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deux fois, de la munificence d'Auguste, une distribution de pain très-suffisante; ni son talent pour distinguer les différentes races de chiens, ce qui lui attira de la part d'Auguste une nouvelle et ample gratification de pain. Dirons-nous aussi en Virgile cette autre divination plus rare et plus difficile, qui dissipa les doutes qu'Auguste avait conçus sur la légitimité de sa naissance? Était-il véritablement fils d'Octave 2? voilà ce qui inquiétait Auguste; et il pensa que Virgile, si habile et si heureux dans ses autres conjectures, ne le serait pas moins en cette grave question; mais Virgile sut, par une adroite plaisanterie, éviter ce qu'il y avait, dans la réponse, d'embarrassant et pour l'empereur et pour lui. Nous ne rechercherons pas non plus si Virgile était fils d'un potier nommé Maron, ou si ce Maron fut valet d'un certain Magius, huissier, qui devint son beaupère, faveur qu'il accorda à Maron avec le soin de ses troupeaux, et l'administration des biens qu'il avait à la campagne, comme une récompense des bonnes quali

1. Quum item ex Hispania Augusto canes dono mitterentur, et parentes eorum dixit Virgilius, et animum celeritatemque futuram. Quo cognito, mandat iterum augmentari Virgilio panes.

2. Dubitavit Augustus Octaviine filius esset an alterius; idque Maronem aperire posse arbitratus est, quia canum et equi naturam parentesque cognorat...... At ille (Virgilius): Quantum ego rem intelligere possum, pistoris filius es, inquit.......... Audi quo pacto id conjicio. Quum quædam enuntiaverim prædixerimque, quæ intelligi scirique non nisi ab eruditissimis summisque viris potuissent, tu, princeps orbis, iterum et iterum panes in mercedem dari jussisti; quod quidem aut pistoris, aut nati pistore officium erat.

tés qu'il reconnaissait en lui; ou encore, si ce Magius, Majus ou Magus, n'était pas le père même de Virgile; ou enfin, si le père, nommé tantôt Virgilius, tantôt Maro, n'était pas Grec et compagnon d'un astronome ambulant, qui allait exerçant la médecine ou plutôt l'astrologie, sciences alors inséparables, et pratiquées par un grand nombre de Grecs 2. Nous ne prendrons de ces fables que ce qui peut nous éclairer sur les impressions et la nature du poète, et de la vie de Virgile, que ce qui peut répandre un jour nouveau sur le développement de son génie.

Ainsi, dans ces prétendues prophéties de Virgile, dans cette double science de vétérinaire et de généalogiste, on aperçoit, en quelque sorte, le secret de ces fortes études et de si bonne heure commencées, qui le préparèrent à cette précision de détails, à cette justesse de pensées, qui font des Géorgiques un cours complet des connaissances nécessaires à l'agriculteur, de celles du moins que l'on possédait alors.

1. Publius Virgilius Maro parentibus modicis fuit, et præcipue patre Marone quem quidam opificem figulum, plures Magi cujusdam viatoris initio mercenarium, mox ob industriam generum, tradiderunt: quem quum agricolationi reique rusticæ et gregibus præfecisset socer, silvis coemundis et apibus curandis reculam auxit.

2. Conjecture qui, dit-on, serait appuyée par le nom même de Maro, qui permettrait de croire Virgile issu de l'un des compagnons de Léonidas; attendu que, parmi les trois cents Spartiates qui se sacrifièrent au passage des Thermopyles, on en compte un fort célèbre, qui portait le même nom que le père de Virgile*.

LANGEAC, Précis historique sur Virgile, 10-11.

Z.

- Du reste, les études naturelles et scientifiques de Virgile nous sont attestées mieux que par ces fables populaires.

A quinze ans, après avoir pris la robe virile, Virgile va de Crémone à Milan, et de là bientôt à Naples, où il étudie les lettres grecques et latines 1, la médecine et les mathématiques, avec ardeur et opiniâtreté. Naples était alors célèbre par ses écoles et par ses maîtres; la philosophie et les belles-lettres y brillaient d'un vif éclat. C'est là que Virgile passa une douce et obscure jeunesse, se préparant par l'étude et la réflexion à soutenir ces inspirations du génie poétique, qui déjà sans doute s'éveillaient en lui, dans cette vie de solitude et de calme; souvenirs touchans de sa jeunesse, qu'il a consacrés à la fin des Géorgiques :

Illo Virgilium me tempore dulcis alebat
Parthenope, studiis florentem ignobilis otî.

Suivant les conjectures des anciens grammairiens et des savans, Virgile aurait étudié la littérature grecque sous Parthenius, lui-même poète distingué, et auteur d'un recueil de petites historiettes d'amour que nous avons encore; et même de ce Moretum, dont la traduction latine peut avoir exercé la jeunesse de Virgile 2.

On pense aussi que le voisinage de Marseille, qui alors conservait, avec la pureté des traditions de la Grèce,

1. Decimo septimo anno virilem togam cepit... Cremona Medio lanum, et inde paulo post Neapolim transiit; ubi quum litteris et græcis et latinis vehementissimam operam dedisset, tandem omni cura omnique studio indulsit medicinæ et mathematicis.

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le goût des études et l'harmonieux langage qu'elle en avait apportés, ne fut pas sans influence sur Virgile. Ainsi, son imagination se fécondait sous le souffle doublement inspirateur de Naples et de la Grèce, tandis que les sciences physiques et mathématiques donnaient à sa pensée cette netteté, cette justesse d'expression, cet ordre dans la conduite dés sujets, qui sont le mérite particulier de son génie. La philosophie joignait à ces études ses hauts enseignemens; Virgile les reçut à l'école de Scyron, de la secte d'Épicure, dont Cicéron cite deux fois l'autorité 1, et à qui Virgile adressa, plus tard, pour lui demander de sauver son père et sa famille des fureurs qu'exerçaient les soldats d'Octave, cette pièce de vers :

Villula, quæ Scyronis eras, et pauper agelle,

Verum illi domino, tu quoque divitiæ;

Me tibi, et hos una mecum, et quos semper amavi,
Si quid de patria tristius audiero,

Commendo, imprimisque patrem; tu nunc eris illi,
Mantua quod fuerat, quodque Cremona prius.

D'autres lui donnent pour maître un certain Catius l'Insubrien, cité par Cicéron 2 et par Horace 3.

C'est peut-être à cette étude de la doctrine d'Épicure, répandue et popularisée dans Rome par le poëme de Lucrèce, que Virgile dut ce goût pour les sciences naturelles, qui ne l'abandonna jamais; goût qu'il a exprimé

I. CICERON, Academ., 11,: 33.

2. De Divinatione, xv, p. 16-19.

3. Sat. 11, 4.

dans ces vers qui semblent en lui un regret de n'avoir pu suivre cette première pente de son génie, ces douces études de sa jeunesse :

Me vero primum dulces ante omnia Musæ,
Quarum sacra fero ingenti percussus amore,
Accipiant, cœlique vias et sidera monstrent,
Defectus solis varios, lunæque labores;

Unde tremor terris; qua vi maria alta tumescant
Objicibus ruptis, rursusque in se ipsa residant;
Quid tantum Oceano properent se tingere soles
Hiberni, vel quæ tardis mora noctibus obstet.
Sin, has ne possim naturæ accedere partes,
Frigidus obstiterit circum præcordia sanguis,
Rura mihi et rigui placeant in vallibus amnes;
Flumina amem silvasque inglorius.

Virgile a voulu, j'imagine, consigner encore ces regrets, et cette vocation qui le portait à étudier et à peindre les secrets, les beautés et les magnificences de la nature, dans l'églogue de Silène, où il résume avec une si heureuse concision, une clarté si vive et si nette, le système de la création du monde, développé par Lucrèce. Ainsi, la première inspiration de Virgile eût été pour les sciences. Mais ces études ne furent pas perdues l'instruction du jeune homme profita au poète.

Après avoir terminé ses études à Naples, Virgile, tout, du moins, et surtout les vers adressés à Scyron, porte à le croire, fit à Rome un premier voyage. Là, partagé entre les études et les succès du barreau, chercha long-temps sa destinée, ou plutôt l'heureux accident qui devait produire au grand jour le génie qui

il

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