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serswerth encore, le digne et excellent M. Fliedner, qui célèbre les funérailles d'une sœur, la loue de ce que, pressée par sa famille de revenir dans son sein, et de se consacrer, en dehors de la congrégation, à des œuvres de charité, mais d'une charité plus aisée, elle ne s'est pas laissé ébranler le moins du monde, parce que le Seigneur avait affermi son cœur dans la vocation de diaconesse, et il la déclare bienheureuse de ce qu'elle s'est tenue fidèle à sa vocation jusqu'au moment où le Seigneur l'a rappelée. Il va plus loin; lui appliquant dans le sens romain et antibiblique un célèbre passage de l'Apocalypse (XIV, 3-4), il s'écrie qu'elle est du nombre des vierges qui suivent l'agneau quelque part qu'il aille1.

A Devonport (Angleterre), les sœurs protestantes disent laudes, primes, tierces, vépres et le reste; elles portent des chapelets; elles placent sur l'autel de leur Eglise une croix et lui font la révérence; forcées d'ôter la croix, elles y substituent un tableau représentant Marie lenant l'enfant Jésus. Telle est l'identité avec les congrégations romaines, que le bruit public provoque une enquête; la reine douairière, qui avait placé sous leur direction une maison d'orphelines, renseignée par lord Ashley leur retire son nom avec sa protection, tandis que l'évêque d'Exeter, devant lequel toutes les accusations sont successivement prouvées, ne trouve rien dans ces pratiques qui puisse effrayer un protestant, et désignant la sœur supérieure (miss Sellon), l'appelle publiquement une angélique femme et un martyr de la miséricorde.

1 Discours pour l'ensevelissement de la diaconesse Wintraut, 1843. Christian Times. 1849. No 27, 28, 29.

Dans tous les établissements, et surtout à Paris et en Angleterre, une analogie déjà frappante éclate entre l'organisation intérieure des maisons de diaconesses et l'organisation des couvents. Une supérieure établie en autorité pour faire observer la règle; une sœur suppléante (l'assistante des congrégations romaines); une conductrice des aspirantes (la maîtresse des novices): des aspirantes, des adjointes (les novices); des aides qui ressemblent singulièrement aux sœurs converses; enfin un certain parfum monacal qu'on ne respire assurément pas dans les écoles normales.

Voilà les principes et voilà les fruits; tous n'ont pas encore mûri, c'est vrai ; j'espère avoir prouvé que l'effroi, à cette heure, n'est pas de la précipitation.

<< Souvenez-vous toujours que, lorsque les erreurs commencent à s'introduire, il faut y aller comme au feu et éteindre l'incendie au moment où il commence à s'allumer. Pour peu qu'on arrive tard, on ne sauve la maison que fort endommagée. Plus on est timide avec les erreurs, plus elles deviennent hardies. En étant charitable avec les individus, il faut être sans miséricorde pour les faux systèmes. La vérité est un dépôt sacré qui nous est confié; il faut la défendre envers et contre tous.»

Reprenons les allégations de M. Germond.

A propos de la non-rémunération, j'avais dit Elle n'existe pas de fait, elle existe de nom, et ce qui me

1 OEuvres posthumes de A. Rochat. Neuchâtel. 1848.

choque, ce n'est pas qu'elle n'existe pas de fait, c'est qu'elle existe de nom.

M. Germond me répond que la rémunération existe ; il s'arrête là, se bornant à répéter la première moitié de mon raisonnement. Oui, elle existe, mais on appelle le service des diaconesses un service gratuit, mais elles ne perçoivent directement aucun salaire, mais on oppose leur dévouement non-salarié au dévouement salarié d'autres ouvriers, et là, je vois, je signale le cachet romain. En fait de délicatesse et de désintéressement, je me contente de celui de nos colporteurs, de nos évangélistes, de nos missionnaires, et de nos pasteurs des Eglises libres.

M. Germond me renvoie pour le fait de la direction aux écoles normales, tout en maintenant que dans les congrégations de sœurs elle s'exerce non-seulement au sein de la maison (ce que je comprends et ce que j'admets dans la mesure scripturaire), mais qu'elle s'exerce au dehors, suivant et dominant partout la diaconesse.

A cela, je n'ai qu'un mot à répondre : les élèves des écoles normales ne relèvent du directeur qu'aussi longtemps qu'ils sont élèves; sortis de l'école, ils s'appartiennent à eux-mêmes, toute relation officielle cessant absolument entre eux et le chef de l'établissement.

M. Germond pense que les femmes qui veulent servir au milieu du monde, ne peuvent se passer d'une direction.

Moi je pense que celle de Dieu, qui parle dans la Bible, leur suffit, et que leur pudeur naturelle ne les empêchera nullement de se faire leur chemin à travers la foule des malheureux et des petits. Ce chemin est tout tracé, il était tracé dix-huit cents ans avant les fondations de sœurs protestantes, et des milliers de femmes

y ont passé, avant celles qu'on nomme diaconesses. J'en finis avec la direction, et je dis que tout ce qu'allègue M. le pasteur Germond en faveur du directeur des sœurs protestantes, s'applique au directeur des sœurs ou des simples fidèles catholiques; il n'y faut pas une syllabe de plus (le directeur n'est pas le confesseur, souvenons-nous-en): ne l'attaquez pas, car il vous battra par vos armes.

Passons au célibat.— « Le célibat fait sortir l'homme de la vérité quant à la vie pratique, de la vérité quant à la vie spirituelle, le célibat revient audacieusement sur l'œuvre de Dieu. » J'effacerai ces lignes par mes larmes, dit M. le pasteur Germond, lorsque je me souviendrai que mon Sauveur ne se maria point et que plusieurs de ses disciples restèrent célibataires.

M. le pasteur Germond n'a pas lu jusqu'au bout, car il n'aurait jamais consenti à présenter comme complète une opinion qui ne s'offre que mutilée dans sa lettre; le paragraphe auquel il fait allusion se termine ainsi : «J'établis une thèse générale, et en l'établissant, j'ouvre la porte, je l'ouvre toute grande aux exceptions individuelles; je ne la ferme qu'au principe, qu'à la règle.»

Et maintenant que les faits sont remis à leur place, dirai-je pourquoi je ne m'attache pas à l'argument du célibat de mon Sauveur? Cet argument, qui semble presque une profanation puis qu'il touche à celui qui s'appelle l'Eternel, cet argument, je le trouve en tête de toutes les institutions d'ordres religieux catholiques, il précède et motive la glorification du célibat, il tombe devant ce mot bien simple: « Jésus est Dieu!» — Quant aux disciples non mariés de mon Sauveur, ils rentrent dans l'exception que j'ai largement établie. Et que de noms propres j'y ferais entrer avec eux, si la délicatesse ne

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me retenait! A Paris, en Allemagne, à Genève, dans le canton de Vaud, partout je vois se dessiner les traits aimés de ces dignes célibataires, serviteurs, servantes de Christ, qui n'ont pas eu besoin d'entrer dans une congrégation, de revêtir un costume, de se soumettre à une direction, d'arborer l'étendard du célibat pour tenir des écoles, visiter les pauvres et les prisonniers, diriger des asiles, évangéliser les petits et soigner les malades.

« Si les femmes mariées, écrit M. le pasteur Germond, pouvaient concilier leurs devoirs de mères de famille avec ceux du diaconat, on ne ferait aucune difficulté de les y admettre. >>

Avec le diaconat tel que nous le présente la Bible, oui, elles le peuvent, elles l'ont fait, elles le font. Avec le diaconat tel qu'on vient de l'inventer, non, et c'est ce qui le condamne, car c'est ce qui le sépare profondément du diaconat biblique. Le diaconat comme le veut la Bible n'admet pas des femmes mariées seulement, qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas, il admet toutes les femmes chrétiennes.

Où est-elle, l'œuvre scripturaire qui commande le célibat? Qu'on me la montre!

Est-ce la mission chez les peuples païens? Mais les figures chastes et vénérées des Judson, des Newell, des William, mais les travaux immenses des milliers de femmes mariées qui ont vécu et qui sont mortes au service de leur Maître parmi les sauvages peuplades des deux hémisphères, se dressent et vous donnent un démenti.

Est-ce la régénération des prisonnières? - Mais la respectable figure de madame Fry, et à côté d'elle des centaines de mères de famille qui, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, ont visité, ont évangélisé les prisonnières, se dressent à leur tour et s'indignent.

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