Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Ici, à propos des écoles de l'établissement, éclatent dans leur ingénuité des tendances romaines d'un autre genre. Elles ont trouvé leur terrain, elles s'épanouissent avec candeur. Nous voilà en face d'une crèche d'Italie ou de quelque représentation des mystères. Il s'agissait de faire comprendre aux enfants l'importance de l'anniversaire de la Pâque chrétienne. Une des sœurs a peint sept fleurs de passion : 1o L'enfant Jésus dans la crèche, entouré de violettes portant des passages dans les feuilles; 2° un lis blanc, avec sept textes qui se rapportent à la vie du Sauveur ; 3° le serpent d'airain avec des tournesols (pourquoi des tournesols?) et les prophéties concernant les douleurs souffertes pour nos péchés; 4° la couronne d'épines, qui rappelle l'abandon du Seigneur et son jugement; 5° un agneau de sacrifice sur l'autel, avec hysope et passages ; 6o la croix entourée de fleurs de passion et de passages; 7° le tombeau de Jésus, avec un palmier dans le fond et des textes relatifs à la mort et à la sépulture du Sauveur.

On pourra trouver cela touchant, moi je le trouve absolument contraire à la gravité, à la simplicité de l'Ecriture, absolument opposé au culte en esprit et en vérité, beaucoup trop semblable aux niaiseries profanes que colporte Rome au travers de nos villes et de nos campagnes sous forme de poupées de cire, de crucifix en plâtre, le tout décoré du saint nom de Jésus et pour la plus grande gloire de Dieu.

On n'en reste pas là, et la conférence annuelle des institutrices, naguère séminaristines, soulève la question de savoir si les enfants représenteront, dans les écoles, l'enterrement avec la résurrection du fils de la veuve de Naïn! Dans ce cas, remarquons-le, il faut de toute nécessité qu'un des enfants prenne le rôle du Seigneur Jésus-Christ! Les institutrices ne s'arrêtent pas en

aussi beau chemin, un lien plus étroit va les unir à la corporation; ce n'était pas assez des relations avec la maison mère, ce n'était pas assez des conférences, il faut un signe distinctif qui les rattache de plus près à la confrérie: le tiers ordre va se former. Les séminaristines actuelles, un grand nombre des institutrices placées hors de l'établissement se sont spontanément décidées à revêtir un costume en tout semblable, sauf la coiffe, à celui des sœurs. M. Fliedner exprime la joie que lui cause une telle résolution; il l'appuie d'une foule de raisons toutes utilitaires, toutes semblables à celles que donnent, en pareille matières, les moines et les nonnes raisons où ne figure pas un argument biblique. M. Fliedner ne veut forcer personne, mais il pense que les institutrices revêtues de l'habit engageront leurs Mitschwestern à l'adopter, il est persuadé que l'exemple agira plus fortement que la contrainte, je le crois avec lui, et je crois de plus que l'uniforme exercera son action, immense, sur celles qui l'accepteront. Elles étaient indépendantes encore à bien des égards, simples maîtresses d'écoles et de salles d'asiles; elles deviendront

sœurs.

La majorité des institutrices réunies en conférence, se prononce pour l'adoption du costume.

Les témoignages de sympathie arrivent journellement d'Angleterre, dit M. Fliedner. On comprend de quel côté ils viennent, la visite que sir Robert Inglis fait à la maison mère, dans l'intention d'en fonder une pareille à Londres, d'autres marques d'intérêt non moins significatives par le caractère de ceux qui les donnent, le disent assez.

Le douzième rapport, 1848 à 1849, constate l'accroissement de l'œuvre dans toutes ses branches.

Des sœurs ont été envoyées à Plesz en Bohême, on y avait aussi placé des frères de Duisbourg, mais les aides du Rauhe Haus, institution bien plus libérale, les ont remplacés.

Tout doucement, tout naturellement, les orphelines passent du pensionnat à l'hôpital comme novices, au séminaire comme diaconesses d'école ; quand il en est autrement, c'est par raison de santé. Une fois seulement il arrive (voyez le onzième rapport qui signale ce fait étrange) qu'une orpheline retourne chez ses parents.

On continue à célébrer la Pâque évangélique dans un esprit romain, et cette année nous voyons poindre le Carême. Quarante-neuf fleurs de la passion auxquelles on avait attaché autant de passages relatifs aux douleurs de Christ, réjouissent le cœur des membres de la corporation et des enfants des écoles, pendant les sept semaines qui précèdent le jour de la résurrection. M. Fliedner va faire imprimer et mettre en circulation les peintures de fleurs et l'arrangement des saintes semaines. Voilà pour le douzième rapport.

Le treizième rapport, 1849 à 1850, n'offre de remarquable, outre le développement rapide de l'institution, que l'établissement d'une maison mère à Pittsburg, Amérique. M. Fliedner y a escorté quatre diaconesses. L'hôpital de la ville, habité par des Allemands appartenant à la communion luthérienne, leur a été remis. M. Fliedner se fait l'illusion de penser que son institution est vivement désirée en Amérique, il prend les vœux du synode luthérien de New-York pour ceux du peuple des Etats-Unis, en cela il se trompe, et la réalité va démentir ses espérances. Une lettre du Révérend M. Baird, écrite au moment même de l'arrivée de M. Fliedner à Pittsburg, prédisait un insuccès com

plet à la corporation des sœurs : « Nous n'avons jamais eu de sœurs de charité protestantes jusqu'à l'arrivée de M. Fliedner, ainsi s'exprimait M. Baird; l'institution est trop semblable à Rome pour convenir à notre peuple. » M. Baird ne se trompait pas, et je tiens à signaler en passant ce fait remarquable, c'est que l'institution ne prend pied, ne s'étend librement que sur un sol favorable, là où la Réforme, mal dégagée encore des langes romains n'a pas rejeté loin d'elle tout ce qui contredit ou dépasse la Bible; c'est que partout, au contraire, où règne un esprit d'obéissance exacte aux Ecritures, elle est ou repoussée ou contestée.

M. Fliedner, dans les appels chaleureux qui accompagnent chacun de ses comptes rendus, persiste à représenter son œuvre comme la suprême forme de l'activité pieuse. Les sœurs, de même que par le passé, sont consacrées le jour de la fête annuelle de la maison mère, afin que tout concoure à rendre la cérémonie impressive, l'engagement solennel.

Le quatorzième rapport, 1850 à 1851, nous apprend que le nombre des diaconesses d'Eglise s'accroît rapidement.

M. Fliedner a des nouvelles de Pittsburg. Si d'un côté l'enthousiasme des habitants luthériens de la ville est immense, s'il se prouve par des dons tellement généreux que le pasteur, M. Passavent, a pu fonder un nouvel hospice et le confier aux sœurs; si aux EtatsUnis plusieurs synodes luthériens reconnaissant l'importance de l'œuvre ont promis de lui venir en aide; d'un autre côté il ne se présente pas, en Amérique, une seule novice, pas une seule postulante. Je me trompe. l'année dernière une jeune Américaine est entrée da la corporation, mais cette Américaine était Aller

et luthérienne. Chose étonnante! parmi ces chrétiennes si sincères, parmi ces caractères si forts, parmi ces âmes qui transigent si peu avec le devoir, parmi ces intelligences si vite et si complétement éclairées sur le sens de la Bible, dans ce pays, le pays de la charité pratique, le pays des sacrifices, le pays de la logique chrétienne, pas une femme, pas une ne s'est trouvée qui ait pensé que pour visiter les pauvres, tenir des écoles ou soigner des malades, il fallût entrer dans une corporation, se vêtir d'une manière uniforme, faire vœu d'obéissance, rester célibataire, renoncer à gagner sa vie par le travail des mains. ou de l'esprit! Elles ne l'ont pas compris, ces filles de la biblique Amérique, elles continuent à servir dans les hôpitaux, à élever les enfants qu'on leur confie, à s'adonner aux œuvres de charité sans cesser pour cela d'être épouses, mères, sœurs, sans déserter la vie telle que Dieu nous l'a faite, et quand M. Fliedner ordonne aux Eglises de l'Amérique du Nord de se réveiller de toute leur puissance sur ce sujet, quand il leur enjoint de chercher dans leur sein des chrétiennes pour les envoyer à la maison mère de Pittsburg, les Eglises, tout comme leurs membres, pensent qu'un tel réveil ne serait qu'un mauvais rêve, et se sentant fort peu endormies, elles restent silencieuses.

Rentrons dans le langage sérieux, et disons que là où il y a de la vie, que là où il y a de la fidélité aux Ecritures, le besoin des sœurs ne se fera jamais sentir. Il peut arriver qu'au sein de ce vaste continent où il y a place pour toutes les erreurs, la vie conventuelle trouve un abri, trouve des partisans; je doute qu'elle s'infiltre dans les habitudes américaines.

M. Fliedner établit l'enseignement de l'anglais et du

« ZurückWeiter »