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partisans de la vieille religion, de la famille, de la propriété, etc.? Il arrive donc un jour où le pays va s'abîmer dans la fange et le sang, s'il ne se trouve pas un bras capable d'opposer la mitraillade, la fusillade aux nouveaux religionnaires, et d'en jeter les pontifes aux quatre vents.

Concevez-vous maintenant la portée sociale du blasphème, et ce que se préparent les nations chrétiennes qui laissent les éducateurs de la jeunesse sonner, durant près de vingt ans, les funérailles du christianisme?

D. Oui, et il est probable que les anciens législateurs, si rigoureux à l'endroit du blasphème, y voyaient plus clair que nous. Qu'on leur reproche des excès de sévérité, à la bonne heure; mais la liberté du blasphème doit être réservée à l'enfer.

R. Eh bien, croyez qu'il en est de même du mépris des prescriptions divines au sujet du serment et des vœux.

Que le serment, sécularisé comme tout le reste, entre dans le domaine de la politique sans Dieu, et s'y prodigue à toutes les causes; que les hommes d'État en renom comptent le nombre de leurs serments par celui de leurs années, et le nombre de leurs parjures par celui de leurs serments; ce jeu finira mal. Les serments publics faits à telle dynastie, à telle forme de gouvernement, appelleront les serments secrets faits à une dynastie occulte pour l'abolition de tout gouvernement religieux, civil, domestique. On s'est joué des premiers, on ne se jouera pas des autres. Weishaupt et Mazzini ont trouvé le moyen de rendre les serments inviolables.

On se demande comment les ministres de tel État naguère florissant s'acharnent de toute manière à l'égorger par l'irréligion, l'immoralité, la banqueroute et l'anarchie. C'est bien simple; ces ministres libéraux n'ont d'autre liberté que celle des anciens esclaves, écouter le maître et obéir. Ils n'ont pas à redouter les poignards des amis de la religion, de la moralité et de l'ordre; mais leur père Mazzini a des milliers de poignards prêts à frapper les jureurs in

fidèles. Il faudra donc que le pays périsse, à moins que Dieu n'y fasse surgir un homme qui le purge des fidèles du poignard.

Que n'a-t-on pas dit, écrit depuis trois siècles, contre les vœux de religion, contre les absurdes violences qu'ils font à la nature, contre les préjudices matériels et les dangers politiques qu'ils créent pour les États! Eh bien! messieurs les contempteurs des vœux qui font les saints, prenez-en votre parti les vœux sont chose inévitable. On les fait au Dieu des vertus ou au Moloch du crime. Là où l'on conspue ceux qui s'associent pour prier, pour donner l'exemple du détachement, de la chasteté, de la charité élevées à la plus haute perfection, on s'associe pour conspirer, pour maudire, pour piller, pour corrompre, pour égorger. Quand on a assez ri du cordon de saint François, arrive la corde qui traîne les rieurs à l'auge socialiste ou les accroche au réverbère.

Nous aurons beau faire, nous ne pourrons pas prendre le Christ dans nos filets; mais il est écrit qu'il nous prendra dans les nôtres. Les nations sont tombées dans la fosse qu'elles avaient faite. Leur pied s'est pris au piège qu'elles avaient tendu dans l'ombre. Le Seigneur révélera sa justice, en faisant que le pécheur s'enlace dans les œuvres de ses mains. Qu'elles rentrent dans l'enfer de l'oubli, les nations qui oublient Dieu (1)!

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TROISIÈME COMMANDEMENT.

« LES DIMANCHES TU GARDERAS, EN SERVANT DIEU DÉVO

TEMENT. »

« LES DIMANCHES MESSE OUÏRAS... (11° commandement de l'Église.) »

"

D. Que nous est-il ordonné par ces deux commandements?

R. De sanctifier le dimanche par la cessation des œuvres dites serviles, par l'assistance au saint sacrifice, par les œuvres de la charité chrétienne.

Jour du Seigneur, parce que, dès l'origine du monde, Dieu exigea que les hommes le consacrassent à la mémoire de ses bienfaits et à son service, le dimanche est encore plus le jour de l'homme; car à son emploi chrétien est attachée la dignité de notre espèce. En effet, que les masses vouées aux travaux de l'agriculture et des arts mécaniques (c'est-à-dire les quatre cinquièmes au moins de la population) ne sanctifient plus le jour du repos destiné à relever leur âme et leur corps, il n'en faut pas davantage pour les faire rapidement descendre à la condition des esclaves de l'antiquité. On a trop oublié que l'excès du travail et l'absence de toute culture morale avaient tellement dégradé ce qu'on appelait la seconde espèce d'hommes, que les philosophes discutaient sérieusement cette question : L'esclave a-t-il une âme? Et le plus grand d'entre eux, Aristote, écrivait dans ses livres de la Politique : Il y a peu de différence entre les services que l'homme tire de l'esclave et de l'animal. La nature même veut la servitude, puisqu'elle fait les corps des hommes libres différents de ceux des esclaves, donnant aux uns la force qui convient à leur destination, et aux autres une stature droite et élevée.

Que fait-on donc quand on nous interdit, au nom de Dieu, les œuvres serviles, un jour sur sept? On nous défend

de retomber dans l'esclavage, de rétablir un ordre de choses qui permettait à quelques millions de citoyens de chômer tous les jours de leur vie aux dépens des dix-neuf vingtièmes de leurs semblables changés en bêtes de service; ordre de choses qui n'a pu être aboli que par le sang du Fils de Dieu, les souffrances et les travaux de son Église. On nous

intime une loi vraiment constitutionnelle et conservatrice de notre nature morale et physique, loi que les animaux domestiques eux-mêmes nous rappellent, quand nous l'oublions (1); car, en l'établissant, le Créateur a aussi pensé à eux. Vous travaillerez six jours, dit-il, et vous vaquerez à vos affaires. Mais le septième est le Sabbat du Seigneur votre Dieu vous ne ferez ce jour-là aucun ouvrage, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre servileur, ni votre servante, ni vos bêtes de service, ni l'étranger qui demeure parmi vous. Car le Seigneur a fait, en six jours, le ciel, la terre et tout ce qu'ils contiennent, et il s'est reposé le septième jour; c'est pourquoi il a béni ce jour et l'a fait saint (2).

Je vous conseille de méditer cette loi, soit en elle-même, soit dans le fondement historique que Dieu lui donne, et vous verrez que, sous une forme simple et populaire, elle prescrit tout ce qui est nécessaire et suffisant à la civilisation des hommes.

Obtenez, en effet, d'un peuple que tous ses membres valides emploient les six jours de la semaine à des travaux utiles d'esprit ou de corps, de sorte qu'en jetant un coup d'œil sur leurs œuvres, ils puissent dire, comme l'ouvrier de la création à la fin du sixième jour : Tout cela est vraiment bon (3)! Obtenez, de plus, qu'ils emploient le septième jour au souvenir des bienfaits de Dieu; à la médita

(1) « Le bœuf ne peut labourer neuf jours de suite; au bout du sixième, ses mugissements semblent demander les heures marquées par le Créateur pour le repos général de la créature... Les paysans disaient : Nos bœufs connaissent le dimanche, et ne veulent pas travailler ce jour-là. » Chateaubriand, Génie du christianisme.

(2) Exode, XX, 9-11.

(3) Genèse, I, 31.

tion de ses desseins dans la création des cieux, de la terre et de l'homme; à la pensée du sabbat éternellement glorieux qu'il promet à l'abondance des œuvres vraiment bonnes, c'est-à-dire conformes à sa loi : n'est-il pas évident que rien ne manquera à la civilisation de ce peuple? Ce n'est point là que vous verrez s'élever des seigneurs sans entrailles, des héros et demi-dieux qui diront à la multitude: Votre destinée est de fouir sans relâche la terre, de travailler la pierre, le bois, les métaux; la nôtre est de jouir. Tant que vous travaillerez, vous aurez la ration nécessaire à la subsistance de l'animal; dès que vos forces seront usées, vous expirerez de faim, ou nous vous ferons jeter aux poissons de nos étangs.

De fait, dans cet ancien monde que notre jeunesse studieuse apprend à admirer avec tout l'enthousiasme de l'ignorance, où trouve-t-on l'ébauche d'une civilisation réelle, si ce n'est chez le peuple juif, qui, par l'observation du Sabbat, conserva intacts les dogmes civilisateurs de l'unité et de la souveraineté de Dieu, de l'unité de la famille humaine et de la fraternité de ses membres?

D. Tout ami de l'humanité vous accordera la nécessité de l'interruption périodique des œuvres serviles pour la bonne éducation d'un peuple. Quant à l'assistance au saint sacrifice, il n'y aura pas la même unanimité.

R. Cependant l'un implique l'autre. Le chômage du dimanche une fois admis comme condition nécessaire pour moraliser les hommes, s'ils ne vont pas à l'église, où les conduirez-vous ? Vous avez le théâtre, pour les bourgeois; le cabaret, pour le petit peuple. Est-ce bien là que les uns et les autres se passionneront pour les bonnes mœurs et les travaux utiles à la famille, à la commune, à l'État? Les réunirez-vous à l'école communale pour les fortifier dans la lecture, l'écriture, le calcul, le chant des hymnes grivois? Leur lirez-vous les journaux et les romans-feuilletons, si propres à leur inspirer le mépris du chômage religieux et la fureur des chômages du vice?

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