher.

M. DE ROUGE annonce une trouvaille qui n'est pas sans importance, et sur la voie de laquelle il a été mis, dit-il, par l'obligeance de M. Lenormant. Il s'agit, suivant l'expression même de M. DE ROUGE, d'un chiffon de papyrus provenant de la collection de M. Raifé et appartenant aujourd'hui à celle de M. Gosset. A la suite d'une opération exécutée sur l'offre du possesseur et sous la direction de M. DE LONGPÉRIER, il s'est trouvé que ce lambeau renferme, selon toute apparence, un nouveau fragment du poëme de Pentaour, relatif aux campagnes de Ramsès II, contenu dans le papyrus Sallier. Ce serait une page et plus du même manuscrit précédant la première de celles qui sont actuellement conservées à Londres. Elle comble des lacunes importantes dans les documents hiéroglyphiques, surtout ceux de Louqsor et de Karnak.

Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants :

1° Etudes historiques et archéologiques sur le département de Tarn-etGaronne, par Devals aîné, etc. (Caen, 1866, in-8°) (1).

2o Au nom de M. DE WITTE, Notice sur Celestino Cavedoni, de son vivant correspondant de l'Académie et l'un des plus estimés pour son vaste savoir archéologique.

:

3o Au nom de M. de Caumont, correspondant, Abécédaire ou Rudiment d'archéologie Architecture religieuse (5e édition, Caen, 1867), 1 fort vol. in-8°, accompagné de l'Almanach de l'archéologue français, par les membres de la Société française d'archéologie, 3e année, 1 vol. in-16.

4° De la part de M. Germain, doyen de la faculté des lettres de Montpellier, autre correspondant de l'Académie, « Etudes archéologiques sur Montpellier « (1 fascic. in-4o, 1866. — Extr. des Mémoires de la Société archéologique de cette ville).

5o Au nom de M. Bréal, professeur de grammaire comparée au Collége de France, « De la forme et de la fonction des mots, leçon faite pour la réouverture de son cours » (Paris, 1866, in-8°).

6o Essai sur la chronologie du cartulaire de Brioude, etc., par M. Alex, Bruel, archiviste-paléographe (Paris, 1866, in-8°).

7° Journal asiatique : no d'octobre-novembre 1866.

Séance du vendredi 18.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER.

Par une lettre du 5 janvier, M. Le Brethon, archiviste-paléographe, sorti de l'École des chartes en 1860, et depuis attaché au bureau des travaux historiques de la ville de Paris, renouvelle, à l'occasion de la démission de M. Meyer, la demande déjà formée par lui, l'an dernier, pour la place vacante d'auxiliaire attaché aux travaux de l'Académie.

M. Emile Travers, par une lettre du 9, se met sur les rangs

(1) Cet ouvrage, destiné à l'un des concours annuels, comme l'indique l'envoi de six exemplaires, étant arrivé après l'expiration du délai, est renvoyé à l'un des concours de 1868, parmi lesquels l'auteur sera prié de faire son choix.

pour la même place, en invoquant ses diplômes de licencié en droit et d'archiviste-paléographe obtenus en janvier 1862 et janvier 1866.

Renvoi de ces deux lettres à la Commission des travaux littéraires qui avisera suivant les formes établies.

M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de son rapport sur les travaux des Commissions de publication de l'Académie pendant le 2o semestre de l'année 1866.

<< MESSIEURS,

» Ce second semestre de l'année qui vient de s'écouler, s'il n'a pas tenu toutes les promesses du premier, à beaucoup près, en a tenu du moins une partie. Il m'a été donné de déposer sur votre bureau le tome III des Historiens occidentaux, faisant partie de la grande collection des Historiens des croisades, que vous avez courageusement entreprise il y a trente ans. Ce volume in-folio considérable, dont les éditeurs sont nos confrères, MM. H. WALLON et AD. REGNIER, est le premier qui commence à donner, après Guillaume de Tyr et ses continuateurs, formant une vaste et authentique introduction à l'histoire générale des croisades, les historiens de chacune d'elles en particulier. Il se compose de l'histoire de Tudebode ou Tuebœuf, avec quelques chroniques abrégées ou imitées de la sienne,_qui en sont comme les annexes; puis de celles de Raimond d'Agiles, de Foucher de Chartres avec ses abrégés; de Raoul de Caen, de Robert le Moine, suivies de quelques épîtres contemporaines. Les éditeurs, dans une préface étendue, en français, ont savamment disserté sur ces vieux auteurs de la première croisade, et les textes originaux, accompagnés d'un choix de variantes et de notes d'une louable sobriété, sont suivis d'un index général en latin, rapprochant, dans toutes les parties de ce grand ensemble, les choses, les lieux et les personnes. Un plan de Jérusalem au temps des croisades, tiré d'un des manuscrits et reproduit en chromolithographie, est joint à ce volume, dont l'exécution matérielle, sous tous les rapports, fait honneur aux presses de l'Imprimerie impériale. Ce n'est pas son moindre mérite que d'avoir été achevé, par un concours d'efforts soutenus, dans la période déterminée par nos règlements. J'ajoute que déjà le plan d'un nouveau volume, le quatrième de cette grande division du Recueil général, a pu être adopté par votre Commission des travaux littéraires, et que les éditeurs annoncent l'envoi à l'imprimerie de la copie de ce volume.

Il n'en est pas de même, je regrette d'avoir à le dire encore une fois, de cette grande division qui doit comprendre, parallèlement à la précédente, les Historiens orientaux des croisades. Faute d'un plan arrêté dès l'origine pour l'ensemble et pour les parties, nous sommes toujours dans l'attente du tome Ier des auteurs arabes de cette section. Malgré l'impression enfin terminée, depuis plusieurs années, du texte et de la traduction de ce volume, les accessoires, et surtout l'introduction sans cesse remaniée ou même transformée, retarderont longtemps encore peut-être la publication. Il faut en dire autant, dans une moindre mesure, du tome Ier

« ZurückWeiter »