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éléments à l'aide desquels on peut tracer la marche de leurs migrations à l'arrivée de ces populations dans la Péninsule. »

L'Académie, consultée, choisit, au scrutin et à la majorité, la question n° I.

M. GUESSARD, au nom de la Commission des sujets relatifs au prix Bordin, propose les trois questions suivantes :

I. « Déterminer la date de la création des bailliages royaux et des sénéchaussées royales. Fixer les limites et les subdivisions de chacune de ces circonscriptions aux différentes époques du moyenâge. — L'Académie verrait avec plaisir que des cartes fussent jointes aux mémoires. »

II. « Faire l'histoire des lépreux en France et des établissements où on les recueillait, en s'appliquant surtout à rechercher quelle fut en droit et en fait la condition sociale des malades et l'organisation des maladreries. »

III. « FAIRE CONNAITRE LES VIES DES SAINTS ET LES COLLECTIONS DE MIRACLES PUBLIÉES OU INÉDITES QUI PEUVENT FOURNIR DES DOCUMENTS POUR L'HISTOIRE DE LA GAULE SOUS LES MÉROVINGIENS. DÉTERMINER

A QUELLES DATES ELLES ONT ÉTÉ COMPOSÉES. »

L'Académie, consultée par le scrutin, se prononce pour le sujet n° III.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL rappelle qu'il est un troisième sujet de prix sur lequel l'Académie doit statuer. C'est celui qui fut proposé en 1865 pour 1867, dans l'ordre du prix Bordin, et pour lequel aucun mémoire n'est parvenu. Il est ainsi conçu:

« Déterminer d'après les historiens, les monuments, etc., quels furent les peuples qui, depuis le XIe siècle de notre ère jusqu'à la conquête ottomane, occupaient la Thrace, la Macédoine, l'Illyrie, l'Epire, la Thessalie et la Grèce proprement dite, etc. »

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La question est de savoir si le sujet sera retiré du concours, auquel cas il faudrait en proposer un autre, ou s'il sera maintenu et prorogé en 1869. M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL pense, avec la Commission, consultée par lui aujourd'hui même, qu'il y a lieu de proroger ce sujet de prix, présenté pour la première fois et dont l'importance est manifeste à tous les points de vue.- L'Académie

.

se range à cet avis et en conséquence le prix dont il s'agit est prorogé jusqu'en 1869, avec la question qui vient d'être rappelée.

M. le PRÉSIDENT annonce qu'il y a lieu, pour la régularité des opérations de fin d'année académique, de nommer aujourd'hui les deux membres qui doivent vérifier les comptes présentés pour l'année 1866. —L'Académie nomme au scrutin MM. JOURDAIN et GUESSARD en qualité de vérificateurs des comptes susdits.

Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants :

1o Le livre de l'agriculture d'Ibn-al-Awam (Kitab al-Felahah), trad. de l'arabe par J.-J. Clément-Mullet, etc. T. II, 4re et 2e parties (2 vol. in-8°, 1866-67), ouvrage dont les deux savants orientalistes que l'Académie a perdus récemment, MM. MUNK et REINAUD, avaient porté devant elle le plus honorable témoignage, à l'occasion du tome 1er.

:

2° Quatre publications nouvelles de l'Académie - Université d'Helsingfors I. Öfversigt af Finlands litteratur (1774-1863); mémoire de M. S. E. Elmgren (Helsingfors, 1865, in-8°). II. De clientelæ apud Romanos sub Cæsaribus ratione, thèse de M. Car. Synnerberg (Ibid., 1865, in-8°). III. De temporibus vitæ carminumque D. Junii Juvenalis rite constituendis, thèse du même (1bid., 1866, in-8°). - IV. De codice ms. vitas veterum poetarum arabum sub nomine Ibn Challikani exhibente, thèse de M. Strandman (Ibid., 1866, in-8°).

3o Annales de la Société impériale d'agriculture, etc., de la Loire, tome X (1866-67, in-8°).

4o Congrés archéologique de France: 32e et 33e sessions (1866-67, 2 vol. in-8°).

L'Académie se forme en comité secret pour écouter la lecture faite par M. DE LASTEYRIE, au nom de la Commission des Antiquités de la France, du rapport sur les médailles décernées et mentions accordées par suite du concours de 1867.

Ce rapport ayant été adopté, la séance redevient publique.

Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au nom de la Commission des Antiquités de la France, par M. DE LAsteyrie, lu dans la séance du vendredi 12 juillet 1867.

MESSIEURS,

Le concours de cette année est beaucoup moins nombreux que celui des

années précédentes. Mais, hâtons-nous de le dire, cette décroissance dans le nombre des concurrents est amplement compensée par le mérite trèsréel de la plupart des ouvrages soumis à notre appréciation. Chaque année, nous sommes heureux de le constater, amène des candidats mieux préparés aux sérieuses études que nous avons mission d'encourager, de guider même dans une certaine mesure; chaque année nous révèle de nouveaux progrès accomplis dans l'art si difficile d'interroger le passé et d'en reconstituer les annales au moyen des monuments de tous genres qu'il nous a légués.

C'est surtout vers l'étude des monuments écrits que semble se diriger l'ardeur de la nouvelle génération. En applaudissant à cette tendance, nous regretterions cependant qu'elle devînt trop exclusive et fît négliger, comme il y a lieu de le craindre en ce moment, une autre branche de recherches également fructueuse, celle qui a pour objet spécial les monuments proprement dits, dont notre pays est encore si riche. De ces deux études sœurs, l'une doit compléter l'autre; c'est de leur mutuel contrôle que peut sortir le plus sûrement la vérité historique. Or, nous sommes bien obligés de le constater, si, d'une part, les ouvrages soumis à notre examen témoignent presque tous de consciencieuses recherches diplomatiques et historiques, d'autre part, bien petit est le nombre de ceux qui s'appuient en même temps sur l'étude des monuments de l'art.

Ces tendances, beaucoup plus littéraires qu'archéologiques, s'expliquent, du reste, par les conditions très-différentes où se trouvent placés l'érudit et l'archéologue. Ainsi, tandis que les études paléographiques ont fait chez nous de rapides progrès depuis plusieurs années, grâce à un enseignement spécial très-fortement et libéralement organisé, grâce à un corps d'excellents archivistes qui trouvent dens leurs fonctions des ressources bien modestes, sans doute, mais du moins assurées; l'étude de nos monuments nationaux, au contraire, n'ayant jusqu'ici pour guide aucun enseignement spécial et n'offrant aucun avenir à ceux qui s'y livrent, a dû presque toujours rester comme l'apanage de quelques hommes de loisir, comme une étude de luxe à laquelle peu de personnes peuvent se consacrer exclusivement. L'homme astreint par ses fonctions à une résidence fixe, l'administrateur, l'ecclésiastique ayant charge d'âmes, peuvent aisément, sans négliger leurs autres devoirs, consulter sur place tous les monuments écrits de l'histoire locale, compulser tous les ouvrages qui s'y rapportent, fouiller les archives qui en renferment encore les éléments inédits. Quant à l'archéologue, il est bien loin, Messieurs, de se trouver dans des conditions aussi favorables. Moins complaisants que les livres, les monuments ne se déplacent pas; il faut aller à eux, les étudier là où ils se trouvent. Et encore cela ne suffit-il pas; car l'éducation de l'archéologue ne se fait réellement bien que par la comparaison. Il lui faut beaucoup voir, et, par conséquent, beaucoup voyager, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Ne nous étonnons donc pas de trouver dans nos concours, à mesure qu'ils deviennent plus forts et que nous devenons nous-mêmes plus exigeants, ne nous étonnons pas de trouver cette disproportion de plus en plus marquée entre le nombre des auteurs qui s'adonnent à l'étude des monuments écrits et de ceux qui se consacrent à l'étude des antiquités proprement dites, c'est-à-dire des monuments matériels de notre art national.

Cela peut, il est vrai, donner lieu à l'expression d'un regret; mais ce regret ne saurait nous faire méconnaître à aucun degré le mérite des con

ANNÉE 1867.

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currents qui, sous une forme quelconque, apportent leur tribut d'utiles études au grand et laborieux édifice de notre histoire nationale.

Bien que les prix qui font l'objet du présent concours aient été institués plus particulièrement en vue des antiquités monumentales, l'Académie a depuis longtemps admis, en principe et en pratique, que tous les ouvrages vraiment originaux, appuyés sur des documents inédits, et réunissant d'ailleurs les qualités indispensables d'une judicieuse critique, avaient un égal droit à ses encouragements, sous quelque forme qu'y fût recherchée la vérité historique.

Fidèle à cette tradition, Messieurs, votre Commission a décerné, cette année, la première des médailles dont elle pouvait disposer à l'œuvre collective de deux auteurs déjà conuus par d'estimables travaux, MM. de Lépinois et Merlet. Le Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, dû à leur collaboration, est une œuvre considérable, qui porte sur des documents très-importants et réunit tous les caractères de la plus saine érudition. Elle ne consiste pas seulement, ainsi que son titre pourrait le faire croire, dans la publication, accompagnée d'intelligents commentaires, de quelque ancien manuscrit heureusement exhumé des archives locales. Les auteurs, s'appuyant sur d'illustres exemples, ont pensé, non sans raison, que,du moment qu'ils avaient en main un nombre suffisant de documents originaux, ils pouvaient, tout aussi bien qu'on l'aurait pu il y a un ou deux siècles, réunir ces documents en un recueil, en un véritable cartulaire, aussi intéressant parce qu'il est aussi authentique, et peut-être même plus utile parce qu'il est composé avec plus de méthode que les anciens recueils du même genre.

Une entreprise de cette nature exige non-seulement beaucoup de recherches, mais encore beaucoup de prudence et de sagacité dans le choix des documents, une critique très-clairvoyante et un grand esprit d'analyse. MM. de Lépinois et Merlet ont prouvé qu'ils n'étaient pas au-dessous de cette tâche. Les dépôts manuscrits de la Bibliothèque impériale ont été fouillés par eux avec non moins de soin que les archives d'Eure-et-Loir et les anciens inventaires du chapitre.

Reconstituées ainsi au moyen d'une très-riche et très-intéressante série de titres originaux, complétées par la publication d'une vieille chronique souvent citée, mais restée jusqu'à présent inédite, par celle du polyptyque de Notre-Dame de Chartres, d'un nécrologe très-étendu et du pouillé de l'ancien diocèse, les annales du pays Chartrain ont fourni aux deux auteurs la matière d'une excellente introduction. Cette partie de leur travail jettera de grandes lumières non-seulement sur l'histoire de l'Eglise, mais encore sur quelques points très-curieux de l'histoire civile, tels, entre autres, que la condition des personnes et l'état de l'agriculture dans la Beauce au moyen-âge.

MM. de Lépinois et Merlet ont généralement suivi, et nous ne pouvons que les en louer, la méthode dont GUÉRARD a laissé de si excellents modèles. Comme lui, ils ont mis un soin extrême à constater autant que possible l'identité des personnages cités, et à donner, en toutes circonstances, le nom moderne des localités en regard de leurs anciennes dénominations. L'ouvrage est écrit d'un style, sinon parfaitement correct, du moins toujours clair et précis, et votre Commission, Messieurs, a trouvé, dans l'ensemble des qualités solides qu'elle vient de vous exposer, plus de motifs qu'il n'en fallait pour placer le Cartulaire de Notre-Dame de Chartres au premier rang des ouvrages qu'elle avait à vous recommander.

L'Essai historique sur l'abbaye de Saint-Barnard et sur la ville de Romans, par M. Giraud, ancien député, se renferme dans un cadre plus restreint

et se rattache sans doute par moins de points à l'histoire générale du pays. Mais elle offre, à un très-haut degré, les qualités estimables qui constituent une bonne histoire locale: recherches intelligentes et laborieuses, choix éclairé et reproduction scrupuleuse des anciens documents, sobriété, exactitude dans le récit des faits, modération unie à beaucoup de fermeté dans leur appréciation.

Les deux premiers volumes de l'ouvrage de M. Giraud ont été publiés il y a déjà plus de dix ans. L'auteur était parvenu, dès cette époque, à retrouver, dans de vieux manuscrits et dans les archives de diverses localités, un ensemble très-considérable de documents authentiques qu'il avait publiés à titre de pièces justificatives. Une heureuse découverte, celle de l'ancien cartulaire original de l'abbaye de Saint-Bernard, est venue donner dernièrement la sanction la plus honorable et la plus flatteuse au travail de M. Giraud, en confirmant l'authenticité et l'exacte reproduction de la plupart des pièces si laborieusement recueillies par lui.

Utilisant avec habileté le cartulaire si heureusement retrouvé, M. Giraud s'en est servi d'abord pour rectifier quelques noms de lieux, puis pour contrôler bon nombre de documents d'autre provenance qu'il a joints comme pièces justificatives à ses deux nouveaux volumes. Il eût été à désirer que ces documents, toujours transcrits avec une scrupuleuse exactitude, eussent été précédés de sommaires analytiques indiquant succinctement l'objet de chacun d'eux. L'absence de pareils titres est d'autant plus regrettable que jusqu'ici l'ouvrage ne possède aucune table. L'auteur compte très-probablement lui donner plus tard ce complément indispensable. Mais nous regrettons vivement qu'il n'ait pu le faire dès aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, les deux nouveaux volumes envoyés au concours de cette année conduisant dès à présent l'Histoire de Romans jusqu'à la fin du XIVe siècle, c'est-à-dire presque à la limite de notre compétence, il nous a semblé que le jour était venu pour nous d'apprécier l'ouvrage dans son ensemble et d'en récompenser le mérite très-réel. Nous lui avons, en conséquence, décerné la deuxième médaille.

L'ouvrage de M. Ernest Desjardins sur les Embouchures du Rhône se recommande par des mérites d'une tout autre nature. Ainsi que l'indique le sous-titre Travaux anciens et modernes, Fosses Mariennes,

Canal du Bas-Rhône, cette étude topographique, fruit de longues et consciencieuses recherches, embrasse toutes les transformations successives que les embouchures si mobiles du Rhône ont subies depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours.

Ces transformations, par leur nature même, rendaient très-difficile de reconnaître sur le terrain la trace, pourtant encore existante, des travaux exécutés par les Romains dans le but d'améliorer la navigation du fleuve. M. Desjardins y est heureusement parvenu, en s'appuyant sur les travaux antérieurs, qu'il a loyalement cités, tout en les rectifiant, soit au moyen d'explorations attentives, soit par le contrôle si utile des anciens itinéraires.

L'auteur a pu constater ainsi (et c'est un des résultats les plus importants de ses recherches) que le travail connu dans le pays sous le nom de Levée de Marius était, non pas un reste de voie romaine, comme on l'a cru jusqu'ici, mais bien une belle et bonne digue, indiquant d'une manière positive la véritable direction des anciennes fosses mariennes.

A son intéressant Mémoire M. Desjardins a joint de nombreuses cartes exécutées avec le plus grand soin d'après les documents anciens et qui rendent facilement saisissables à l'œil, non-seulement toutes les transformations des embouchures du Rhône, mais aussi les transformations

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