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MENALCAS.

Cogite oves, pueri : si lac præceperit æstus,
Ut nuper, frustra pressabimus ubera palmis.

DAM OE TAS.

Heu! heu! quàm pingui macer est mihi taurus in ervo Idem amor exitium pecori, pecorisque magistro.

MENALCAS.

His certè neque amor causa est; vix ossibus hærent: Nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos.

DAM OETAS.

Dic quibus in terris, et eris mihi magnus Apollo,
Tres pateat coeli spatium non amplius ulnas. (10

MENALCAS.

Dic quibus in terris inscripti nomina regum
Nascantur flores; et Phyllida solus habeto.

PALEMON.

Non nostrum inter vos tantas componere lites: (1
Et vitulâ tu dignus, et hic, et quisquis amores
Aut metuet dulces, aut experietur amaros.
Claudite jam rivos, pueri; sat prata biberunt.

MÉNALQUE.

› Rassemblez ces brebis, cherchez l'ombre avec elles: » L'air brûlant, l'autre jour, a tari leurs mamelles.

DAMÈTE.

» Dans mes prés si féconds, vois languir ce taureau : » Le même dieu consume et pasteur et troupeau.

MÉNALQUE.

» Ce dieu sur mes agneaux n'a point d'empire encore, » Mais d'un charme inconnu le poison les dévore.

DAMÈTE.

» Devine, et mon respect t'élève au rang des dieux, » La place où dans trois pieds l'oeil enferme les cieux?

MÉNALQUE.

» Devine; et pour toi seul je veux que Phyllis aime, » La fleur où d'un guerrier le nom s'inscrit lui-même. »

PALÉMON.

Je ne puis entre vous distinguer le vainqueur;
J'offre à tous deux le prix : on doit le même honneur
A qui sait de l'amour peindre les douces larmes,
Ou montrer comme vous le danger de ses charmes.
Mais d'un sol abreuvé l'on détourne les eaux,
Cessez le plaisir même a besoin de repos.

REMARQUES

SUR L'ÉGLOGUE TROISIÈME.

L'ÉGLOG

'ÉGLOGUE qu'on vient de lire est imitée de la cinquième idylle de Théocrite. Le poète de Syracuse met en scène deux bergers qui se disputent le prix du chant. Comatas et Lacon s'y disent de grossières injures, et se reprochent mutuellement les choses les plus honteuses. Ils proposent de finir leur querelle par le combat du chant, et prennent pour juge un bûcheron. Les images les plus délicates se trouvent mêlées dans leurs chansons aux idées les plus triviales et les plus populaires. Fontenelle blâme avec raison le ton de l'idylle grecque : la tournure de son esprit était trop opposée à la grossièreté des deux bergers de Théocrite; il devait en être blessé plus qu'un autre ; aussi a-t-il donné dans un excès contraire. Dans ses églogues il représente deux bergers qui chantent leurs bergères ; et, dans la crainte de leur laisser des manières rustiques, il leur donne tous les travers du bel esprit. Le berger Palémon chante la coquette Phyllis; Arcas chante Daphné, bergère ingénue et sensible. Le juge Thimanthe prononce ainsi :

Il vaudrait mieux aimer Phyllis pour quelques mois,

Et Daphné pour toute sa vie.

Il n'est pas sûr que les bergers de Sicile n'aient point dit ce que le poète grec leur fait dire; mais il n'est que trop certain que les bergers n'ont jamais parlé comme les fait parler Fontenelle. On pourrait reprocher à Théocrite, dans l'idylle que nous avons citée, d'avoir imité une nature trop grossière; Fontenelle s'est appliqué au contraire à ne rien prendre de la nature.

Virgile, qui a, plus que tous les poètes anciens et modernes, le sentiment des convenances, a pris le juste milieu entre la rusticité et le bel esprit ; il a corrigé Théocrite, et il a tiré les plus grandes beautés d'une source où un génie médiocre n'aurait point osé puiser.

PAGE 128, VERS 8.

Non ego te vidi Damonis, pessime, caprun
Excipere insidiis, multùm latrante Lycisca?
Et cùm clamarem, Quò nunc se proripit ille?
Tityre, coge pecus! tu post carecta latebas.

Ces quatre vers de Virgile renferment plusieurs tableaux. Dans le premier, c'est un voleur qui se glisse dans l'ombre, et la chienne Lycisque qui aboie; dans le second, c'est un berger qui crie au voleur, et qui avertit le maître du troupeau; plus loin, on aperçoit le voleur qui se cache derrière des roseaux. On a dit que la peinture était une poésie à laquelle il ne manquait que les paroles, mutum pictura poesis. On voit ici trois tableaux de Téniers, et il n'y manque rien.

2) PAGE 130, VERS I.

Non, tu in triviis, indocte, solebas

Stridenti miserum stipulâ disperdere carmen ?

Le verbe disperdere est heureusement employé; il exprime à la fois le son d'un mauvais instrument et la grossièreté des airs. Le berger chante ses vers dans les carrefours; il les disperse comme on jette la poussière ou tout autre chose commune et vile. La répétition des s et des r qu'on remarque dans ces vers, imite par les sons la dureté des airs que fredonne Damète sur les chemins. Cette harmonie imitative rappelle le quatrain de Boileau sur Chapelain :

Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et dure verve,
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve;
Et de son lourd marteau martelant le bon sens,
A fait de méchants vers douze fois douze cents.

3) PAGE 130, VERS II.

Pocula ponam

Fagina, cælatum divini opus Alcimedontis:
Lenta quibus torno facili superaddita vitis
Diffusos hederâ vestit pallente corymbos.

Ces deux derniers vers expriment une image pittoresque: le premier a quelque chose de la souplesse de la vigne; le second est plein d'une douce harmonie, et rend admirablement le mélange du lierre, du pampre et des grappes qui

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