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flanquant, au lieu de faire résider leur force dans leur propre construction. Un nouveau moyen de destruction rapide des remparts était appliqué au commencement du xvre siècle : après avoir miné le dessous des revêtements des défenses comme on le faisait de temps immémorial, au lieu de les étançonner par des potelets auxquels on mettait le feu, on établissait des fourneaux chargés de poudre à canon, et on faisait sauter ainsi des portions considérables des terrassements et revêtements. Ce terrible expédient déjà pratiqué dans les guerres d'Italie, outre qu'il ouvrait de larges brèches aux assaillants, avait pour effet de démoraliser les garnisons. Cependant on avisa bientôt au moyen de prévenir ces travaux des assiégeants; dans les places où les fossés étaient secs on pratiqua derrière les revêtements des remparts des galeries voùtées, qui permettaient aux défenseurs de s'opposer aux placements des fourneaux de mine (73 bis) ', ou de distance en distance on creusa des puits permanents dans le terre-plein des bastions, pour de là pousser des rameaux de contre-mine au moment du siége, et lorsque l'on était parvenu à reconnaître la direction des galeries des mineurs ennemis, direction qui était indiquée par une observation attentive, au fond de ces

terre plein

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puits, du bruit causé par la sape. Quelquefois encore des galeries de contre-mine furent pratiquées sous le chemin couvert ou sous le glacis, mais il ne parait guère que ce dernier moyen ait été appliqué d'une manière régulière avant l'adoption du système de la fortification moderne.

Ce ne fut que peu à peu et à la suite de nombreux tâtonnements qu'on put arriver à des formules dans la construction des ouvrages de défenses. Pendant le cours du xvre siècle on trouve à peu près en germes les divers systèmes adoptés depuis, mais la méthode générale fait défaut; l'unité du pouvoir monarchique pouvait seule conduire à des résultats définitifs : aussi est-il curieux d'observer comme l'art de la fortification appliqué à l'artillerie à

1 Della fortif. delle città di M. Girol. Maggi, e del cap. Jacom. Castriotto ingeniero del christo. re di Francia, 4583.

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feu suit pas à pas les progrès de la prépondérance royale sur le pouvoir féodal. Ce n'est qu'au commencement du xvII° siècle, après les guerres religieuses sous Henri IV et Louis XIII, que les travaux de fortification des places sont tracés d'après des lois fixes, basées sur une longue observation; qu'ils abandonnent définitivement les derniers restes des anciennes traditions pour adopter des formules établies sur des calculs nouveaux. Dès lors les ingénieurs ne cessèrent de chercher la solution de ce problème Voir l'assiégeant sans être vu, en se ménageant des feux croisés et défilés. Cette solution exacte rendrait une place parfaite et imprenable; elle est, nous le croyons du moins, encore à trouver. Nous ne pourrions, sans entrer dans de longs détails qui sortiraient de notre sujet, décrire les tentatives qui furent faites depuis le commencement du XVIIe siècle pour conduire l'art de la fortification au point où l'a laissé Vauban. Nous donnerons seulement, pour faire entrevoir les nouveaux principes sur lesquels les ingénieurs modernes allaient établir leurs systèmes, la première figure du Traité du chevalier De Ville'. « L'exagone, dit cet auteur, est la première figure qu'on peut « fortifier, le bastion demeurant angle droit; c'est pourquoi nous com« mencerons par celle-là, de laquelle ayant donné la méthode, on s'en « servira en même façon pour toutes les autres figures régulières......... (74).

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« On construira premièrement une figure régulière, c'est-à-dire, ayant les « costez et les angles égaux; d'autant de costés qu'on voudra que la « figure ait des bastions.... Dans cette figure nous avons mis la moitié

1 Les fortifications du chevalier Antoine De Ville. 4640. Chap. vi.

« d'un exagône, auquel ayant montré comme il faut faire un bastion, on «fera de même sur tous les autres angles. Soit l'angle R H L de l'exagone « sur lequel il faut faire un bastion. On divisera un des côtés H L en trois « parties égales, et chacune d'elles en deux, qui soient HF et HQde l'autre..., «< qui seront les demi-gorges des bastions; et sur les points F et Q soient « élevés perpendiculairement les flancs FE, QM égaux aux demi-gorges; « d'une extrémité de flanc à l'autre soit mené E M, soit prolongé le demi« diamètre SH..., et soit fait IA égal à IE; après soit mené A E, A M qui «feront le bastion QMAEF rectangle, et prendra autant de défense de «la courtine qui se peut, laquelle on cognoitra où elle commence si on «prolonge les faces A E, A M, jusqu'à ce qu'elles rencontrent icelle « courtine en B et en K, la ligne de défense sera A C....

་་

«On remarquera que cette méthode ne peut servir aux places de moins <«< de six bastions, parce que les flancs et les gorges demeurant de juste grandeur, le bastion vient angle aigu. Quant aux autres parties on fera «la largeur du fossé ou contre-escarpe V X, X Z parallèle à la face du « bastion, à la largeur distante d'icelle autant que le flanc est long.... » De Ville admet les orillons ou épaules aux flancs des bastions, mais il préfère les orillons rectangulaires aux circulaires. Il joint au plan (74) le profil de la fortification (74 bis).

« Soit menée à plaisir, ajoute de Ville, la ligne CV, et sur icelle soit pris « CD, cinq pas, sur le point D, soit eslevée la perpendiculaire DF, égale à « CD, et soit tiré CF, qui sera la montée du rempart : du point F, soit « mené FG, de quinze pas, parallèle à C V, et sur le point G soit eslevé <«<GH d'un pas, et soit mené FH, qui sera le plan du rempart avec sa «pente vers la place. HI sera fait de quatre pieds, et G L sera de cinq pas « l'époisseur du parapet, K L sera tracé verticalement, mais K doit estre « deux pas plus haussé que la ligne CV; après sera mené K N, le talus du « parapet, NY le chemin des rondes sera d'environ deux pas, et M moins «de demi pas d'epesseur dont sa hauteur M Y sera de sept ou huit pieds; « par après M P soit menée perpendiculaire sur CV, de façon qu'elle «soit de cinq pas au-dessous de 0; c'est-à-dire au-dessous du niveau de « la campagne, qui est la profondeur du fossé. PQ est le talus de la « muraille qui doit estre d'un pas et demi, et O sera le cordon un peu <«< plus haut que l'esplanade: la largeur du fossé QR aux grandes places « sera de vingt-six pas, aux autres vingt et un pas; RS soit de deux pas <«<et demi, le talus de la contrescarpe, sa hauteur S T cinq pas; le cor« ridor (chemin couvert) T V qui sera sur la ligne C V aura de largeur cinq à six pas, l'esplanade (le glacis) sera haute par-dessus le corridor d'un « pas et demi V X, et laquelle s'ira perdant à quinze ou vingt pas en la « campagne.... et sera fait le profil: desquels il y en a de diverses sortes...; « les pas s'entendent de cinq pieds de roy.......... »

De Ville recommande les fausses braies en avant du rempart comme donnant beaucoup de force aux places, en ce qu'étant masquées par le profil du chemin couvert, elles retardent l'établissement des batteries de

brèche et battent le débouchement des boyaux de tranchée dans le fossé: il les fait en terre (75) et ainsi que l'indique le profil, en A.

Il en était alors de la fortification comme de toutes les autres branches de l'art de l'architecture: on se passionnait pour les formules, chaque ingé

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nieur apportait son système; et si nous avons parlé du chevalier de Ville c'est que ses méthodes sont pratiques, et résultent de l'expérience. Mais Vauban reconnut que les bastions construits par les ingénieurs qui l'avaient précédé étaient trop petits, leurs flancs trop courts et faibles, les demigorges trop étroites, les fossés mal alignés, et les chemins couverts d'une trop faible largeur, les places d'armes petites, et les ouvrages extérieurs insuffisants. C'est à lui et à M. de Coehorn que l'on dut des systèmes de fortification bien supérieurs à ceux qui les ont précédés. Toutefois, de l'aveu même de ces deux hommes célèbres, et malgré leurs efforts, l'attaque resta supérieure à la défense.

ARCHITRAVE, s. f. Ce mot, qui désigne le premier membre de l'entablement antique, ne trouvait pas son emploi du x au xvIe siècle, puisque alors on avait abandonné la plate-bande posant sur des colonnes; celles-ci n'étant plus destinées à porter que des arcs. Si dans quelques cas particuliers, pendant le moyen âge, des plates-bandes sont posées d'une colonne à l'autre, on doit plutôt les regarder comme des linteaux que comme des architraves (Voy. LINTEAU), car l'architrave demande, pour conserver son nom, la superposition de la frise et de la corniche. En effet, architrave signifie proprement maitresse poutre, et dans l'entablement antique c'est elle qui porte les autres membres de l'entablement. C'est à l'époque de la Renaissance que l'on retrouve l'architrave employée avec les ordres antiques, et ses proportions sont alors, par rapport au diamètre de la colonne, très-variables (voy. ENTABLEMENT). L'architrave antique est formée d'une seule pièce d'une colonne à l'autre. Il n'y a pas d'exception à cette règle dans l'architecture grecque ; si déjà les Romains ont appareillé des architraves en claveaux, c'est une fausse application du principe de l'entablement antique. Lorsque l'on rencontre des architraves dans les ordres appartenant à l'architecture de la Renaissance, elles sont généralement, de même que pendant la bonne antiquité, formées d'un seul morceau de pierre. Ce n'est guère que vers la moitié du xvre siècle que l'on eut l'idée d'appareiller les architraves; et plus tard encore, quand la manie de copier les formes de l'architecture antique

s'empara des architectes, sans avoir égard aux principes de la construction de cette architecture, on appareilla ensemble l'architrave et la frise, en faisant passer les coupes des claveaux à travers ces deux membres de l'entablement c'était un grossier contre-sens qui s'est perpétué jusqu'à nos jours.

ARDOISE, s. f. (Schiste lamelleux.) Dans les contrées où le schiste est facile à exploiter on s'en est servi de tous temps, soit pour daller les intérieurs des habitations, soit pour les couvrir, ou pour clore des champs. La ténacité de cette matière, sa résistance, la facilité avec laquelle elle se délite en lames minces, ont dû nécessairement engager les constructeurs à l'employer. On a utilisé cette matière aussi comme moellon. L'Anjou, quelques parties des Pyrénées, les Ardennes ont conservé de très-anciennes constructions bâties en schiste qui ont parfaitement résisté à l'action du temps. Mais c'est principalement pour couvrir les charpentes que les ardoises ont été employées. Il paraîtrait que dès le xre siècle, dans les contrées schisteuses, on employait l'ardoise concurremment avec la tuile creuse ou plate. Dans des constructions de cette époque nous avons retrouvé de nombreux fragments de grandes ardoises' très-épaisses et mal coupées, mais n'en constituant pas moins une excellente couverture. Toutefois, tant qu'on ne trouva pas les moyens d'exploiter l'ardoise en grand, de la déliter et de la couper régulièrement, on dut préférer la tuile qui, faite avec soin, couverte d'émaux de différentes couleurs, était d'un aspect beaucoup plus riche et monumental. Les ardoises n'étaient guère employées que pour les constructions vulgaires, et comme on les emploie encore aujourd'hui dans les monts d'Or, dans la montagne Noire, et dans les Ardennes. Ce ne fut guère que vers la fin du XIIe siècle que l'ardoise devint d'un emploi général dans le nord et l'ouest de la France. Des palais, des maisons de riches bourgeois, des églises même étaient déjà couvertes en ardoises. L'adoption des combles coniques pour les tours des châteaux rendait l'emploi de l'ardoise obligatoire, car on ne pouvait convenablement couvrir un comble conique avec de la tuile, à moins de la faire fabriquer exprès et de diverses largeurs, tandis que l'ardoise, pouvant se tailler facilement, permettait de chevaucher toujours les joints de chaque rang d'une couverture conique. Lorsque les couvertures coniques étaient d'un très-petit diamètre, sur les tourelles des escaliers, par exemple, afin d'éviter les cornes saillantes que des ardoises plates n'eussent pas manqué de laisser voir sur une surface curviligne convexe, on taillait leur extrémité inférieure en forme d'écaille, et on avait le soin de les tenir très-étroites pour qu'elles pussent mieux s'appliquer sur la surface courbe (1); et comme chaque rang, en diminuant de diamètre, devait diminuer le nombre des ardoises qui le composaient, on arrêtait souvent de distance en distance le système des rangs d'écailles par un rang droit, et on repre

1 Les voûtes de l'ancienne cathédrale de Carcassonne (Saint-Nazaire) étaient, dans l'origine, couvertes de grandes ardoises provenant de la montagne Noire.

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