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seulement à la suite de l'homme, et pour que celui-ci continuat dans les cieux la vie bestiale qu'il menait sur la terre. Les déesses n'étaient que l'apothéose de la prostitution.

Pour rétablir le caractère primitif de la femme, il ne fallait rien moins que le culte de la Vierge, qui, selon la parole des prophètes, aurait conçu, mis au jour, porté dans ses bras, nourri de son lait l'Emmanuel, le Dieu

avec-nous.

En effet, qu'est-ce qui avait dégradé le sexe dans l'ancien monde? qu'est-ce qui le dégrade encore là où il n'est pas ce qu'il doit être? C'est l'idée exagérée de sa faiblesse, du besoin qu'il a de s'attacher au sexe fort; ce qui accrédite l'idée païenne que la femme n'existe que pour le service de l'homme. Pour s'attacher l'homme, la femme flatte ses vices, et l'homme vicieux rend à sa corruptrice son juste salaire, le mépris. Je vous ai signalé ailleurs le résultat de la corruption du sexe chez les Grecs, les Romains, les barbares actuels de l'Asie, et la remarque de Montesquieu sur ce sujet (1).

Comment la femme se relève-t-elle? En disant, dès le premier àge: « C'est Dieu qui m'a faite, et il ne m'a faite que pour lui: je ne connais point d'homme, et je n'ai nul besoin d'en connaître; Dieu me suffit! »

Quand toute la conduite d'une jeune personne dit cela, l'homme s'incline devant cet être supérieur; son amour s'épure, s'élève : il aspire autant à l'union de l'âme qu'à celle du corps. Alors la vierge peut aller au pied de l'autel recevoir le caractère sacré d'épouse. Sans sortir de sa modeste condition, elle aura l'ascendant nécessaire pour remplir sa fonction céleste: soutenir la vertu de son époux ou la faire naître, et donner à un père vertueux des enfants encore plus vertueux.

- Mais quel est le principe générateur de la vierge, génératrice elle-même de l'épouse et de la mère chrétienne?

(1) Voy. Deuxième fait, ch. 3.

C'est d'abord l'adoration du Père, et du Fils et du SaintEsprit; c'est ensuite une vénération profonde pour la Vierge des vierges, pleine de grâce, bénie entre toutes les femmes par le Père tout-puissant; choisie dès le commencement par le Fils unique du Très-Haut pour être sa mère; fécondée par l'opération du Saint-Esprit, et donnant au genre humain son sauveur, son pontife et roi éternel.

En faudrait-il davantage pour justifier, aux yeux du philosophe chrétien, le culte que les enfants de l'Église catholique n'ont cessé de rendre en tout temps, en tout lieu, à la bienheureuse Vierge Marie?

D. Le culte de la Mère de Dieu, renfermé dans de justes bornes, m'a toujours paru un devoir très-naturel pour le croyant au Fils de Dieu fait homme, et je ne vois pas pourquoi les protestants, au lieu de se borner à relever certains abus de cette dévotion, attaquent si aigrement la dévotion elle-même.

R. Si vous ne le voyez pas, c'est un peu votre faute. Les protestants, même les moins imprégnés du principe qui produisit le protestantisme, se ressentent plus ou moins du vice originel de leurs églises. En Allemagne, en Suisse, dans les Pays-Bas, en Angleterre, quels furent les porteenseignes des révolutions religieuses du seizième siècle? Ce furent les dignes enfants et imitateurs du prophète Luther, qui, déclarant antichrétien, satanique, abominable le vœu de virginité, se purifia de cette souillure papistique en débauchant une religieuse. Comment voulez-vous que cette meute de prédicants, échappés la plupart du cloître, du presbytère, et assiégeant les couvents de filles pour y trouver des femmes, n'aboyât pas contre le culte de la Reine des vierges, et n'en fit pas le sujet de ses stupides accusations contre l'Église de Jésus-Christ? Or, l'accusation absurde d'adorer la Vierge et les saints une fois jetée aux catholiques par les pères de la glorieuse réforme, n'était-il pas naturel qu'elle restât pour les enfants du libre examen un article de foi ou, au moins, une arme de guerre?

Vous voulez que ce culte soit contenu dans de justes bornes? C'est aussi ce qu'a toujours entendu l'Église catholique. Mais savez-vous quelles sont ces justes bornes? Les voici : Pourvu qu'on n'attribue pas à Marie la nature divine, il est juste de lui rendre tous les honneurs qu'il est possible de rendre, de lui exprimer tous les sentiments de reconnaissance, d'amour et de confiance qu'il est possible d'exprimer à une créature. En l'élevant au-dessus, non-seulement de la famille humaine, mais de la famille angélique; en lui donnant la première place au-dessous du trône du Père, du Fils et du Saint-Esprit, on ne fait que reconnaître le fait accompli par l'auguste Trinité; on ne fait que traduire dans le culte chrétien le troisième article fondamental de la foi chrétienne: Il est né de la Vierge Marie!

Oui, le culte de la Mère de Dieu tient aux entrailles mêmes du christianisme, ainsi que je l'ai dit dans un autre ouvrage, où, par un parallèle des deux Èves, j'ai fait voir quelle étonnante révolution le christianisme a opérée dans le rôle assigné à la femme par le plan primitif du Créateur (1). Ici, je m'en tiens au résultat de ce culte, qui est la bonne éducation des hommes, c'est-à-dire la civilisation. Mon raisonnement n'est que l'expression de ces trois faits : Ce sont les femmes qui élèvent les hommes; c'est lc culte de Marie qui élève les femmes; la civilisation est en hausse ou en baisse, selon que la dévotion à Marie produit plus ou moins son véritable fruit.

D. Quel est ce fruit?

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R. Le fruit de la dévotion, c'est l'imitation. Les statues, les tableaux, les autels, les dorures, les chants, les illuminations, les pèlerinages, les confréries, etc., sont les fleurs sans lesquelles il n'y a pas de fruit; mais le fruit, c'est la multiplication des imitatrices de la Vierge-Mère. Je veux dire la multiplication des vierges qui, sans cesser d'être vierges, deviennent mères des orphelins, des orphelines;

(1) V. Solution de grands problèmes, t. II, ch. 55-57.

mères de l'enfance et de l'adolescence abandonnées à l'ignorance et au vice; mères consolatrices et nourricières des malheureux et des pauvres de tout âge; mères attachées au chevet des malades inconnus; mères des jeunes filles de toute condition, qu'elles forment aux connaissances et aux vertus des bonnes épouses et mères de famille.

La nation assez féconde en fruits de cette espèce pour en enrichir les autres sera nécessairement la plus civilisée, la plus civilisatrice, la plus influente des nations. Le mal pourra y être effrayant; mais, au moment critique, il s'y trouvera une masse suffisante de vertus pour obtenir le secours du ciel et déployer l'énergie nécessaire au triomphe du bien.

Là, au contraire, où l'opinion d'une bourgeoisie demipaïenne et aux trois quarts protestante interdit aux viergesmères l'éducation des femmes du monde, et pose comme préliminaire de la résurrection politique la proscription des couvents, que voyez-vous? Des peuples demi-enfants qui n'essayent de briser la vergé étrangère que pour recevoir la bastonnade et retomber sous la verge. Le sexe y sera, si vous voulez, très-dévot à la Madone; mais on refuse à la Madone le moyen d'apprendre au sexe l'art de former un peuple viril, l'art de façonner au degré convenable les trois représentants de la force morale et matérielle d'un peuple : le prêtre, le soldat, le laboureur.

Quant au monde protestant, qui se moque depuis trois siècles du culte et de l'imitation de la Vierge-Mère, on est en droit de lui dire, surtout en parlant à l'Angleterre : Si vos belles réformes n'ont pas ravalé la femme au degré d'abjection où la trouva le christianisme catholique, à quoi le devez-vous? A deux causes : à votre première éducation chrétienne au sein de l'Église romaine, à la prépondérance en Europe de la foi et des mœurs catholiques. Mais soyez de bonne foi, et convenez de ces faits, qui ne sont douteux que pour ceux qui ne vous ont pas étudiés : 1o la femme est dans vos maisons une idole parée, mais à peu près

étrangère à ses plus nobles fonctions (1); 2° vous n'avez pu encore abolir dans le bas peuple la vente des femmes en plein marché (Horn-Market) (2); 3° les faits d'uxoricide, cités par vos journaux, sont d'une fréquence effrayante; et plus effrayante encore est la quasi-impossibilité de leur appliquer la peine portée par vos lois. On cite vos sentences de mort contre les voleurs d'une vache; mais le meurtrier de sa compagne, si convaincu qu'il soit, a presque toujours devant votre jury l'excuse du cas de folie, d'ivresse ou de légitime défense (3).

Assez pour vous faire sentir l'importance de croire, de chanter, et surtout de pratiquer le troisième article de notre foi: Qui est conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie!

ARTICLE IV.

QUI A SOUFFERT SOUS PONCE PILATE, A ÉTÉ CRUCIFIÉ, A ÉTÉ ENSEVELI.

EST MORT,

§ unique.

D. Je voudrais d'abord savoir pourquoi, dans ce Symbole, qui renferme tant de choses en si peu de mots, on a détaillé ainsi le fait de la mort du Sauveur.

R. On est entré dans ces détails pour prévenir et réfuter deux sortes d'hérésies : l'hérésie dogmatique et l'hérésie morale.

L'hérésie dogmatique était celle des docètes ou fantasiastes, sectaires des premiers siècles, nés sous les yeux mèmes des apôtres, et appelés fantasiastes, parce qu'ils

(1) Voy. Histoire de la société domestique, par M. l'abbé J. Gaume, quatrième partie, ch. 4.

(2) L'Angleterre vue à Londres et dans ses provinces, par M. Pillet, ch. 35.

(3) Ibid., ch. 21.

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