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qui tirait son nom de sa spécialité même? On voit par une pièce du musée du Louvre que ces Hellènes en réclusion (xátoxol, xateχόμενοι, οι ἐν κατοχῇ ὄντες) dans le sanctuaire de Sérapis, n'y étaient guère bien vus par leurs confrères de race égyptienne, et que leur condition d'étrangers les exposait même à de mauvais traitements. Le protecteur des Jumelles, Ptolémée, fils de Glaucias, se plaint, dans une requête à Dionysius le stratége, d'avoir été plusieurs fois malmené, « parce qu'il était Grec, παρà tò “Eλλŋvα Elva,» et cela par les employés même de l'administration (1). La même plainte est renouvelée dans une requête, de l'an 161, au roi Philométor et à la reine Cléopâtre (2). Elle se retrouve, en d'autres termes, dans un document semblable, écrit par Apollonius, frère du précédent (3). Tous ces faits semblent indiquer que les Hellènes formaient, au Sérapéum, une sorte de colonie que la communauté des exercices du culte ne rattachait qu'imparfaitement aux prêtres de race indigène, et que pour eux les agents royaux pouvaient avoir un bureau distinct de ceux où les prêtres égyptiens venaient toucher leurs appointements.

Je vais, au reste, traduire, d'après la transcription de Bernardino Peyron, les deux papyrus du British Museum auxquels je me suis référé plus haut, parce qu'ils ont quelque rapport avec le papyrus Raifé, et que l'un des deux nous offre précisément un Asclépiadès, fonctionnaire de la même administration.

Papyrus VII du British Museum.

« L'an XX, le 52 d'Athyr.

» Mesurage fait à Cratéros le facteur chez Dorion le caissier, » en présence de Chrysippos et d'Aréos, pour Thayte et Thays >> Jumelles du Sérapéum, d'une quantité prise aux magasins du

(1) Papyrus du Vatican, réimprimé, p. 295, no 36, parmi les Papyrus du Louvre.

(2) Papyrus du Louvre, no 39, p. 302. (3) Papyrus du Louvre, no 44, p. 306.

» sésame [consacré à l'usage] des temples ... pour l'an 19, pour >> l'an 18... total... >>

Papyrus VIII, Ibid.

<< L'an XX, le 25 d'Athyr, Démétrios fils de Sosos, Crétois, re>> connaît que Dionysios et Asclepiadès, les préposés au service » des huiles, lui ont fait mesurer, pour le compte des deux Jumel»les du grand Sérapéum, deux métrètes de sésame. Soit 2. » L'an XX, le 25 d'Athyr. Mesuré à Cratéros, le facteur de Dorion, » le caissier, en présence de Chrysippos et d'Aréos, qui viennent » de la part de Tayte (sic) et de Tays (sic), sur l'huile de sésame » [consacrée à l'usage] des temples: pour les Jumelles du Sara» pieum, l'an 19... l'an 18, total... » (4).

Sur le dos de cette dernière pièce, on lit: auubouλeuw SлоурарŃν, « je conseille la souscription », formule très-obscure et dont j'avoue ne pas me rendre bien compte. Mais les autres parties de ces documents sont assez claires, et, en les rapprochant du papyrus Raifé, on distingue, dans les affaires de ce genre:

1° La fabrique d'huile de sésame produit des contributions apportées en nature au fisc des Ptolémées : τὸ ἐλαιουργεῖον.

2o Le dépôt des huiles fabriquées : 4 €λaía ou Eλaïxń. 3° L'attribution faite par les dépositaires, sur l'ordre de leur supérieur, aux personnes autorisées ou à leurs représentants, avec assistance de deux témoins. On verra d'ailleurs, par une pièce qui va être mentionnée ci-dessous, que la délégation des ayants-droit n'était pas nécessairement directe.

Une dernière singularité nous reste à signaler dans le papyrus que nous publions. C'est la forme épistolaire, et en particulier la

(1) Les chiffres qui terminent ces deux pièces me semblent douteux et je n'ose les traduire; les fac-simile qu'a publiés M. Vorshal des papyrus de Londres ne donnant que des spécimens de l'écriture de chaque document, le contrôle des transcriptions n'est pas toujours possible pour ces pièces comme il l'est, grâce à la munificence de notre Académie, pour les papyrus de nos collections parisiennes.

formule xaíper en tête d'un simple reçu. Cela non plus n'est pas sans exemple, même sur des pièces plus courtes encore. Le papyrus C' de Leyde est un reçu donné à Démétrios, fils de Sosos, le Crétois, par un Ptolémée, fils de Ptolémée, le mandataire des Jumelles, de deux métrètes d'huile de sésame, avec décharge expresse et renoncement à toute réclamation ultérieure. Cette quittance contient le mot χαίρειν, suivi des mots ὁμολογῶ ἀπέχειν, « je reconnais détenir », et par conséquent « avoir reçu » qui rappellent également notre papyrus. On trouve encore yaípe en tête de plusieurs comptes de dépenses dans les papyrus 58 et suivants de la collection du Louvre.

Dans l'ordre des actes administratifs, la pièce inédite du cabinet Raifé vient donc prendre place tout juste avant les papyrus VII et VIII du British Museum, et, bien qu'elle puisse n'être pas précisément de la même date et n'avoir pas de rapport direct avec l'affaire si compliquée des malheureuses Jumelles, cette pièce nous apporte un élément utile pour recomposer le système de l'administration financière sous les Ptolémées.

A ce titre, elle n'est pas sans valeur, et elle méritera d'être signalée aux personnes qui étudient dans son ensemble l'histoire économique de l'Egypte au temps de la domination macédonienne. » M. DE LONGPÉRIER fait la communication suivante, au sujet de monuments antiques récemment découverts.

M. R. Géry, numismatiste très-zélé qui habite Voiron, département de l'Isère, nous fait connaître une intéressante trouvaille qui vient d'avoir lieu à Vilette, paroisse dépendant de Saint-Laurent-du-Pont, dans le voisinage de la Grande-Chartreuse. - Des ouvriers occupés à niveler l'emplacement d'une ancienne église, dont les déblais obstruaient la façade d'une église nouvellement construite, ont mis à découvert quelques antiques monuments : deux tombes de pierre, un bloc de 1m,60 de long, sur lequel on lit en magnifiques caractères de la belle époque romaine, hauts de 12 centimètres :

QVIRINO AVG
SACRVM

Un cippe de forme quadrilatérale, haut de 1m,50 avec soubassement et chapiteau. On lit sur une de ses faces cette inscription entourée d'une bordure saillante :

QVIRINO AVG

COTVS MODES

TVS ET IVLS MA

CRINVS EX RP

Dix lettres capitales à chaque ligne : c'est probablement afin de conserver la régularité de ce nombre que le nom IVLIVS a été abrégé.

<< A la seconde ligne, dit M. Géry, on pourrait lire COIVS au lieu de COTVS, parce que la barre supérieure des T est si courte que ces caractères ressemblent à des I. » Nous ferons remarquer que le nom COIOS est inscrit sur des monnaies gauloises d'argent, au revers desquelles on lit le nom ORGITIRIX. Mais, d'un autre côté, on se rappelle que COTVS est le nom d'un Eduen cité par César (Bell. Gall., VII, 32, 33).

Les monuments signalés par M. Géry sont remarquables à plus d'un titre. Les dédicaces à Quirinus paraissent être de la plus grande rareté. M. Mommsen en a publié une :

QVIRINO

L. AIMILIVS. L. F.
PRAITOR

qui appartient au temps de la République. Celles qui ont été recueillies à Vilette sont gravées sous l'Empire, ainsi que l'indique le mot A V G, épithète qui se voit à la suite d'un certain nombre de noms divins.

Quirinus, dans ces inscriptions, se rapporte-t-il à Romulus ou à Janus? Horace a dit : Janum Quirinum clausit (Carm. IV, xv, 9). Suétone, dans la vie d'Octavianus (22): Janum Quirinum ter clusit. Macrobe (Sat. I, 9): In sacris quoque invocamus... Janum Quirinum... Quirinum quasi bellorum potentem, ab hasta quam Sabini curim vocant. Suivant Servius, le même surnom aurait

été donné à Mars: Cum tranquillus est Quirinus dicitur (ad I Aen., v. 296). Mais dans tous ces passages, Quirinus n'apparaît pas seul, ainsi qu'il se voit dans les textes de Vilette, tandis que sur les beaux deniers de la République, fabriqués par des magistrats de la famille Memmia, on lit le surnom QVIRINVS écrit près de la tête barbue et laurée que les plus savants antiquaires ont reconnue pour celle de Romulus; et si, avant l'époque impériale, le souvenir des rois de Rome était conservé sur les monuments publics, il pouvait être rappelé avec plus de soin encore après l'avénement d'Auguste. Cet empereur, dans l'inscription d'Ancyre, mentionne parmi les édifices qu'il avait élevés près du Capitole, AEDEM QVIRINIS, c'est-à-dire un sanctuaire consacré à Romulus et à Rémus.

Si l'on considère le nom Quirinus placé en tête des deux inscriptions de Vilette comme se rapportant à Romulus, on sera conduit à penser que le culte de ce personnage ne doit pas avoir été borné à quelques dédicaces; et nous aurions à chercher si, parmi les statuettes destinées aux laraires, il ne se retrouverait pas quelques figures du fondateur de Rome. Les monuments nouvellement exhumés sont donc, comme on le voit, de nature à faire naître des observations intéressantes. >>

M. Ferdinand Delaunay continue la lecture'de son Mémoire, en communication, sur le traité de la vie contemplative, compris parmi les OEuvres de Philon et sur les questions d'histoire religieuse qu'il implique.

MOIS DE NOVEMBRE.

Séance du vendredi 4.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance.

Trois nouvelles lettres sont adressées en date des 5, 7 et 8 cou

ANNÉE 1867.

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