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exactitude, sur trois grandes feuilles doubles, exigées par les dimensions de l'original, qui n'a pas moins de 133 centimètres de long sur 90 centimètres de haut (4).

Une troisième carte marine du même genre, provenant d'une ancienne famille pisane, a été pareillement comprise dans la collection, comme spécimen des œuvres d'une école hydrographique dont les productions paraissent extrêmement rares (2). L'original, qui appartient au département géographique de la Bibliothèque impériale, a été fort maltraité par les vicissitudes du temps, et presque toutes les côtes de la mer Noire ont disparu; il est anonyme, sans date, et la facture, évidemment arriérée comparativement aux cartes de Vessconte et des Pizzigani, ferait présumer une ancienneté plus grande, si l'écriture n'offrait des tendances gothiques inclinant vers la fin du XIVe siècle.

Enfin, dans cette catégorie des cartes nautiques de la Méditerranée et de ses abords sur l'Océan, il a paru intéressant de comprendre aussi un échantillon de cartographie arabe (3), mais beaucoup plus moderne que les cartes italiennes dont il vient d'être question, car il n'est parvenu jusqu'à nous, de cette époque, aucune production graphique arabe qui puisse mériter la moindre attention. Celle-ci est datée du 30 dzou'lqa'deh de l'an 4009 de l'hégire (ce qui répond au 2 juin 1601 de l'ère chrétienne); elle mesure 437 centimètres de long sur 48 centimètres de haut, et son cadre s'étend, à l'orient, jusqu'aux extrémités de l'Asie; mais, malgré les types européens dont il est facile de voir que le dessinateur arabe s'est aidé, on ne peut reconnaître dans l'œuvre de Mohhammed hen 'Aly ben Ahhmed el Scharfy el Ssfâqsy, ainsi qu'il se désigne lui-même, qu'une imitation grossière des cartes latines les plus médiocres.

Après l'étude graduelle des diverses parties du monde connu, le tour vint des représentations générales de ce monde dans son ensemble, ou, suivant qu'on les appela d'un seul mot, des Mappemondes.

Comme les explorations de la terre habitée avaient le plus souvent pour dernier terme le rivage de la mer, on se figura de bonne heure qu'une mer continue enveloppait l'œcumène de toutes parts: et l'on s'habitua à prendre fondamentalement pour horizon l'Océan, qui reculait à mesure que les notions nouvelles étendaient plus loin les marges terrestres. Longtemps on affecta la forme d'un disque à la représentation du monde habité, et cette figure même persista conventionnellement bien après que l'on eut admis que le continent émergé avait une longueur ou longitude plus grande que sa largeur ou latitude, et après encore que l'on eut reconnu à l'Afrique une extension australe fort au-delà du cadre adopté. L'antiquité classique n'a pu faire parvenir directement jusqu'à nous aucune de ses esquisses primitives de la terre habitée; mais le moyenâge en avait sans doute recueilli la tradition, et les spécimens qu'il nous a transmis sont curieux à étudier à ce double point de vue, de leur époque même, et des notions antérieures qui s'y trouvent reflétées.

Une grande feuille double reproduit côte à côte jusqu'à dix de ces mappernondes systématiques, dont la dimension variant depuis cinq jusqu'à trente-trois centimètres de diamètre, se prêtait sans embarras à cette disposition (4). On y voit figurer, d'après la légende inscrite au bas du tableau,

(1) X. Trois feuilles doubles, nos 44 à 49 provisoires.
(2) XI. Une feuille double anciens nos 50-51 provisoires.
(3) XII. Deux feuilles doubles, nos 60 à 63, provisoires.
(4) XIII. Une feuille double, anciens nos 58-59 prov.

quatre échantillons attribués uniformément au Xe siècle, deux autres désignés comme du XIIIe, trois classés au XIVe siècle, et le dernier enfin appartenant au XVe; mais ces indications ne s'accordent pas avec l'âge réel des monuments représentés, et nous devons, en les passant ici sommairement en revue, les ranger dans un ordre plus rigoureusement exact. C'est d'abord une célèbre mappemonde de la Bibliothèque royale de Turin (1), annexée à un commentaire de l'Apocalypse qui paraît avoir été écrit en l'année 787, d'où l'on a conclu que la rédaction originale de la carte doit remonter à la même époque; mais quant à l'exécution matérielle de la copie de Turin, il est reconnu qu'elle n'est point antérieure au XIIe siècle;

Le second rang, sinon même le premier, appartient sans conteste à la carte quadrangulaire anglo-saxonne (2) de la Bibliothèque Cotonienne au Musée Britannique, jointe à un manuscrit de la périégèse de Priscien, qui paraît être du Xa siècle ;

Puis viendra la mappemonde de la Bibliothèque publique de Leipzig (3), accompagnant un manuscrit de la petite encyclopédie de Marcianus Capella, dont l'écriture est déclarée du XIe siècle;

Ce n'est qu'à un intervalle de deux siècles plus tard, que doit prendre rang la petite esquisse (4) empruntée à un manuscrit islandais de la Bibliothèque royale de Copenhague, contenant un aperçu très-succinct de géographie, de la fin du XIIIe siècle;

Immédiatement à la suite doit avoir sa place la fameuse mappemonde comprise dans un manuscrit des grandes chroniques de Saint-Denis ayant appartenu au savant roi Charles V qui y a apposé sa signature de possession, et conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de Sainte-Geneviève (5) ; l'âge en a été, dès longtemps, fixé au commencement du XIV siècle;

Alors s'offre à notre étude la mappemonde de Marin Sanuto (6), de 1324, reproduite en notre collection d'après un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris, où elle accompagne une chronique depuis la création du monde jusqu'à l'année 1320;

Ici prendront leur rang légitime deux exemplaires différents d'un même planisphère elliptique (7) dont est orné le Polychronicon de Ralph de Higden, lesquels ont été fournis, l'un par un manuscrit de la Bibliothèque des avocats à Edimbourg, l'autre par un manuscrit de la Bibliothèque royale du Musée Britannique; le livre même n'ayant été achevé qu'en 1357, la carte qui l'accompagne ne peut remonter plus haut, et les copies en doivent naturellement être classées à des dates ultérieures, plus ou moins prochaines ;

C'est ensuite le tour de l'élégante mappemonde renfermée dans le grand O majuscule du mot Orbis, par lequel débute le petit traité de géographie de Pomponius Mela, dans le beau manuscrit exécuté en 1417, au concile de Bâle, par les soins du cardinal Guillaume Fillâtre, archevêque de Reims,

(4) Figure 1. (2) Figure 4. (3) Figure 2. (4) Figure 3. (5) Figure 8.

(6) Figure 7.

(7) Figures 5-6.

donné par le prélat à son église, et conservé aujourd'hui dans la Bibliothèque publique de la même ville (4);

Enfin, pour clore cette série synoptiquement rassemblée en un seul tableau, nous avons une petite mappemonde (2), dessinée dans l'original au centre d'un figure générale des orbes célestes ornant le poëme de la Sphère composé par le Florentin Léonardo Dati, dans un beau manuscrit qui se trouvait en la possession de Libri; elle est donnée ici avec les deux sphères ambiantes de l'air et du feu, mais dégagée de tout le surplus des sphères circonscrites; comme l'auteur florissait vers le milieu du XVe siècle, les figures jointes à ses huitains ne peuvent prendre date qu'après les neuf autres mappemondes que nous venons d'inventorier.

Après ce premier coup d'œil d'ensemble sur tout un assortiment de planisphères chronologiquement échelonnés depuis le VIIIe siècle jusqu'au XVe, il convenait de reprendre l'étude comparative des monuments de même espèce qui se présentent avec une individualité plus prononcée. Telle est d'abord la grande mappemonde (3), longtemps réputée du XIIIe siècle, mais qu'un examen approfondi a permis de rapporter avec quelque assurance à l'année 1344; œuvre signée de Richard de Haldingham et de Lafford, et qui se conserve à une place d'honneur dans l'église même de Saint-Ethelbert de Hereford; elle remplit l'intérieur d'un cercle de non moins de 70 centimètres de rayon, entouré d'un encadrement figurant un carré surmonté d'un fronton; elle est reproduite en six grandes feuilles doubles.

Deux grandes feuilles suffisent à contenir ensuite une mappemonde allemande en deux hémisphères (4) d'après le fameux globe de Martin Beheim de Nüremberg qui porte la date de 1492; on suppose cette carte à peu près contemporaine du globe même. C'est une projection stéréographique à l'échelle de 28 centimètres pour le rayon terrestre.

A partir de ce moment, la découverte du Nouveau-Monde imprime un intérêt plus puissant sur les œuvres géographiques. Le monument le plus important que l'on connaisse de cette grande époque, c'est la carte datée de l'année 1500 au port de Sainte-Marie (5) par le célèbre Jean de la Cosa, qui avait été embarqué comme pilote avec l'immortel Christophe Colomb. Elle n'a pas moins de 180 centimètres de long sur 96 centimètres de haut, et appartient aujourd'hui à la Bibliothèque royale de Madrid. La copie exacte qui en a été conservée en France, remplit dans notre collection trois grandes feuilles doubles.

Dans l'ordre chronologique succède à ce document d'un si haut intérêt, un globe terrestre, plus récent d'une vingtaine d'années (6), dont l'original se conserve à Francfort sur-le-Main, et qui est représenté ici de deux manières, savoir en une projection stéréographique de notre hémisphère à l'échelle de 43 centimètres pour le rayon de la sphère; et en vingtquatre demi-fuseaux propres à s'adapter sur une monture sphérique de 27 centimètres environ de diamètre; le tout réuni sur une seule feuille double.

On a jugé assez intéressant pour avoir aussi les honneurs d'une repro

(1) Figure 10.

(2) Figure 9.

(3) XIV. Six feuilles doubles, anciens no 1 à 12 provisoires. (4) XV. Deux feuilles, anciens nos 52-53 provisoires.

(5) XVI. Trois feuilles doubles, anciens nos 17 à 22 provisoires. (6) XVII. Une feuille double, anciens nos 45-46 provisoires.

duction dans ce recueil, un coffret géographique, d'acier damasquiné en or, conservé à Milan parmi les joyaux de l'illustre maison de Trivulce (1); on y voit figurée, outre des cartes particulières de l'Italie, de la France, et de l'Espagne, une mappemonde cordiforme qui paraît copiée sur celle que Bernard de Sylva d'Eboli a insérée dans son édition de la Géographie de Ptolémée publiée à Venise en 1511; une feuille simple est ici consacrée aux ciselures géographiques de ce précieux coffret.

A la suite se présente un planisphère monumental (2) formant un vaste parallelogramme qui n'a pas moins de 256 centimètres de longueur de l'ouest à l'est, sur 427 centimètres du nord au sud, et dont le fac-simile a été distribué en six sections occupant autant de grandes feuilles doubles. Le possesseur supposait que ce beau travail avait été exécuté, vers 1550, par ordre du roi de France Henri II; mais un examen plus attentif a fait remarquer, sur l'emplacement du Canada, une miniature caractéristique d'après laquelle nulle autre date ne peut être admise que l'année 1542, sous le règne de François Ier.

Une autre vaste mappemonde, d'une importance plus frappante encore, occupe ensuite quatre grandes feuilles doubles (3); c'est celle du célèbre navigateur Sébastien Cabot, datée de 1544, et accompagnée de légendes du plus haut intérêt pour l'histoire des découvertes. Elle est projetée, en une seule ellipse mesurant 148 centimètres sur le grand axe et 441 centimètres sur le petit axe, suivant le procédé symétrique d'Apian. Elle avait été gravée à l'époque même de sa date; mais on ne connaît plus aujourd'hui, des anciennes éditions, d'autre exemplaire que celui de la Bibliothèque impériale de Paris; et il était urgent de prévenir par une exacte reproduction nouvelle, les chances d'une disparition totale.

Un motif analogue a déterminé la reproduction, dans ce recueil, du grand planisphère à latitudes croissantes exécuté en 1569 par Gérard Mercator, et dont les exemplaires sont aujourd'hui d'une extrême rareté. L'original, qui mesure deux mètres de longueur sur 126 centimètres de haut, se trouve ici réparti en huit sections, occupant autant de feuilles (4). Mais les légendes étendues auxquelles l'auteur avait consacré de nombreux cartouches, ont été réservées, pour être imprimées dans le texte descriptif qui doit compléter cette publication.

En résumé, si l'on récapitule les éléments dont se compose la collection des MONUMENTS DE LA GÉOGRAPHIE dont nous venons d'esquisser le rapide inventaire, on y comptera un total de cinquante feuilles, dont trente et une de format double; contenant de fait la reproduction de trente monuments distincts, qui occupent chacun une ou plusieurs feuilles, sauf une série de dix mappemondes de différents siècles réunies exceptionnellement sur une seule grande feuille en ne formant qu'un article unique des dix échantillons ainsi groupés, l'ensemble de la collection consistera en vingt-un articles, subdivisés, pour la plupart, en un certain nombre de sections ou feuilles, depuis le minimum de deux jusqu'au maximum de huit.

Chacun de ces articles peut, à bon droit, faire l'objet d'une étude distincte et d'une description séparée. »

(4) XVIII. Une feuille simple, ancien n° 73 provisoire.
(2) XIX. Six feuilles doubles, anciens nos 23 à 34 provisoires.
XX. Quatre feuilles doubles, anciens nos 64 à 74 provisoires.
(4) XXI. Huit feuilles simples, anciens nos 75 à 82 provisoires.

L'Académie reçoit les ouvrages dont les titres suivent :

4° L'Exposition universelle, poëme didactique en quinze chants, par Ant.-Gaspard Bellin, de la Société philotechnique (Paris, 1867, in-8°).

2o Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, 3a série, t. 1er. 3o Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, 2e série, t. IV, 2e livraison.

4o Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, 12o année.

5o M. ECGER, au nom de M. Boissonade, fait hommage à l'Académie d'un volume intitulé Le Goupillon, poëme héroï-comique d'Antonio Diniz, traduit du portugais par feu M. J. Fr. BOISSONADE (2e édition. Paris, 4867, in-12).

6o M. MILLER, au nom de S. Em., le cardinal dom Pitra, fait hommage à l'Académie d'un volume intitulé Hymnographie de l'église grecque, etc. (Rome, 1867, in-8°).

M. Jules Oppert a lu à l'Académie, pendant une grande partie de l'année 1866, un mémoire sur les Rapports de l'Egypte et de l'Assyrie, d'après les textes cunéiformes. Ce mémoire paraîtra dans le << Recueil des mémoires des savants étrangers, » et quoiqu'il soit assez difficile de donner un extrait d'un travail qui contient surtout une grande quantité de détails, nous en donnerons ici un aperçu.

L'auteur trouve la plus ancienne mention de l'Egypte, dans les textes cunéiformes, sur l'obélisque de Nimroud (vers 900), où il est question des tributs d'Egypte. Mais les rapports véritablement politiques ne commencent qu'avec Sargon (721-703), qui eut à combattre l'Ethiopien Sabaco qu'il nomme dans ses inscriptions. Sargon lui livra une bataille, près de Raphia en 718, et Sabaco s'enfuit guidé par un pâtre. A côté du sultan d'Egypte, titre donné à Sabacon, Sargon fait mention d'un tri- ̈ butaire dans la personne de Pir'ou (Pharaon), roi d'Egypte, qui correspond probablement au roi Séthos d'Hérodote.

Une des premières expéditions du fils de Sargon, Sennachérib, fut la conquête de la Judée. Les inscriptions cunéiformes

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