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enfin que, dans six chapitres, il présente le tableau de la société française d'après les données que fournissent les paroles et les opinions des prédicateurs sur le monde qui les entourait, l'auteur, qui appuie toujours ses assertions sur un grand nombre de citations et de rapprochements ingénieux, apporte des conclusions, qui, si elles ne sont pas toutes certaines au même degré, atteignent du moins à une grande vraisemblance. Son travail atteste un esprit curieux et pénétrant qui ne se contente pas des solutions toutes faites, et qui sait éclairer d'une lumière nouvelle les sujets dont il s'oc

cupe.

L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1868, la question suivante :

De la lutte entre la philosophie et la théologie des Arabes au temps de Gazzali, et de l'influence que cette lutte a exercée sur l'une et sur l'autre.

Elle rappelle également qu'elle a prorogé à 1868 le terme du concours ouvert en 1864 sur cette question :

Explication théorique et catalogue descriptif des stèles antiques représentant la scène connue sous le nom de REPAS FUNEBRE.

Elle désigne enfin pour sujet du prix annuel à décerner en 1869, la question nouvelle qui suit:

Faire connaitre l'économie politique de l'Egypte sous les Lagides depuis la fondation d'Alexandrie jusqu'à la conquête romaine. Rechercher l'état de la population, de l'agriculture, du commerce et de l'industrie; exposer l'organisation administrative du pays; y montrer ce que les rois grecs ont conservé des anciennes lois de l'Egypte et ce qu'ils ont introduit des institutions de la Grèce et de la Macédoine.

Grâce à la libérale fondation de M. Bordin, l'Académie avait pu proposer pour sujet d'un prix à décerner cette année la question suivante :

Déterminer, d'après les historiens, les monuments, les voyageurs modernes et les noms actuels des localités, quels furent les peuples qui, depuis le onzième siècle de notre ère jusqu'à la conquête ottomane, occupaient la Thrace, la Macédoine, l'Illyrie, l'Epire, la Thessalie et la Grèce proprement dite.

Comparer sous le rapport du nombre et sous celui de la langue ces peuplades avec la race hellénique, et exposer quel genre d'influence celle-ci a pu exercer sur elles.

Mais aucun Mémoire n'ayant été déposé, probablement parce que ce sujet, qui se rattache à tant d'études diverses, à tant d'intérêts, et qui est si bien fait pour tenter le zèle des érudits, exigeait une préparation plus longue que ne l'a pu comporter l'espace de temps assigné, l'Académie a prorogé le terme du concours à 1869.

Elle ne s'est point trouvée de nouveau dans la même nécessité à l'égard d'une autre question ainsi formulée :

Réunir toutes les données géographiques, topographiques et historiques sur la Palestine, disséminées dans les deux Talmuds, dans les Midraschim et dans les autres livres de la tradition juive (Megillath-Taanith, Seder Olam, Siphra, Siphri, etc.). Présenter ces données dans un ensemble systémati

que, en les soumettant à une critique approfondie et en les comparant à celles que renferment les écrits de Josephe, d'Eusebe, de saint Jérôme, et d'autres auteurs ecclésiastiques ou profanes.

Deux Mémoires avaient été envoyés.

L'auteur du Mémoire n° 4, homme très-instruit, fort au courant des questions de topographie et d'histoire juive, capable même de se rendre bien compte de la force d'un texte talmudique, une fois ce texte signalé, n'a cependant pas acquis une connaissance assez personnelle de la vaste compilation qu'il avait à exploiter. Il ne discute presque jamais la date des diverses traditions contenues dans ce recueil dont il accepte avec trop de confiance les données historiques. Bien que son travail soit louable dans son plan, et fort intéressant dans ses détails, il ne pouvait obtenir de l'Académie qu'un témoignage d'estime. Elle décerne le prix au Mémoire no 2, portant pour épigraphe: Res ardua vetustis novitatem dare, novis auctoritatem, empruntée à Pline, Mémoire qui présente sans doute de grands défauts littéraires, où se trouvent reproduites avec trop d'indulgence certaines rêveries philologiques d'écrivains israélites modernes, étrangers à la critique; où l'on sent parfois l'absence d'une connaissance suffisante de l'archéologie et même de la géographie; mais dont l'auteur, M. Adolphe Neubauer, est bien évidemment un talmudiste consommé, se mouvant de lui-même, s'il est permis de s'exprimer ainsi, dans le texte principal et parmi les écrits hébraïques qui s'y rattachent. Dans sa mémoire exercée, un texte appelle un autre texte; et de ce rapprochement naissent des combinaisons nouvelles, des inductions ingénieuses qui n'auraient point été obtenues d'un travail de seconde main. M. Neubauer n'a pas eu & improviser sa science pour le sujet limité qu'il s'est proposé de traiter. Il sait discuter la valeur relative des témoignages, leur âge, la mesure dans laquelle ils sont historiques ou légendaires. En un mot, à part les réserves faites sur certains points de doctrine et sur la méthode d'exposition, l'Académie croit qu'il était légitime de récompenser un érudit qui consacre son temps et son intelligence à une étude difficile, accessible jusqu'à présent à un petit nombre de personnes. La publication du Mémoire de M. Neubauer, convenablement remanié, serait, à n'en pas douter, fort profitable au public, qu'attirent les questions neuves, exposées par un travailleur compétent.

En ce qui concerne les prix institués par M. Bordin,

L'Académie rappelle qu'elle a choisi pour 1868 la question suivante :

Faire connaître, à l'aide des renseignements fournis par les auteurs et les inscriptions grecques et latines, l'organisation des flottes romaines, en prenant pour modèle le mémoire de Kellermann sur les VIGILES.

Elle rappelle également qu'elle a prorogé à 1868 le terme du concours ouvert en 1864 sur un sujet que recommandent de récentes décou

vertes:

L'analyse critique et philologique des inscriptions himyarites connues jusqu'à ce jour ;

Et propose, pour 1869, une question nouvelle ainsi conçue :

Faire connaitre les vies de Saints et les collections de miracles publiées ou

inédites qui peuvent fournir des documents pour l'histoire de la Gaule sous les Mérovingiens.

Déterminer à quelle date elles ont été composées.

Le prix de numismatique fondé par Allier de Hauteroche est décerné cette année à M. Aloys Heiss pour le tome Ier de sa Description générale des monnaies chrétiennes de l'Espagne depuis l'invasion des Arabes (en langue espagnole), volume accompagné de soixante-quatorze planches représentant des monnaies fort bien gravées, et d'une vingtaine d'autres planches consacrées à la reproduction de chartes, de sceaux et de portraits.

La numismatique espagnole était fort négligée depuis un demi-siècle. Malgré les belles publications du Père Liciniano Saez, il restait encore beaucoup à faire. D'ailleurs le bénédictin de Silos s'était attaché bien plus à l'étude des textes rassemblés par lui en si grand nombre, qu'à celle des types; et l'ouvrage de M. Heiss embrasse la monnaie espagnole dans toutes ses variétés.

L'Académie est heureuse de trouver une si bonne occasion de montrer qu'elle encourage les recherches numismatiques à quelque temps qu'elles s'appliquent, et qu'elle n'a de préférences que pour les sujets traités avec méthode et savoir.

Le nombre et la qualité des ouvrages envoyés au concours ouvert pour les prix fondés par M. le baron Gobert rendaient la tâche des juges difficile et délicate.

L'Académie a décerné le premier de ces prix à M. Olleris, doyen de la Faculté des lettres de Clermont-Ferrand, pour son livre intitulé : OEuvres de Gerbert, pape sous le nom de Sylvestre II, collationnées sur les manuscrits, précédées de sa biographie, suivie de notes critiques et historiques.

La publication de M. Olleris se compose de deux parties distinctes : une étude sur la vie de Gerbert qui remplit plus de deux cents pages in40, et une édition nouvelle de tous les écrits du célèbre restaurateur des études à la fin du Xe siècle. Le savant écrivain a revu tous les textes sur les manuscrits; il a rectifié des leçons vicieuses, rétabli les dates probables de beaucoup de lettres, pénétré le sens de divers passages qui avaient résisté à la sagacité de ses devanciers, et bien mis à profit les découvertes de M. CHASLES sur le progrès des sciences mathématiques au moyen-âge. La biographie qu'il a composée est un morceau élégant et solide dans lequel sont habilement exposés tous les renseignements que les documents contemporains fournissent sur la vie et les doctrines du premier pape français, de cet homme qui, sorti d'une famille obscure, sut s'élever par l'étude aux plus hautes dignités, et dont la science étonná tellement son siècle que le vulgaire l'accusait d'avoir recours à la magie.

En vertu de la constitution particulière du legs Gobert, l'Académie conserve à M. Léon Gautier le second prix qu'elle lui avait décerné l'année dernière pour son ouvrage intitulé: Les Epopées françaises; étude sur les origines et l'histoire de la littérature nationale. L'auteur a doublé et renouvelé ses titres en publiant un second volume dans lequel sont analysées vingt-cinq chansons de geste. Sans rien perdre de l'enthousiasme que lui inspirent à juste titre les grandes compositions poétiques de notre moyenage, compositions auxquelles l'Europe entière avait rendu un tacite hommage par ses imitations, M. Gautier a tenu grand compte des observations bienveillantes qui lui ont été adressées. Ses progrès en maturité n'ont pas

diminué sa studieuse ardeur, et l'Académie répond, en lui maintenant sa récompense, à cette preuve honorable de constance au travail et de bon esprit.

Suivant un constant usage, la Commission des antiquités de la France a exprimé son opinion sur les ouvrages renvoyés à son examen dans un rapport détaillé que l'Académie fait imprimer et distribuer. C'est là qu'on peut trouver une appréciation soigneusement justifiée du mérite des livres qui nous ont paru dignes d'un encouragement particulier. Nous nous bornerons à mentionner ceux auxquels l'Académie assigne une place prédominante.

La première médaille a été décèrnée à l'œuvre collective de deux auteurs déjà connus par d'estimables travaux : MM. E. De Lépinois et Lucien Merlet. Le Cartulaire de Notre-Dame-de-Chartres, dû à leur collaboration, est une œuvre considérable qui porte sur des documents fort importants, et qui réunit tous les caractères de la plus saine érudition. Elle ne consiste pas seulement, ainsi que son titre pourrait le faire supposer, dans la publication de quelque ancien manuscrit. Les auteurs ont recherché, réuni, les éléments de leur recueil, comme eût pu le faire un clerc des temps passés; mais ils ont de plus apporté dans leur travail ce discernement et cette méthode qui sont les fruits de la science moderne. Leur cartulaire est accompagné d'un solide commentaire et précédé d'une excellente introduction qui jette de nouvelles lumières non-seulement sur l'histoire de l'Eglise, mais encore sur divers points très-curieux de l'histoire civile, tels que la condition des personnes et l'état de l'agriculture dans la Beauce au moyen-âge.

La seconde médaille est attribuée à M. Giraud, ancien député, pour son Essai historique sur l'abbaye de Saint-Barnard et sur la ville de Romans. Cet ouvrage offre à un très-haut degré les caractères qui constituent une bonne histoire locale. Les deux premiers volumes ont été publiés il y a plus de dix ans, et, depuis cette époque, une heureuse découverte, celle du cartulaire original de l'abbaye de Saint-Barnard, est venue donner la sanction la plus honorable au travail de M. Giraud, en confirmant l'authenticité et l'exacte reproduction de la plupart des pièces si laborieusement recueillies par lui.

Encouragé par cette découverte qu'il a mise à profit avec talent, M. Giraud a publié deux volumes qui conduisent l'histoire de Romans jusqu'à la fin du XIVe siècle, montrant ce que, dans un cadre restreint, on peut obtenir de résultats utiles à l'histoire générale même, par une attentive élaboration des documents puisés aux bonnes sources.

Le mémoire qui a valu à M. Ernest Desjardins une troisième médaille se recommande par des mérites d'une tout autre nature. C'est, ainsi que l'indique le sous-titre Travaux anciens et modernes, - Fosses Mariennes, Canal du Bas-Rhône, une étude topographique qui embrasse toutes les transformations que les embouchures si mobiles du Rhône ont subies depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. La recherche de ces faits multiples exigeait de patientes explorations, une critique persévérante des textes; l'auteur est parvenu à constater que le célèbre ouvrage connu dans le pays sous le nom de levée de Marius était, non pas un reste de voie romaine, comme on l'avait cru jusqu'ici, mais une digue indiquant clairement la direction véritable des Fosses Mariennes. A son mémoire M. Desjardins a joint de belles cartes qui permettent de suivre facilement les transformations des embouchures du Rhône, et même les modifications analogues qui se sont produites aux embouchures du Tibre et du Nil. Il y

a lå un curieux travail de topographie, presque un mémoire d'archéologie, que l'Académie n'a pas voulu laisser sans récompense.

Des mentions honorables sont accordées :

4. A M. Simonnet, pour l'ouvrage intitulé: Documents inédits pour servir à l'histoire des institutions et de la vie privée en Bourgogne, extraits des protocoles des notaires (in-8°);

2o A M. Mabille, pour sa Notice sur les divisions territoriales et la topographie de la Touraine, et pour sa Restitution de la Pancarte noire de Saint-Martin de Tours (2 vol. in-8°);

3o A M. l'abbé Gyss, pour son Histoire de la ville d'Obernai, et de ses rapports avec les autres villes ci-devant impériales d'Alsace, etc. (2 vol. in-8°);

4o A M. Puiseux, pour son volume intitulé: Siége et prise de Rouen par les Anglais (1418-1419), in-8°, et pour trois autres opuscules: L'émigration normande et la colonisation anglaise en Normandie au XVe siècle; Les Docteurs normands au XVe siècle; — Étude sur une grande ville de bois construite en Normandie pour une expédition en Angleterre en 1386;

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5o A M. de la Pilorgerie, pour le volume intitulé: Campagne et bulletins de la grande armée en Italie, commandée par Charles VIII (1 4941495).

6o A M. René de Mas-Latrie, pour son Mémoire sur le droit de marque ou droit de représailles au moyen-âge (in-8°, avec un recueil de pièces justificatives, en manuscrit).

Ici s'arrête le nombre des mentions honorables que, par une décision prise il y a quatre ans, l'Académie s'interdit la faculté de dépasser: nombre assurément inférieur à celui des ouvrages que la Commission aurait voulu encourager. Il nous sera permis de faire remarquer que la plupart de ces mentions sont nécessairement attribuées à ceux des livres qui, jugés par divers rapporteurs dignes d'une médaille et maintenus jusqu'à la fin à ce. rang, ne succombent qu'à l'épreuve définitive d'un scrutin parfois répété.

Rarement l'épithète honorable, donnée à une citation, est plus réelle et plus sérieuse que dans ce concours relatif à nos antiquités.

Tel était assurément l'avis d'un savant recommandable aux travaux duquel l'Académie avait maintes fois accordé les modestes encouragements de cet ordre.

M. de La Fons Mélicocq, soutenu pendant vingt-cinq ans dans ses laborieuses recherches par l'adhésion morale que constataient nos rapports sur les antiquités de la France, a voulu laisser après lui un durable témoignage de sa gratitude, en léguant à l'Académie le soin de décerner un prix triennal « au meilleur ouvrage (ce sont les termes de son testament) sur l'histoire et les antiquités de la Picardie et de l'Ile de France. »>

Souvenir touchant d'un infatigable explorateur de nos chroniques nationales, qui, pour assurer aux continuateurs de ses travaux intéressants un appui et une direction que lui-même avait prisés si haut, perpétue et resserre par une généreuse donation le lien qui l'unissait à nous.

L'année dernière, l'Ecole d'Athènes nous a fait parvenir de nombreux et bons travaux qui ont été dignement appréciés dans le discours d'ouverture du Président de l'Académie, comme ils l'ont été, du reste, aussi par la Commission spéciale.

ANNÉE 1867.

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