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tiens, il s'agit de les mettre en mesure de se décider.

Je prends donc les rapports écrits par les fondateurs de Kaiserswerth, de Duisburg et du Rauhe Haus; je les prends d'un peu loin, faisant à mesure les réflexions que me suggère la marche de l'œuvre, suivant sans interruption les comptes rendus pour Kaiserswerth, les analysant d'une façon plus sommaire pour Duisburg et pour le Rauhe Haus.

De la sorte le lecteur verra de ses yeux et jugera par lui-même.

Avant tout, donnons un extrait des statuts de Kaiserswerth.

On y remarquera les trois grands principes monastiques qui se trouvent à la base des congrégations de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la Suisse et de la France le célibat, l'obéissance conventuelle, le renoncement au salaire.

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Article V. On ne reçoit à la vocation de sœur que des filles et des veuves ayant plus de dix-huit ans et moins de quarante. — Voilà pour le célibat.

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Article VI. Le temps d'épreuve une fois écoulé, les diaconesses reçues s'engagent pour cinq ans. Les mineures pour un an, avec renouvellement annuel. Les unes et les autres servent dans l'établissement ou au dehors, soumises aux décisions du conseil. Elles ne peuvent quitter l'institution avant la fin de leur engagement, à moins de motifs très graves, reconnus els par la direction. - La prolongation du temps de service,

1 Onzième rapport de Kaiserswerth.

2 C'est l'auteur qui souligne à peu près partout. La traduction est toujours libre bien que toujours exacte.

les dispositions qui en résultent se règlent avec la direction au moyen de conventions particulières. — Voilà, et pour le célibat encore dans ses conditions les plus nettes, et pour l'obéissance conventuelle sous sa forme la plus incisive.

Ces documents se complètent par l'article VII, qui, revenant sur l'article VI, répète que les diaconesses sont engagées pour cinq ans, ou pour un temps prolongé en vertu de contrats spéciaux; qu'elles sont employées à divers travaux, dans divers pays; que la direction arrête les conditions de leur position auprès des particuliers ou dans les établissements qui les réclament, et que les sœurs envoyées hors de la maison mère, restent assujetties à l'autorité de la direction. Les mêmes articles sous-entendent la gratuité du service des diaconesses établie partout dans les rapports, et leur assurent en échange l'entretien leur vie durant. Voilà pour le renoncement au salaire.

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J'ai laissé de côté l'article Ier qui essaye d'assimiler les sœurs aux diaconesses évangéliques, point sur lequel je vais revenir avec M. Fliedner, et je termine en signalant l'article X, qui nous donne la composition du conseil de direction. On y voit des hommes respectables, entre autres les présidents, les assesseurs des deux synodes du Rhin et de la Westphalie; mais ici, comme dans les institutions pareilles, le conseil dirige de haut, tandis que l'autorité pratique, quotidienne, celle qui prend vraiment possession de la vie et des facultés de la sœur, est exercée par un supérieur ou par une supérieure. A Kaiserswerth la supérieure n'a pas été établie dès le début, son entrée signale un des progrès de l'œuvre dans sa voie; nous la marquerons à son heure.

Maintenant, et tandis que nous sommes encore aux abords de la place, il me semble à propos de laisser

M. Fliedner lui-même nous dire ce qu'est une sœur à ses yeux. Les rapports de Kaiserswerth nous le révèleront sans doute, mais je trouve sa pensée plus ingénument exprimée dans une brochure publiée naguère1 Pour bien comprendre le caractère de l'institution, il faut se placer au point de vue du fondateur.

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Dans le discours prononcé le 8 juillet 1844 pour la consécration de sept diaconesses, M. Fliedner, que les textes de l'Evangile et que l'exemple des Eglises apostoliques inquiètent à son insu, s'efforce de confondre les sœurs de Kaiserswerth avec les diaconesses mentionnées par saint Paul. L'usurpation du nom suffit aux esprits passionnés pour unir des idées entièrement différentes Semblables aux sept diacres de Jérusalem, s'écrie-t-il, semblables à la diaconesse Phœbé, voici Elisabeth, Sophie, Louise, etc. (sans nom de famille), et il les présente à l'assemblée. En quoi ces sœurs, vouées à un célibat de cinq années au moins, assujetties a une autorité conventuelle, renonçant au salaire évangélique, ressemblent aux diacres institués par les apotres et à Phœbé; M. Fliedner serait embarrassé de nous l'apprendre; aussi il ne s'y arrête pas, et confondant, comme le veut la tradition romaine, les veuves de soixante ans assistées dont parle saint Paul dans sa première épître à Timothée, avec les diaconesses, fortes et vaillantes servantes de l'Eglise; mêlant celles-ci avec les diaconesses de Constantinople, alors que cette institution avait dégénéré comme toutes les autres, il fait de ces éléments opposés un ensemble confus duquel il rapproche les sœurs de Kaiserswerth. Voilà une affaire en règle; Phoebé se nommait diaconesse, nous appelons nos sœurs diaconesses, il y avait quarante diaconesses

1 Consécration des diaconesses et discours pour l'ensevelissement d'une diaconesse.

à Constantinople, saint Paul ordonnait à l'Eglise de soutenir ses veuves âgées : donc nos sœurs sont diaconesses comme les quarante de Constantinople, comme les veuves, comme Phœbé, et notre institution est une institution évangélique.

Ce point arrêté, M. Fliedner, qui veut montrer dans tout son sérieux la vocation de sœur afin qu'elle effraye et retienne loin de l'établissement les êtres mercenaires; M. Fliedner déclare aux sept novices bientôt consacrées que, triplement assujetties au service de JésusChrist, elles ne seront pas seulement engagées comme tout chrétien à vivre pour l'honneur de leur Maître, mais qu'elles ont fait leur vocation particulière de le servir dans la personne des pauvres, des malades, et qu'en conséquence elles doivent d'autant plus mourir aux choses de la terre. Elles ne chercheront pas un riche salaire terrestre; la nourriture et le vêtement, voilà ce qui leur suffit. — Vocation exclusive, quintescence de la consécration chrétienne, mépris des conditions normales où s'exerce le service de Dieu, raffinements qu'on chercherait en vain dans la Bible mais qu'on trouve à l'entrée de tous les édifices monastiques.

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L'idée d'un dévouement extraordinaire crée nécessairement l'idée d'un état supérieur. « Quel honneur vous appartient! poursuit M. Fliedner; c'est au Seigneur des seigneurs que vous vous consacrez comme ses servantes. » Les autres chrétiens se consacrent, oui, sans doute, dans une certaine mesure, comme la masse des croyants, c'est la plèbe. Mais la sour! Par une humilité plus effective, par un abandon plus absolu d'ellemême, par ce fait qu'elle donne à Dieu des choses qu'Il ne lui avait point demandées, elle s'élève souverainement. Celle-là est par excellence la servante de Jésus, à celle-là un honneur à part, et pour qu'elle ne s'y

trompe pas, on le lui répétera à satiété tout en l'exhortant sincèrement à s'abaisser dans sa propre pensée; on lui répétera vivante, qu'elle est la fille de Sion, morte qu'elle est un des cent quarante-quatre immaculés qui suivent le Seigneur Jésus quelque part qu'il aille.

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J'ai lu beaucoup de statuts monastiques, j'ai lu beaucoup de définitions de la sainte vie conventuelle, partout j'ai vu ce que je vois ici la distinction entre le dévouement vulgaire des chrétiens, simples rachetés de Christ, et le dévouement surnaturel des chrétiens appelés à mener la vie parfaite.

L'heure de la consécration a sonné; M. Fliedner rappelle aux sept novices que, comme servantes chrétiennes, elles doivent à la direction une obéissance filiale. Il leur demande si elles sont décidées à remplir fidèlement les devoirs du diaconat dans la crainte de Dieu, elles prononcent le oui sacramentel, et M. Fliedner: «Que Jésus, que le souverain Evêque et Pasteur scelle de son oui et amen votre déclaration et votre vœu!... Approchez-vous; tendez-moi la main droite, tendez-la à la directrice afin de confirmer votre promesse. Mettezvous à genoux. Que le Dieu trois fois saint, Dieu Père, Fils et Saint-Esprit vous bénisse; qu'Il vous donne la fidélité jusqu'à la mort et ensuite la couronne de vie. Amen! >> Je ne sais, je suis peut-être plus faible qu'un autre, j'ai la conscience plus timorée, mais une fois vouée de la sorte, j'aurais beaucoup de peine à me dire que ceci est une consécration qui laisse l'âme indépendante; que c'est un engagement essentiellement temporaire; qu'il ne s'agit pas dans cette affaire d'une fidélité, d'une couronne de vie particulières, mais seulement des devoirs imposés, des promesses adressées à tout chrétien sincère.

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