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tion d'une chasse à la perdrix et au lièvre, par Constantin Pantechnès, métropolitain de Philippopolis.

M. DE WITTE Communique la Note suivante sur un miroir trouvé à Préneste.

M. Wolfgang Helbig, l'un des secrétaires de l'Institut archéologique, vient de m'envoyer le calque d'un curieux miroir, trouvé dans les environs de l'antique Préneste; il est orné de trois figures, accompagnées d'inscriptions latines, comme le miroir signé du nom de Philippus (PILIPVS), dont j'ai eu l'honneur d'envoyer un dessin à l'Académie, il y a deux ans, pendant que je me trouvais à Rome (1). Ces sortes de miroirs sont bien rares; on n'en connaît aujourd'hui que huit ou neuf (2). Comme date, d'après les caractères employés dans les inscriptions, on peut assigner à ces miroirs le second ou le troisième siècle avant notre ère (200 à 260 av. J.-C.).

En jetant un coup d'œil sur le dessin, on serait disposé à reconnaître ici Télèphe en Aulide, agenouillé sur l'autel et tenant dans ses bras le jeune Oreste, et Agamemnon accourant au secours de son fils.

Les urnes étrusques et quelques vases peints montrent cette scène (3).

Mais au-dessous du personnage agenouillé sur l'autel on lit le nom de VOORCOS (4), le roi qui devrait être Agamem↓

(4) Voir Comptes rendus, 1867, p. 52.

(2) Revue archéologique, 1868, janv., p. 94.

(3) Voir Otto Jahn, Telephos und Troilos, Kiel, 1841 et Arch. Aufsätze, Greifswald, 1845. Cf. les remarques de M. H. Brunn dans le Bull. de l'Inst. arch. 1857, p. 114, et 1859, p. 158, et G. Fiorelli, Notizia dei vasi dipinti rinvenuti a Cuma nel 1856 posseduti da S. A. R. il Conte di Siracusa. (Nap. 1857, in-folio, tav. XIV.)

(4) Mon savant confrère, M. Alfred Maury, me fait remarquer l'analogie de ce mot avec le Lupercus des Latins. On sait que chez les peuples de l'Italie on changeait souvent le en c ou q, par exemple, лоs, equus.

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non est nommé 74rEof et le jeune enfant est désigné comme le fils de Taseos PIVONICOS TAFE 10 FIVIOS.

Ce n'est pas la première fois que les miroirs de Préneste viennent par leurs inscriptions dérouter les interprètes. On connaît un autre miroir publié par M. Roulez dans les Monuments inédits de l'Institut archéologique (1). Le sujet montre Béllérophon qui prend congé d'un roi. Le héros porte le nom de MELERPAN, le cheval ailé ne s'appelle pas Pégase, mais ARIC, et le nom d'O/NO MAVOS est substitué à celui du roi Prœtus.

Ou bien les artistes qui ont gravé ces miroirs étaient guidés par des traditions particulières aux Italiotes, ou bien, comme l'a pensé M. Roulez (2), cette substitution serait l'effet d'une méprise due au graveur. Mais si une semblable explication peut être admise pour un cas isolé, quand plusieurs monuments fournissent des substitutions du même genre, il faut chercher ailleurs les motifs qui les ont produites.

MOIS DE MAI.

Séance du vendredi 7.

PRÉSIDENCE DE M. RENIER, PRÉSIDENT SORTANT, EN L'ABSENCE DE MM. REGNIER ET RENAN, PRÉSIDENT ÉT VICE-PRÉSIDENT, EMPÊCHÉS.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

(1) Tome VI, pl. XXIX, n° 1.

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pl. CCCXXXIII. Ritschl, Prisca latinitatis monumenta epigraphica, p. 102.

(2) Annales de l'Inst. arch., t, XXXI, 1859, p. 139.

Il n'y a pas de correspondance officielle.

M. le PRÉSIDENT rappelle qu'un mois s'est écoulé depuis la notification faite à l'Académie de la perte qu'elle a éprouvée dans la personne de M. le marquis de Laborde. L'Académie, consultée, décide au scrutin et à la majorité de 19 voix sur 21, qu'il y a lieu de procéder à l'élection d'un membre ordinaire.

Quant à la fixation du jour de la séance où devront avoir lieu, après la lecture de la liste des candidats inscrits, l'exposition et l'examen des titres de ceux-ci, l'Académie, successivement consultée par l'appel nominal sur les dates du 4 juin et du 21 mai, adopte, à la majorité de 25 voix contre 1, cette dernière date qui permettra de discuter les titres et de procéder à l'élection académique en dehors des jours consacrés aux élections politiques des 6 et 7 juin.

M. DE SAULCY Communique à l'Académie un fragment d'ossuaire hébraïque trouvé à Jérusalem, dans le monument connu sous le nom de Tombeau des Juges, par M. Dumont, membre distingué de l'Ecole française d'Athènes. Ce fragment n'est pas en calcaire tendre comme les ossuaires recueillis jusqu'à ce jour, mais bien en calcaire compacte et dur, semblable au calcaire jurassique, et connu à Jérusalem sous le nom de pierre maleki (royale). Un graffito tracé sur ce précieux fragment offre le nom hébraïque vulgaire, Itsahak, Isaac, et il semble que les caractères de ce nom appartiennent à l'époque du commencement de l'ère chrétienne, ou à quelques années plus tôt. Le fragment en question sera déposé au musée du Louvre, avec une inscription rappelant, comme c'est l'usage, le nom du donateur, M. Dumont.

M. BRUNET DE PRESLE lit la Note suivante :

Sur un voyage maritime de l'Inde en Portugal.

George Phrantzès (Chronicon, 1. III, c.4) rapporte que, dans son ambassade à Trébizonde et dans l'Ibérie asiatique, en 1449, il vit un centenaire qui lui raconta ses voyages. Cet homme nommé Ephraïm avait été fait prisonnier et vendu à des marchands persans qui l'emmenèrent dans l'Inde. Il s'échappa et parcourut, à ce qu'il prétendait, des contrées désertes et d'autres peuplées de tous les prodiges cités dans les histoires fabuleuses d'Alexandre et les autres relations du moyen âge sur les Indes. Mais ce qui mérite plus d'attention, c'est que, cet homme ayant exprimé le désir de retourner dans son pays, un Indien le conduisit sur un canot chargé d'aromates vers un grand vaisseau ibérien, c'est-à-dire espagnol.

Après avoir navigué sur ce vaisseau, il arriva dans la partie de l'Espagne nommée Portugal et de là dans la grande Bretagne d'où il revint dans son pays, en traversant la Germanie.

Tel est le récit de Phrantzès qui est surprenant quand on fait attention aux dates. Sans doute le détail des choses merveilleuses que cet Ephraïm prétend avoir vues dans les Indes ne donne pas une grande idée de sa véracité. Il est facile de reconnaître à quelle source le récit de ces prodiges est puisé. Mais le retour des Indes en Europe sur un vaisseau portugais dans la première moitié du 15° siècle, tandis que le voyage de Vasco de Gama n'eut lieu qu'en 1497, mérite quelque attention. Si même cet homme n'a réellement pas fait le voyage qu'il prétend avoir fait, cette supposition indiquerait cependant que déjà vers cette époque une heureuse tentative en avait fait concevoir la possibilité. Veut-on supposer que tout ce récit n'est qu'une fiction de Phrantzès qui a voulu par ce moyen insérer dans sa chronique des faits qu'il avait appris ailleurs? Mais Phrantzès a cessé d'écrire en 1477. Il était alors âgé de 75 ans. C'est donc encore 20 ans avant le célèbre voyage de Vasco de Gama, 10 ans avant la découverte du cap de Bonne-Espérance par le Portugais Barthélemy Diaz.

Gibbon (Hist. de la décadence de l'Empire romain, chap. 67, t. 13, p. 43, de l'éd. de M. Guizot), après avoir rapporté ce fait d'après Phrantzès, ajoute en note: « Ce passage écrit en 1477, vingt ans avant la découverte du cap de Bonne-Espérance, est supposé ou miraculeux. »>

Cependant rien dans le style de l'original grec de ce passage, dont Gibbon ne connaissait qu'une traduction latine, ni dans le manuscrit que j'ai sous les yeux n'indique une interpolation. Ce passage mériterait donc que l'on fît quelques recherches sur les tentatives qui avaient pu précéder celles de Diaz et de Vasco de Gama. La circonstance que cet Ephraïm, après avoir touché en Portugal, fut conduit en Angleterre, puis en Germanie, pourrait faire supposer qu'au lieu d'être portugais le vaisseau était normand. On sait quels étaient à cette époque l'audace et l'esprit d'entreprise de ce peuple navigateur. On a récemment revendiqué pour eux la découverte de l'Amérique du Nord qu'ils avaient déjà visitée, à ce qu'on prétend, avant le voyage de Christophe Colomb. La conquête des îles Canaries, en 1405, par le Normand Jean de Bétencourt montre que, dès le commencement du 15° siècle, les Normands étaient sur la voie de la circumnavigation de l'Afrique.

Le silence gardé sur ces premiers voyages dans l'Inde pourrait s'expliquer par l'absence d'historiographes ou de poëtes pour les célébrer et surtout par l'intérêt que ces navigateurs pouvaient avoir à s'assurer le monopole de ce riche commerce en ne faisant pas connaître la route suivie par eux. Un gouvernement se décide rarement à faire les frais d'un armement comme ceux de Diaz et de Vasco de Gama, à moins d'avoir par devers lui des renseignements qui rendent le succès probable. Nous sommes donc porté à admettre que le récit de Phrantzès n'est pas une pure fiction, qu'il n'est ni supposé, ni miraculeux, comme disait Gibbon, et que des vaisseaux de l'occident de l'Europe ont pu se montrer dans les parages de l'Inde avant Vasco de Gama.

Le texte grec de la chronique de Phrantzès a été imprimé

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