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donnée à Naïs, présente une charmante image, et semble confondre la nymphe avec les autres fleurs. Ces mots summa papavera expriment heureusement la légèreté des pavots; carpens est un son plus ferme, et rend bien l'action du fer qui tranche la tige des fleurs. Ce vers, un peu entortillé, tum, casia atque aliis intexens, rend à merveille l'action de tresser les guirlandes. Quelle grâce et quelle mollesse dans celui-ci : Mollia luteola pingit, etc.

Rien n'est plus harmonieux que cette poésie: par le son des mots, indépendamment du charme de la pensée, elle exprime tout ce que la musique se vante d'exprimer; et, si la langue de Virgile venait à s'oublier parmi les hommes, si le sens de ses paroles était perdu, il nous semble que les oreilles délicates en retrouveraient quelque chose dans cette harmonie imitative.

8) PAGE 108, VERS 14

Ipse ego cana legam tenerâ lanugine mala,
Castaneasque nuces...

Corydon se met en scène lui-même; il semble que sa voix devienne plus tendre lorsqu'il parle de lui; ce vers, ipse ego cana, est d'une douceur tout à fait persuasive.

Et

VOS., ô lauri, carpam, et te, proxima myrtė;

L'apostrophe est d'autant plus heureuse, qu'elle fait as

sister le lecteur à cette scène aimable et gracieuse. Nous avons déjà vu les nymphes et la blanche Naïs; maintenant nous voyons le berger lui-même. Lorsqu'il exprimait les rigueurs d'Alexis, il était au milieu des déserts, exposé à l'ardeur brûlante du jour; mais il se prépare à le recevoir, il espère le fléchir, et son imagination devient plus riante à l'aspect de son bonheur: il est au milieu des fleurs; il leur adresse ses discours, il les met aux pieds de son idole. On ne saurait mieux rendre la passion et le sentiment. Théocrite n'a rien qui approche de ce passage,

9) PAGE IIO, VERS 4.

Torva leæna lupum sequitur; lupus ipse capellam;
Florentem cytisum sequitur lasciva capella;

Te Corydon, o Alexi! trahit sua quemque voluptas.

Cette comparaison du lion qui poursuit le loup, du loup qui suit la chèvre, de la chèvre qui cherche le cytise, avec un berger qui soupire après l'objet de ses amours, n'a pas le ton gracieux qui règne partout dans cette églogue; ce langage aurait mieux convenu au géant Polyphème qu'à un berger aimable et poli comme Corydon. Ovide, qui a imité ce passage, lui a donné peut-être plus de vérité, en lui donnant un tout autre sens :

Sic agna lupum, sic cerva leonem,
Sic aquilam pennå fugiunt trepidante columbæ
Hostes quæque suos,

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Virgile part de l'idée du lion et du loup pour arriver à une idée douce et voluptueuse : Ovide part au contraire de l'idée du loup et du lion, pour faire naître celle de la crainte. Cette marche nous paraît plus naturelle et plus conforme à la vérité. Ovide n'a pas souvent de pareils avantages sur Virgile.

10) PAGE IIO, VERS 10.

Ah Corydon, Corydon, quæ te dementia cepit!

Cette exclamation est bien amenée. Le berger a épuisé tous les moyens de plaire; toutes ses espérances l'abandon nent; c'est la dernière expression du désespoir. La répétition du mot Corydon donne plus de vivacité et plus de pathétique à la douleur.

Corydon finit par songer à l'aveuglement de sa passion, et cette idée le ramène à ses occupations champêtres : l'idylle du Cyclope se termine de la même manière. L'abbé le Batteux fait sur Polyphème une réflexion que nous appliquerons au berger de Virgile : il retrouve sa raison aux milieu de ses plaintes, et prend une résolution sage, dont il est à la fois redevable au dépit, à la fierté et au bon sens. Ce n'est pas trop de ces trois motifs pour ramener les

hommes.

On a dû voir par ces remarques, que Virgile a imité, dans cette églogue, beaucoup de choses de Théocrite : quelques morceaux ont peut-être plus de naturel dans le poète

grec; mais Virgile l'emporte presque partout par la perfection des détails. On est fâché seulement de voir, dans l'é glogue latine, des amours que nous ne pouvons concevoir, et l'on s'étonne que les Grâces aient si bien inspiré un poète qui a dédaigné de chanter leur sexe.

ECLOGA TERTIA.
ECLOGA

MENALCAS, DAMOETAS,

PALEMON.

MENALCAS.

Dic mihi, Damota, cujum pecus? an Melibœi ?

DAM OETAS.

Non; verùm Ægonis: nuper mihi tradidit Ægon.

MENALCAS.

Infelix o semper, oves, pecus! ipse Neæram
Dum fovet, ac ne me sibi præferat illa veretur,
Hic alienus oves custos bis mulget in horâ :
Et succus pecori, et lac subducitur agnis.

DAM OETAS.

Parciùs ista viris tamen objicienda memento. Novimus et qui te... transversa tuentibus hircis, Et quo, sed faciles Nymphæ risêre, sacello.

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