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sanctuaire principal de Pétra, de sa forme mystique et du culte qui lui était rendu. Une pierre de Salkhat, dédiée à Allath, monument de même forme et portant le même nom que la grande pierre d'Omm-el-Djemâl, serait un symbole du même ordre, mais consacré à Allath; nous avons vu plus haut que cette déesse, dans son sanctuaire principal de Taïf, était également adorée sous la figure d'une pierre rectangulaire. Cela étant, si nous nous reportons à l'inscription de Saïda, où il est question de la dédicace à Dhousara d'un objet nommé sny, nous serons peut-être conduit à donner à ce mot le sens d'objet carré, en spécifiant que cet objet est le simulacre même du dieu, ou du moins un simulacre rappelant par sa forme les contours mystiques de l'idole principale.

« Les Grecs et les Romains ont identifié Dhousara avec Bacchus, ce qui confirme ce que nous avons dit plus haut du caractère solaire de ces dieux-montagnes. Suidas l'a rapproché du dieu Mars; mais cette assimilation, fondée sur un jeu de mots etymologique à la façon de Macrobe, Θευσάρης τουτέστι θεὸς ̓́Αρης, est sans aucune valeur. >>

Cette lecture provoque une discussion à laquelle prennent part plusieurs membres et renouvelle jusqu'à un certain point l'importante controverse qui s'éleva, il y a quelques années, au sujet d'une communication de M. Renan.

M. RENAN demande le premier la parole pour déterminer le principe générateur qui, suivant lui, présida au développement des cultes, soit araméens, soit arabes, que signalent les inscriptions commentées par M. de Vogüé. Les divinités, objets de ces cultes, multiples en apparence plus encore qu'en réalité, se formèrent par une espèce de synonymie, en constituant comme un monde mythologique à part, où le dédoublement successif d'un seul et même Dieu originaire finit par engendrer des personnes divines de plus en plus distinctes.

M. DE ROUGE, tout en admettant le principe générateur dont vient de parler M. Renan, pense qu'il y a lieu à des distinctions graves dans l'application qui peut en être faite chez tel ou tel

des peuples qu'on est habitué à confondre sous le nom commun de peuples sémitiques. Sous ce nom, en effet, on découvre aujourd'hui, dans le progrès de la science, des races essentiellement différentes et entre lesquelles s'est opéré un échange de dialectes qui a contribué à cette confusion. Il résulte de là que la question ethnographique peut seule éclairer de lumières sûres cette autre question si délicate de l'origine et du vrai caractère des cultes et des noms divins chez tel ou tel des peuples divers réunis sous la dénomination commune que l'usage a consacrée.

M.RENAN, lui aussi, déclare qu'en Orient, comme en Occident, il est nécessaire de distinguer les familles qu'il appelle linguistiques des familles mythologiques et historiques de peuples, et dans la famille dite sémitique, surtout, il pense que cette distinction doit être faite.

La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance. Sont présentés à l'Académie les ouvrages suivants :

1° Une nouvelle livraison (f. 43-48), en double exemplaire, du Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l'Eure par MM. Charpillon et Caresme (4868, in-4o). Renvoi à la Commission des antiquités de la France déjà saisie des précédentes.

2o De la part de M. DELISLE, Inventaire des manuscrits de l'abbaye de Saint-Victor conservés à la Bibliothèque impériale, nos 14232 à 15175 du fonds latin (Paris, 1869, in-8°. Extr. de la Bibliothèque de l'Ecole

des Chartes.)

3o Au nom de M. Otto Jahn, correspondant à Bonn, un mémoire (en allemand) sur les dessins de monuments antiques contenus dans le Codex Pighianus (Stephan Vinand Pighius) aujourd'hui à la bibliothèque royale de Berlin (extr. des Comptes rendus de la Société royale des sciences de Saxe, 12 décembre 1868, in-8° avec 5 pl. lithogr.).

4o De la part de M. L. De Rosny, la 7 partie de l'enseignement élémentaire de son cours de japonais intitulé: Themes gradues pour l'étude de la langue japonaise, avec un vocabulaire français-japonais (Paris, 1869, in-8°).

50 Journal asiatique: nos de décembre 1868 et de janvier 1869.

6o Le Cabinet historique: 1er février 1869.

6° Annales de la propagation de la foi mars 1869.

8° L'Investigateur: nov. et déc. 1868.

Séance du vendredi 19.

PRÉSIDENCE DE M. REGNIER.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et la rédaction en est adoptée.

Il est donné lecture de la correspondance officielle.

Par un message, en date du 12 mars, M. le Ministre de l'Instruction publique informe l'Académie que, par divers arrêtés, il a attribué un exemplaire de la continuation du Gallia christiana aux bibliothèques d'Aix (Bouches-du-Rhône), des Bénédictins de Ligugé, près Poitiers, de Montpellier, d'Amiens, d'Epernay et de Tours.

Par un second message, du 15 courant, M. le Ministre adresse à l'Académie, pour lui être offert de la part du secrétaire d'Etat de S. M. Britannique pour les Indes, et par l'entremise de M. le Ministre des Affaires étrangères, un exemplaire de l'ouvrage récemment publié par M. Fergusson et intitulé: Tree and serpent Worship or Illustrations of mythology and art in India in the first and fourth centuries after Christ, from the sculptures of the buddhist Topes at Sanchi and Amravati, with introductory Essays and descriptions of the plates. Ces planches, d'une très-belle exécution, lithographiées, sont au nombre de 98 (London, India Museum, 1868, 1 vol. in-4o).

M. LE SECRÉTAIRE PERPETUEL dépose sur le bureau le premier exemplaire du tome I du Recueil des historiens arméniens faisant partie de la division orientale de la collection des Historiens des Croisades, publiée par l'Académie (Imprimerie impériale, 1869, 1 vol. in-folio). « L'éditeur de ce volume, M. Dulaurier, n'a rien négligé pour le rendre digne de son sujet. Une préface sur les documents employés, une introduction étendue sur le royaume de la petite Arménie et sur la Cilicie au temps des Croisades, des tableaux généalogiques et dynastiques en forment les prolégomènes. Viennent ensuite des documents historiques de tout genre depuis Mathieu d'Edesse, texte arménien et traduction française, un appendice contenant des compléments divers, et quatre chartes arméniennes en fac-simile héliographiques. Le

volume, de cxxxiv et 855 pages, se termine par quatre tables littéraire, historique, géographique, etc. »

Sont présentés, en outre, au nom des auteurs:

1o Mémoire sur les particularités de la religion musulmane dans l'Inde, d'après les ouvrages hindoustanis, par M, Garçin de Tassy (2 édition, 1869, in-8°).

2o Mission archéologique de Macédoine, etc., par M. Heuzey, etc., 7 et 8o livr., comprenant les feuilles 19-24, 5 planches et un plan double.

M. DE VOGUE demande à compléter en quelques mots les renseignements qu'il a apportés à la séance précédente. Il n'a envisagé que d'un seul côté et au seul point de vue des inscriptions nabatéennes la question des religions sémitiques. Mais, puisqu'à propos de sa lecture une discussion a été ouverte sur le caractère général de ces religions, il croit devoir fournir tous les éléments nouveaux que lui ont donnés les monuments. Il désire maintenir la discussion sur le terrain des faits: les recherches mythologiques mettent nécessairement la pensée en face des grands problèmes religieux; amenée à ce terme, elle est conduite à demander aux spéculations métaphysiques des solutions qu'elles seules peuvent donner. Ce côté de la question a déjà été abordé au sein de l'Académie dans une brillante et célèbre controverse. Il n'y a pas lieu d'y revenir. Les faits doivent tenir la première place quand il s'agit de déterminer la nature et le développement des croyances antiques. M. DE VOGUE reconnaît deux natures de faits correspondant à deux états de la pensée humaine : les uns de l'ordre matériel, témoignages fournis par les inscriptions et les monuments figurés: ils appartiennent à l'âge du polythéisme; les autres de l'ordre philologique, qui permettent de remonter au delà de l'histoire, et de surprendre pour ainsi dire les symboles en voie de formation. Les faits qu'il a apportés à la dernière séance, et ceux qu'il apporte aujourd'hui prouvent qu'aux époques historiques le culte professé par les peuples dits sémitiques, à l'exception des Hébreux, était un polythéisme nettement caractérisé. A ce sujet il passe en revue une liste des noms divins fournis par les inscriptions

de la Syrie, de la Phénicie, de la Nabatène: on y trouve des divinités solaires comme Baalsamin, Malakbel, Shemesh, Koresh, Kammou; des divinités lunaires, comme Jarhibol, Aglibol, Tanith; des déesses de la nature, comme Atergatis, Anath, Allath; des personnifications spéciales, comme Reshep, Reshepkhets, dieux de la foudre; Bel, Astarté, planètes; Ephca, l'oracle des fontaines; Nergal, le Mars assyrien; Melqarth, l'Hercule tyrien; Athi, la fortune; des dieux éponymes, comme Tsidon, Tars; des dieux montagnes, comme Gabal, Qaciou, Dhousara; enfin tout un panthéon de divinités secondaires et encore indéterminées, comme Sed, Tha, Quoum, Wadd, Ga, Aumou, etc., etc. Ainsi, au point où commence l'histoire, on est en droit de dire que les religions sémitiques sont un polythéisme naturaliste que rien ne distingue du polythéisme gréco-romain, si ce n'est le caractère spécial qu'il doit aux aptitudes de race et aux influences de milieu.

Que si par la philologie et l'étude intrinsèque des symboles on pénètre plus avant dans l'histoire des croyances, on reconnaît qu'elles dérivent d'un monothéisme primitif: M. DE VOGUÉ a essayé de le démontrer dans un mémoire soumis à l'Académie et inséré dans le volume (1867) du Journal asiatique. M. Renan a dit que les idées développées dans ce travail étaient favorables à sa thèse sur le monothéisme des races sémitiques: M. de Vogüé l'accorde en un sens, mais le conteste dans un autre; il accorde le monothéisme primordial, mais il conteste que ce fait soit spécial aux races dites sémitiques pour lui la croyance au Dieu personnel est à l'origine de toutes les religions, comme l'idée de Dieu est au fond de toutes les consciences; partout aussi, excepté dans une très-petite portion du peuple juif, la croyance primitive s'est naturalisée; les faits développés plus haut prouvent que le monothéisme sémitique a abouti à un complet naturalisme. Pourquoi le naturalisme indo-germanique n'aurait-il pas eu une origine analogue? S'il est plus riche en mythes, en images, cela tient aux facultés spéciales d'imagination que la race aryenne a reçues en partage, à la nature exubérante et grandiose au milieu de laquelle elle a grandi, Les procédés

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