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contre la Religion les blasphêmes et les sophisures, la séduction et la violence, les promesses et les menaces, les outrages et les flatteries, les récompenses et les peines, les chaînes et les tortures.

Mais il y a entre cette persécution et celle des autres tems, plusieurs differences qui lui impriment des caractères plus odieux et plus alarmans.

1o. Les anciens persécuteurs attaquoient ouvertément la Religion : les persécuteurs de nos jours ont commencé par affecter le zèle pour le Catholicisme en le détruisant; ils ont vanté, publié la liberté de tous les Cultes en les abolissant tous; et forcés de céder à l'empire des sentimens religieux par les conditions qu'ils mettent à l'exercice des Cultes qu'ils tolèrent, ils semblent vouloir exclure le seul véritable.

2o. Dans les siècles passés, da persécution ne s'exerçoit qu'au nomi et par les satellites des tyrans : celle de nos jours s'exerce arbitrairement par tous les ennemis de la Religion; on en a fait une affaire d'Etat, de patriotisme, d'intérêt personnel; on a excité, enflammé toutes les passions contre les Ministres de la Religion; on a cherché à les rendre odieux par les intrigues de l'envie et par les forfaits de la calomnie; on a intimidé leurs parens, leurs amis, leurs défenseurs; on a excité contre les Pasteurs les soupçons, les murmures la haine et la persécution même de leurs ouailles; on leur a défendu tout asyle; on les a abandonnés aux vexations, aux fureurs et à la barbarie du crime et de l'impiété.

3.o Les persécutions des siècles précédens furent excitées par de fausses Religions armées contre la vraie de nos jours, chose inouie, c'est une insurrection de l'impiété contre toute Religion. Elle s'est attachée d'abord à la Religion catholique, comme à la principale, à la plus puissante, à la Religion dominante, à la seule vraie Religion; elle a ensuite développé ses projets contre le Christianisme

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contre toute Religion révélée, même contre la Religion naturelle, et elle a fait entendre les horribles blasphemes de l'athéisme. Il n'y auroit bientôt plus de Religion sur la terre, si elle venoit à réussir dans ses attentats.

D. Comment prouvez vous que la persécution de nos jours tend à établir le triomphe de l'impiété sur les ruines de toute Religion ?

R. Je le prouve par les causes et les effets de cette persécution. Il est bien évident qu'elle n'a pas été seulement produite par quelques hérésies ou par quelques passions particulières; mais qu'elle a été enfantée et qu'elle est dirigée par la prétendue Philosophie du siècle qui a suscité toutes les erreurs et soulevé toutes les passions contre la Religion pour la détruire jusques dans ses fondemens.

Depuis long-tems on connoissoit les projets de l'impie Philosophie. Ce n'est pas à la Religion catholique seulement qu'elle en vouloit, elle lançoit ses traits et dirigeoit ses attaques contre le Christianisme et contre toute Religion. L'époque de la Révolution française lui a paru devoir être celle de son triomphe, et elle a déployé tous ses efforts pour la faire servir à l'exécution de ses pernicieux desseins.

Elle a débuté par l'apothéose des deux plus fameux impies de ce siècle, J. J. Rousseau et · Voltaire; elle a prêché l'irréligion à la tribune de l'Assemblée nationale, de la seconde Législature et sur-tout de la Convention; elle a couvert et souillé la surface de la France de Proclamations 9 d'Arrêtés et d'écrits irréligieux; aujourd'hui enfin se montrant par tout à découvert, elle se fait gloire de ses funestes triomphes, et fait retentir ses blasphêmes sur les théâtres et dans les places publiques; elle insulte à Jésus-Christ et à son Evangile, comme à l'Eglise et à ses enseignemens; elle tourne en dérision la prière et l'invocation de Dieu, comme la Confession et la Messe; elle ne supporte et n'épargne aucun acte, aucune expression de sen

timent religieux; elle donne le ton dans le public, force la Religion à l'obscurité et au silence, et si elle tolère encore l'exercice de quelque Culte, c'est en haine d'un seul, c'est uniquement par politique et pour ne pas trop brusquer la destruction de tous.

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De la marche et du but de l'impiété dans la persécution présente de l'Eglise.

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D. EST ST-IL certain que la Philosophie moderne ait formé le projet de détruire toute Religion? R. Cela est démontré par ses funestes productions qui présentent à découvert le monstrueux systéme d'une impiété absolue; par l'aveu, les jactances de ses plus fameux Ecrivains; par l'état d'irréligion totale où aboutissent ceux qui se vantent de saisir son esprit et de suivre ses leçons; par le jugement qu'en ont porté tant de fois les Cours souveraines de Magistrature, en proscrivant ses pernicieux écrits (*); enfin par les preuves multipliées que nous en trouvons dans toutes les apo logies modernes de la Religion.

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D. La Philosophie moderne a-t elle d'abord développé ses funestes projets contre la Religion?

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(1)» Qu'il est sensible à la Religion de voir sortir de son » sein une sorte de prétendus Philosophes qui, par l'abus de l'esprit le plus capable de dégrader l'humanité, imagine » le projet insensé de détruire les premières vérités gravéės » dans nos cœurs par la main du Créateur, d'abolir son Culte » et ses Ministres, et d'établir enfin le Déisme et le Matéria»lisme «. M. Joli de Fleury, premier Avocat-Général aw Parl. de Paris, dans son Réquisitoire contre l'Encyclopédie,

R. Non, elle se couvrit d'abord du masque de l'hypocrisie; elle affecta un grand zèle pour éclairer les hommes, pour les rendre meilleurs et heureux; elle fit par-tout retentir les beaux noms d'humanité, de bienfaisance, de philantropie, de lumières, de raison, de sagesse, et se décerna à elle même celui de Philosophie.

Produite sous ces apparences séduisantes, elle voulut persuader que ses lumières, ses motifs suffisoient aux hommes pour leur bonheur; aux sociétés pour leur prospérité; aux gouvernemens pour leur stabilité et leur puissance. Pour moins révolter elle étaya ses paradoxes de la sanction de la loi naturelle; elle profita deslumières de la Révélation pour développer les dogmes et les préceptes de la Religion naturelle; elle exagéra les lumières, les bienfaits et la puissance de celle-ci pour les tourner contre la Religion révélée qui en étoit la source et la protectrice; elle prétendit que la Religion naturelle étoit la seule nécessaire, la seule utile, et s'efforça d'isoler la Religion chrétienne, de séparer de ses intérêts les intérêts de la société civile, de la faire regarder comme inutile, comme un horsd'oeuvre parmi les hommes; bientôt elle la représenta comme triste et génante, comme un joug insupportable, comme un obstacle au bonheur des hommes et à la prospérité des Empires; elle l'attaqua ensuite ouvertement en raillant ses cérémonies et ses pratiques, en dénaturant sa doctrine, en blasphemant ses mystères, en s'efforçant de décrier, d'avilir et de rendre odieux ses Ministres par la critique exagérée des abus, par les noirceurs de la calomnie, par tout ce qui pouvoit soulever contr'eux l'orgueil, l'envie et la cupidité. dans ses per

La prétendue Philosophie avoit eu, fides manoeuvres, de funestes succès. Elle avoit fait illusion par ses fausses lumières, par les арраrences trompeuses qui voiloient ses projets, par les charmes du style et l'abus des talens; elle avoit

intéressé toutes les passions, favorisé tous les vices, flatté tous les états. Elle parvint à séduire; elle s'arrogea l'empire de l'opinion, et rangea de son côté les esprits légers et orgueilleux; elle employa, avec toute l'injustice de la passion, l'arme du ridicule, si redoutable et si puissant dans un siècle vain et superficiel; elle triompha dans les sociétés des prétendus beaux esprits, dans les académies et sur les théâtres, elle régna au milieu dn luxe, du faste et de l'abondance; elle s'empara des emplois et des dignités, et se fit encenser, adorer, jusqu'aux pieds du Trône dont elle sappoit les fondemens.

Enivrée de ses succès et fière de ses triomphes, la prétendue Philosophie dévoila ses projets, et ne garda plus de mesure; elle rejetta la Religion naturelle comme elle avoit rejetté la Religion révélée; elle déclara n'avoir soutenu l'une que pour combattre l'autre; elle attaqua les défenseurs de la Religion naturelle presque avec la même fureur qu'elle avoit attaqué les défenscurs de la Religion chrétienne; elle représenta toute Religion comme un préjugé, une erreur inutile, un fanatisme nuisible au bonheur de l'homme et à la paix de la société; elle mit au jour ce système monstrueux de matérialisme et d'athéisme qu'elle adopta pour son code, qu'elle a ensuite constamment soutenu, développé, enseigné dans ses écrits et ses conventicules, et qu'elle s'efforce de nos jours de réduire en pratique, et d'établir sur les ruines de tous les cultes.

La Philosophie nous aretracé, dans le cours de la Révolution française, la marche qu'elle avoit tenue pour arriver à cette grande époque de ses forfaits. D'abord elle a attaqué la Religion catholique, ensuite le Christianisme, et enfin toutes les Religions.

D. Comment la Philosophie a t-elle attaqué la Religion catholique dans le cours de la Révolution française ?

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