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auxdites clauses et conditions, les avons de leur consentement condamnés. On sent bien que condamnés, dans cette phrase, veut dire : déclarés obligés.

Revenons à l'églogue de Virgile; le poète latin a pris le sujet grec où Théocrite l'a laissé; le poète de Syracuse a peint Daphnis mourant; dans l'élogue latine, Daphnis est mort, les nymphes le pleurent, et les bergers célèbrent son apothéose: le sujet est beaucoup plus vaste, la scène plus étendue, et le héros plus intéressant.

Tout le monde connaît l'apothéose d'Adonis, par Bion; mais ce poète grec n'a ni la grâce de Théocrite, ni le goût pur de Virgile. Il n'emploie que des images brillantes et pleines d'esprit ; on voit trop qu'il a fait son élégie pastorale pour les fêtes de Vénus, pour ces fêtes qui scandalisaient le prophète Ézéchiel, et dans lesquelles on songeait plus à plaire qu'à s'attendrir.

Pope, dans son églogue intitulée l'Hiver, a imité et presque copié l'églogue de Virgile; il déplore la mort de la jeune Daphné. « La jeune Daphné est morte, dit un des » interlocuteurs, les fleurs ne répandent plus leurs parfums >> au lever de l'aurore; les herbes odorantes cessent d'em» baumer l'air dans nos fertiles campagnes, etc. >> Tous ces phénomènes s'expliquent aisément, quand on se rappelle que la scène se passe en hiver. L'imitation de Pope est très faible, et le traducteur d'Homère a prouvé par là qu'il était plus facile de rendre les beautés de l'Iliade, que de traduire élégamment les Églogues de Virgile.

Milton, dans son églogue intitulée Lycidas, est resté

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bien loin de Théocrite et de Virgile. Son élégie pastorale est beaucoup trop longue, et elle n'a point la simplicité du genre bucolique. Au sujet de la mort d'un berger, le poète établit une distinction philosophique entre la vraie et la fausse gloire: les bergers peuvent bien parler des choses les plus relevées, mais nous ne croyons pas qu'il leur soit permis de faire de la métaphysique; le poète met trop d'affec tation à décrire par ordre les fleurs qui conviennent au deuil des tombeaux. Cette énumération sent trop la symétrie et l'arrangement; la profonde douleur n'a pas tant de présence d'esprit. Dans l'apothéose de Lycidas, Milton com pare ce berger s'élevant du sein de la mort dans l'Olympe, au soleil qui se plonge dans l'océan pour monter au ciel. Un des tableaux les plus heureux de Virgile, est celui où il nous représente l'étonnement de Daphnis arrivant aux portes du ciel. Dans l'églogue de Milton, ce n'est pas Lycidas qui doit être étonné, c'est l'Olympe qui doit être. frappé de surprise en voyant arriver un berger semblable au soleil. On trouve dans cette idée un défaut de proportion et de convenance qui lui ôte toute vérité.

Nous avons cru devoir faire ces rapprochements pour l'instruction des jeunes élèves; rien n'est plus propre à former le goût que la littérature comparée. Dans les vers de Virgile, et en général dans tous les chefs-d'œuvre des. arts, il est une foule de beautés qui échappent au raisonnement, et qu'on ne peut faire sentir que par des comparaisons. Les fautes des disciples de Virgile nous servent au moins à faire apprécier le génie de leur maître pour

connaître toutes ses richesses, il est utile quelquefois de savoir ce qui manque à ses imitateurs; c'est ainsi qu'une statue imparfaite nous fait admirer davantage les belles formes de l'Apollon, et que les défauts d'un peintre vulgaire peuvent nous révéler les beautés du chef-d'œuvre qu'il a pris pour modèle.

ECLOGA SEXTA.

SILENUS.

PRIMA
RIMA Syracosio dignata est ludere versu
Nostra, neque erubuit silvas habitare, Thalia. (1
Cùm canerem reges et proelia, Cynthius aurem
Vellit, et admonuit : « Pastorem, Tityre, pingues
» Pascere oportet oves, deductum dicere carmen. »
Nunc ego (namque super tibi erunt qui dicere laudes
Vare, tuas cupiant, et tristia condere bella,)
Agrestem tenui meditabor arundine musam.
Non injussa cano. Si quis tamen hæc quoque,
Captus amore leget, te nostræ, Vare, myricæ,
Te nemus omne canet: nec Phoebo gratior ulla est
Quàm sibi
quæ Vari præscripsit pagina nomen.

si quis

Pergite, Pierides. Chromis et Mnasylus in antro (2 Silenum pueri somno vidêre jacentem,

Inflatum hesterno venas, ut semper, Iaccho :

SILENE.

C'EST moi qui le premier, des bords de l'Arethuse,
Apportai les accents qui charmaient Syracuse;
Non, je n'ai point rougi de chanter les forêts.
J'ai voulu des héros célébrer les hauts faits;
Mais, me tirant l'oreille et me parlant en maître :
«Reprends, me dit Phoebus, un ton simple et champêtre.»
J'obéis maintenant. Assez d'autres, Varus,

Diront, en vers pompeux, ta gloire et tes vertus;
Sur de légers pipeaux je dois me faire entendre,
C'est un dieu qui m'inspire: ô si quelque ame tendre,
Si, de mes vers épris, quelqu'un vient m'écouter,
C'est ton nom que, pour lui, ces bois vont répéter,
Les vers chéris des dieux sont les vers à ta gloire,
Et le nom de Varus assure leur mémoire.
Muses, continuez: Sous des pampres touffus
Dormait le vieux Silène encor plein de Bacchus;
Ses flancs plus élargis semblent, quand il sommeille,
Se gonfler du nectar à longs traits bu la veille;

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