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que

les dé

comp

prend au sérieux et qu'il analyse consciencieusement est inconnu chez nous ou que personne n'en tient compte? De là des tableaux qui, s'ils étaient exacts, nous feraient par moments rougir et présenteraient la science française comme en partie chimérique. Or, tenons tenons pour certain fauts dont nous sommes choqués en lisant les tes rendus faits à l'étranger des travaux de l'école française, nous y tombons quand nous parlons en France des travaux faits à l'étranger. Toutes les fois qu'une société asiatique fera de ces rapports généraux, une seule partie du rapport aura une valeur solide c'est la partie relative aux études du pays où la société est établie. J'estime donc, Messieurs, que, dans l'état actuel des études, le meilleur principe à suivre est que chaque société asiatique se borne à rendre compte des travaux qui se font dans son cercle d'activité. En lisant les deux ou trois rapports de ce genre qui se publient en Europe, on aura le tableau complet de nos études, et on aura ce tableau, non de seconde main, non fait par à peu près et sur des données insuffisantes, mais fait avec une pleine et claire conscience, par une personne qui a l'avantage (quels que puissent être ses défauts par ailleurs) d'être sur place et de s'avancer avec une entière connaissance du terrain sur lequel elle marche. Je suivrai cette règle, Messieurs, jusqu'à l'expiration du terme quinquennal fixé aux fonctions de votre secrétaire; alors, si vous voulez revenir à la tradition des rapports généraux, vous con

fierez à une personne capable de la remplir une tache à laquelle pour ma part je me déclare inégal.

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L'année qui vient de s'écouler, quoique remplie de préoccupations politiques, a été très-fructueuse pour nos études. Plusieurs travaux de grande valeur y sont arrivés à leur achèvement; vos publications ont gardé leur haut caractère scientifique. L'enseignement philologique et oriental des établissements de l'État paraît en voie de s'améliorer et de se compléter; de jeunes et ardentes recrues vous viennent de toutes parts. Malheureusement, vous avez fait aussi quelques pertes sensibles. Le laborieux et savant M. Clément-Mullet est mort à l'âge de soixante et quatorze ans, en corrigeant les épreuves d'un article pour votre Journal. C'était un homme d'une érudition très-variée; il avait commencé par être agronome, géologue et naturaliste. La connaissance de l'arabe et de l'hébreu, qu'il joignit à ses premières études, lui permit d'entreprendre des travaux utiles, que presque seul il pouvait faire. Son Ibn el-Awwam reste un véritable service rendu aux lettres orientales. Votre Journal lui doit plusieurs articles estimables sur les sciences naturelles chez les Arabes.

M. Évariste Prudhomme, qui vous a donné quel

Voir l'Histoire des orientalistes de l'Europe du x11o au x1x′ siècle, par Gustave Dugat, t. II, p. 31 et suiv. 1870. Je saisis cette occasion pour recommander au public instruit l'utile recueil de M. Dudeux volumes en ont paru. Paris, Maisonneuve, petit in-8°.

gat;

ques essais de philologie arménienne, est mort bien prématurément; cet homme judicieux et instruit n'avait que quarante-trois ans. Son projet favori était un voyage d'exploration dans les bibliothèques de l'Arménie. Il possédait une connaissance de l'arménien dont il est bien regrettable qu'il n'ait pu faire plus d'usage.

La colonie des orientalistes algériens a fait aussi cette année deux pertes sensibles. M. Solvet, président à la cour d'Alger, fut un des premiers Français que la conquête algérienne attira vers l'étude de l'arabe et des mœurs musulmanes; ses publications sont marquées au coin d'un esprit solide et appliqué. M. Berbrugger, porté également à Alger dès les premiers temps de la conquête, rendit de bien plus grands services encore. Ses connaissances étendues, son activité avaient fait de lui un des zélateurs les plus ardents du travail intellectuel en Algérie. Une foule de livres arabes et de monuments lui doivent leur conservation. Directeur de la Revue africaine, président de la Société historique algérienne, bibliothécaire d'Alger, correspondant de l'Institut, il était devenu le doyen et le chef de cette glorieuse exploration du vieux sol africain, où la France a procédé avec tant de diligence et de sagacité.

La mort de M. Paul Grimblot vous a attristés il y a quelques semaines. Il manquait peu de chose, mais il manquait quelque chose d'essentiel à Paul Grimblot pour être un esprit scientifique de pre

mier ordre. Il avait la promptitude d'intuition, la haute curiosité désintéressée, la tendance philosophique, une instruction variée et prodigieusement étendue, le sentiment des méthodes et des voies d'investigation, la connaissance des grandes écoles de l'étranger; il ne lui manqua que la suite, la persévérance, le don de savoir finir. Sa vie s'est passée à faire de grands projets, dont il n'a réalisé que peu de chose, trop pénétré des conditions de la haute philologie pour publier des œuvres imparfaites, trop dénué de certains dous pour pouvoir rien achever. Il sembla qu'il avait trouvé sa voie quand, profitant de ses attaches antérieures avec la carrière diplomatique, il se fit nommer consul de France à Ceylan et à Maulmein pour rechercher les livres bouddhiques de la collection du Sud. Il rendit là de vrais services à la science et forma cette collection qui, déposée maintenant à la Bibliothèque impériale, servira un jour de base à une complète histoire du bouddhisme. Il eut pour collaborateur dans ce travail une personne distinguée qu'il avait épousée à Berlin, et qui, avec un courage au-dessus de tout éloge, s'était formée à la copie des textes palis. Grimblot voulut mettre en œuvre les matériaux qu'il avait apportés; ici son impuissance le reprit. Une foule de matériaux et de résultats acquis ont disparu avec lui, car je ne crois pas que les manuscrits qu'il laisse, en dehors des textes qu'il a rapportés ou copiés, puissent être utilisés. La conversation de Grimblot et ses relations dans la société

participaient aux qualités et aux défauts que nous venons de dire; par moments brillant, spirituel, profond même, il laissait voir à d'autres moments des caprices qui étonnaient. Une fièvre qu'il avait contractée en Birmanie le minait sourdement; il est mort à Florence, où il était attaché à la légation française, à l'âge d'environ cinquante-cinq ans.

M. Botta, mort également cette année, à la suite d'un long affaiblissement graduel de sa santé, avait du moins achevé sa carrière, et certes aucune carrière ne fut mieux remplie, puisque le nom de M. Botta doit rester attaché à la plus grande découverte archéologique de ce siècle, à la découverte de Ninive et des antiquités assyriennes. Quand Botta fut chargé du consulat de France à Mossoul, il emportait avec lui les idées et les indications qui devaient l'aider à faire sa découverte; mais il faut ajouter que la découverte n'eût pas été faite, ou du moins eût été fort retardée, si la brillante société parisienne d'il y a trente ans n'eût possédé un homme aussi instruit, aussi intelligent, aussi courageux, aussi énergique que l'était Botta à cette époque. Botta, comme Fresnel, joignait au goût de l'Orient un grand sens d'artiste, une imagination de poëte. Ceux qui l'ont connu assurent qu'il était difficile de voir une nature plus attachante, plus originale, plus passionnée. Sa carrière diplomatique, surtout par le rôle qu'il a joué à Jérusalem dans la ques tion des Lieux saints, a eu de l'importance; nous n'avons pas à l'apprécier ici. Botta aurait pu être

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