Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

taire de sa mort.<< Car, dit la lettre royale, Epoigny n'avoit eu aucun dessein de tirer son mousqueton, ni ne s'étoit mis en devoir de le faire; et c'est inopinément et sans querelle contre ledit Alexandre que ce malheur est arrivé. Epoigny étoit son voisin et avoit toujours bien vécu avec luy et sans reproches. >>

Le roi, informé de tous ces faits par une prompte enquête du lieutenant-criminel de Sens, daigna faire grâce à Epoigny. Cette aventure se passait au milieu des succès de Louis XIV : Dôle était prise, et le 19 février toute la Franche-Comté était soumise. Notre lettre de rémission, scellée du grand sceau, est datée de Paris le 25 février 1668. La solution de l'affaire n'avait pas été longue. La mort du garde Deniset avait eu lieu le 18, et sept jours après des lettres de grâce étaient délivrées à Epoigny. C'était être grand, même dans les petites choses, et le Roi, comme on disait alors en Europe, auprès duquel était intervenu heureusement soit Mgr de Gondrin, archevêque de Sens, soit le prince de Conty, gouverneur de Champagne, avait voulu montrer dans ce cas sa puissance et la rapidité avec laquelle elle s'exerçait au besoin. Le Conseil des Grâces s'empressa de répondre à la volonté royale, et les lettres de pardon et de rémission furent délivrées au pauvre Epoigny.

Lettre de rémission pour Sébastien Epoigny.

(25 février 1668.)

Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir salut. Nous avons receu l'humble supplication de Sébastien Espoigny, pauvre voiturier par eau demeurant en nostre ville de Sens, chargé de femme et enffans, contenant que par nostre

ordre les habitans de ladite ville faisans guet aux portes d'icelle, ledict suppliant ayant esté commandé, se seroit, comme les autres de son escouade, rendu au corps-de-garde d'Yonne, le dimanche huitiesme febvrier présens mois et an, sur les cinq heures du soir, et y seroit demeuré jusques au lundi dix-neuf, sur les deux heures du matin. Et lors, le suppliant ayant fait sa faction, dit au nommé Poissonnet, lieutenant commandant les soldatz, qu'il vouloit s'en aller coucher, afin de reposer le reste de la nuit, dans le dessein de s'en aller le matin à son travail, et qu'il vouloit emporter son arme. A quoi ledit Poissonnet lui avoit réparti qu'il pouvoit s'en aller, mais lui deffendoit de prendre son arme. A quoi ne respondit rien, sinon qu'il s'en vouloit aller et emporter son mousqueton, de crainte qu'il ne fût perdu. Et estant encore resté quelque temps audict corps. de garde jusques sur les trois heures, le suppliant auroit pris son mousqueton, se seroit escoulé dudict corps -de-garde et en allant fut aperceu par le nommé Leroy, qui estoit en sentinelle devant ledict corps-de-garde, qui auroit dit fort hault: En voilà un qui s'en va et emporte ses armes; et aussitost le caporal et autres seroient sortis dudict corps-de-garde, couru après le suppliant et iceluy ramené jusques à la porte dudict corps-de-garde, où estans tous, lesdictz caporal et autres ayans voulu oster au suppliant son mousqueton, icelluy auroit lasché sur le nommé Alexandre Deniset, charretier, qui estoit dans ledict corps-de garde, sans sçavoir comment cela pouvoit estre arrivé, et si lui ou les autres faisans effors de prendre ledict mousqueton, avoient mis la main à la détente; duquel coup ledict Alexandre fut atteint à la cuisse, tomba par terre, disant: Je suis mort ! Et seroit décédé le lendemain vingt, au grand regret du suppliant, qui n'avoit aulcun dessein de tirer ledict mousqueton, ne s'estoit mis en debvoir de le faire, et ce qui est inopiné. ment arrivé; le suppliant n'ayant jamais eu querelle contre ledict Alexandre, qui estoit son voisin et amy; et ayant, le suppliant, tousjours bien vescu, sans blasme ny reproche.

Duquel faict ayant esté informé et décrété par les juges des lieux, ́est obligé d'avoir recours à nos lettres de grâce, pardon et rémission, humblement requérant icelles.

A ces causes, désirant préférer miséricorde à rigueur des loix, et attendu que le cas est impréveu, Nous, de nostre grâce spécialle,

pleine puissance et authorité royalle, avons au suppliant quitté, remis et pardonné, quittons, remettons et pardonnons par ces présentes le fait et cas cy dessus exposé, avecq toutte peine, amande et offense corporelle, civille et criminelle qu'il a pour raison de ce encouru envers nous et justice. Mettons au néant tout deffault, constumaces et sentences, si aulcunes estoient interveneues; mettons et restituons le suppliant en sa bonne fame et renommée, et en ses biens non d'ailleurs confisquez, satisfaction faicte à partye civille, si faicte n'a esté et s'il y eschet. Imposons sur ce scilence à nostre pro. général, ses substi uts présens et à venir, et à tous autres. Si donnons en mandement à nostre bailly de Sens, son lieutenantgénéral criminel et gens tenans le siége audict lieu, daus le ressort duquel le cas est arrivé, que de nos présentes lettres de grâce et rémission ils fassent jouir le suppliant pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessans et faisans cesser tous troubles et empes chemens contraires. Car tel est nostre plaisir. Et affin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, avons faict mettre nostre scel à cesdictes présentes.

cureur.

Donné à Paris, le 25 jour de février, l'an de grâce 1668, de nostre règne le 25o.

Par le conseil, signé : Desain. Scellé du grand sceau de cire

verte.

(Original en parchemia; Archives de l'Yonne, fonds Tarbé.)

7

Sc. hist.

CATALOGUE DU MUSÉE D'AUXERRE

(PREMIÈRE SECTION)

Par M. AIMÉ CHÉREST.

PRÉFACE.

Le Catalogue du Musée d'Auxerre paraîtra en autant de parties que le Musée contient de sections distinctes. Il suffira de réunir ces parties successives pour former un ensemble complet.

Voici d'abord le catalogue de la première section, celle des Monuments lapidaires.

Nous n'avons pas cru devoir nous borner à une sèche nomenclature. Autant que possible, nous avons indiqué la nature, les principaux caractères et la provenance des objets.

Malheureusement, les anciens catalogues laissent tant à désirer que, malgré d'actives recherches, nous avons dû laisser bien des lacunes et commettre bien des erreurs. Peu à peu la lumière se fera, et, avec le concours de tous les hommes d'étude, on parviendra à un résultat plus satisfaisant.

Une série unique de numéros aurait peut-être semblé plus commode aux visiteurs; mais, en cas d'acquisitions

futures, elle eut rendu impossible le classement rationnel des nouveaux objets.

Pour tout concilier, nous avons admis deux séries de numéros, l'une pour les objets antérieurs à la propagation du Christianisme, l'autre pour les objets postérieurs.

Les premiers, d'origine gauloise ou gallo-romaine, sont désignés par des chiffres romains. Les seconds, quels que soient leur date et leur style, qu'ils appartiennent à la période romane, à la période ogivale, ou à la Renaissance, sont désignés par des chiffres arabes.

Si l'expérience démontre que ce système a des inconvénients fâcheux, rien n'empêchera de le modifier. La classification actuelle n'est qu'un essai, que nous livrons, sans réserves, à l'appréciation du public.

« ZurückWeiter »