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Adspice venturo lætentur ut omnia sæclo. (7

O mihi tam longæ maneat pars ultima vitæ, (8 Spiritus et, quantùm sat erit tua dicere facta! Non me carminibus vincet nec Thracius Orpheus, Nec Linus: huic mater quamvis, atque huic pater, adsit; Orphei, Calliopea: Lino, formosus Apollo: Pan etiam Arcadiâ mecum si judice certet, Pan etiam Arcadiâ dicat se judice victum.

Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem; (9 Matri longa decem tulerunt fastidia menses: Incipe, parve puer : cui non risêre parentes,

Nec deus hunc mensâ, dea nec dignata cubili est.

D'un siècle de bonheur tout ressent la promesse.

Oh! si vers ces beaux jours conduisant ma vieillesse, Les dieux, pour vous chanter, me laissaient des accents! Qui pourrait égaler mes succès renaissants!

Oui, le Pinde à ma gloire élevant un trophée,
Me nommerait vainqueur de Linus et d'Orphée;
De Linus et d'Orphée, en tous lieux reconnus,
L'un, pour fils d'une muse et l'autre de Phébus.
C'est vainement qu'un dieu soutiendrait leur génie,
On verrait le dieu Pan, le dieu de l'Arcadie
Lui-même, s'effrayer d'un combat inégal,
Et l'Arcadie entière applaudir son rival.

Vous, par un doux instinct que la nature inspire,
Connaissez votre mère à son tendre sourire;
Combien de pleurs sur vous ont répandu ses yeux!
Soyez digne, en l'aimant, d'être assis près des dieux.

REMARQUES

SUR L'ÉGLOGUE QUATRIÈME.

PLUSIEURS critiques ont trouvé le ton de cette églogue trop élevé; ils n'ont pas fait attention que c'est le poète qui parle lui-même, et qu'il a dû prendre un ton convenable à son sujet. Les bergers, dans leurs chansons, doivent avoir un langage simple et naïf, mais il faut croire que le poète peut, sans manquer aux règles, se montrer quelquefois audessus des bergers qu'il met en scène. Avant Virgile, Théocrite s'était élevé au ton de l'ode et de l'épopée pour célébrer la gloire de Ptolomée et d'Hiéron.

Le poète latin pourrait répondre à ses critiques ce que Corydon dit à Alexis, dans la seconde églogue, habitárunt di quoque silvas. Les muses sont nées dans les chants, et les premiers poètes furent des bergers. Au temps d'Homère, il existait peu de grandes villes; la gloire d'Achille fut sans doute célébrée dans quelque cabane rustique; les anciens poètes ont tous été inspirés par le spectacle de la nature; Apollon gardait alors les troupeaux, et la lyre d'Orphée enchantait les forêts.

Au milieu du soin des troupeaux, et dans la simplicité de la vie rustique, il nous semble que l'esprit humain peut s'élever aux conceptions et aux idées les plus sublimes; les merveilles de la création, les bienfaits d'un Dieu, ne doivent-ils pas frapper sans cesse ceux qui habitent les chants et les prairies? Refusera-t-on à la muse bucolique le droit de s'élever à la hauteur d'un pareil sujet ? Quel peuple conserva mieux les mœurs pastorales que les Hébreux ? et quels poètes parlent un langage plus élevé que les prophètes? Le père Rapin, qui est un de ceux qui ont ôté à la poésie pastorale le droit de traiter les plus grands sujets, a lui-même mis en églogue ce que notre religion a de plus relevé.

La simplicité qu'on exige dans les poésies bucoliques, doit s'entendre surtout de la simplicité des mœurs et des manières ; les muses champêtres ne doivent point prendre leurs modèles dans les cœurs; mais cette simplicité n'exclut point l'enthousiasme poétique. L'enthousiasme naît du sentiment, et le sentiment est bien moins étranger aux mœurs des bergeries qu'à celles des cités.

PAGE 154, VERS 4.

Ultima Cumæi venit jam carminis ætas;
Magnus ab integro sæclorum nascitur ordo ?
Jam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna;
Jam nova progenies cœlo demittitur alto.

Après une courte invocation, le poète entre sur le champ

en matière; il parle comme un homme dont les muses ont exaucé la prière; déjà il est animé d'un délire prophétique : rien n'est plus certain que ce qu'il va annoncer aux hommes; on partage son enthousiasme : le véritable enthousiasme est celui qui se communique.

J.-B. Rousseau a pris dans cette églogue l'idée de sa belle ode sur la naissance du duc de Bretagne. Il a imité ainsi les vers latins que nous venons de citer.

Les temps prédits par la Sibylle
A leur terme sont parvenus.
Nous touchons au règne tranquille
Du vieux Saturne et de Janus.
Voici la saison désirée,

Où Saturne et sa sœur Astrée,
Rétablissant leurs saints autels,
Vont ramener ces jours insignes
Où nos vertus nous rendaient dignes

Du commerce des immortels.

Cette strophe ne rend que deux vers du poète latin; les deux autres sont rendus dans la strophe suivante :

Un nouveau monde vient d'éclore;
L'univers se réforme encore

Dans les abîmes du chaos;
Et, pour réparer ses ruines,
Je vois, des demeures divines,
Descendre un peuple de héros.

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