Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Cantando puerum memini me condere soles:
Nunc oblita mihi tot carmina; vox quoque Moerim
Jam fugit ipsa : lupi Morim vidêre priores.
Sed tamen ista satis referet tibi sæpè Menalcas.

LYCIDAS.

Causando nostros in longum ducis amores.
Et nunc omne tibi stratum silet æquor, et omnes (3
(Adspice) ventosi ceciderunt murmuris auræ :
Hinc adeo media est nobis via; namque sepulcrum
Incipit apparere Bianoris. Hic ubi densas
Agricolæ stringunt frondes, hic, Moeri, canamus;
Hic hædos depone: tamen veniemus in urbem.
Aut, si nox pluviam ne colligat antè veremur,
Cantantes licet usque (minùs via lædat) eamus :
Cantantes ut eamus, ego hoc te fasce levabo.

» Qui doit de nos moissons éclairer l'allégresse, fleuris colorer la richesse:

» Et des pampres

» Oui, les arbres greffés sous ses regards heureux,
» Fléchiront sous leurs fruits pour nos derniers neveux. »
Mais trop de chant m'épuise, excuse ma faiblesse :
L'âge enfin détruit tout, l'esprit même s'affaisse;
A chanter autrefois j'aurais passé le jour ;
La mémoire aujourd'hui m'échappe sans retour;
Et le premier, sur moi fixant un œil funeste,
Quelque loup, de ma voix aura détruit le reste.
Laisse donc, en ces lieux, Ménalque revenir,
Lui seul a de ses vers un heureux souvenir.

LYCIDAS.

Pourquoi me condamner à ces retards pénibles?
Regarde ce beau fleuve et les vents sont paisibles!
Tout se tait. C'est ici la moitié du chemin;
Déjà vers le penchant de ce coteau lointain
Paraît de Bianor l'antique sépulture.
Auguste`monument! Vois la fraîche verdure
Que pour lui nos bergers ravissent aux ormeaux!
Arrête ici tes pas, dépose tes chevreaux.

La ville n'est pas loin; si tu crains quelque orage,
Livre moi ce fardeau léger pour mon jeune âge;

Et, plus dispos, Méris, chante au moins en marchant :
Le chemin le plus long s'abrège par le chant.

M OER IS.

1

Desine plura, puer; et quod nunc instat agamus. Carmina tum meliùs, cùm venerit ipse, canemus.

1

MÉRIS.

Cesse, dans ma douleur, d'insister davantage;
Hâtons-nous : je me dois aux soins de mon voyage.
Si le sort pour Ménalque ici peut s'adoucir,
Nous pourrons avec lui chanter plus à loisir.

REMARQUES

SUR L'ÉGLOGUE NEUVIÈME.

VIRGILE, comme on l'a vu dans la Notice historique qui

est à la tête de ses œuvres complètes, avait obtenu la restitution du domaine de ses pères. Mais dans le trouble des guerres civiles, la voix des chefs n'est pas toujours entendue. Le centurion Arius s'était établi sous le toit modeste de Tityre, et, malgré la volonté proclamée d'Auguste, il dit à Virgile qui réclamait l'exécution des ordres bienveillants de l'empereur, hæc mea sunt «< ces domaines sont » à moi ». Le véritable possesseur fut chassé de sa propre demeure; il fut menacé et poursuivi. Les muses allaient perdre leur plus cher favori. Virgile échappa cependant à l'avare fureur d'Arius, et le danger qu'il courut fut le sujet de sa neuvième églogue. Cette églogue est beaucoup audessous de la première où le poète remercie Auguste, et l'on peut dire que la frayeur l'inspira moins bien que la reconnaissance.

« ZurückWeiter »