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9e Cinq fragments de sculpture, une main de grandeur naturelle tenant une patère pleine de fruits; une autre main dont les doigts sont mutilés et qui tient le débris d'une haste, une aile déployée et autres objets.

Tous ces objets sont en pierre calcaire du pays.

10° Dix-huit fragments de tablettes et revêtements de marbres de diverses couleurs et d'épaisseurs diverses, l'un portant une rosace sculptée, une autre offrant une étoile à huit pans et à pointe mousse; d'autres présentant des rainures et reliefs de formes diverses, d'un dessin très correct. 11' Quatre petites patères en terre cuite de couleur rougeâtre.

12o Trois petits vases à parfum, avec goulot, en même matière, dont un seul est entier.

13o Le tiers inférieur d'une amphore de trente centimètres de diamètre.

14° Un fragment de vase rond en pierre dure, de cinq centimètres d'épaisseur, sorte de mortier, si ce n'est de vase à eau lustrale, ayant dû avoir trente centimètres de diamètre, présentant sur une sorte d'anse ou de bras un oiseau sculpté.

15° Une très belle queue de casserole en bronze, d'un dessin très original et très pur, qui peut faire supposer qu'elle appartenait à un vase de sacrifice.

16o Un style en bronze,

47° Un instrument en bronze, à tranchant large et arrondi, rappelant la forme du couteau à parer des bourreliers. 18° Une très petite clé en bronze.

49° Une très-petite sonnette de même métal, avec battant en fer.

20° Une aiguille à toilette, un fragment de pince épila

latoire, deux agrafes et une petite plaque en verroterie, le tout en bronze.

21° Deux manches en bronze où étaient adaptés des ustensiles en fer. Ces manches sont semblables et figurent tous deux une tête de reptile.

220 Un poinçon, un fer de javelot, deux fragments de mors de cheval, un pic de terrassier et une cognée, le tout en fer.

23° De nombreux fragments de poterie de formes, matières et épaisseurs diverses.

Il y a, dans cette longue énumération, des objets d'âges différents. Les pièces de monnaie remontent jusqu'au 1er siècle et s'échelonnent en descendant jusqu'au milieu du Ivo. Les morceaux de sculpture sont évidemment de cette période et appartenaient sans doute à un temple du paganisme. La table de pierre, si, comme nous le supposons, c'est une table d'autel chrétien, serait au plutôt du ive siècle. Le fût de colonne cannelée en hélice pourait bien être d'une époque moins reculée. Les traités d'archéologie monumentale n'en signalent de semblables qu'à la seconde période romane, c'est-à-dire du xe au xe siècle. Cependant, il ne serait pas impossible que ce qui s'est fait alors eût trouvé des modèles de cette fantaisie artistique dans les siècles de décadence qui commencent vers le milieu du n°. La table d'autel a été trouvée couchée et retournée à cinquante centimètres au-dessous de la surface du sol. Les fûts de colonnes lisses ou cannelés, les fragments de marbre et les morceaux de sculpture étaient à peu de distance de là enfouis et épars. Comme l'évidement de la surface supérieure de la table a eu peut-être pour objet d'y encastrer une tablette de marbre, il se peut que quelques-tins des fragments retrouvés en soient les débris. Toutefois, si on y

voit quelques lignes et attributs sculptés, on n'y trouve pas de croix de consécration. On ne sait si les rituels des premiers siècles portaient sur ce sujet les mêmes prescriptions que l'on trouve dans ceux du XIIe siècle et des temps postérieurs. En tous cas, les fragments qui les auraient portées pourraient avoir disparu par accident ou avoir été pieusement recueillis dans quelque fouille antérieure. Quoi qu'il en soit, cette table reproduit exactement la forme des autels des premiers siècles et spécialement la célèbre table de Valognes, dont l'inscription dédicatoire porte la date de 687. Il n'est pas impossible que le fût à hélice cannelée fut un des supports de notre table d'autel et nous aurons à voir, en classant le musée lapidaire, si nous ne devons pas donner cette destination à ce précieux débris de l'art antique.

La queue de casserole en bronze, d'un dessin si artistique, n'appartient pas à ces dernières fouilles. Elle a été trouvée, il y a quatre ans, en creusant un fossé près du village de Sainte-Pallaye, au lieu appelé le Fief Cottin. C'est là aussi qu'a été trouvé le fût de colonne d'ordre toscan. La charrue met fréquemment à découvert, en cet endroit, des débris d'antiques constructions. Au reste, toute cette vallée, depuis l'écluse de Sainte-Pallaye, a fourni des découvertes du même genre. La voie romaine traverse la cour du château de Sainte-Pallaye, et Courtépée rapporte qu'on y avait trouvé des tombeaux avec des monnaies romaines des premiers siècles. On a trouvé d'autres tombeaux en pierre le long de la même voie, il y a quelques années, entre Sainte-Pallaye et Prégilbert. D'après Lebeuf (Histoire de la prise d'Auxerre, 277), avant que le village de Sainte-Pallaye se formât autour de l'église construite sur le tombeau de cette sainte, il existait, près de là, à un quart de lieue, un bourg appelé Lichy. L'auteur ne

dit pas s'il a pris ce nom dans la tradition locale, qui est muette sur ce sujet aujourd'hui, ou dans des documents écrits qui en tous cas n'existent plus maintenant. Mais il croit que Lichy est le Licaiacus dénommé comme paroisse dans un réglement des offices de l'évêque Saint-Tétrice, en 692. M. Quantin qui, dans notre édition des Mémoires de Lebeuf sur l'Histoire d'Auxerre (t. I, p. 165), a émis l'opinion que Licaiacus était plutôt le bourg de Lichères, croit reconnaître Lichy dans le Lucheius, voisin de Crisenon, mentionné dans une charte de donation de l'abbaye de Molêmes, de l'an 1400 (t. I du Cartulaire, p. 190); et, dans la carte du diocèse d'Auxerre qu'il a jointe à cette introduction, il place ce Lucheius en amont de Sainte-Pallaye, position qui n'est indiquée pourtant ni par la charte ni par le texte de Lebeuf. Aujourd'hui que les fouilles nouvelles, venues après celles de 1823, ont constaté auprès de l'ancienne fontaine de SaintAignan les restes de si riches et si vastes constructions, rien ne peut repousser l'idée d'y placer l'antique Lichy. Le nom de Saint-Aignan n'y saurait faire obstacle. On ne sait à quelle époque il remonte. Mais ce ne peut être, tout au plus tôt, que dans les temps du moyen-âge, s'il a été créé en cet endroit quelque chapelle ou autre établissement religieux dédié à cet illustre évêque d'Orléans, contemporain et ami de notre SaintGermain. On en est réduit sur ce point à de simples conjectures. Des chartes du xire siècle mentionnent bien une église et un domaine de Saint-Aignan près de Tonnerre, et un autre Saint-Aignan entre Pont-sur-Yonne et Villeneuve-la-Guyard, mais d'un Saint-Aignan près Sainte-Pallaye, aucun acte connu n'en parle.

Quel que soit le nom qu'ait porté jadis cette localité, il est dès à présent certain qu'il a existé là, dès le temps de la

domination romaine, un puissant établissement dont le caractère et la destination ne peuvent encore être définis, et probablement aussi un gros bourg ou petite ville qui auront péri par la dévastation et l'incendie dans une des grandes invasions de guerre postérieures au Ive siècle.

Les déblais de Saint-Aignan, interrompus par l'hiver, seront repris l'année prochaine, et le zèle vigilant de M. de Bonnaire ne nous fera pas défaut pour en constater et en recueillir les résultats.

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