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à MM. les membres de l'Académie, fait connaître qu'il se met sur les rangs pour la place que laisse vacante dans son sein le décès de M. MUNK.

M. Adolphe Pictet, à Genève, deux fois honoré du prix Volney pour deux ouvrages justement appréciés, et qui poursuit avec succès ses travaux sur l'ancienne langue gauloise, demande, par une lettre du 9 février adressée au Secrétaire perpétuel, que son nom soit porté sur la liste des candidats au titre de correspondant de l'Académie.

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M. DELISLE, au nom de la Commission des Antiquités de la France, qui s'est réunie avant la séance, informe l'Académie de l'émotion qu'a produite, dans le sein de cette Commission, la nouvelle répandue, d'après laquelle il serait question de livrer à l'Angleterre les quatre statues qui décoraient, dans l'ancienne abbaye de Fontevrault, la sépulture de Henri II, d'Eléonore de Guyenne, de Richard Coeur-de-Lion et d'Isabelle d'Angoulême, et qui sont encore aujourd'hui sur place dans la chapelle de la maison centrale de détention établie dans la partie subsistante des bâtiments. La Commission émet le vœu qu'il soit écrit sans délai à M. le Ministre de l'Instruction publique pour le prier d'intervenir auprès de qui de droit, afin de prévenir tout acte qui tendrait à déposséder la France de ces monuments consacrés sur le sol national et qui appartiennent à son histoire. Plusieurs membres appuient cette proposition, en insistant sur l'urgence de la démarche demandée. M. le marquis DE LAGRANGE, Président de la section d'archéologie du Comité des travaux historiques établi auprès du Ministère de l'Instruction publique, fait connaître que déjà une démarche semblable a été faite par lui en cette qualité, mais qu'il importe à un haut degré que l'Académie la renouvelle avec toute l'autorité qui lui appartient. L'Académie consultée charge à l'unanimité le bureau d'écrire d'urgence en son nom, par le Secrétaire perpétuel, à M. le Ministre de l'Instruction publique, pour le prier d'intervenir dans le sens qui vient d'être indiqué. M. EGGER fait à l'Académie les deux communications suivantes : I. « Je viens, dit-il, de recueillir sur des lambeaux de papyrus rapportés d'Egypte par M. Henri Pereire, et qui m'ont été obliANNÉE 1867.

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geamment communiqués, cinq nouveaux fragments d'un orateur attique, dont le nom m'est jusqu'ici inconnu. Le sujet du discours dont ces lignes mutilées ont fait partie était probablement une cause civile. Je n'ai guère l'espoir que de si courts débris, où je nepuis restituer une seule phrase complète, puissent être rattachés à l'œuvre d'Hypéride; quelque peu importants qu'ils soient, peutêtre trouvera-t-on néanmoins qu'on les joindra convenablement en appendice aux textes d'Hypéride qui font le sujet du mémoire que j'ai eu l'honneur de lire à l'Académie dans ses dernières séances. Ces petites découvertes, même quand elles n'apportent à la science aucun surcroît de richesse, entretiennent au moins l'espoir que les tombeaux de l'Egypte ne sont pas encore épuisés, et qu'ils nous réservent encore quelques trésors comparables aux belles pages dont s'est enrichie naguère la collection des orateurs attiques. II. Parmi les inscriptions grecques récemment découvertes à Athènes et publiées par les journaux de cette ville, je crois devoir signaler à l'Académie celle qui, déterrée le 20 nov. dernier dans un lieu voisin de l'ancien Cynosarge, a paru dans la Chrysallis du 15 déc. suivant, avec un bon commentaire de M. Koumanoudis. Ce sont 15 lignes mutilées d'un catalogue de vainqueurs aux jeux olympiques, fragment qui complète et corrige sur deux points les extraits du même genre empruntés par Pausanias aux catalogues officiels (Eliaca, I, 8. Cf. II, 22, et Laconica, 21). On n'a jamais douté qu'il n'existât beaucoup de copies de ces catalogues qui servirent de base à la chronologie des historiens grecs et dont un recueil, fait par Aristote ou par quelqu'un de ses disciples, portait le nom de cet illustre érudit et philosophe (Voir C. Müller: Historic. græc. fragm., t. II, p. 182). On possédait déjà divers fragments des listes de vainqueurs aux fêtes Dionysiaques (Nixar Stovuotaxa) transcrites et publiées en des livres spéciaux par des savants de la même école (Corpus inscr. græc., n. 229-231), mais le fragment qui vient d'être retrouvé à Athènes est le premier qui nous montre en quelque sorte un original lapidaire des catalogues d'olympiades. Il comble donc pour nous, très-imparfaitement encore, une lacune de l'histoire littéraire. On peut espérer que d'autres documents semblables rever

ront le jour; ils apporteraient des additions et des corrections précieuses à l'informe abrégé de Jules Africain, qu'ont amélioré déjà quelques notices contenues dans l'ouvrage de Philostrate sur la gymnastique (Voir S. Julii Africani 'Ohάdwv 'Avαypaph, adjectis cæteris quæ ex Olympionicarum fastis supersunt, ed. J. Rutgers, Lugd. Batav. 1862). La présente communication n'a pour objet que de recommander à l'attention des personnes compétentes un genre nouveau et instructif de documents épigraphiques; mais en la terminant je ne puis m'empêcher de louer la science, le bon goût et le sage patriotisme dont témoigne le court et substantiel commentaire que M. Koumanoudis joint au texte publié par lui dans la Chrysallis. » A propos de la variante Φιλύτας, pour Φιλητᾶς, que présente le marbre athénien, MM. BEULÉ, WADDINGTON, MILLER, BRUNET DE PRESLE, présentent quelques observations qui font ressortir l'importance du document athénien. La comparaison des noms propres 'Apyúras, signalé par M. BRUNET DE PRESLE, et Oxpoútas, signalé par M. WADDINGTON, rattache le mot Þiλútas à une analogie qui confirme l'autorité du texte épigraphique publié par M. Koumanoudis (1). »

M. François Lenormant, autorisé par le bureau, communique la note suivante sur une inscription conservée dans les papiers de Fauvel.

« Les dessins et manuscrits de Fauvel, conservés au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Impériale, ne contiennent qu'un très-petit nombre de copies d'inscriptions, presque toutes déjà connues d'ailleurs et comprises dans le Corpus. J'y ai pourtant relevé un fragment inédit, sans indication de provenance, mais bien évidemment d'Athènes, qui me paraît digne d'attirer quelques instants l'attention de l'Académie.

ΟΗΕ ΚΑΣΤ

LAKES MEKOL
ΟΣΗ ΕΚΑΣΤΟΣ ΔΕΛ

ΣΠΡΟΣ ΤΟΣΕΥΧΣΕΝ
ALEXA^ENMEX PIT

(4) L'article de M. Koumanoudis sera traduit et publié avec le fragment de catalogue dans un des prochains numéros de la Revue archéologique.

On y reconnaît du premier coup d'œil un débris de décret attique antérieur à l'archontat d'Euclide, où les lettres sont disposées xtovηdóv, ce qui permet d'arriver à des restitutions atteignant presque la certitude.

Cependant rétablir le texte d'un fragment aussi court et aussi mutilé serait une tâche presque impossible s'il ne se trouvait pas qu'il reproduit, en l'abrégeant et en y introduisant une variante du plus haut intérêt, une formule que nous offre déjà le fameux décret en faveur des Méthonéens de Piérie, publié sous le n° 250 dans les Antiquités helléniques de M. Rhangabé.

On lit aux lignes 34-51 de cette dernière inscription :

Μεθωναίοις ἐξεΐ]ναι [ἐξ]άγειν ἐκ Βυζαντίου, σίτου μέχρι... ακισχιλίων [μεδίμ]νων τοῦ ἐνιαυτοῦ ἑκάστου. Οἱ [δὲ Ἑλλησποντ]οφύ[λακ]ε[ς] μήτε αὐτοὶ κωλυόντων ἐξάγειν, μ[ήτε ἄ]λλον ἐώντων κ[ωλ]ύειν, ἢ εὐθυνέσθων μυ ρίασσι δρ[αχμα]ῖσι. Ἕκαστος γραψάμενος δὲ πρὸς τοὺς Ἑλλησποντο[φύλακα]ς ἐξάγειν μέχρι τοῦ τεταγμένου, ἀζήμιός [τε ἔσ]τω, καὶ ἡ ναῦς ἡ ἐξάγουσα.

>>

« Qu'il soit permis aux Méthonéens d'exporter de Byzance jus» qu'à.... mille médimnes de blé par an; que les Hellespontophylaques ne les empêchent point eux-mêmes de faire cette >> exportation et ne permettent pas à d'autres de les empêcher, » sous peine d'une amende de 10,000 drachmes; et que tout in>>dividu, qui se sera inscrit entre les mains des Hellesponto

>>

phylaques pour exporter jusqu'à concurrence de la quantité >> fixée, ne soit sujet à aucune taxe, non plus que le bâtiment qui » fera l'exportation. >>

Il résulte de ce passage, comme l'a déjà fait remarquer M. EGGER dans son Mémoire sur les traités publics dans l'antiquité, que les cités voisines de l'Hellespont et directement intéressées à la régularité de l'immense commerce de grains et de métaux précieux qui se faisait avec les côtes du fond de la mer Noire avaient déjà leur Traité des détroits. Elles s'étaient confédérées et avaient établi au passage de l'Hellespont des magistrats spéciaux appelés 'Eλλnσπоνтоçúλαxes ou « gardiens de l'Hellespont, » Ἑλλησποντοφύλακες chargés de veiller à la sûreté du détroit, d'y inspecter les exporta

tions, de les permettre ou de les empêcher, enfin sans aucun doute d'y percevoir des droits analogues à ceux que les gouvernements du Danemark et de la Suède perçoivent encore aujourd'hui à l'entrée du Sund.

Si maintenant nous rapprochons du passage que nous venons de citer du décret en faveur des Méthonéens le fragment conservé par Fauvel, nous y reconnaîtrons une formule toute semblable et nous restituerons sans hésiter:

[.... ἐξεῖναι ἐξάγειν σίτου μέχρι... μεδίμνων
τοῦ ἐνιαυτοῦ ἑκάστου. Οἱ δὲ
Εὐξεινοφύ]λακες μὴ κωλ[υόντ
-ων αὐτούς. Ἕκαστος δὲ γ[ραψ
άμενο]ς πρὸς τοὺς Ευξειν[οφ-
-ύλακ]ας ἐξάγειν μέχρι τοῦ το
-εταγμένου].....

« Qu'il soit permis aux....... d'exporter jusqu'à.......... médimnes de blé » par an; que les Euxinophylaques ne les empêchent point, et que >> tout individu qui se sera inscrit entre les mains des Euxinophyla» ques pour exporter jusqu'à concurrence de la quantité fixée...........

La disposition est semblable, mais ici, au lieu des Hellespontophylaques, nous voyons figurer d'autres magistrats qu'aucun monument ne mentionnait encore, les Eutervopuλaxes ou « gardiens de l'Euxin,» tout-à-fait analogues aux «< gardiens de l'Hellespont», qui devaient être entretenus par les mêmes villes et avaient le même rôle, les mêmes pouvoirs et les mêmes attributions, mais les exerçaient sur le second détroit, sur le Bosphore, à l'entrée du Pont-Euxin.

La mention de magistrats jusqu'à présent inconnus, revêtus d'un caractère international et investis de fonctions importantes, suffirait pour assurer un véritable intérêt au petit fragment épigraphique sur lequel j'ose appeler l'attention de l'Académie. Mais ce qui serait encore de nature à augmenter cet intérêt, c'est que le fragment conservé dans les papiers de Fauvel fournit peut-être la clef d'un petit problème demeuré jusqu'à présent sans solution dans la numismatique d'Alexandre le Grand.

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