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retrouvés plus tard, qui représentent diverses scènes de la vie et de la passion de Jésus-Christ.

De tous ces grands artistes, auquel faut-il rapporter notre retable? Jacques Molu est le seul dont on relate les sculptures sur bois. Pourtant il n'est pas démontré que les autres n'en ont pas fait aussi. Ces retables, distribués en compartiments et composés de figures détachées sur un fonds continu, dont parle Grosley, c'est exactement le genre de notre œuvre. Cependant, si cet écrivain rappelle la réputation dont jouissait Molu, il apporte des restrictions à l'éloge du ciseau de ce vieux sculpteur-menuisier « qui, selon lui, rend bien «<les usages du temps, chez lequel on trouve quelques heu<< reuses expressions qui témoignent du courage, de la pa

tience de l'artiste et des efforts qu'il faisait pour sortir de << la barbarie. » Tout cela ne s'accommode guère avec la simplicité si noble et si élevée de la composition que nous admirons, avec la grâce de son agencement, la pureté de son dessin, le naturel de la pose de ses personnages et l'expression si continue et si vraie de leurs figures. On pourrait trouver toutes ces qualités dans François Gentil. Mais le faire de ce maître, son style chaleureux et plein de fougue, ses conceptions mouvementées et ardentes, cette qualité que, dans les ateliers, on appelle la bravoure et qui chez lui semble être inspirée de Michel-Ange, contrastent trop avec la manière reposée, la placidité suave, le calme biblique d'une création qui semble dériver platôt de l'école de Raphaël. François Gentil a fait en marbre un bas-relief de la mort de la Vierge, que l'on peut voir encore à Troyes dans la riche collection de M. Julien Gréau. C'est tout l'opposé de notre retable. La composition est plus grandiose peut-être, mais moins naturelle, moins vraie et moins pathétique. Le

symbolisme y tient une grande place. Saint Denis l'aréopagiste, revêtu du surplis et de l'étole, paraît recevoir les derniers soupirs de la mourante. Une femme qui s'approche offre une palme à la Vierge qui va monter au Ciel. Dans le fond, deux personnages en toge romaine et à l'air méditatif, chez qui on croit reconnaître Vespasien et Titus, semblent représenter Rome païenne, étonnée et pensive à l'aurore des temps nouveaux. N'est-ce pas là l'antipode complet de l'esprit et de la manière de notre artiste anonyme? Jacques Juliot, si admiré, dit-on, de Girardon, en approcherait davantage, s'il est vrai que la délicatesse de son ciseau, la correction de son dessin et la pureté de son goût méritent tous les éloges qu'en a faits M. Chaubry de Troncenord. Cependant, si M. Lebrun - Dalbanne, dans le travail déjà cité, trouve dans les trois bas-reliefs que cet artiste a faits sur la vie de la Sainte-Vierge pour l'abbaye de Larrivour, et que M. Julien Gréau possède encore, de l'adresse, un faire assurément habile, une facilité séduisante, il n'y voit pas de correction; il leur reproche de la sécheresse, de la minutie et un dessin tellement flottant que les proportions varient d'une scène à l'autre, sans respect pour l'identité des personnages. La critique la plus exigeante ne saurait certainement relever aucun de ces défauts dans le retable d'Auxerre. Et puis, en tous cas, se pose ici cette question, tant pour Juliot que pour Jacques Bachot, dont nous n'avons pu d'ailleurs trouver aucun ouvrage ont-ils sculpté sur bois ?

Dans notre incertitude nous avons recouru aux lumières et à l'expérience de M. Lebrun-Dalbanne, en lui envoyant un exemplaire de la gravure de M. Daudin. Voici la réponse que

nous en avons reçue:

« C'est très attentivement que j'ai lu votre lettre et plus

<< attentivement encore que j'ai examiné la gravure qui l'ac<«< compagne, et voici les réflexions qu'elle m'a suggérées : 4 Je crois que ce beau retable, qui représente les diffé<«<rentes et principales phases de la vie de la Vierge An<< nonciation (1), Mort, Assomption, Couronnement, provient << de notre célèbre école d'artistes troyens ; 2o qu'il n'est ni <«< de Dominique, ni de Gentil, ni d'aucun artiste ayant connu « l'école de Fontainebleau ; 3° que je pourrais probablement « déterminer de quel ciseau il est sorti, si je pouvais l'a<< grandir à loisir ou même en avoir des photographies di<< visées en quatre parties et suffisamment grossies. C'est <«< ainsi qu'il m'est arrivé de rendre à leurs auteurs plusieurs <«< ouvrages d'origine incertaine qu'on avait bien voulu sou<< mettre à mon examen.

«Si donc vous vouliez faire faire ces photographies et me « les envoyer, je me ferais un véritable plaisir de vous adres<«< ser mon opinion motivée, que la gravure sommaire qui ac<«< compagne votre lettre me met dans l'impossibilité de for<«< muler avec quelque apparence de certitude. »

La photographie, qui ne rend qu'un seul point de vue, quelque grossie qu'elle soit, ne saurait peut-être, quand il s'agit de figures détachées, remplacer complétement la vue d'une œuvre de sculpture. Cependant la Société verra si, pour essayer de retrouver l'auteur d'une œuvre si distinguée, elle doit faire exécuter le travail que demande l'habile et savant critique d'art, don l'obligeance se met si gracieusement à notre disposition.

(1) Il ne parait pas que le premier tableau figure l'Annonciation. Les dimensions restreintes de notre gravure ont pu faire prendre le change à M. Lebrun-Dalbanne; c'est plutôt le message de la fin prochaine, dans les termes de la légende

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