Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

plus loin. Fondés sur cette parole divine, chantée par les chœurs angéliques sur le berceau du Sauveur: Paix sur la terre aux hommes de bonne volontě! fondés encore sur d'autres paroles et sur des faits consignés dans les saints livres, nous croyons qu'il y a eu, et qu'il peut toujours y avoir, au sein des plus épaisses ténèbres de l'idolâtrie, des hommes de bonne volonté, qui, par le bon usage des lumières ordinaires de la conscience et des lumières extraordinaires de l'Esprit divin, ont pu, peuvent encore, comme le centurion Corneille, s'élever à la connaissance, à l'amour du vrai Dieu et à la pratique des œuvres de charité (1). Nous disons bien avec le Docteur angélique, saint Thomas d'Aquin, que, pour ne pas laisser incomplète l'œuvre de leur sanctification, Dieu leur enverrait au besoin un ange; mais, sans nous éloigner de la pensée du grand docteur, nous pensons que si, pour des raisons à lui connues, Dieu ne jugeait pas à propos d'employer ce moyen, ces hommes de bonne volonté seraient purifiés, et de la souillure originelle et de toute souillure actuelle, par un acte de cette charité parfaite, qui, étant la plénitude de la loi de Jésus-Christ, couvre la multitude des péchés (2), et contient d'ailleurs le désir implicite du baptême et de tous les moyens réguliers de sanctification.

Vous voyez donc que la communion des saints, telle que nous l'entendons, est vraiment catholique, qu'elle comprend tous les serviteurs du vrai Dieu, quelles que soient les circonstances de temps, de lieu, de condition religieuse et sociale, dans lesquelles ils aient vécu ou vivent encore. Mais elle ne s'arrête pas encore là.

D. Et où va-t-elle donc ?

R. Elle suit ses membres partout où ils vont, à moins que, par le péché mortel et l'impénitence finale, ils ne se séparent eux-mêmes de la société des saints, et ne descen

(1) Actes des apôtres, ch. X.

(2) Saint Pierre, Prem. ép., IV, 8.

dent dans les abîmes où il n'y a plus de retour possible à l'espérance et à la charité.

La communion des saints n'est pas autre chose que l'éternelle société des amis de Dieu, commençant ici-bas sur le théâtre de l'épreuve et du combat, se continuant dans le lieu d'expiation temporelle, appelé Purgatoire, pour les âmes qui sortent de la lutte avec des obligations envers la justice divine auxquelles elles doivent satisfaire avant d'entrer en jouissance du royaume de la parfaite justice; enfin, se consommant dans le sein de l'éternelle cité des cieux. De là ces trois parties du corps mystique de Jésus-Christ, connues sous le nom d'Église triomphante, d'Église souffrante, d'Église militante. Mais vous devez comprendre que ces trois Églises n'en font en réalité qu'une. La raison en est que, et les saints dans la gloire, et les saints dans le purgatoire, et les saints sur la terre, restent étroitement unis sous leur chef unique, Jésus-Christ, vivent de la même vie qu'ils reçoivent de ce chef et de l'Esprit sanctificateur, vie toute de charité : charité parfaite dans les saints du ciel, charité encore imparfaite dans les saints du purgatoire, encore plus imparfaite dans les saints de la terre, mais qui est toujours cette même charité divine que Jésus-Christ est venu allumer sur la terre, et qui est répandue dans nos cœurs par le SaintEsprit.

En méditant ces principes, qui sont l'âme même du christianisme, vous en verrez jaillir, avec une grande évidence, la justification, et du culte que nous rendons à nos frères triomphant dans le ciel, et des efforts que nous faisons pour soulager nos frères souffrant encore dans le purgatoire.

Nous profitons de mille manières des travaux des saints qui sont dans la gloire; nous avons la certitude que leur charité, déjà si grande alors qu'ils étaient parmi nous, n'a pu que prendre des développements infinis au sein du Dieucharité, et que rien n'égale leur tendresse pour leurs frères encore ballottés entre la vie qui demeure éternellement et la

mort qui ne finit pas. Comment donc ne pas leur exprimer publiquement notre reconnaissance pour tant de bienfaits, et ne pas invoquer avec confiance leur intercession auprès de notre divin chef et père?

Dans le nombre de ces saints, il en est dont la sainteté hors de ligne, manifestée par des signes extraordinaires, miraculeux, venus du ciel, et par la voix des peuples, a obtenu la sanction solennelle de l'Église : quoi de plus digne d'un chrétien que d'honorer, que d'invoquer ceux que Dieu honore ainsi, lui qui nous dit qu'il veut être glorifié dans ses saints (1)! Il en est une infinité d'autres que nous ne connaissons pas personnellement. Pour nous, peuples anciens dans la foi, il n'y a pas une famille qui n'ait le droit d'espérer qu'elle a dans les cieux l'immense majorité de ses ancêtres et de ses proches. De là la popularité, si grande et si juste, de la fête de Tous les Saints.

Enfin, pourrions-nous oublier, sans faire violence à la charité chrétienne et au sentiment naturel, tant de défunts à qui, sans les avoir connus, nous n'ignorons pas que nous devons beaucoup; Tant d'autres, dont nous avons connu, occasionné souvent les imperfections, les faiblesses; tant de chers parents et amis qui, à l'heure suprême, nous ont dit, à travers leurs larmes et les nôtres : Ne nous oubliez pas devant le Dieu qui va nous juger; nous espérons en sa miséricorde, mais que de dettes envers sa justice!

Quand le livre des Révélations ne nous dirait pas qu'il est saint et salutaire de prier pour les défunts (2); quand la philosophie catholique ne nous montrerait pas que les âmes du purgatoire, par là même qu'elles sont unies par la charité aux àmes glorieuses et aux àmes militantes, doivent profiter et des prières de leurs frères qui sont au ciel, et des prières et bonnes œuvres de leurs frères qui sont sur la terre, la nature seule nous porterait à la religion si populaire des défunts.

(1) Ps. LXVII, 36.

(2) II Machab., XII, 46.

D'ailleurs, qui ne voit que cette commemoration incessante et des saints qui jouissent des fruits de la sainteté, et des saints qui expient durement leurs faiblesses les plus légères, est une admirable école de vertus?

Vous verrez par là même ce qu'il faut penser des sauvages réformateurs du seizième siècle, qui, en déchirant l'Église sur la terre, ont, par l'abolition du culte des saints et des suffrages pour les morts, consommé leur rupture avec le corps mystique de Jésus-Christ, dont les membres les plus parfaits et incontestablement les plus nombreux sont dans la gloire, et les moins imparfaits dans le lieu des souffrances qui doivent finir.

Quand vous rencontrerez quelque dupe honnête des tristes préjugés semés par ces grands coupables, dites-lui : Mon frère, vous me paraissez croire au jugement de votre âme par Jésus-Christ; eh bien, comment pensez-vous pouvoir justifier devant le juge souverain cette contradiction de vos églises : Élever jusqu'au ciel et glorifier de toute manière les Luther, les Calvin, les Bèze, les Zwingle, les Élisabeth, etc., et laisser dans un profond oubli la mère de JésusChrist, les apôtres, les martyrs, etc.?

ARTICLE X.

LA RÉMISSION DES PÉCHÉS.

D. Qu'entend-on par ces paroles ?

R. Nous déclarons croire que la sainte Église catholique, chargée d'établir et de propager dans tout l'univers, jusqu'à la fin des temps, la communion des saints, a reçu de son divin fondateur le pouvoir de faire que les hommes, tous pécheurs par le vice originel de leur nature et aussi par l'abus de leur liberté, deviennent saints par la rémission de tous leurs péchés.

Notre régénération spirituelle, notre sanctification, telle est la volonté de Dieu (1), le but de toutes ses œuvres dans l'ordre moral et même physique, et surtout de son œuvre par excellence : la mission du Fils unique et celle du SaintEsprit. Or, la condition première de notre retour à la vie spirituelle et à la sainteté nécessaire aux véritables enfants du Dieu trois fois saint, c'est l'abolition du péché qui nous constitue dans un état de mort devant Dieu et fait de nous des enfants de colère (2). Aussi, les anciens prophètes saluaient-ils l'avénement du Messie, du Saint des saints, comme la bienheureuse époque où la prévarication et le péché prendraient fin, où l'iniquité serait abolie et l'éternelle justice introduite parmi les hommes (3).

L'esprit d'erreur, qui, au milieu de ses éternelles métamorphoses, reste toujours le même, dit encore à la sainte Église ce qu'il disait à Jésus-Christ: Vous prétendez remettre les péchés, quel blasphème! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul (4)? Oui, lui répondons-nous, Dieu seul peut remettre les péchés, et voilà pourquoi, en communiquant à ses apôtres et à leurs successeurs ce pouvoir divin, Jésus-Christ leur a donné sa parole de Dieu qu'il serait toujours avec eux et par lui-même et par le SaintEsprit qu'il leur enverrait. Scribes de la nouvelle loi, qui ne cessez de nous vanter votre science des Écritures, n'avezvous jamais lu dans la Bible ces mots, choisis entre vingt autres aussi formels : Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre; allez donc, régénérez tous les hommes, en les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du SaintEsprit... Et voilà que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles... Comme le Père m'a envoyé, ainsi je vous envoie; et après avoir dit cela, il répandit son souffle sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit ;

(1) Prem. ép. aux Thessalon., IV, 3.

(2) Ép. aux Éphés., II, 3.

(3) Daniel, IX, 24.

(4) Saint Marc, II, 7.

« ZurückWeiter »