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ses eaux enchaînées sous une couche de glace; l'onde supporte des chars avec leurs jantes de fer, et, là où voguaient des navires, glissent des traîneaux. L'airain même se fend; les vêtemens se roidissent sur le corps, et la hache coupe le vin; l'eau des citernes se change en un bloc de marbre; la barbe même se hérisse de glaçons. Cependant la neige ne cesse de tomber; les menus troupeaux périssent; plus grands et plus vigoureux, les bœufs restent ensevelis sous les frimas; les cerfs rassemblés et serrés les uns contre les autres, immobiles sous la masse qui les écrase, laissent à peine percer la pointe de leur bois. Pour les prendre, pas n'est besoin alors de meutes, de toiles, de filets aux plumes mobiles et éclatantes. En vain ils cherchent à écarter les montagnes qui les arrêtent, le barbare habitant de ces contrées les perce, et, fier de son triomphe, remporte à grands cris sa victime au fond de son antre. C'est là que, dans de profondes cavernes qu'ils ont creusées sous la terre, habitent tranquilles ces hordes sauvages, entassant, roulant dans d'immenses brasiers, et livrant aux flammes des chênes et des ormes tout entiers. Elles passent la nuit à jouer et s'enivrent avec délices de boissons fermentées, dont le goût acide imite le jus de la vigne. Ainsi vivent, sous la constellation de l'Ourse, des peuples sans frein et sans lois, toujours battus des vents riphéens, et vêtus seulement de la peau des bêtes fauves.

Si tu fais de la laine l'objet de tes soins, avant tout, éloigne tes brebis des buissons, des ronces et des épi

Continuoque greges villis lege mollibus albos.
Illum autem, quamvis aries sit candidus ipse,
Nigra subest udo tantum cui lingua palato,
Rejice, ne maculis infuscet vellera pullis
Nascentum, plenoque alium circumspice campo.
Munere sic niveo lanæ, si credere dignum est,
Pan deus Arcadia captam te, Luna, fefellit,
In nemora alta vocans; nec tu adspernata vocantem.

AT, cui lactis amor, cytisum lotosque frequentes
Ipse manu salsasque ferat præsepibus herbas.

Hinc et amant fluvios magis, et magis ubera tendunt,
Et salis occultum referunt in lacte saporem.

Multi jam excretos prohibent a matribus hædos,
Primaque ferratis præfigunt ora capistris.
Quod surgente die mulsere horisque diurnis,
Nocte premunt; quod jam tenebris et sole cadente,
Sub lucem exportans calathis adit oppida pastor,
Aut parco sale contingunt, hiemique reponunt.

NEC tibi cura canum fuerit postrema; sed una
Veloces Sparta catulos acremque molossum
Pasce sero pingui. Numquam custodibus illis
Nocturnum stabulis furem incursusque luporum,
Aut impacatos a tergo horrebis Iberos.
Sæpe etiam cursu timidos agitabis onagros,
Et canibus leporem, canibus venabere damas.

nes; évite aussi les gras pâturages, et que ton troupeau se distingue par la blancheur et le moelleux de sa toison. Quant au bélier lui-même, fût-il blanc comme la neige, si tu aperçois sur sa langue une tache noire, rejette-le les agneaux qui naîtraient de lui seraient marqués de cette sombre couleur; cherche-lui un successeur dans tout le troupeau. Ce fut, s'il en faut croire la fable, à la faveur d'une blanche toison, que Pan, le dieu de l'Arcadie, surprit, jeune Phébé, ton innocence, et sut t'attirer au fond des bois; docile, tu suivis la voix qui t'appelait.

PRÉFÈRES-TU le laitage; porte toi-même à tes brebis le cytise et le lotos en abondance; assaisonne de sel l'herbe que tu leur présentes dans la bergerie : le sel irrite leur soif, gonfle leurs mamelles, et donne à leur lait une saveur plus délicate. Plusieurs séparent les chevreaux de leurs mères et du troupeau, ou arment leur bouche d'une muselière hérissée de pointes de fer. Le lait qu'on a tiré le matin ou dans la journée, le soir on le met en présure; celui du soir, le berger va, dès le point du jour, le porter à la ville dans des corbeilles d'osier, ou bien l'assaisonne d'un peu de sel, et le met en réserve pour l'hiver.

Le chien ne doit pas être le dernier de tes soins. D'un LE pain pétri avec le petit-lait le plus gras, nourris et l'agile lévrier de Sparte, et le dogue vigoureux d'Épire. Avec de tels gardiens, tu ne craindras, pour tes bergeries, ni le voleur nocturne, ni le loup affamé, ni de l'Ibère perfide les soudaines attaques. Avec eux encore, tu poursuivras l'âne sauvage, tu courras et le lièvre et le daim: leurs aboiemens relanceront dans sa bauge

Sæpe volutabris pulsos silvestribus apros

Latratu turbabis agens, montesque per altos
Ingentem clamore premes ad retia cervum.
DISCE et odoratam stabulis accendere cedrum,
Galbaneoque agitare graves nidore chelydros.
Sæpe sub immotis præsepibus aut mala tactu
Vipera delituit, cœlumque exterrita fugit;
Aut tecto assuetus coluber succedere et umbræ,
Pestis acerba boum, pecorique adspergere virus,
Fovit humum. Cape saxa manu, cape robora, pastor,
Tollentemque minas et sibila colla tumentem
Dejice. Jamque fuga timidum caput abdidit alte,
Quum medii nexus extremæque agmina caudæ
Solvuntur, tardosque trahit sinus ultimus orbes.

EST etiam ille malus Calabris in saltibus anguis,
Squamea convolvens sublato pectore terga,
Atque notis longam maculosus grandibus alvum;
Qui, dum amnes ulli rumpuntur fontibus, et dum
Vere madent udo terræ ac pluvialibus austris,
Stagna colit, ripisque habitans, hic piscibus atram ·
Improbus ingluviem ranisque loquacibus explet.
Postquam exusta palus, terræque ardore dehiscunt,
Exsilit in siccum, et flammantia lumina torquens
Sævit agris, asperque siti atque exterritus æstu.
Ne mihi tum molles sub divo carpere somnos,
Neu dorso nemoris libeat jacuisse per herbas!

le sanglier; ou bien, en le poursuivant à grands cris de montagne en montagne, ils précipiteront dans tes filets le cerf timide.

N'OUBLIE pas non plus de purifier tes étables en y brûlant du bois de cèdre, et d'en chasser les reptiles impurs par l'odeur du galbanum. Souvent, sous la crèche immobile, la perfide vipère se cache, loin du jour qu'elle redoute; souvent la couleuvre, accoutumée à rechercher l'ombre et la solitude de nos toits, se glisse dans nos étables, pour y infecter, de son venin, les grands et les petits troupeaux. Saisis une pierre; arme-toi de gros bâtons, et, quand le monstre se dresse menaçant, et le cou gonflé de poisons, frappe : déjà il a fui, déjà il caché bien avant sa tête dans son repaire; mais les derniers anneaux de son corps mutilé sont brisés, et se traînent lentement après lui.

IL est dans les pâturages de la Calabre un reptile non moins dangereux. Levant fièrement sa tête, ce monstre déroule en replis ondoyans son dos brillant d'écailles, et son ventre énorme nuancé de mille couleurs. Tant que les sources coulent abondantes, tant que le printemps et les pluies qu'il amène entretiennent l'humidité de la terre, il habite les lacs et le bord des fleuves. Là, son insatiable ventre engloutit les poissons et les grenouilles coassantes. Les marais sont-ils desséchés, la terre fendue par une chaleur excessive; il s'élance dans la plaine, et, roulant avec fureur des yeux enflammés, il parcourt les campagnes, terrible de soif, et aigri par un soleil brûlant. Me préservent les dieux de me livrer, en plein air, au doux sommeil, où de m'étendre sur l'herbe à l'ombre d'une forêt, lorsque, fier

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