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A son jeune cyprès on reconnaît Sylvain.
Parmi de longs rameaux, on le voit dans sa main
Balancer de grands lis à la tige fleurie.

Bientôt, à ses côtés, vient le dieu d'Arcadie,
D'hièble et de carmin le visage enflammé :
«Eh quoi! disait ce dieu, si tu n'es plus aimé,
» N'est-il donc à tes maux ni terme, ni remède,
» A des pleurs insensés crois-tu que l'Amour cède?
» Cet enfant est cruel! l'Amour aime les pleurs,
» Comme un pré les ruisseaux, et l'abeille les fleurs. »
Mais lui, plus triste encore, et n'écoutant qu'à peine:
« Seuls vous savez chanter, vous chanterez ma peine,
» Arcadiens heureux! O que si quelques jours
» Votre luth à ces monts racontait mes amours,
» Gallus dans le tombeau reposerait tranquille!
"Que n'ai-je parmi vous, dans un modeste asile,
» Ou marié la vigne, ou soigné vos troupeaux!
» L'amour eût de ces lieux respecté le repos;
» Et de fougueux transports s'il eût rempli mon âme,
» Ou Phyllis, ou Daphné, répondrait à ma flamme.
» Phyllis a moins d'éclat ; mais une fleur des champs,
» Mais le sombre hyacinthe orne encor le printemps:
» Quels charmes ne remplace un coeur sans imposture!
» Là, de pampres couvert, entouré de verdure,

» Là, du moins, sous l'abri de ces riants coteaux, » Ou Phyllis, ou Daphné, dans l'ombre des berceaux,

Hic nemus: hîc ipso tecum consumerer ævo.

Nunc insanus amor duri me Martis in armis (7 Tela inter media, atque adversos detinet hostes; Tu procul a patriâ (nec sit mihi credere tantum! Alpinas, ah dura! nives et frigora Rheni Me sine sola vides. Ah! te ne frigora lædant! Ah! tibi ne teneras glacies secet aspera plantas!

Ibo: et Chalcidico quæ sunt mihi condita versu Carmina pastoris Siculi modulabor avenâ. Certum est in silvis, inter spelæa ferarum, Malle pati, tenerisque meos incidere amores Arboribus: crescent illæ; crescetis, amores. (8

» Viendrait me prodiguer des soins toujours fidèles. » Phyllis irait, pour moi, cueillir des fleurs nouvelles ; » Charmé de ses accents, j'écouterais Daphné.

» Prés fleuris, onde pure, ô séjour fortuné!

» Rendez-moi Lycoris! Viens dans ces riches plaines! » Ici, de beaux vergers, des gazons, des fontaines, » Des bois mystérieux, et les cieux les plus doux. » C'est ici, loin du monde et des regards jaloux, » Que nos jours, consumés par une même ivresse, » S'exhaleraient ensemble, éteints par la vieillesse.

» Quelle erreur! faut-il donc, affrontant mille dards, » Porter mon fol amour sous les drapeaux de Mars? » Je t'y suivrai!.... Que dis-je? à mes pleurs aguerrie, » N'as-tu pas, sans regrets, délaissé ta patrie!

» Pour être loin de moi, (que n'en puis-je douter!) » Neige, torrents, frimas, rien ne doit t'arrêter! » Quoi! des Alpes sans moi tu peux gravir les cimes! » Seule, du Rhin glacé tu franchis les abîmes! » Ah! puissent leurs glaçons, puissent les durs frimas » Se fondre et s'amollir sous tes pieds délicats!

» J'irai; ma flûte, au loin, me rendra l'interprète » Des vers que, dans Chalcis, fit pour moi son poète. » C'est un désert, un antre où je dois habiter, » Aux tyrans des forêts je veux les disputer.

» Là, gravant mon amour sur les tiges nouvelles,

» Le temps les verra croître, et ma flamme avec elles.

Interea mixtis lustrabo Manala Nymphis,

Aut acres venabor apros; non me ulla vetabunt
Frigora Parthenios canibus circumdare saltus: 9
Jam mihi
per rupes videor lucosque sonantes

Ire; libet Partho torquere Cydonia cornu

Spicula: tamquam hæc sint nostri medicina furoris,
Aut deus ille malis hominum mitescere discat!
Jam neque Hamadryades rursum nec carmina nobis
Ipsa placent; ipse, rursum concedite, silvæ :
Non illum nostri possunt mutare labores;
Nec si frigoribus mediis Hebrumque bibamus,
Sithoniasque nives hiemis subeamus aquosæ;
Nec si, cùm moriens altâ liber aret in ulmo,
Æthiopum versemus oves sub sidere Cancri.
Omnia vincit Amor, et nos cedamus Amori. 10)
Hæc sat erit, divæ, vestrum cecinisse poëtam, ("
Dum sedet, et gracili fiscellam texit hibisco,
Pierides; vos hæc facietis maxima Gallo;
Gallo, cujus amor tantùm mihi crescit in horas,
Quantùm vere novo viridis se subjicit alnus.

Surgamus: solet esse gravis cantantibus umbra; Juniperi gravis umbra: nocent et frugibus umbræ. Ite domum saturæ, venit Hesperus, ite, capellæ.

» J'irai sur le Ménale, intrépide chasseur,

» Des sangliers fougueux défier la fureur.

» Mes chiens plus animés franchiront sur mes traces "Du froid Parthénius les éternelles glaces;

» Au sommet de ses rocs, au fond de ses forêts,

» Comme un Parthe, en fuyant je lancerai mes traits. » Vains secours! vains travaux! aveugles que nous sommes! » Eh! qu'importe à l'amour tous les tourments des hommes! » Nymphes des bois, Sylvains! ni vos chants, ni vos jeux, » Ni le charme des vers', ne calmeront mes feux! » Qui, sous le cancer même, aux lieux où sa furie » Dévore des ormeaux et l'écorce et la vie ;

» Sur l'Hèbre ou chez le Scythe, égaré par l'Amour, » Quand tout cède à ce dieu, cédons à notre tour. » Mais en chantant Gallus ma corbeille s'achève ;

C'est assez vantez-lui ces vers de votre élève,

Muses! qu'un mot de vous leur donne un plus grand prix! Lui plaire est le seul bien dont mon coeur soit épris.

Répétez à Gallus, répétez-lui sans cesse

Que pour lui d'heure en heure augmente ma tendresse ; Et qu'il verra, pour lui, croître mes voeux ardents, Comme aux rives des eaux croît un saule au printemps. Levons-nous : l'horizon déjà devient plus sombre,

Du genièvre et des nuits la voix redoute l'ombre; L'ombre aussi peut vous nuire, allez, jeunes chevreaux, Vesper, du haut des cieux, vous rappelle aux hameaux.

21..

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