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actuelle le blé qu'elles leur achetaient, comme une garantie de plus, la marque des magistrats qui se trouvaient avoir une surveillance toute spéciale sur ce commerce.

M. WADDINGTON admettrait difficilement qu'on ait frappé dans l'antiquité des monnaies destinées spécialement à un commerce particulier; quand un négociant athénien avait à solder une acquisition dans le Pont-Euxin, où les statères de Cyzique étaient reçus avec faveur, il s'adressait aux changeurs et leur achetait des statères, mais jamais les Athéniens n'ont songé à imiter les monnaies de Cyzique. On possède très-peu de données positives et certaines sur les conditions de l'émission et de la fabrication des monnaies dans le monde grec, ainsi que sur les magistrats qui y présidaient. Le fragment de la convention entre Phocée et Mytilène, signalé par M. Lenormant, se rapporte uniquement au mode de jugement et aux pénalités applicables aux personnes chargées de la fabrication des monnaies d'or. Il serait très-dangereux de se guider en pareille matière sur l'analogie avec les usages modernes. Dans le monde hellénique l'inscription du nom sur la monnaie n'était pas, comme chez nous, un honneur réservé au magistrat suprême; elle constituait une responsabilité très-grave (responsabilité de la tête d'après l'inscription de Mytilène) qui pesait sur des magistrats spéciaux et d'un ordre inférieur. Pour en revenir au cas spécial qui a motivé la discussion, il comprend que, dans les données des principes généraux qu'il a rappelés, certains magistrats financiers, ayant principalement à faire de grands payements, auraient pu être obligés à mettre leur marque sur la monnaie, comme indication d'une responsabilité retombant sur eux pour la valeur de celle qu'ils mettaient dans la circulation. Mais, d'après l'inscription même qui révèle leur existence, les Euxinophylaques, comme les Hellespontophylaques, étaient avant tout des magistrats percepteurs; au lieu de faire des payements, ils encaissaient des recettes. La présence de leur marque sur les monnaies ne se justifierait donc pas, ni ne s'expliquerait.

M. BEULE Confirme par l'exemple de la numismatique d'Athènes ce que vient de dire M. WADDINGTON sur le caractère des magistrats préposés chez les Grecs à la fabrication de la monnaie. Il fait

remarquer que, si l'on admettait l'explication proposée par M. Lenormant pour le monogramme inscrit sur quelques monnaies d'Alexandre, il faudrait supposer que les Euxinophylaques ont euxmèmes battu monnaie, puisque ce monogramme se trouve isolé sur quelques pièces. Or, ceci n'est guère admissible avec ce que l'on peut, de l'inscription même conservée dans les papiers de Fauvel, induire au sujet des fonctions de ces magistrats. Qu'étaient-ils en effet? Des surveillants, qui percevaient les droits de douane, qui gardaient le passage du Bosphore et sans doute se tenaient dans des ports divers et plus souvent sur des galères pour empêcher la contrebande et visiter les bâtiments qui descendaient du PontEuxin et y montaient. De semblables fonctions n'ont aucun rapport avec la fabrication monétaire.

M. DE LONGPÉRIER rappelle qu'il est un fait de l'histoire monétaire des temps modernes qui peut jeter quelques lumières sur la question. Quand chaque année la flotte espagnole apportait en Europe les métaux précieux des mines du Mexique et du Pérou, les agents financiers chargés de l'expédition, pour rendre plus facilement compte des richesses qu'on leur avait confiées, et pour assurer à la couronne le bénéfice de la plus-value du métal monnayé sur le métal en lingots, monnayaient grossièrement sur les galions mêmes l'or et l'argent qu'ils avaient reçu à l'état brut en Amérique. Avec le commerce considérable de métaux précieux en barre qui se faisait dans l'antiquité au fond du Pont-Euxin, la douane des Euxinophylaques devait recevoir beaucoup de lingots. Il est possible que des raisons semblables à celles qui guidaient les Espagnols aient fait également monnayer par les Euxinophylaques les lingots qu'on leur livrait, même dans les conditions de vie que leur suppose M. BEULE.

Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants :

4o Au nom de M. Deville, correspondant, La Tour de la Pucelle du château de Rouen (Rouen, 1867, in-8°).

2o La puissance et la civilisation Mongoles au XIIIe siècle, par M. Léon Feer, membre de la Société asiatique de Paris, etc. (Paris, 1867, br. in-8°). 3. Du même auteur, comme suite de ses études sur le Bouddhisme, Des

Vyakarana et de leur place dans la littérature des Bouddhistes (Extr. de la Revue orientale, in-8°).

4o Dante Alighieri e le sue opere considerati negli elementi religioso, politico, legislativo, per l'avv. Gius. Panarello (Palermo, 1866, br. in-8°).

5o Revue numismatique : novembre et décembre 1866.

6° Revue archéologique : no de février 1867.

70 L'Orient, etc., no 11 (10 février).

8° M. Ledain adresse un 2o exemplaire de son ouvrage intitulé « Histoire de la ville et baronnie de Bressuire », admis au concours des antiquités de la France en 1867.

9o M. Bladé adresse, par une lettre du 9 février, deux exemplaires de sa Dissertation sur les chants héroïques des Basques, destinée au même concours en 1868. - Renvoi à la future Commission.

10° M. EGGER, au nom de M. de Beauvillé, de la Société des antiquaires de France, fait hommage du t. II de son ouvrage intitulé « Recueil de documents inédits concernant la Picardie », publiés d'après les titres originaux conservés dans son cabinet et imprimés par autorisation de M. le garde des sceaux à l'Imprimerie impériale (1867, gr. in-4°). Ce second volume, entièrement digne du premier, est précédé d'une Introduction étendue, donnant l'analyse raisonnée des pièces dont il se compose, et 14 fac-simile de chartes, sceaux, etc., ajoutent encore à l'intérêt de cette belle publication.

Séance du vendredi 22.

PRÉSIDENCE DE M. DE LONGPÉRIER.

Il est donné lecture de la correspondance officielle.

Par un message, en date du 20 février, M. le Ministre de l'instruction publique adresse ampliation d'un arrêté, en date du 7 courant, conférant le grade d'archiviste-paléographe aux six élèves sortants de l'Ecole impériale des chartes, dont les noms suivent MM. Courajod, Molard, Fagniez, Maupas, Soury et Lespinasse.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL croit devoir communiquer officieusement à l'Académie une lettre particulière par laquelle M. le Ministre de l'instruction publique lui annonce,à la date du 18 février, qu'il vient d'allouer à madame veuve Munk une indemnité litté

raire annuelle de 1500 fr. « Je crois, dit M. le Ministre, entrer dans les vues de l'Académie en prenant cette mesure, et je suis assuré de répondre aux intentions de l'Empereur qui veut servir les lettres en honorant la mémoire de ceux qui les ont cultivées avec gloire et désintéressement. »

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL informe aussi l'Académie que M. le Ministre lui a annoncé qu'aussitôt après avoir reçu la lettre écrite au nom de l'Académie après la dernière séance, relativement aux quatre statues de Fontevrault, il a remis à S. M. l'Empereur une note expresse sur ce grave intérêt, note dont il a tout lieu d'espérer le succès.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL ne croit pas devoir donner lecture d'une lettre adressée de Londres aux membres de l'Académie, le 21 février, lettre signée Catholicus, anonyme par conséquent, ét dont l'affaire présenté n'est à vrai dire que le prétexte.

M. Dozy, élu correspondant, en remplacement de M. F. Wolf, le 28 décembre dernier, écrit de Leyde, à la date du 19 février, pour exprimer << sa vive et profonde gratitude de l'honneur que lui a fait l'Académie ».

M. Le Brethon, nommé auxiliaire des travaux de l'Académie, dans la séance du 8 février, répond, à la date du 21, pour remercier l'Académie d'un choix dont il apprécie tout l'honneur et dont il tâchera de se rendre digne par son assiduité et son exactitude. L'ordre du jour appelle la première lecture d'un mémoire de M. RENAN « Sur la dynastie des Lysanias d'Abilèné ».

M. EGGER lit et interprète l'inscription suivante, originaire de Marseille :

Κ]λεύδημος Διονυσίου

γεραίτερος νικήσας

ἐφήβους εὐταξία

καὶ γυμνασιαρχήσας δίς.

<< Cleudemus, fils de Dionysius, de la classe des Ephèbes vétérans, qui a gagné le prix de la bonne tenue parmi les Ephèbes et exercé deux fois la fonction de chef du gymnase. >>

Cette inscription, publiée ici d'après un fac-simile qui fait partie des manuscrits de Peiresc à la Bibliothèque impériale (Fonds latin, no 8958, fol. 232) peut être considérée comme inédite, car on n'en connaissait jusqu'ici que deux textes diversement, mais également fautifs, l'un dans Bouche (Chorographie, I, p. 88), l'autre dans Grosson (Recueil des antiquités et monumens marseillois, pl. XXXII, n.8), et M. Herzog ne l'a pas comprise dans l'Appendice épigraphique de son Hist. Galliæ Narbonensis, couronnée en 1866 par l'Académie. M. EGGER l'a communiquée, le 13 décembre dernier, au congrès scientifique d'Aix, et le court mémoire qu'il a l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie, est, sauf quelques modifications, celui qui doit être prochainement publié dans les Actes de ce congrès.

M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL et M. WALLON, à tour de rôle, continuent la lecture du mémoire en communication de M. Cotheraux « Sur la chronologie de Diodore de Sicile ».

Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants:

1° Au nom de l'Académie royale des sciences de Bavière: I. Le vol. X de ses Mémoires (pour la classe d'histoire), 1866, in-4°; - II. Le développement des idées dans la science de la nature, discours lu à la séance publique de cette Académie, du 25 juillet 1866, par le baron de Liebig, président (in-4o); III. La signification des mesures modernes du degré, lecture faite dans la même séance par le Dr Carl Max. Bauernfeind, de la classe des sciences mathématiques et physiques (in-4o); - IV. Monumenta Boica, t. XXXVIII, in-4o°, publié par la mêine Académie (Munich, 1866).

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2o Recueil des notices et manuscrits de la Société archéologique de la province de Constantine: 10a volume, 1866, in-8° avec 28 pl. lithographiées.

3o La chapelle de la Roquelle et son pèlerinage, par M. L. Quenault (br. in-8°).

4° Revue archéologique du midi de la France: ge livraison (janvierfévrier 1867).

5o Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais: 2o trimestre de 1866. 6o Description des antiquités composant la collection de feu M. A. Raifé, par M. Fr. Lenormant, sous-bibliothécaire de l'Institut. Dessins par A. Féart (1867, in-8°).

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