DAMON, ALPHÉSIBÉE. Je les rappellerai ces concerts enchanteurs, Mais quand viendra le jour, où ma muse aguerrie Que ne puis-je affronter, sur tes pas triomphants, Laisse au moins publier que tes vers pleins de charmes, Protège encor ces vers; non, ce n'est point sans grâce Incumbens tereti Damon sic coepit olivæ : Nascere, præque diem veniens age, Lucifer, almum Conjugis indigno Nisæ deceptus amore Dum queror, Mænalus argutumque nemus pinosque loquentes Semper habet; semper pastorum ille audit amores, Panaque, qui primus calamos non passus inertes. Incipe Mænalios mecum, mea tibia, versus. Mopso Nisa datur ! quid non speremus amantes? (3 Jungentur jam gryphes equis, ævoque sequenti Cum canibus timidi venient ad pocula damæ. Mopse, novas incide faces; tibi ducitur uxor : Sparge, marite, nuces; tibi deserit Hesperus OEtam Incipe Mænalios mecum, mea tibia, versus. Lorsqu'en ces mots Damon, penché sur sa houlette, << Toi qui de la lumière annonces le retour, » Je me suis plaint aux dieux témoins de mes tourments: » Que sert de fatiguer ces dieux. indifférents? » C'en est fait, je descends à la rive infernale; » Que mes derniers accents soient dignes du Ménale! » Le Ménale est peuplé de bois harmonieux; » Il entend nos soupirs! l'Amour ingénieux » Y forma de roseaux la flûte pastorale. » Que mes derniers accents soient dignes du Ménale! » Belle Nise, à Mopsus on ose te livrer! » Eh! qui donc en aimant ne doit plus espérer ? » Aigle ensemble et lion que le griffon s'unisse,. » Que mes derniers accens soient dignes du Menale! O digno conjuncta viro! dum despicis omnes, Dumque tibi est odio mea fistula, dumque capellæ, Hirsutumque supercilium, promissaque barba ; Nec curare deùm credis mortalia quemquam! Incipe Mænalios mecum, mea tibia, versus. Sæpibus in nostris parvam te roscida mala (4 Dux ego vester eram, vidi cum matre legentem; Alter ab undecimo tum me jam ceperat annus, Jam fragiles poteram a terrâ contingere ramos: Ut vidi, ut perii, ut me malus abstulit error! Incipe Mænalios mecum, mea tibia, versus. Nunc scio quid sit Amor. Duris in cotibus illum (5 Aut Tmaros, aut Rhodope, aut extremi Garamantes, Nec generis nostri puerum, nec sanguinis, edunt. Incipe Mænalios mecum, mea tibia, versus. Sævus Amor docuit natorum sanguine matrem » Que tu mérites bien, Nise, un parei, époux! » Quoi! mes vers, mon troupeau, tu nous méprises tous! » L'abandon, le désordre où la douleur m'entraîne, » Mes cheveux négligés sont l'objet de ta haine, » Tout en moi te déplaît! Tu crois donc que les dieux >> Pour te juger un jour n'ont point sur nous les yeux? » C'en est fait ! je descends à la rive infernale; » Que mes derniers accents soient dignes du Ménale! » C'est là, dans ce verger qu'elle fuit à présent, » Que sa mère autrefois conduisait Nise enfant; » L'automne la voyait, sous les yeux de sa mère, » Vanter nos premiers fruits, les cueillir la première : » Elle était loin alors d'un parjure dédain. » Pour elle, dans nos jeux, déjà ma faible main » Des pommiers les plus bas inclinait le feuillage, » J'étais son guide alors : douze ans faisaient mon âge: » Je la vis, je brûlai..... dans mes yeux, dans mon coeur Je sentis.... Cet instant décida mon erreur. » C'en est fait! je descends à la rive infernale; » Que mes derniers accents soient dignes du Ménale! » Ah! je connais l'Amour. Le Rhodope en courroux » L'Ismare et ses rochers l'ont vomi parmi nous! » Formé pour les forfaits chez les noirs Garamantes, » Des meurtres qu'il ordonne on voit ses mains fumantes. » C'est pour lui qu'une mère, ivre de sa fureur, » De ses propres enfants a déchiré le coeur! |