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y ont passé, avant celles qu'on nomme diaconesses. J'en finis avec la direction, et je dis que tout ce qu'allègue M. le pasteur Germond en faveur du directeur des sœurs protestantes, s'applique au directeur des sœurs ou des simples fidèles catholiques; il n'y faut pas une syllabe de plus (le directeur n'est pas le confesseur, souvenons-nous-en): ne l'attaquez pas, car il vous battra par vos armes.

Passons au célibat.—« Le célibat fait sortir l'homme de la vérité quant à la vie pratique, de la vérité quant à la vie spirituelle, le célibat revient audacieusement sur l'œuvre de Dieu. » — J'effacerai ces li gnes par mes larmes, dit M. le pasteur Germond, lorsque je me souviendrai que mon Sauveur ne se maria point et que plusieurs de ses disciples restèrent célibataires.

M. le pasteur Germond n'a pas lu jusqu'au bout, car il n'aurait jamais consenti à présenter comme complète une opinion qui ne s'offre que mutilée dans sa lettre; le paragraphe auquel il fait allusion se termine ainsi : «J'établis une thèse générale, et en l'établissant, j'ouvre la porte, je l'ouvre toute grande aux exceptions individuelles; je ne la ferme qu'au principe, qu'à la règle.»

Et maintenant que les faits sont remis à leur place, dirai-je pourquoi je ne m'attache pas à l'argument du célibat de mon Sauveur? Cet argument, qui semble presque une profanation puis qu'il touche à celui qui s'appelle l'Eternel, cet argument, je le trouve en tête de toutes les institutions d'ordres religieux catholiques, il précède et motive la glorification du célibat, il tombe devant ce mot bien simple: «Jésus est Dieu! »> Quant aux disciples non mariés de mon Sauveur, ils rentrent dans l'exception que j'ai largement établie. Et que de noms propres j'y ferais entrer avec eux, si la délicatesse ne

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me retenait! A Paris, en Allemagne, à Genève, dans le canton de Vaud, partout je vois se dessiner les traits aimés de ces dignes célibataires, serviteurs, servantes de Christ, qui n'ont pas eu besoin d'entrer dans une congrégation, de revêtir un costume, de se soumettre à une direction, d'arborer l'étendard du célibat pour tenir des écoles, visiter les pauvres et les prisonniers, diriger des asiles, évangéliser les petits et soigner les malades.

« Si les femmes mariées, écrit M. le pasteur Germond, pouvaient concilier leurs devoirs de mères de famille avec ceux du diaconat, on ne ferait aucune difficulté de les v admettre. >>

Avec le diaconat tel que nous le présente la Bible, oui, elles le peuvent, elles l'ont fait, elles le font. Avec le diaconat tel qu'on vient de l'inventer, non, et c'est ce qui le condamne, car c'est ce qui le sépare profondément du diaconat biblique. Le diaconat comme le veut la Bible n'admet pas des femmes mariées seulement, qu'on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas, il admet toutes les femmes chrétiennes.

Où est-elle, l'œuvre scripturaire qui commande le célibat? Qu'on me la montre!

Est-ce la mission chez les peuples païens? Mais les figures chastes et vénérées des Judson, des Newell, des William, mais les travaux immenses des milliers de femmes mariées qui ont vécu et qui sont mortes au service de leur Maître parmi les sauvages peuplades des deux hémisphères, se dressent et vous donnent un démenti.

Est-ce la régénération des prisonnières? Mais la respectable figure de madame Fry, et à côté d'elle des centaines de mères de famille qui, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, ont visité, ont évangélisé les prisonnières, se dressent à leur tour et s'indignent.

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Est-ce l'éducation des enfants, la direction des asiles? Mais où que je tourne mes yeux, en Europe, en Asie, en Amérique, je vois des femmes mariées, riches de leur expérience, élever les enfants des autres comme elles élèvent les leurs, ayant ce témoignage, bien nécessaire à une institutrice, de conduire sagement leur propre maison.

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Est-ce l'évangélisation, est-ce le colportage? Le colportage, cette œuvre qui met un ballot sur le dos d'un homme et qui l'envoie parcourir incessamment les cantons de la France; cette œuvre qui de toutes semblait seule avoir le prétexte d'astreindre ses ouvriers au célibat? Mais beaucoup de colporteurs sont mariés, et ceux-là comptent parmi les plus ardents au travail, et jamais la société qui les emploie n'a eu l'idée de faire du célibat de ses agents une condition d'admission ou même un sujet de préférence, et voici ce que je lis dans le rapport de la Société évangélique de Lausanne, 1845 « Sans déprécier les autres ouvriers dont nous sommes fort contents, nous pouvons dire, à la gloire du Seigneur, que la femme du frère qui travaille en cet endroit (Gray) fait beaucoup de visites, tient une école, agit avec beaucoup de fidélité, tandis que, de son côté, son mari fait l'ouvrage de deux, colporte, évangélise, au péril de sa santé. »

Est-ce le soin des pauvres et des malades: soins matériels, pansements des blessures, veilles la nuit, visites le jour? Mais je craindrais de faire rougir beaucoup de mes sœurs, si je révélais leurs fidèles services dans la maison du nécessiteux.

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Est-ce la direction, est-ce l'administration des hospices? Mais regardez l'Amérique, mais regardez Nimes où s'élevait, il y a quatre ans, une maison de santé admirablement desservie sans diaconesses, mais

regardez Boudry, où il y a une diaconesse, et où il y a deux femmes mariées qui partagent tous ses travaux; mais regardez partout où il y a de la foi!

M. le pasteur Germond demande ce que nous mettrons à la place des institutions de frères et de sœurs, après que nous les aurons détruites.

Ce que nous y mettrons? Vous allez le voir. Nous y mettrons les milliers d'institutions charitables qui ont fait et qui font ce que font les établissements de diaconesses. Nous y mettrons les refuges d'Angleterre et d'Amérique, nous y mettrons les hospices pour les malades, les hospices pour les aliénés, les hospices pour les vieillards, les maisons d'orphelins, les maisons d'enfants vicieux, les écoles d'apprentissage, les écoles du dimanche, les sociétés de visiteurs et de soigneurs de pauvres (passez-moi ce néologisme), nous y mettrons les asiles, nous y mettrons les œuvres d'évangélisation au près et au loin qui ont trouvé et qui trouvent, qui ont employé et qui emploient des milliers et des milliers d'hommes, de femmes chrétiennes, libres, ne relevant que de Dieu.

Ce que nous y mettrons? encore une institution: celle des ragged schools! Et quand vous verrez ces hommes, ces femmes, ces jeunes filles chrétiennes s'en aller seules, sans costume, au milieu de ces quartiers peuplés seulement de voleurs, de vagabonds, de bandits et de pauvres créatures perdues; ouvrir des salles d'écoles, attendre patiemment deux heures que les rugissements de cette classe désordonnée se soient apaisés, apprendre des cantiques à ces lèvres qui ne se sont ouvertes qu'aux blasphèmes ou aux mensonges, enseigner l'amour de Dieu à ces cœurs qui n'ont battu que de haine contre la société et de convoitise bestiale;

quand vous les verrez suivre leurs élèves dans ces antres où la vermine pullule, où l'on ne se hasarde que les poches vides, de peur qu'elles ne soient coupées ou vidées par d'autres mains pendant la visite même; alors vous ne nous demanderez plus: Que mettrezvous à la place des institutions de frères et de sœurs ?

Les soldats sont célibataires, dit M. le pasteur Germond, les domestiques encore, donc les voilà en grand danger de devenir moines.

Il n'y a pour l'homme, pour le chrétien surtout, qu'un esclavage: celui de la conscience; qu'une liberté, celle de la conscience. Ce qui fait le moine, ce ne sont pas les vœux, le vœu légal n'existe plus en France; ce qui fait le moine, c'est l'engagement tacite de la conscience. Les soldats et les domestiques ont-ils la conscience liée au célibat? toute la question est là. Le mariage sera-t-il jamais pour le domestique et pour le soldat une question de conscience, soulèvera-t-il jamais un scrupule? non; et la preuve, c'est que soldats comme domestiques quittent tous les jours les uns leurs maîtres, les autres l'armée, pour se marier.

Montrez-moi des diaconesses qui quittent tous les jours la congrégation pour se marier.

Je pourrais vous en montrer moi, qui ont refusé des mariages dont le fait seul ouvrait un champ immense à leur dévouement chrétien, pour ne pas quitter la congrégation; tout comme je pourrais vous montrer des hommes droits et simples qui, s'arrêtant au langage de ces formes dont on nie la signification, ont refusé d'épouser des diaconesses, s'indignant naïvement de ce qu'on les supposait capables de commettre un sacrilège. Ceci est sérieux.

Ah, vous dites à vos frères, à vos sœurs protestantes

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