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Reddemus Nymphis, et cùm lustrabimus agros. Dum juga montis aper, fluvios dum piscis amabit, Dumque thymo pascentur apes, dum rore cicada, Semper honos nomenque tuum laudesque manebunt. Ut Baccho Cererique, tibi sic vota quot annis Agricolæ facient : damnabis tu quoque votis. (8

Nam

MOPSUS.

Quæ tibi, quæ tali reddam pro carmine dona?
neque me tantùm venientis sibilus austri,
Nec percussa juvant fluctu tam littora, nec quæ
Saxosas inter decurrunt flumina valles.

MENALCAS.

Hâc te nos fragili donabimus antè cicutâ :
Hæc nos, «Formosum Corydon ardebat Alexin: »
Hæc eadem docuit, « Cujum pecus? an Meliboei ? »

MOPSUS.

At tu sume pedum, quod, me cùm sæpè rogaret,
Non tulit Antigenes (et erat tum dignus amari),
Formosum paribus nodis atque ære, Menalca.

» Nos hymnes solennels invoqueront Palès, » Et, lorsque l'eau sacrée arrosant nos guérets, » Sur nos sillons naissants la victime amenée » Trois fois dans leur enceinte y sera promenée. >> Tant que l'ours dans nos bois cherchera les hauteurs, » Le poisson l'eau d'un fleuve, et l'abeille les fleurs; » Tant que les fleurs encore aimeront la rosée, » On verra ton seul nom remplir notre pensée, » Nos voeux t'associer à Cérès, à Bacchus, » Et nos voeux exaucés commander nos tributs. »

MOPSUS.

Du charme que j'éprouve, ô quel sera le gage!
Non, le flot qui de loin vient mourir sur la plage,
Le ruisseau qui la nuit roule en paix sur les fleurs,
A la mélancolie offrent moins de douceurs.

MÉNALQUE.

Accepte le premier cette flûte champêtre;
C'est par elle qu'ici mon art s'est fait connaître e;
Elle a de Corydon chanté les nouveaux feux,
Et d'un autre pasteur le troupeau malheureux.

MOPSUS.

Le présent d'un berger doit être sa houlette;
Le bronze orne la mienne, et c'est moi qui l'ai faite;
Aux grâces d'Antigène elle avoit résisté,

Mais tes vers ont des droits que n'a point la beauté.

REMARQUES

SUR L'ÉGLOGUE CINQUIÈME.

CETTE églogue, dit M. l'abbé le Batteux, est toute dramatique; elle commence par un dialogue de deux bergers, qui ensuite font chacun leur récit; le style est partout vraiment pastoral. Cependant on peut y distinguer trois espèces de nuances; la première dans le dialogue ou entretien familier de deux acteurs qui ne se montrent que comme bergers: c'est le ton de la comédie pastorale. Les deux autres nuances sont dans les récits où les bergers se montrent non seulement comme bergers, mais comme bergers poètes, et par conséquent inspirés. Ils ont un ton plus élevé que dans ce qui précède; le premier récit a le ton de l'élégie, le second tient du lyrique.

PAGE 178, VERS 5.

Sive sub incertas zephyris motantibus umbras.

Ce vers descriptif est charmant; on y voit le zéphyr qui balance les feuilles, et l'ombre incertaine qui s'éloigne ou

s'avance au gré du zéphyr. Segrais a cherché à rendre l'image

de Virgile:

Un zéphyre plus lent agite les roseaux.

mais on ne trouve ici ni l'épithète incertas, ni l'expression pittoresque motantibus, qui donnent tant de vie et de mou vement à ce petit tableau.

2) PAGE 180, VERS 12.

Exstinctum Nymphæ crudeli funere Daphnin
Flebant....

Nous devons d'abord remarquer que l'expression exstiner tum est la même que Virgile a employée dans l'admirable morceau des Georgiques, sur la mort de César: ille etiam exstincto miseratus Cæsare Romam. Plusieurs commenta teurs ont pensé que Virgile avait désigné sous le nom de Daphnis, César mourant d'une mort tragique, exstinctum crudeli funere. Cette opinion n'est point sans vraisemblance.

Théocrite, dont Virgile n'a emprunté que quelques images, représente Daphnis mourant. « Où étiez-vous, s'écrie » un de ces bergers, où étiez-vous, nymphes? dans les » vallons qu'arrose le Pénée, ou sur le sommet du Pinde? » On ne vous vit point alors sur les rives de l'Anapus ; vous ne parûtes point sur les rives de l'Etna, ni sur les

»bords sacrés de l'Acis.... Les tigres et les loups pleu» raient Daphnis expirant....; à ses pieds étendus, ses » bœufs, ses taureaux, ses génisses partageaient ses cruels >> ennuis. >> Ce début de Théocrite a quelque chose de doux et de pathétique; la cause de la mort de Daphnis est touchante, et propre à attendrir les nymphes. Il est consumé de chagrins, et il va mourir d'un amour malheureux. Virgile néglige ces détails; dès son début, les nymphes pleurent la mort de Daphnis. Les images du poète latin ont peut-être moins de grâce, mais plus de rapidité que celles du poète grec.

Les nymphes sont en deuil, les bois et les fleuves sont témoins de leur douleur; une mère embrassant le corps inanimé de son fils, reproche son trépas aux astres et aux dieux. Le verbe flebant rejeté à un autre vers exprime bien l'attitude de la profonde tristesse, qui reste muette quelque temps, et qui éclate ensuite par des sanglots et des larmes. L'apostrophe aux coudriers et aux fleuves donne de la vivacité à la phrase et caractérise le désespoir. Les passions animent tout, et s'adressent souvent aux êtres qui ne les entendent point. Moschus fait pleurer le fleuve Mélès à la mort d'Homère ; il dit dans son Idylle sur la mort de Bion:

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O'Mélés! le plus harmonieux des fleuves, ce trépas t'ap» porte d'autres douleurs et de nouvelles larmes. » Les imprécations de la mère de Daphnis contre les dieux et les astres, achèvent de peindre le délire passionné de la douleur. On peut comparer le morceau de Virgile avec le passage dans lequel Bion exprime le désespoir de Vénus au trépas

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