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» Nymphes, nymphes de Crète, entourez de remparts. » Ces bois, qui de sa trace enivrent mes regards; » Et si, durant le jour, à me fuir il s'obstine,

» Rendez-le moi dans l'ombre, étables de Gortyne!» Tout se peint dans ses chants; il y rappelle encor Athalante soumise à l'éclat d'un fruit d'or,

Les sœurs de Phaeton, sa chute, leur tristesse, L'écorce qui soudain les entoure et les presse, Et leurs bras vers les cieux en longs rameaux tendus.. Mais l'amitié l'inspire; il chante enfin Gallus, Et comment une Muse, honorant son génie, L'amena triomphant au sommet d'Aonie. Il paraît: son nom seul imprime le respect, Et la cour d'Apollon se lève à son aspect. Linus, dont mille fleurs composent la couronne, Lui présente une lyre : « Apollon te la donne, » Dit-il, et cet hommage a l'aveu des neuf soeurs;. » Hésiode autrefois l'obtint de leurs faveurs, » Aux sons que sous ses doigts elle faisait entendre » On a vu de ces monts les bois entiers descendre. » Chante ceux de Grynée, objets de tes concerts, » Ces bois au dieu du Pinde en deviendront plus chers Dois-je des deux Scylla dire ce qu'il raconte? L'une du sang d'un père osant payer sa honte; L'autre, les flancs armés de monstres aboyants, Dévorant les nochers sous des flots tournoyants;

Aut ut mutatos Terei narraverit artus?

Quas illi Philomela dapes, quæ dona parârit?
Quo cursu deserta petiverit, et quibus antè
Infelix sua tecta supervolitaverit alis?

Omnia quæ, Phoebo quondam meditante, beatus 'Audiit Eurotas, jussitque ediscere lauros,

Ille canit: pulsæ referunt ad sidera valles :
Cogere donec oves stabulis numerumque referre
Jussit, et invito processit Vesper olympo.

Et croyant de Circé se venger sur Ulysse.
Bientôt de Philomèle il décrit le supplice,
Et le récit muet qu'elle en fit à sa soeur;
Le festin qu'à Térée apprêta leur fureur;
Et comment dans les airs, emporté devant elles,
On vit ce roi puni s'échapper sur des ailes.

Tous les chants qu'autrefois le puissant dieu du jour
Fit redire au laurier qui trompa son amour,
Silène les imite; et, fidèle interprète,

L'écho charme les cieux des concerts qu'il répète. Mais les troupeaux comptés déjà quittent les champs,.

- Et la nuit, à regret, vient suspendre ses chants.

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REMARQUES

SUR L'ÉGLOGUE SIXIÈME,

CETTE églogue est une des plus belles de Virgile; l'exposition en est simple et intéressante. Le poète latin n’a mis nulle part plus de force et plus de verve dans l'expression, plus de vivacité dans les images, plus de rapidité, plus de variété dans les tournures, plus de flexibilité dans les transitions. Il embellit tout ce qu'il touche, il anime tout ce qu'il voit, il fait vivre tout ce qu'il peint.

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Notre Thalie n'a point rougi d'habiter les forêts. On pourrait s'étonner de voir un poète bucolique invoquer la muse de la comédie. Quelques auteurs anciens, comme Apollonius, veulent qu'elle ait inventé l'agriculture et la géométrie, et la font présider aux plantes et aux arbres.

Cette opinion des anciens ne suffit point pour expliquer l'expression de Virgile. Le poète dit que Thalie n'a point rougi d'habiter les forêts; mais si Thalie présidait aux arbres, elle n'avait point à rougir d'un pareil séjour. Il est plus naturel de penser que Thalie est prise ici pour la muse de la comédie. La pastorale, telle que Virgile et Théocrite nous en ont laissé des modèles, est presque toujours une véritable scène. On y distingue une exposition, une action quelconque, un dénoûment. Ici c'est Silène endormi qui se réveille enchaîné dans des liens de fleurs; les bergers veulent entendre les chants qu'il leur a promis depuis longtemps; il est contraint de céder à leurs vœux. Beaucoup d'anciennes comédies n'ont pas une action plus vive et plus intéressante. Celui qui, le premier, promena par les bourgs ses acteurs barbouillés de lie, n'offrit point aux spectateurs une intrigue plus variée et plus animée que celle de la troisième églogue. La comédie, née au milieu des vendanges, n'était réellement que la satyre ou l'idylle mise en action.

Carmine qui tragico vilem certavit ob hircum,
Mox etiam agrestes satyros nudavit.

(HOR. Ars poet. )

On n'attacha point d'abord la même importance à la comédie qu'à la tragédie; de là vient qu'elle se perfectionna `plus tard. Épicharme et Chromis commencèrent à y mettre une action; tous deux étaient Siciliens. Ainsi la comédie est originaire de Sicile comme l'églogue. La comédie fran

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