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monde nous empêchent de voir Dieu dès que nous cessons de voir Dieu dans le gouvernement du monde.

Passons au second devoir touchant la foi.

D. Qu'est-ce que professer sa foi?

R. C'est se conduire en tout et partout en véritable disciple de Jésus-Christ, en enfant respectueux de Dieu et de son Église. C'est, par conséquent, ne jamais rougir devant les hommes des vérités et des pratiques de la foi.

S'il est des circonstances où rien n'oblige le catholique à produire sa foi au dehors; s'il en est où il doit même éviter de l'exposer aux outrages de ses ennemis en l'affichant sans raison; il n'en est aucune où il puisse, sans crime, la renier directement ou indirectement en parole ou en action, ou la dissimuler quand la gloire de Dieu et l'accomplissement de sa loi exigent qu'il en fasse la profession extérieure.

Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il se perd devant Dieu, le catholique assez lâche pour renier extérieurement sa foi sous la pression des menaces ou des promesses de l'antichristianisme, de l'hérésie ou du schisme. Mais il est une autre espèce d'apostasie, beaucoup plus commune et encore moins excusable, qu'il faut vous signaler : l'abandon de la foi dans ses discours et ses œuvres, par respect humain, par la crainte du qu'en dira-t-on. On conçoit le trouble et la défaillance d'une âme qui ne peut professer sa religion. sans s'exposer à l'exil, à l'échafaud, à la perte de ses biens, de sa liberté; mais conçoit-on toute la bassesse de l'homme qui n'ose suivre ses convictions religieuses de peur d'encourir les sarcasmes et le mépris de ce qu'il y a de plus méprisable sous le soleil : les contempteurs de la religion?

A cette incroyable faiblesse, qui produit chaque jour plus de défections religieuses que les édits d'une persécution violente, il n'y a qu'un remède : la méditation de ces paroles du Juge souverain des vivants et des morts : Celui qui aura rougi de moi et de ma doctrine, le Fils de l'Homme rougira de lui, quand il viendra dans l'éclat de sa majesté et de celle

du Père et des saints anges... Quiconque m'aura confessé devant les hommes, le Fils de l'homme le confessera devant les anges de Dieu; mais celui qui m'aura renié devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu (1).

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En effet, peut-on considérer les effroyables abaissements du Fils de Dieu dans son incarnation, dans sa vie et passion, le déluge de blasphèmes et d'outrages qui le poursuivra, lui et les siens, jusqu'à la fin des siècles; peut-on, dis-je, considérer ce que le Fils de Dieu a daigné souffrir, ce qu'il souffre encore pour nous procurer le don de la foi, sans éprouver le besoin d'imiter ces chrétiens qui, interrogés par les magistrats persécuteurs sur leurs noms et qualités, répondaient : Chrétiens, c'est pour nous le plus beau des noms, la noblesse suprême; peu nous importent les titres que nous tenons de la naissance et des lois! Et ces légions innombrables de martyrs et de confesseurs qui peuplent le ciel, comment pourrions-nous espérer de partager un jour leur gloire, si la même foi qu'ils ont défendue au prix de leur vie contre la fureur des Césars, nous l'abandonnions, nous, par crainte des railleries de quelques misérables?

C'est ainsi qu'on surmonte les faiblesses du respect humain et qu'on acquiert la plus noble des libertés : la liberté chrétienne. Quelle liberté, en effet, quelle indépendance que celle du franc catholique qui dit: Je m'inquiète fort peu de ce que penseront, de ce que diront de moi des hommes qui parlent sans penser, ou disent le contraire de ce qu'ils pensent! Tant que je prendrai pour règle de ma pensée et de mes actions les maximes de Jésus-Christ et de son Église, je suis assuré d'avoir pour moi le Tout-Puissant, ses anges, ses saints, l'élite de l'humanité. Les railleries et les censures que je m'attirerai par la fidélité à mes devoirs feront ma joie et ma gloire au jour qui n'aura pas de fin, alors que la tourbe des gens sans religion devra entonner

(1) S. Luc, IX, 26; XII, 8, 9,

l'éternel cantique que l'Esprit-Saint met dans leur bouche: Nous n'avons été que des insensés, nous qui avons accusé de folie les serviteurs de Dieu, etc. (1).

D. Comment préserver sa foi?

R. D'abord, en la pratiquant, en la fortifiant par les moyens indiqués instruction, méditation. On ne s'attache aux vérités religieuses qu'autant qu'on les aime. On ne les aime qu'autant qu'on les pratique. La véritable sagesse, dont la foi est le principe, n'habite pas dans une âme affectionnée au désordre, ni dans un corps soumis au péché (2). Si l'orgueil est le grand ennemi de la foi, ses filles le sont aussi, surtout l'avarice et la luxure. Le propre de ces deux passions est de ravaler, d'aveugler, d'animaliser l'homme. Or l'homme animal ne comprend rien aux choses de l'esprit de Dieu (3). Que d'incrédules à qui on pourrait dire avec Pascal: « Quittez vos passions, et vous croirez ! »

Il faut ensuite éviter comme la peste les entretiens et les lectures contraires à la foi. Il n'y a qu'une raison de prêter l'oreille aux discours des gens sans religion: la charité, quand, étant soi-même bien instruit, on espère qu'en les écoutant, on pourra s'en faire écouter et dissiper leur ignorance. Quant aux livres contraires à la foi, frappés expressément ou implicitement de la réprobation de l'Église, le catholique ne peut ni les lire, ni même les retenir sans permission; et quand on a cette permission, la prudence chrétienne veut qu'on en use, non pour satisfaire sa curiosité, mais pour se mettre en état de mieux défendre la religion contre ses ennemis. Celui qui, au mépris de ces règles, veut écouter et lire le pour et le contre, et croit son âme à l'abri des poisons de l'erreur, est un sot orgueilleux qui a déjà perdu le don de la foi, puisqu'il ose s'établir juge entre les enseignements de l'Église de Jé

(1) Sagesse, V, 4-14.

(2) Ibid., 1, 4.

(3) S. Paul, Prem. ép. aux Cor., II, 14.

sus-Christ et les enseignements contraires. Il portera bientôt la peine de sa présomption en allant grossir le troupeau des libres penseurs, condamnés à tout croire, à tout adorer, hors ce qu'il est juste de croire et d'adorer.

Il faut, en troisième lieu, éviter les investigations de pure curiosité en matière de foi, sachant que Jésus-Christ, en nous enseignant toujours par son Église, s'est proposé de faire, non des philosophes capables de tout discuter, mais des disciples dociles qui, par la simplicité de leur foi et l'abondance de leurs bonnes œuvres, se rendent moins indignes de voir un jour la lumière dans la lumière (1), et d'arriver à la science universelle en possédant Celui qui en est le premier et le dernier mot.

Chercher dans les vérités de la religion une évidence que nous ne trouvons pas dans les sciences naturelles, qui ne sont, ainsi que je l'ai observé ailleurs, qu'un assemblage de mystères, c'est une grande déraison. Elle ne se trouve guère que dans les esprits affolés par l'orgueil du demisavoir, dont le propre est d'ignorer les profondeurs de l'ignorance humaine. Cette disposition mène droit à l'hérésie, et l'hérésie, en ne voulant croire que ce qu'elle conçoit, est logiquement poussée aux absurdités de l'athéisme; car comment concevoir clairement un être éternel, infini, etc.? Autant la raison et le bon sens nous démontrent que cet être existe, autant ils nous disent qu'il ne peut être bien connu que de ceux à qui il lui plaira de se faire connaître. En somme, si l'existence de Dieu est un fait éminemment démontrable par les lumières de la raison, la vraie notion de Dieu ne peut être que le fruit des lumières de la foi.

(1) Ps. XXXV, 10.

SV.

De l'espérance et de la crainte de Dieu.

D. Qu'est-ce que l'espérance?

R. C'est une vertu surnaturelle, par laquelle nous attendons de Dieu la vie éternelle et les moyens d'y arriver.

L'espérance est la seconde fille de l'humilité, opposée à la seconde fille de l'orgueil : la cupidité.

L'âme orgueilleuse, repoussant ou mettant en oubli les promesses de la foi, ne croit qu'à ses lumières, n'estime et n'aime que ce qu'elle voit de ses yeux et palpe de ses propres mains; rien donc de plus naturel que de la voir aux pieds des idoles vivantes ou inanimées que lui offre la terre. L'âme humble, au contraire, s'attachant à la parole de Dieu comme à la source infaillible du vrai, découvre, à l'aide du télescope de la foi, un monde infiniment supérieur à notre pauvre planète. Ce monde éternel, infini, c'est Dieu même, Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit; c'est l'adorable Trinité qui était tout, avant que, par un jeu de son amour, elle eût créé l'universalité des mondes, qui est encore tout et qui sera à jamais le Grand-Tout, puisque les mondes, avec tout ce qu'ils renferment, n'ont été, ne sont et ne seront que parce qu'elle a dit : Qu'ils soient!

Ce Dieu nous dit qu'il aime grandement les âmes créées à son image, et qu'il veut être leur éternelle récompense (1). Et comment en douter, quand nous voyons le Fils envoyé par le Père s'humilier jusqu'à la mort de la croix, pour nous délivrer de l'éternelle mort, et le Saint-Esprit, envoyé par le Père et le Fils, soutenir depuis dix-huit cents ans cette Église dont l'unique but est de nous conduire à la possession du royaume éternel que Jésus-Christ nous a mérité par son sang? La foi aux promesses divines ne doitelle pas nous faire soupirer après notre demeure éternelle, (1) Genèse, XV, 1. — Sagesse, XI, 27.

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