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le culte de la déesse, être distinct, s'est établi avec tous ses développements mythologiques et astronomiques, avec toutes sės séductions sensuelles. Le dieu El a subi les mêmes transformations; la même opération de l'esprit oriental, appliquée à sa personne et à son nom, a produit la déesse Elath, Ilath ou Alluth, et le mot ns, forme féminine de s.

» Devenue un être distinct, comme les autres déesses sémitiques de la Syrie, Astarté, Mylitta, Anath où Dercéto, Allath a eu ses autels spéciaux et ses adorateurs attitrés. Nos inscriptions nous montrent qu'elle avait à Salkhat ou dans les environs un temple et un collége de prêtres; de plus, sa présence dans la composition des noms propres et surtout du nom caractéristique << Wahballath>> prouve la place qu'elle occupait dans l'esprit des peuples (1). Son culte s'est répandu dans toute la péninsule arabique; il résulte des passages d'Hérodote et des auteurs arabes cités par Osiander et M. Caussin de Perceval qu'il existait au cinquième siècle avant notre ère et ne fut détruit que par Mahomet. Son siége principal était la ville de Taïf; le simu

(4) L'usage de ces noms s'est perpétué jusque pendant la période chrétienne; on trouve (Corpus Inscr. Gr., 4643 b) une chrétienne du nom de Auλt, c'est-à-dire ns, cultrix Allath; M. Wetztein (op. cit., p. 344) s'est donné beaucoup de peine pour expliquer ce nom par une erreur de transcription, se refusant à admettre qu'il pût être porté par une chrétienne, et pensant d'ailleurs que l'existence du culte d'Allath dans ces régions n'était prouvée par aucun monument. Les monuments de ce culte ont été trouvés depuis les voyages du savant docteur : ce sont nos inscriptions. Quant au fait même d'un chrétien ayant un nom propre qui rappelle l'adoration des dieux du paganisme, il n'a rien d'extraordinaire et se rencontre partout. Dans ces mêmes régions, nous avons des chrétiens s'appelant Dousarios, Theandrios (Waddington, nos 1916, 1965), dans le monde gréco-romain, les exemples analogues sont innombrables; l'Eglise n'honoret-elle pas des saints du nom de Saturninus, Apollinarius, Dionysius? Les noms propres avaient perdu toute signification intrinsèque. On les portait, comme nous les portons aujourd'hui, sans se demander comment ils avaient été formés dans l'origine.

lacre de la déesse était une pierre blanche carrée; souvent aussi elle était adorée sous la figure d'un arbre, comme 'Ouzza, cette autre forme de la déesse arabe. Semblable à toutes les divinités de cet ordre, elle avait un caractère sidéral et spécialement lunaire; cela résulte pour nous, non-sculement de l'analogie, mais du témoignage formel d'Hérodote (III, 8), qui identifie la déesse qu'il appelle 'Altλát avec l'Uranie des Grecs.

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I, nous

» L'orthographe usitée dans le Coran et ses commentateurs est SU; Osiander (op. cit., p. 482) cite les diverses étymologies qui ont été données de ce mot, et s'arrête à celle qui le considère comme une contraction de äs J, « la déesse », contraction analogue à celle qui a produit le nom Allah NoI pour Dieu ». Nos inscriptions, en nous apprenant que la forme primitive du nom de la déesse en question est nos ou donnent la véritable étymologie du nom moderne, forme du nom primitif précédé de l'article JJ, et contracté en A l'époque d'Hérodote, la contraction n'avait pas encore été effectuée par l'usage, et l'on disait 'Aλát; ce témoignage nous apprend en outre que les Arabes disaient Ilath, prononciation conforme à l'analogie, car ils prononçaient It le nom du dieu (Ismail, Scharahil, Djibril), comme ils disent Ilah, pour « dieu » et İlahat pour « déesse ».

.

>> La contraction d'ailleurs date de loin, et est certainement antérieure à l'ère chrétienne; nous en avons la preuve dans les noms palmyréniens Οὐαβ-άλλαθος, et Σαλμ-άλλαθος, et plus encore dans l'orthographe araméenne de ces mêmes noms,

qui elide la premiere lettre du nom de la déesse,שלמלת והבלת

et supprime complètement l'article arabe conservé dans la prononciation Al-lath. M. Renan, dans un travail écrit avant que l'on eût connaissance de l'orthographe palmyrénienne (Athenæum Franç., 1856, p. 70), supposait ces noms formés avec le nom divin monotheiste arabe Allah, I, et considérait le ◊ des transcriptions grecques comme un durcissement du h final, comme un soutien de la terminaison. Je ne saurais souscrire à cette opinion, tout en reconnaissant dans certains cas la justesse de la seconde remarque.Ainsi il est certain que dans les noms palmyréniens et nä

et d'autres du meme אדינת,גמילת, עבישת, מוליכת batéens tels que

genre cités dans le cours du présent livre, noms qui sont des diminutifs de forme arabe, le final est l'équivalent du 8 final arabe, et les Grecs, en transcrivant ces noms Ὀδαίναθος, Ὀδαινάθη, ΜαλείXa0os, '06αícaros, etc., n'ont fait que suivre l'orthographe locale.Mais

noms formes d'un nom divin et d'un עבדלת,שלמלת, וחבלת dans

radical verbal, le л final appartient au nom même de la divinité et désigne ; la preuve, c'est qu'à côté de ces noms propres on trouve les noms correspondants formés avec le nom du dieu 5x et contractés de la même manière; ainsi 5727, que le grec transcrit Za66as et Za6déλas, est évidemment 5-7 (Donum El ou 1), avec une terminaison emphatique propre au dialecte araméen parlé à Palmyre; c'est l'équivalent de nban=5x-an (Donum Allath). Il n'est pas question dans ces deux séries de noms du radical nécessaire à la formation du mot

; quand ce mot paraît à Palmyre, c'est avec un sens général, comme dans, Enλos (Bel est Deus), et jamais avec le sens spécial attaché au mot arabe Ul.

» Si de Palmyre nous passons dans le Haouran et la Nabatène, nous trouvons encore les divinités et nos distinctes entre elles et distinctes des qualifications générales x et nлbs; cette double notion est parfaitement établie, et dans le culte public et dans la formation des noms ; nous l'avons prouvé par de nombreux exemples. Quant à l'Arabie proprement dite, je n'ai pas qualité pour en parler, et laisse aux arabisants spéciaux le soin de décider si, en effet, le mot U se trouve, avant l'islamisme, usité pour la composition des noms propres, avec la signification qu'il a reçue depuis Mahomet. Pour ma part, je crois que non, et le fait mentionné par M. Caussin de Perceval (Hist. des Arabes, II, 649), d'après le Kitab-el-Aghani, et contesté par M. Renan, me paraît à la fois significatif et dans la vérité des choses. Il y est dit que les Musulmans rigoristes du premier siècle, qui trouvaient dans leurs généalogies des noms comme Theym-allât, Aus-monat, etc., y substituaient les noms monothéistes Theym-allah, Aus-allah. Ces expurgations rétrospectives sont tout à fait conformes aux procédés ordinaires des réforma

teurs fanatiques, et ne sauraient étonner de la part de ceux qui, soit pour augmenter leur part de butin, soit pour se faire affilier à une tribu, fabriquaient de fausses généalogies. M. de Slane, de qui je tiens la connaissance de cette pratique, très-fréquente dans les premiers siècles de l'islamisme, considère aussi le fait mentionné par le Kitab-el-Aghani comme conforme à la vérité.

>> Mais tout en combattant sur ce point l'opinion émise par mon savant confrère, je reconnais la justesse des conclusions de son travail en ce qui concerne l'influence croissante des Arabes pendant les premiers siècles de notre ère, leurs migrations de plus en plus importantes, indices d'un travail d'expansion qui se faisait au sein des populations péninsulaires, prélude du grand mouvement qui devait les jeter à la suite de Mahomet ou de ses idées en dehors des limites de l'Arabie.

3o DHOUSARA 17: ce Dieu est celui que les auteurs grecs et latins nomment Aovcápns, Dusares. Il était adoré dans toute l'Arabie, mais spécialement à Pétra, à Adraa et à Bosra, où des jeux avaient été institués en son honneur; le fait est attesté par les médailles impériales frappées dans cette ville avec la légende ACTIA DUSARIA, et la représentation d'un pressoir. On trouve en outre plusieurs sanctuaires du même dieu mentionnés dans les inscriptions grecques de la province environnante. (Waddington, Inscr. Syr., nos 1915, 2023, 2312.)

» Son nom nabatéen a été retrouvé par M. Lévy (Zeitsch. d. morg. Ges., XIV, page 465) dans le nom propre sinaïtique

-, « serviteur de Dhousara», Aovaáptos; la lecture du savant docteur est confirmée par deux inscriptions, l'une provenant d'Omm-el-Djemâl, l'autre de Saïda. Les historiens arabes l'écrivent, nom formé du substantif arabe de possession, génitif, dominus, et d'un nom de lieu, en nabatéen, que M. Lévy identifie avec la montagne de Schera, en Arabie, faisant de ce dieu une divinité-montagne comme le Liban, l'Hermon, le Casius, etc. Les noms de divinités arabes formés avec le mot Dhou, dans le sens de « seigneur », sont nombreux; les inscriptions himyarites fournissent Dhou-Harran, Dhou-Alam, Dhou-Samawi; les historiens: Dhoul-l-Caffayn,

Dhou-l-Kholaça. (Caussin de Perceval, Hist. des Arabes, III, 255, 292.)

>> Cette opinion est confirmée par la forme du nom propre Abd-Dhi-s-Sara, porté, suivant Osiander (Z. D. M. G., VII, 477), par les Arabes de la tribu des Daous (1), et grécisé en Abdioσáns, le génitif Dhi indique la coupure du mot Dhou-sara, et le sens littéral du nom est « serviteur du seigneur de Sara ».

» Elle est encore confirmée, en ce qui touche la nature montagneuse du dieu, par un passage d'Et. de Byzance, qui donne le nom meme de Δουσαρή à une montagne, σκόπελος καὶ κορυφὴ ὑψηλο Tárn 'Apablas, nommée ainsi, dit-il, du nom du dieu; il ajoute que les Nabatéens adorateurs de ce dieu se faisaient appeler Δουσαρηνοὶ ὡς Δαχαρηνοί. Σημαίνει δὲ τὸ Δαχαρηνοὶ ἀρσενικούς, dit-il, et en effet, dans le dialecte araméen que les inscriptions nous montrent usité à Pétra, mâles se dit 19754.

>> Comme Qaciou, Gabal et les autres dieux-montagnes de ces mêmes pays, Dhousara était adoré sous la forme d'une pierre; seulement la pierre n'était pas conoïde comme celles d'Emèse ou de Laodicée; elle était rectangulaire, deux fois plus haute que large, et posée sur une base. Voici la description que Suidas nous a laissée de celle qui était adorée dans le temple de Pétra: Τὸ δὲ ἄγαλμα λίθος ἐστὶ μέλας, τετράγωνος, ατύπωτος, ὕψος ποδῶν τεσσάρων, εὖρος δύο· ἀνάκειται δὲ ἐπὶ βάσεως χρυσηλάτου· τούτῳ θύουσι, καὶ τὸ αἷμα τῶν ἱερείων προχέουσι, καὶ τοῦτό ἐστιν αὐτοῖς ἡ σπονδή· ὁ δὲ οἶκος ἅπας ἐστὶ πολύχρυσος, καὶ ἀναθήματα πολλά. 11 me semble qu'il y a un rapport évident entre cette description et la forme du monument sur lequel l'inscription d'Umm-el-Djemâl est gravée, grande pierre de deux mêtres environ de hauteur, trop élevée pour avoir pu servir d'autel, et d'ailleurs désignée sous ce nom vague de 1. On pourrait la considérer comme un simulacre devant lequel on se prosternait, 120, devant lequel on faisait les sacrifices et les libations de sang, en souvenir de la pierre divine du

(1) Fraction des Azdites domiciliés au S. de la Mecque, dans les montagnes qui séparent le Hidjaz du Yaman. (Caussin de Perceval, III, 254).

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