Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

>> Ces vers donnent, sous une autre image, absolument la même idée que les deux vers que nous interprétons.

» Le vers intermediaire ταῦτά μοι διπλῇ μέριμν ̓ ἄφραστός ἐστιν ἐν φρεσίν présente des difficultés. Porson, dans sa préface à l'Hécube d'Euripide, p. XLVIII, a déjà signalé l'absence de la césure après la 2e dipodie, césure qui est de règle dans le tétramètre trochaïque catalectique. Dindorf cite, en justification de notre vers, le vers 4402 Erfurt (Herm. 1388) du Philoctète de Sophocle:

εἰ δοκεῖ, στείχωμεν.

ΦΙΛΟΚΤ.

ὦ γενναῖον εἰρηκὼς ἔπος

>> Mais cet exemple unique, dans un vers où le rhythme est d'ailleurs interrompu par un changement de personnage, n'est peut-être pas suffisant pour justifier une exception sans exemple dans Eschyle. Quoi qu'il en soit, c'est moins le défaut métrique que le sens même de appastos qui a rendu la leçon suspecte. Comment Atossa peut-elle donner à son inquiétude l'épithète de appaotos indicible, demande M. Hartung, quand elle l'énonce clairement et la définit dans les deux vers suivants? Schütz traduit μépv appastos par « infanda cura, sicut infandum dolorem dixit Virgilius pro immenso». Ce sens n'est pas intolérable, en soi; mais je conserve des doutes sur la parfaite convenance de cette épithète dans le contexte. Je laisse à M. Hartung la responsabilité de sa legon διπλής μερίμνης φραστύς, tirée d'une glose d'Hésychius au mot opastus, et qu'il croit relative à notre passage. Hermann lit διπλή μέριμνα φραστός ἐστιν ἐν φρεσίν. Soit! moyennant qu'on puisse donner à pastós un autre sens que son certa dans sa traduction: gemina mihi certa est sententia. Añ pépuva ne peut se traduire par gemina sententia qu'autant que l'esprit est partagé et incertain entre deux pensées diverses et exclusives l'une de l'autre, ou que ces pensées sont l'une et l'autre l'objet d'une inquiétude; aussi la périphrase latine dans laquelle il est entraîné par le certa sententia: « neque... facere (le sujet de cet infinitif étant pris dans mihi), neque affulgere.....» ne peut-elle se soutenir. Je ne cite que pour mémoire la conjecture de Reisig et de Wellauer μέριμνα φρακτὸς ἐν φρεσίν, cura in pectore inclusa et infixa. Heureux qui trouvera le mot propre! En attendant je m'accommode de opaotós, et je vais en tenter l'interprétation, en demandant au contexte le sens qui est ici requis.

multi

» Atossa a compris d'une manière générale qu'elle est menacée dans la haute position qu'elle occupe. Dans cette appréhension, encore indéterminée, tauta étant expliqué comme dans la locution xai tauta (1), deux facteurs lui semblent indispensables pour la conservation de la félicité que sa maison doit au roi Darius, la conservation du souverain et la conservation des richesses. Cette crainte générale se formule donc dans son esprit

(4). Comp., Horace Epist. I. 7.94:

Quod te per Genium dextram que deos que Penates
Obsecro et obtestor, vitæ me redde priori.

où Orelli explique Quod par ôtót, dans cet état des choses.

(opaotós EOTIV Ev ypɛolv), est susceptible de s'exprimer en deux alternatives, en deux appréhensions comprises dans les deux considérations suivantes : la première, que les peuples n'ont pas de vénération, σébeɩv tɩvà (1) pour une grande fortune, quand elle n'est pas représentée par un maitre; la seconde, que sans richesses les souverains n'ont pas un prestige proportionné à la grandeur de leur puissance. Or de ces deux alternatives, la perte du souverain et la perte des richesses, la seconde ne lui paraît pas applicable à sa position; c'est donc sur la première que se fixent définitivement ses appréhensions.

Je traduis άvávòpwv sine viro, et non sine viris (sine exercitu). J'aurais d'ailleurs des doutes sur la parfaite propriété de l'épithète, si l'on entendait χρήματα ἄνανδρα dans le sens de χρήματα ἄνευ ἀνδρῶν. La privation d'un maître constitue un état des richesses et peut s'exprimer par une épithète, mais il n'en est pas de même des richesses que l'on possède seules et sans avoir une armée pour les défendre. On peut se représenter, si l'on veut, le souverain à la tête de son armée, mais il faudra toujours passer par le sens tout personnel de cette épithète. D'ailleurs, quand la reine fait, au vers 167, ἔστι γὰρ πλοῦτός γ' ἀμεμφής, ἀμφὶ δ ̓ ὀφθαλμοῖς φόβος, l'application de la double sentence ute.... u'à sa situation personnelle, il est évident que l'épithète avávòpwv exprime la même idée (et sous la même image) que paλuots. Quant à ce dernier mot, je suis bien décidé à l'entendre au sens figuré (2), comme le veut sa reprise par uux dans le vers suivant. Le yap s'explique par une sorte de réticence, analogue à celle du ráp qui introduit la même idée, par laquelle Atossa termine le récit de son songe, v. 210-213.

...

εὖ γὰρ ἴστε, παῖς ἐμός,

πράξας μὲν εὖ θαυμαστὸς ἂν γένοιτ' ἀνήρ,
κακῶς δὲ πράξας οὐχ ὑπεύθυνος πόλει,
σωθεὶς δ ̓ ὁμοίως τῆσδε κοιρανεῖ χθονός.

et que Hermann a parfaitemeut interprété : « Dicit Atossa illud hoc sensu, hæc mihi, quæ vidi, et vobis, qui audistis, metuenda sunt, quorsum spectent. De eo enim sollicita est, quid dicat isto somnio ostentoque portendi. Itaque subjicit: nam de regno filii scitis non esse quod metuam, quem, si prospera fortuna admirandum reddere potest, at adversa certe regno non. exuet, siquidem ille salvus redibit. His igitur verbis indicat non habere se quomodo visa illa interpretetur; nisi de morte filii, quam apertius nominare reformidat.»

» La seconde alternative ne nous est pas applicable, car notre richesse ne laisse rien à désirer, mais je crains pour les yeux de ce corps (3) (pour ce qui en fait le lustre et la sécurité), car l'œil d'une maison c'est, à mon sens, la présence du maître. » Dans le sentiment d'Atossa, si Xerxès est sauvé, la maison royale conservera les deux éléments indispensables de sa prospérité.

» Les quatre premiers vers s'accordent parfaitement avec ce contexte : « Telles sont aussi les appréhensions qui me font sortir de ma riche demeure et quitter l'appartement nuptial que j'ai partagé avec Darius. Moi

(1) Heimsoeth, Die indir. Ueberl. p. 41, corrige aéбetv par pévetv. (2) Quand je devrais le corriger en 30au, ce que je ne crois pas indispensable. Voyez les commentateurs, entre autres Blomfield. (3) Pierron, théâtre d'Eschyle, p. 93.

aussi, une inquiétude me serre le cœur, et je vous en ferai franchement la confidence, n'étant nullement sans crainte sur moi-même, sur mon propre

sort. >>

» Je ne pense pas que personne reprodujse l'étrange interprétation que Schütz donne de ce génitif ἐμαυτῆς « i. q., ἀπ' ἐμαυτῆς, etiamsi illud somnium non accessisset, se tamen suopte ingenio satis timidam esse ostendit. » La sollicitude du choeur s'était portée sur Xerxès, v. 156-7 H.; celle d'Atossa se porte aussi sur elle-mème. »

Cette lecture donne lieu à quelques observations de M. ALEXANDRE.

M. D'AVEZAC lit, en communication, un Inventaire et classement raisonné des MONUMENTS DE LA GÉOGRAPHIE, publiés par M. JoMard, de 1842 à 1862.

« Si l'on avait la prétention d'étendre au cycle entier des sciences géographiques la recherche des monuments de toute nature et de tout âge qu'elles ont pu léguer à notre étude, il faudrait entreprendre l'exploration d'un champ tellement vaste, que la curiosité la plus résolue en pourrait être découragée. Il importe donc, avant toutes choses, de bien déterminer les limites au-delà desquelles ne doit point s'égarer notre investigation. Une première restriction, et la plus considérable, à l'étendue indéfinie d'une semblable tâche, c'est l'acception spéciale dans laquelle il a paru naturel de circonscrire le titre de MONUMENTS destiné à caractériser la collection qui est aujourd'hui livrée à l'étude du monde savant: l'auteur a exclusivement borné son recueil aux monuments figurés, c'est-à-dire, fondamentalement aux cartes géographiques; et s'il s'y mêle quelques globes, ils ne viennent eux-mêmes prendre place dans l'œuvre actuelle que sous la forme plane de dessins descriptifs.

A cette première restriction, il s'en rattache inévitablement une autre, relative à l'intervalle chronologique dans lequel demeure concentrée par le fait la série des monuments de cette nature parvenus jusqu'à nous. A part, en effet, un ou deux échantillons de topographie antique retrouvés sur les sculptures murales ou dans les papyrus séculaires de la vieille Égypte, le moyen-âge seul nous a transmis soit les anciennes représentations traditionnelles échappées à un entier oubli, soit ses propres œuvres graphiques les premières fort rares, et dont les plus importantes, telles que les cartes de Ptolémée et la table itinéraire Peutingérienne, sont dès longtemps mises à la portée du public par des éditions réitérées; les autres, beaucoup plus nombreuses, mais dont l'existence ne remonte pas bien haut dans l'ordre des temps, et qui ne sauraient descendre que par exception plus bas que le milieu du XVIe siècle, puisque la multiplication des exemplaires au moyen de la gravure ôte aux productions de cette époque le caractère d'individualité monumentale qui fait le prix des œuvres antérieures, et donne un intérêt réel à la reproduction de celles qui sont restées inédites ou n'ont obtenu encore qu'une insuffisante notoriété.

Tel est le sens limité dans lequel l'auteur a entendu ce titre de Monuments, inscrit au frontispice de sa collection.

Était-il convenable de restreindre de même ici dans sa plus étroite acception le nom de la GÉOGRAPHIE, dont ces monuments viennent révéler les vicissitudes et consacrer les fastes, de n'admettre, en un mot, que des cartes et des globes géographiques? L'auteur ne l'a pas pensé : cette galerie qu'il a voulu ouvrir à l'enseignement, par les yeux, des progrès

successivement accomplis dans la science de la terre ou dans l'art de la représenter, il a jugé opportun de la laisser accessible à certains monuments d'un autre ordre, qui, sans appartenir exclusivement à la géographie, se rattachent historiquement à elle par les services rendus. Les vieux errements de la science d'autrefois, aussi bien que les modernes programmes universitaires, s'accordent à faire de la Cosmographie une introduction obligée des études géographiques; et le conservateur du nouveau département spécialement créé pour celles-ci en 1828, à la Bibliothèque du Roi, s'était complu à rassembler dans les vitrines du cabinet placé sous sa direction immédiate, non-seulement quelques globes terrestres échappés à la destruction des temps d'anarchie et au dédain des âges antérieurs, mais aussi des globes célestes, des astrolabes, des boussoles, instruments rudimentaires et surannés transmis par les Arabes aux Latins, et dont le rôle ne peut être oublié dans l'histoire des grandes découvertes qui ont changé la face du monde.

Les MONUMENTS DE LA GÉOGRAPHIE, qui avaient eu à l'origine, dans la pensée de l'auteur, le but principal de mettre en lumière les richesses acquises par le département géographique de la Bibliothèque du Roi, comprennent donc, en manière d'Introduction, quelques planches consacrées à ces instruments sur l'usage desquels s'appuyait la détermination des positions, des gisements relatifs et des distances terrestres, éléments fondamentaux de toute géographie. Deux globes célestes (1), de fabrication arabe, nous montrent, à deux époques diverses, l'état du ciel étoilé où les voyageurs cherchaient les repères de leurs routes; les détails d'un astrolabe (2) nous mettent à portée d'apprécier les moyens d'observation auxquels étaient bornées les ressources de la géographie mathématique.

Une série de dessins empruntés aux marges d'un manuscrit florentin du XVe siècle (3) sert de transition à une considération plus immédiate de la terre; quelques figures montrent successivement, d'après les idées cosmographiques alors en circulation, la place de notre globe au milieu des orbes planétaires, son rôle combiné avec celui de la lune et du scleil dans les phases et les éclipses, sa situation entre les quatre éléments primordiaux, la répartition de sa surface en terre et eau, ses zones, ses points cardinaux, la disposition de la portion habitable au milieu de l'Océan, enfin la division de celle-ci en ses trois parties d'Asie, d'Europe et d'Afrique. Des croquis de topographie représentant quelques fractions des côtes d'Asie mineure, d'Arabie, d'Egypte, de Barbarie, d'Espagne, et de l'Afrique Occidentale, avec des figures de villes, de montagnes, l'arche sur l'Ararath, le couvent de Sainte-Catherine au Sinaï, montrent ainsi, détachés à l'aventure, les matériaux élémentaires dont l'assemblage ultérieur formera bientôt des chorographies de plus en plus étendues, rudiments à leur tour des véritables cartes de Géographie.

Les itinéraires ont été le lien le plus naturel qui ait rattaché les uns aux autres les éléments épars recueillis par la Topographie: ces routiers devaient donc prendre ici leur rang, se produisant d'abord en leur forme naïve d'étapes échelonnées en ligne droite depuis le point de départ jusqu'au point d'arrivée, comme en ce curieux pèlerinage de Londres à Jérusalem tiré d'un manuscrit du XIIIe siècle qui se conserve au Musée

(1) I. Deux feuilles simples, anciens no 13, 14 provisoire.-II. Une feuille simple, ancien n° 74 provisoire.

(2) III. Une feuille simple, ancien no 56 provisoire. (3) IV. Une feuille simple, ancien no 36 provisoire.

Britannique (1), où il occupe neuf pages in-folio de dessins et de légendes explicatives.

Le progrès se manifesta ensuite par la distribution des lieux d'après leur situation relative conformément aux distances mesurées de l'un à l'autre et dont on prenait soin d'inscrire le chiffre dans chaque intervalle: un échantillon en a été choisi dans un manuscrit du XVe siècle (2), offrant une carte militaire du territoire compris entre le lac de Come, le lac de Garde, et le cours du Pô, principal théâtre de la guerre à l'époque des brillantes conquêtes de Venise en terre-ferme sous le dogat de Francesco Foscarini.

Quelquefois ces distances, au lieu d'être ainsi marquées expressément le long des routes sur la carte même, étaient simplement relevées dans une légende séparée, ainsi que l'exemple en est offert par une carte du territoire de Padoue, datée du l'année 1449, et signée d'Annibal de Madiis, qni l'avait copiée d'après le grand sccau d'argent de la commune de Padoue (3).

Enfin, comme complément des chorographies qui ont paru offrir assez d'intérêt pour être comprises dans la collection des Monuments de la géographie, a été reproduite une carte perspective italienne des pays compris entre la mer de Marmara et les monts Karpathes à l'époque où les Turcs, maîtres des alentours de Constantinople, ne devaient pas tarder à emporter également cette place, et à mettre fin à l'Empire d'Orient (4).

Parallèlement à cette série de cartes particulières territoriales doit se ranger une série de cartes marines, monuments des progrès successifs de l'hydrographie, qui venait rectifier, par le dessin exact des côtes reconnues de proche en proche dans le bassin de la Méditerranée et dans les parages voisins sur l'Océan, les configurations, jusqu'alors aventureusement esquissées, des contrées de l'Ancien Monde sur lesquelles rayonnait la puissance religieuse de Rome, et qu'embrassaient dans leurs spéculations commerciales les républiques maritimes de l'Italie.

C'est d'abord un atlas de neuf petites cartes (rassemblées ici toutes les neuf sur une même planche), portant la date de l'année 1318 et le nom du Génois Piétro Vessconte qui les a dressées (5). L'original appartient à la Bibliothèque impériale de Vienne en Autriche. On y voit le PontEuxin, l'Archipel, l'Adriatique, les diverses parties de la Méditerranée, puis, sur l'Océan, la côte d'Afrique jusqu'à Mogador, et en Europe celles d'Espagne, de France et d'Angleterre.

Une autre carte, dont l'original se conserve à Parme, et qui a obtenu dans le monde savant un grand renom par les citations répétées et les notices dont elle a été l'objet, était restée inédite jusqu'à ce jour, malgré les copies qui en avaient été faites à diverses fois : c'est une grande carte nautique de la Méditerranée avec ses dépendances, et de l'Océan depuis le travers du cap Bojador jusqu'à la Norvége, exécutée à Venise en 1367 par les frères Pizzigani un fragment méconnaissable inséré en 1806 dans les Mémoires de l'Institut n'en pouvait donner aucune idée. Elle devait prendre une place d'honneur dans la collection des Monuments de la géographie: elle s'y trouve reproduite en fac-simile d'une minutieuse

(1) V. Trois feuilles simples, anciens nos 39-40-41 provisoires
(2) VI. Une feuille simple, ancien no 72 provisoire.
(3) VII. Une feuille double, anciens nos 54-55 provisoires.
VIII. Une feuille simple, ancien no 35 provisoire.

(5) IX. Une feuille double, anciens no 37-38 provisoires.

« ZurückWeiter »