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des rochers, il se nourrit de ronces et de feuilles amères; le jour, il s'essaie; de ses cornes, il attaque le tronc des arbres, fatigue l'air de mille coups, et prélude au combat, en faisant voler la poussière. Enfin, il a rassemblé ses forces, il a retrouvé sa vigueur; il part et fond tout à coup sur l'ennemi qui l'a oublié. Tel, formé au sein des mers, le flot d'abord blanchit, s'allonge, s'approche de la plage, se brise avec fracas sur les rochers, s'élève à leur hauteur, et retombe de tout son poids; au fond de ses abîmes, l'onde bouillonne, et vomit un sable noir qui couvre sa surface.

AINSI, tout sur la terre, hommes, animaux, habitans des eaux et des airs, se livre avec fureur aux transports du plaisir de l'amour tout ressent l'empire. Jamais, oubliant ses lionceaux, la lionne n'erra plus terrible dans les campagnes; jamais les ours hideux n'ont semé plus de funérailles, et par plus de carnages désolé les forêts. Alors le sanglier redouble de fureur, le tigre de cruauté. Oh! malheur à qui parcourt seul alors les déserts de la Libye! Vois le corps des coursiers frémir de plaisir, si le vent leur apporte une odeur trop connue. Les freins, les fouets, les rochers, les précipices, les fleuves grossis des débris des montagnes, rien ne les peut arrêter. Le sanglier sabellien lui-même se prépare au combat; il aiguise ses dents, il creuse la terre de son pied; et, frottant contre un arbre ses flancs et ses épaules, il les endurcit aux blessures.

Et pede prosubigit terram, fricat arbore costas,
Atque hinc atque illinc humeros ad vulnera durat.
QUID juvenis, magnum cui versat in ossibus ignem
Durus amor? Nempe abruptis turbata procellis
Nocte natat cæca serus freta. Quem super ingens
Porta tonat cœli, et scopulis illisa reclamant
Æquora; nec miseri possunt revocare parentes,
Nec moritura super crudeli funere virgo.

QUID lynces Bacchi variæ, et genus acre luporum,
Atque canum? Quid, quæ imbelles dant prælia cervi?
Scilicet ante omnes furor est insignis equarum;
Et mentem Venus ipsa dedit, quo tempore Glauci
Potniades malis membra absumpsere quadrigæ.
Illas ducit amor trans Gargara, transque sonantem
Ascanium; superant montes, et flumina tranant.
Continuoque, avidis ubi subdita flamma medullis,
Vere magis, quia vere calor redit ossibus, illæ
Ore omnes versæ ad Zephyrum stant rupibus altis,
Exceptantque leves auras : et sæpe sine ullis
Conjugiis vento gravidæ, mirabile dictu!
Saxa per et scopulos et depressas convalles
Diffugiunt, non, Eure, tuos, neque solis ad ortus;
In Borean Caurumque, aut unde nigerrimus Auster
Nascitur, et pluvio contristat frigore cœlum,
Hic demum, hippomanes vero quod nomine dicunt
Pastores, lentum destillat ab inguine virus,

QUE n'ose un jeune homme, quand les feux de l'amour dévorent ses veines brûlantes? La nuit, au plus fort de l'orage, il traverse une mer couverte de ténèbres. Vainement sur sa tête le ciel s'ouvre, la foudre éclate; vainement l'onde vient, avec fracas, se briser contre les rochers; il est sourd à la voix de ses malheureux parens, sourd au désespoir d'une amante dont la mort doit suivre son trépas.

QUE dirai-je des lynx de Bacchus, des loups, des chiens, races naturellement belliqueuses? Le cerf lui-même ne livre-t-il pas des combats? Mais c'est surtout dans les cavales que ces fureurs sont terribles. Vénus ellemême les leur inspira, lorsqu'aux champs de Béotie elles écrasèrent sous leurs dents les membres du malheureux Glaucus. L'amour les emporte au delà des sommets du Gargare, au delà des ondes bruyantes de l'Ascagne; elles franchissent les monts, elles traversent les fleuves. A peine leurs veines brûlantes se sontelles enflammées des feux qu'y allume le printemps (car le printemps ranime dans tous les êtres la chaleur des désirs), elles volent sur quelque rocher élevé; et là, tournées vers le Zéphyr, elles recueillent ses douces haleines; et souvent, ô prodige! fécondées par son souffle seul, elles se précipitent à travers les rochers, les torrens et les vallées profondes, et non vers les régions d'où tu viens, Eurus, vers celles qu'éclaire le soleil naissant, mais du côté de Borée, du côté où, chargé de sombres nuages, l'Auster vient attrister le ciel de ses pluies les plus froides. C'est alors qu'elles dis

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Hippomanes, quod sæpe malæ legere novercæ,
Miscueruntque herbas et non innoxia verba.

SED fugit interea, fugit irreparabile tempus,

Singula dum capti circumvectamur amore.

Hoc satis armentis. Superat pars altera curæ,
Lanigeros agitare greges, hirtasque capellas.
Hic labor; hinc laudem fortes sperate coloni.
Nec sum animi dubius, verbis ea vincere magnum
Quam sit, et angustis hunc addere rebus honorem.
Sed me Parnassi deserta per ardua dulcis

Raptat amor. Juvat ire jugis, qua nulla priorum
Castaliam molli devertitur orbita clivo.

Nunc, veneranda Pales, magno nunc ore sonandum.

INCIPIENS stabulis edico in mollibus herbam

Carpere oves, dum mox frondosa reducitur æstas;
Et multa duram stipula filicumque maniplis
Sternere subter humum, glacies ne frigida lædat
Molle pecus, scabiemque ferat turpesque podagras.
Post hinc digressus jubeo frondentia capris
Arbuta sufficere, et fluvios præbere recentes;
Et stabula a ventis hiberno opponere soli

Ad medium conversa diem, quum frigidus olim

Jam cadit, extremoque irrorat Aquarius anno.

Н

Hæ quoque non cura nobis leviore tuendæ,

Nec minor usus erit, quamvis milesia magno

tillent, en courant, cette liqueur fameuse que les bergers ont justement appelée hippomanes : poison auquel une cruelle marâtre a souvent mêlé des paroles magiques.

MAIS le temps fuit; il fuit sans retour, tandis qu'un charme secret m'égare dans l'empire de l'amour.

son,

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C'EST assez parler des grands troupeaux : nous avons maintenant à nous occuper de la brebis à la riche toide la chèvre au long poil. Objet de vos soins, ces animaux feront votre gloire, laborieux habitans des campagnes. Je le sais, il est difficile de vaincre par l'expression l'aridité de la matière, et de prêter à d'humbles sujets l'éclat de la poésie. Mais un doux penchant m'entraîne dans les solitudes et sur les hauteurs du Pinde; j'aime à me frayer, vers les sources sacrées de Castalie, des routes nouvelles. Viens donc, auguste Palès; viens soutenir ma voix.

D'ABORD, renfermées l'hiver dans des bergeries commodes, tes brebis y seront nourries d'herbe, jusqu'à ce que le printemps. ramène la verdure; étendues sur la terre, la paille et la fougère les préserveront des atteintes du froid, et des honteuses maladies qu'il peut causer, la gale et la goutte. Quant aux chèvres, ne les laisse manquer ni de feuilles d'arboisier, ni d'eau fraîche; que leur étable, exposée au soleil du midi, les défende des aquilons, quand le Verseau, déjà sur son déclin, attriste de ses pluies froides les derniers jours de l'année.

Aussi digne de nos soins que la brebis, la chèvre n'est pas moins utile. Les laines de Milet, teintes de la pour

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