» Ne valait-il pas mieux, de l'altière Corine » Endurer les dépits et la fierté chagrine? » Et toi, brune Iopé, que n'ai-je encor ton coeur ! » Autant qu'elle en manquait vous avez de blancheur; » Mais, d'un frivole éclat ne soyez pas si vaine: » Plus que le blanc tilleul on recherche l'ébène. » Quel mépris! songe-t-elle à s'informer de moi? » Qui je suis? quels troupeaux reconnaissent ma loi? » De mille agneaux pourtant une troupe docile » S'égare dans mes prés, sur les monts de Sicile; » Riche en toutes saisons, un laitage argenté » Ruisselle entre mes doigts et l'hiver et l'été. » Ces chants dont l'Aracynthe à jamais se rappelle, » Quand le triste Amphion de sa lyre immortelle » Appelait ses troupeaux, ravis de l'écouter; » Oui, ces divins accords je puis les répéter. » Mes traits n'ont rien d'affreux : penché sur le rivage, » Dans les tranquilles flots j'ai saisi mon image; » Et je vous prends pour juge entre Daphnis et moi, » Si l'onde offre une image assez digne de foi. » Oh! seulement un jour que mon humble retraite, » Le spectacle des champs, la chasse vous arrête! » Régnez sur mes chevreaux, ce jeune peuple est doux; » Venez, d'un bois léger, les chasser devant vous. » Imitons le dieu Pan: nous chanterons ensemble. De muets chalumeaux, qu'un peu de cire assemble, Et dixit moriens: Te nunc habet ista secundum. Ipse ego cana legam tenerâ lanugine mala, 8 Addam cerea pruna; honos erit huic honos erit huic quoque pomo: Et vos, o lauri, carpam, et te, proxima myrte; et te, Sic positæ quoniam suaves miscetis odores. Rusticus es, Corydon, nec munera curat Alexis; Nec, si muneribus certes, concedat Iolas. Heu! heu! quid volui misero mihi? floribus austrum, Perditus, et liquidis immisi fontibus apros. Ont appris de sa bouche à rendre un son flatteur, » Et le dieu des brebis l'est aussi du pasteur. » Oui, que sur mes pipeaux vos lèvres se reposent: » Quel prix à mes leçons d'autres que vous proposent! » Damète a su lui-même unir à mes pipeaux » Pour sept tons différents sept tubes inégaux; » J'expire, m'a-t-il dit, et je te les confie: » Amyntas en montra son orgueilleuse envie : » J'ai deux chevreuils encor, tous deux sont mouchetés: » Chez moi sous deux brebis ils croissent allaités; » Je les garde pour vous; Thestylis les souhaite: » Aura-t-elle un présent que votre orgueil rejette? » Approchez, belle enfant; voyez combien de lis » En corbeille, en faisceau, les nymphes ont cueillis! » La brillante Naïs pour vous unit en gerbes » La pâle violette à des pavots superbes; » L'hyacinthe au narcisse, et le feu du souci » Près du vaciet en deuil brille plus adouci. » C'est trop peu que des fleurs, je veux y joindre encore » Des coins au blond duvet que le safran colore, »Des prunes dont l'azur enchante les regards, » Et des marrons choisis dépouillés de leurs dards. » Chéris d'Amaryllis, ces trésors de l'automne » Seront, par votre choix, la gloire de Pomone. » Et vous, myrtes, lauriers, je vous offrirai tous, » Ensemble confondus, vos parfums sont plus doux... Quem fugis? ah demens! habitârunt dî quoque silvas, Dardaniusque Paris. Pallas condidit arces quas Ipsa colat: nobis placeant ante omnia silvæ. Me tamen urit amor : quis enim modus adsit amori? Invenies alium, si te hic fastidit, Alexin. «Mais que sont tes présents! quelle erreur te possède; » Penses-tu qu'à ce prix Iolas te la cède? » Que ce nom m'est fatal! Ce nom, source de pleurs, » Est pour moi l'ouragan déchaîné sur les fleurs, » Ou l'affreux sanglier dans une onde limpide. » Non, les bois ne sont point ce que tu fuis, perfide! » Et Pâris et les dieux les ont tous habités. » Pallas, qui les fonda, peut aimer les cités; » C'est à nous de chérir une forêt profonde. » Le tigre suit du loup la trace vagabonde, » Le loup cherche l'agneau, l'agneau des prés fleuris; » Chaque être a son penchant : le mien, c'est Lycoris. » Tu le vois : l'ombre au loin descend de la colline, » Le boeuf, libre du joug, vers l'étable chemine; » Moi seul, d'un long tourment dévoré nuit et jour, » Je brûle, et ne vois point de remède à l'amour!.... » Corydon! Corydon! abjure un vain délire, » Au pied de cet ormeau ta jeune vigne expire; » Tresse l'osier flexible en paniers arrondis : » Une autre de ton cœur sentira mieux le prix. » |