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« Et les os se raprochèrent des os, et retrouvè»rent toutes leurs jointures.

C'était déjà une application assez ingénieuse, et un assez beau tableau d'une administration paternelle et vivifiante; mais l'auditoire, soit que ce fût ou non l'intention de l'orateur, fit de ce passage une autre application à un point qui était pour le moment un grand objet d'intérêt; il l'entendit du rappel prochain du parlement, alors exilé et dispersé, rappel qu'on desirait beaucoup, et que l'on commençait à espérer. Tout le monde répétait : Insuffla super interfectos istos ut reviviscant, et peu de tems après on en vit l'effet; accesserunt ossa ad ossa, unum quodque ad juncturam suam.

On put dire alors à ces magistrats :

Peut-être un jour viendra qu'une main plus barbare..... Mox illos sua fata manent majore sub hoste.

N'oublions pas, parmi les textes heureux, celui que M. l'archevêque d'Aix (aujourd'hui de Tours en 1803) a choisi pour l'oraison funèbre du roi de Pologne, Stanislas Ier., et qui contient tous les événemens les plus mémorables de la vie de ce prince:

Salvabis me à contradictionibus populi mei, custodies me in caput gentium: populus quem ignoro serviet mihi, Liv. 2 des rois, chap. 22, vers. 44.

"Vous me sauverez des contradictions et des révolutions de mon peuple, vous me conserverez » mon rang de chef de nation. Un peuple qui m'é» tait inconnu, vivra sous mes lois. »

Le texte que M. l'abbé de Géry, abbé de SainteGéneviève, a pris pour l'éloge de la Pucelle d'Orléans, me paraît aussi mériter d'être mis au rang des textes heureux.

Tu gloria Jerusalem, tu latitia Israel, tu honorificentia populi nostri ; quia fecisti viriliter et confortatum est cor tuum, eò quod castitatem amaveris..... ideò et manus Domini confortavit te, et ideò eris benedicta in aternum. Judith, chap. 15, vers. 10

et II.

« Tu es la gloire de Jérusalem, l'honneur de »notre peuple; tu as déployé le plus mâle courage; » ton cœur s'est armé de force; tu as aimé la chas » teté..... la main du Seigneur même t'a donné cette » valeur plus qu'humaine; c'est pourquoi tu seras » bénie dans la suite des siècles. »

de

Ce qui constitue le principal mérite de ces textes

sermons, c'est que l'application s'en fasse d'ellemême au sujet, que cette application soit sensible, facile et prompte; que le texte présente comme la substance du discours qui va suivre; et ce qui fait les textes parfaitement heureux, c'est que les paroles en soient tellement propres au sujet, qu'elles ne

puissent convenir à aucun autre, comme le Si percussisses quinquies du maréchal de Luxembourg, et le Populus quem ignoro, serviet mihi, appliqué au roi Stanislas et à la Lorraine.

SUR Machiavel,

Machiavel trouve encore des apologistes. Je ne parle pas de ceux qui, convenant de la perversité de sa doctrine, la prennent à bon escient à bon escient pour règle de leur conduite, parce qu'ils trouvent de la grandeur à être injuste, pourvu qu'on le soit impunément, et de l'esprit à tromper, pourvu que ce soit avec adresse, Je parle de fort honnêtes gens, qui, détestant ce qu'on appelle le machiavélisme, mais séduits par quelques maximes saines, répandues dans les écrits de Machiavel, et par l'usage lumineux qu'il fait de l'Histoire, tant ancienne que moderne, en la faisant servir d'exemple et de preuve aux principes politiques qu'il établit, pensent que Machiavel n'était point de la secte qui a pris son nom, et qui véritablement existait longtems avant lui, sinon dans la théorie, au moins dans la pratique,

Pour moi, je crois qu'ils se trompent, et qu'ils sont trop favorables à Machiavel. Ce fameux secrétaire et historiographe de la république de Florence, contemporain de Léon X, de François Ier.,

de Charles-Quint, d'Henri VIII, de Soliman II, écrivait moins pour ces grands princes, dont quelques-uns étaient, ou ses modèles, ou ses disciples, que pour des nations dégénérées qu'il voulait réformer; il s'efforça de les rappeler, sinon à la vertu, du moins à l'énergie antique, par l'exemple des Romains : c'est principalement à des tépubliques, aux républiques d'Italie, qu'il propose cet exemple. Jusque-là son projet n'a rien de condamnable; mais sa politique est en général trop indifférente sur le vice et sur la vertu, sur le juste et sur l'injuste, sur la tyrannie et sur le gouvernement modéré; il donne à tous indistinctement des conseils et des armes; il enseigne à réussir dans le mal comme dans le bien; il lui importe peu qu'on soit juste et bon : tout ce qu'il veut, c'est qu'on soit grand, c'est-à-dire, fort, et surtout que l'on soit habile; mais la force sans justice excite l'indignation et pousse à la révolte; la perfidie excite la défiance; et qu'est-ce qu'une force contre laquelle tout le monde est révolté? Qu'est-ce qu'une habileté dont tout le monde se défie? Voilà le point sur lequel il fallait insister, voilà ce que le beau génie de Machiavel devait s'attacher à éclaircir, à développer, à rendre sensible, et les exemples historiques qu'il sait si bien faire valoir, ne lui cussent pas manqué pour cela; mais il en fais

Souvent un tout autre usage. Comment le voir de sang-froid prendre la défense du fratricide de Romulus, et assurer que ce prince ne pouvait pas s'en dispenser, parce qu'il faut que le fondateur d'un État soit seul, et ne puisse éprouver de contradiction? Comment déplorer avec lui la rareté des scélérats illustres, des tyrans habiles, des factieux impunis, et le défaut d'énergie capable de produire de grands crimes? Comment partager son indifférence sur le bien et sur le mal?

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Voulez-vous, dit-il, qu'une ville étende au » loin sa domination? »

Non, je ne le veux pas, et c'est pour l'avantage même de cette ville, que je ne le veux pas.

«Les moyens se réduisent à deux : la douceur et » la force. »

Remarquez bien qu'il vous en laisse le choix, et qu'il ne vous dit rien de plus pour vous engager au parti de la douceur, qu'au parti de la force. Dans l'un et dans l'autre cas, vous pouvez également compter sur lui: il ne vous refusera pas le secours de ses lumières; il vous conduira également au succès.

« Si vous prenez le parti de la douceur, ouvrez » toutes vos portes aux étrangers. Ici l'on ne peut qu'applaudir.

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