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pune.

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répandre son cœur devant Dieu pour elles, et traiter, non par des paroles, mais avec Dieu par des larmes, une affaire où il y allait de tout pour elles. Il écrivit toutefois à Félicité, et à Rustique supérieur de ce monastère, pour les consoler et les encourager à faire leur devoir en travaillant avec soin à conserver l'unité d'esprit par le lien de la paix. Il écrivit aussi en particulier aux religieuses une lettre mêlée de sévérité et de charité, où il les exhorte à persévérer dans le bien, les assurant qu'après cela elles ne songeront plus à changer de supérieure. « Parmi elles, dit-il, il n'y en a aucune qui, cn entrant dans le monastère, ne l'y ait trouvée, ou servant Dieu avec beaucoup d'édification, sous ma sœur qui était supérieure avant elle, ou déjà en charge, et qui n'ait été reçue par elle; c'est sous sa conduite qu'elles ont été instruites, qu'elles ont reçu le voile, et que le monastère est devenu si nombreux; on n'a rien changé chez elles, et il n'y a rien de nouveau que le prêtre Rustique qu'on leur a donné pour supérieur, et s'il est l'occasion de leur révolte contre leur supérieure, elles doivent demander son éloignement plutôt que la révocation de la supérieure. » I finit sa lettre en demandant à Dieu de pacifier et de calmer l'esprit de ces filles, et de ne pas souffrir que l'ouvrage du démon prévale et se fortifie en elles, mais de faire, au contraire, régner la paix de JésusChrist dans leur cœur. Et s'adressant à elles: « Prenez garde, leur dit-il, que le dépit de ne pas obtenir ce que vous voudriez, ou la honte d'avoir voulu ce que vous ne deviez pas vouloir, ne vous précipite dans la mort. Ranimez, au contraire, votre première vertu par une sincère pénitence. Imitez les larmes de saint Pierre et non pas le désespoir de Judas. >>

31. Sévère, évêque de Milève, qui mouru éve vers le commencement de l'an 426, avait, lip- avant sa mort, désigné celui qu'il souhaitait avoir pour son successeur. Mais au lieu de communiquer son dessein au peuple, comme il devait, il se contenta d'en faire part à son clergé. Ce défaut fit appréhender, quand Sévère fut mort, qu'il n'y eût quelque trouble parmi le peuple, ce qui engagea le clergé de Milève de prier saint Augustin d'y venir pour empêcher ce désordre. En effet, quelques-uns du peuple témoignèrent du mécon

1 Epist. 210. 2 Epist. 211.

tentement de ce que Sévère avait désigné son successeur sans leur en parler; mais, quand on le leur eut fait connaître, ils l'agréèrent très-volontiers et il fut ordonné d'un consentement unanime. Cet événement fit faire à saint Augustin une nouvelle réflexion sur les troubles dont il avait vu souvent les autres Églises agitées après la mort de leurs évêques, par l'ambition des uns et par l'esprit contentieux des autres. Il prit donc le parti de pourvoir à la sûreté de la sienne en nommant celui qui devait lui succéder. Celui sur lequel il jeta les yeux se nommait Éraclius, et était le dernier des prêtres d'Hippone; mais d'une vertu si éprouvée, que le peuple qui le connaissait, l'eut de lui-même préféré à tout autre. Le samedi, 25 septembre de l'an 426, saint Augustin pria le peuple d'Hippone de s'assembler le lendemain en grand nombre dans l'église de la Paix, pour quelque chose d'important qu'il avait à leur dire. Il y vint avec deux autres évêques, Religien et Martinien, et sept prètres, Saturnin, Léporius, Barnabé, Fortunatien, Rustique, Lazare et Éraclius. Il ne fit point d'instruction à l'ordinaire, se doutant bien que l'impatience de savoir ce qu'il avait promis de dire, empêcherait qu'on n'eût d'attention pour le reste.. Ainsi, venant au fait, il leur déclara que sa volonté, qu'il croyait être de Dieu, était que le prêtre Eraclius fut son successeur. Le peuple l'agréa par de grandes acclamations, et quand on eut fait silence, saint Augustin ajouta : « Il n'est pas besoin de m'étendre sur ses louanges, j'aime sa sagesse et j'épargne sa modestie; il suffit que vous le connaissiez, et que je veuille ce que vous voulez. » Les notaires de l'église, qui étaient présents, écrivirent les paroles de saint Augustin et les acclamations du peuple, afin que ce fût un acte authentique; le peuple y souscrivit par de nouvelles acclamations. Ensuite saint Augustin les exhorta à se joindre à lui pour prier Dieu de confirmer ce qu'il avait fait lui-même en eux, et pour lui demander qu'il lui plût de conserver à Éraclius la vie et la santé, avec une réputation sans aucune tache. Saint Augustin était alors dans la soixante-douzième année de son âge. En déclarant Éraclius son successeur, il le laissa dans l'ordre de prêtre, regardant comme une faute de ce qu'il avait été ordonné évêque lui-même du vivant de

August., Epist. 213,

vaille

n tra

troubles

te, en 427.

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Valère son prédécesseur, et avait tenu le siége épiscopal avec lui, contre la disposition du concile de Nicée. Il se déchargea néanmoins sur Éraclius de tout le poids de ses occupations, priant le peuple de s'adresser à lui dans toutes les affaires qui arriveraient. <«< Quand il aura besoin de mon conseil, ajouta saint Augustin, je ne le lui refuserai pas. Je ne prétends pas même donner à la paresse le peu de temps qui me reste à vivre, mais à l'étude de l'Écriture sainte, dont mes frères les évêques ont bien voulu me charger en deux conciles, de Numidie et de Carthage. »

32. L'étude de l'Écriture sainte ne fut pas apaiser les sa seule occupation, comme il se l'étai, prod'Adrumet mis, et sa charité l'engagea, en 427, à apaiser les troubles1 qui s'étaient élevés dans le monastère d'Adrumette, métropole civile de la Byzacène, au sujet de la grâce. La même année, il travailla efficacement à retirer le moine Léporius des erreurs dans lesquelles il était tombé contre les Mystères de l'Incarnation et de la Grâce 2.

Les Vandales entrent

Afrique.

33. En 428, les Vandales, étant passés en d'Espagne en Afrique, trouvèrent cette province dans le repos et l'abondance; mais ils en changèrent bientôt la face, pillant, ravageant, brûlant, massacrant tout ce qu'ils rencontraient. Ils exercèrent particulièrement leur cruauté contre les églises, les cimetières et les monastères, employant toutes sortes de supplices pour obliger les évêques et les prêtres à donner l'or et l'argent qu'ils avaient, soit en propre, soit à l'église. Plusieurs moururent dans la rigueur des supplices. Saint Augustin découvrant, au milieu de ces ravages, des maux et des dangers beaucoup plus terribles que ceux qui frappaient la plupart du monde, et prévoyant les périls auxquels les incursions de ces barbares exposeraient les âmes, pleurait sans cesse; et ses larmes lui devinrent, selon l'expression du Prophète, un pain dont il se nourrissait le jour et la nuit. Mais l'extrême douleur qu'il ressentait des maux de l'Afrique ne diminuait en rien sa foi et sa générosité épiscopales. Consulté par un évêque de cette province, s'il était permis à ceux qui étaient chargés du soin des peuples, de les laisser fuir, et de se retirer eux-mêmes pour éviter

1 August., Epist. 216 et 194.-2 Cassian., lib. De Incarn., cap. IV et August., Epist. 219. 3 Possid., in Vita, cap. XXVIII. — Epist. 228.

ie danger, il répondit que les évêques * no devaient point empêcher ceux du peuple qui voudraient se retirer, mais qu'eux-mêmes no pouvaient abandonner leurs églises, ni rompre les liens par lesquels la charité de JésusChrist les avait liés à leur ministère; et qu'ainsi, tant que leur présence serait nécessaire à leurs peuples, ils ne pouvaient faire autre chose que de se remettre à la volonté de Dieu avec une pleine confiance en

son secours.

Saint Augustin tomen 430.

34. Cependant, le comte Boniface rentra en grâce avec l'impératrice Placidie, par be malade l'entremise du comte Darius. Mais il ne put persuader aux Vandales de quitter l'Afrique. Ils se plaignirent même de lui, en sorte qu'il fut obligé de prendre les armes contre eux pour les obliger par force d'en sortir. Le contraire arriva; il fut vaincu dans le combat et contraint de se retirer à Hippone, qui était alors une place forte. Les Vandales, conduits par leur roi Genséric, vinrent assiéger cette ville, vers la fin de mai ou au commencement de juin de l'an 430; ce qui augmenta beaucoup la douleur que saint Augustin avait ressentie de la ruine des autres villes d'Afrique. Pendant tout le siége de cette ville, et au milieu même des assauts que les Vandales donnaient, il eut la consolation d'avoir avec lui plusieurs évêques 7, et entre autres, Possidius de Calame, l'un de ses plus illustres disciples. Ils mêlaient ensemble leur douleur, leurs gémissements et leurs larmes, et ils en faisaient un sacrifice au Père des miséricordes et au Dieu de toute consolation, pour le prier de les secourir et de les délivrer des maux qu'ils souffraient et qu'ils craignaient. Saint Augustin' demandait à Dieu, en particulier, qu'il lui plut de délivrer Hippone des ennemis qui l'assiégeaient, ou du moins de donner à ses serviteurs la force de supporter les maux dont ils étaient menacés, ou enfin de le retirer du monde et de l'attirer à lui. En effet, il tomba malade 10 de la fièvre le troisième mois du siége, et on vit par là que Dieu n'avait point rejeté la prière de son servitenr.

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de larmes. Tout occupé des choses du salut, il pria, dix jours avant sa mort, ses plus intimes amis et les évêques mêmes, que personne n'entrât dans sa chambre, sinon lorsque le médecin le venait voir, ou qu'on lui apportait de la nourriture, employant à la prière tout le temps qui lui restait au-delà. Enfin, son dernier jour étant arrivé, Possidius et les autres de ses disciples ou de ses amis vinrent joindre leurs prières aux siennes, qu'il n'interrompit que lorsqu'il s'endormit en paix, ayant jusque là conservé l'usage de tous ses membres, sans que ni son ouïe, ni sa vue, se fussent affaiblis. Comme il avait embrassé la pauvreté volontaire, il ne fit point de testament, n'ayant rien à laisser à personne. Mais il recommanda que l'on conservât avec soin la bibliothèque de l'Église et tous les livres qu'il pouvait avoir dans sa maison pour ceux qui viendraient après lui. Possidius raconte 1, que la ville d'Hippone ayant été quelque temps après incendiée, cette bibliothèque fut conservée au milieu des flammes et des barbares ariens. On met la mort de saint Augustin au vingt-huitième jour d'août de l'an 430. Il avait vécu 76 ans, et servit l'Eglise près de 40 ans en qualité de prêtre ou d'évêque. L'empereur Théodose le Jeune ayant dessein de convoquer, en 1431, un concile œcuménique à Ephèse pour le jour de la Pentecôte, fit écrire pour cela à tous les métropolitains, et envoya par un officier de la Cour un rescrit adressé en particulier à saint Augustin plutôt qu'à l'Évêque de Car

-

1 Ibid., cap. xxxi. Les reliques de saint Augustin, d'abord mises dans l'Eglise de saint Etienne à Hippone, en furent transférées cinquante six ans après la mort du saint évêque en Sardaigne. En 710 Luitpraud racheta ces précieuses reliques aux Sarrasins et les fit placer à Pavie dans l'Église de saint Pierre, où on éleva un magnifique monument au saiut docteur. En 1832 les reliques et les monuments furent placés dans la cathédrale de Pavie. En 1812 le bras droit de saint Augustin fut transporté en Afrique et placé provisoirement dans la chapelle de Bône, et quelques jours après au lieu où fut jadis Hippone dans un monument élevé à la mémoire du saint docteur et orné de sa statue. Voyez Poujculat, Histoire de saint Augustin, tom. III, page 315 et suiv.; Histoire des saints par le père Giry, nouvelle édition, tom. III, note 33, col. 1,490. (L'éditeur.)

$ Tom. III Conc., p. 438, 529., et 532. Surius, ad diem. 27 August.. pag. 295.

In libris quibus dono Dei qualis quantusque in Ecclesia fuerit noscitur, et in his semper vi

thage, demandant que lui nommément voulut bien venir au Concile : ce qui fait voir que ce saint évêque n'était pas moins révéré en Orient qu'en Occident. Sa mémoire était honorée en France dès le vie siècle, comme on le voit par la vie de saint Césaire d'Arles, où nous lisons qu'étant malade", il demanda si la fête de saint Augustin était proche, espérant que Dieu ne lui refuserait pas d'unir sa mort à celle d'un saint dont il avait si fort aimé la doctrine très-catholique. On le trouve toujours vivant après sa mort même dans ses ouvrages, où l'on voit quel il a été par le don de Dieu, et le rang éminent qu'il a tenu dans l'Eglise. Toute l'Eglise catholique y voit évidemment que cet évêque si agréable à Dieu, a connu les vertus saintes de la foi, de l'espérance et de la charité, autant qu'il est permis à des hommes de les pénétrer avec le secours de la lumière que la vérité leur donne. C'est ce que reconnaissent ceux qui profitent de la lecture de tant d'ouvrages qu'il a composés sur les choses de la religion. Ceux qui ont eu le bonheur de le voir et de l'entendre parler lui-même dans l'église, ont eu encore de plus grands avantages pour profiter de ses lumières; mais ils en ont eu moins que ceux qui ont été témoins de ses actions et de sa conduite, puisqu'il n'a enseigné aux autres que ce qu'il avait pratiqué lui-même. C'est ce que dit Possidius, son disciple, et témoin oculaire de la plus grande partie de ses actions.

36. Il joignità la vie qu'il composa de cct excellent pontife de Jésus-Christ' et de

vere a fidelibus invenitur... Et in suis quidem scriptis ille Deo acceptus et charus sacerdos, quantum lucente veritate videre conceditur, recte de sane, fidei, spei et charitatis, catholicæ Ecclesiæ vixisse manifestatur: quod agnoscunt qui eum de divinis scribentem legentes proficiunt; sed ego arbitror plus ex eo proficere potuisse, qui eum et loquentem in ecclesia præsentem audire et videre potuerunt, et ejus præsertim inter homines conversationem non ignoraverunt. Erat enim non solum erudiius scriba in regno cœlorum... verum etiam ex iis ad quos scriptum est: Sic loquimini, et sic facite; et de quibus Salvator dicit : Qui fecerit et docuerit sic homines, hic magnus voca bitur in regno coelorum. Possid., in Vita August., cap. XXXI.

Isidorus lispal., De Scrip. eccles., cap. VIII. et Cassiod., Instit. divin., cap. XVI.

7 Beatissimus Augustinus Ilipponensis Ecclesia elegantissimus Christi sacerdos doctorque precipuus morte placida quievit. Marcel., comes in Chronic., ad annum 429.

Ses of

vrages.

Livres des Refracta

quoi mis les

ce docteur si éminent entre les autres 1, une table de ses ouvrages, de ses lettres et de ses sermons, qui, tous ensemble, se montaient, dit-il, à 1,030 écrits: sans parler de ceux qui ne se pouvaient pas compter, parce que saint Augustin n'en avait point marqué le nombre. Dans son second livre des Rétractations, saint Augustin n'énonce' lui-même que quatre-vingt-treize ouvrages distribués en deux cent trente-deux livres : mais il n'y comprend ni ses lettres, ni ses sermons. On a recueilli le tout en dix volumes, dont le premier fut imprimé à Paris en 1689.

[Plusieurs suppléments, dont nous parlerons dans la suite, ont été publiés depuis cette édition.]

ARTICLE II.

DES ÉCRITS CONTENUS DANS LE PREMIER TOME.

§ I.

Des deux livres des Rétractations.

1. Le premier tome des œuvres de saint tions. Pour Augustin renferme ce qu'il écrivit étant encore jeune, et avant qu'il fût élevé au sapremiers. Praf. Be cerdoce. On a cru néanmoins devoir У faire Paris. an. entrer ses deux livres des Rétractations qu'il

neuit. edit.

1689.

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composa sur la fin de sa vie, comme pour servir d'introduction à ses autres ouvrages, et les treize livres de ses Confessions, qu'il ne publia que pendant son épiscopat, afin que le lecteur vit dans le premier de scs. ouvrages, combien saint Augustin avait de modestie et d'amour pour la vérité; et dans l'autre, quelle était sa douleur de s'être écarté si longtemps des voies du salut.

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2. Le dernier livre dont il parle dans ses Rétractations, est celui de la Correction et de la Grâce, fait vers l'an 427 ainsi, l'on ne peut mettre ces Rétractations qu'en cette année au plus tôt, ou vers le commencement de l'an 428. Il avait depuis longtemps conçu le dessein de repasser tous ses ouvrages qui étaient devenus publics, soit ses traités, soit ses lettres, soit ses sermons, et de marquer dans un ouvrage exprès, avec la sévérité d'un juge, tout ce qu'il y trouverait à reprendre, ne pouvant en corriger les défauts que par une censure publique; mais il en

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avait toujours été détourné par diverses occupations pressantes. Il se trouva plus de loisir après qu'il se fut déchargé sur Éraclius du soin des affaires, et de juger les procès, et il y a toute apparence qu'il commença dès lors, c'est-à-dire dès l'an 426, à revoir ses ouvrages.

En quel ordre ils

3. Il en fit une liste, et les mit, autant qu'il lui fut possible, selon l'ordre des temps sont écrits. auxquels il les avait écrits, afin que ceux qui les voudraient lire dans cet arrangement, pussent voir le progrès qu'il avait fait dans la science de l'Église, à mesure qu'il écrivait. « Car, je crois, dit-il, que par la miséricorde de Dieu, j'ai profité depuis que j'ai commencé à écrire, et je suis bien éloigné de dire que j'ai été parfait dès le commencement. Si je prétendais même être arrivé à la perfection dans l'âge où je suis, en sorte que je sois incapable de me méprendre dans ce que j'écris, il y aurait en cela de la vanité et de la présomption. Mais il faut distinguer entre les fautes, soit pour leurs qualités, soit pour les matières où l'on se trompe, et surtout entre ceux qui reconnaissent leurs fautes et s'en corrigent volontiers, et ceux qui les défendent avec opiniâtreté. On a sujet de bien espérer pour celui qui va toujours en profitant jusqu'au dernier jour de sa vie. Il n'y aura plus qu'à ajouter ce qui manquait à son avancement, et il paraîtra devant le Juge pour recevoir non la peine de sa négligence et de sa paresse, mais son entière perfection. »>

Ce qu'ils contien

4. Cet ouvrage est divisé en deux livres. Le premier est employé à la révision des nent. écrits de saint Augustin jusqu'à son épiscopat, et même ceux qu'il composa avant son baptême; le second comprend tout le reste de ses ouvrages, jusqu'au temps où il avait achevé celui qui a pour titre : De la Correction et de la Grâce. Le saint docteur marque avec soin sur chaque ouvrage ce qu'il trouve à y reprendre, jusqu'aux moindres expressions, expliquant ce qui paraissait obscur et pouvait donner lieu à de mauvaises interprétations, et condamnant tout ce qu'il croyait y avoir mis contre la doctrine de l'Église, lorsqu'il n'en était pas encore assez instruit. Il crut devoir se juger ainsi lui-même en la

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7

August., in Prolog., Retract., tom. I, pag. 4.

5 Id., De Dono persev., cap. XXI, p. 852, tom. X. Id., in Prolog., Retract., pag. 1 et seq.

7 Possid., in Vita, cap. xxvIII. 8 August., in Prolog., pag. 2.

Onel en est le desscin.

présence de Jésus-Christ, pour éviter d'en être jugé, peu inquiet du jugement qu'en pouvaient faire les personnes peu judicieuses, et persuadé que les personnes sages ne le blâmeraient point de s'être ainsi condamné lui-même.

5. Il ne faut pas néanmoins s'imaginer que dans ces deux livres des Rétractations, saint Augustin ne fasse autre chose que rétracter des erreurs dans lesquelles il serait tombé, ou corriger des fautes qu'il aurait commises dans ses écrits: il ne fait le plus souvent que s'expliquer lui-même, afin qu'on n'abusât pas de quelques termes moins clairs; ou bien il renvoie, pour l'explication de quelques passages de l'Écriture, à un traité, dans lequel il en avait donné une meilleure que dans un autre. Par exemple, dans le chapitre quatorzième du premier livre, il préfère ce qu'il avait dit dans le livre de l'Esprit et de la Lettre, pour l'explication de cet endroit de saint Paul La lettre tue et l'esprit donne la vie, à ce qu'il avait dit sur le même passage, dans le traité intitulé: De l'utilité de la foi; mais il ajoute qu'on ne doit pas pour cela mépriser l'explication qu'il en avait donnée dans ce dernier ouvrage. Au reste, comme il retoucha1 dans ces livres tous les endroits qui lui déplaisaient ou qui pouvaient déplaire aux autres, il y en a aussi qu'il y défend et qu'il y explique, en montrant comment on doit les entendre.

6. Son exactitude va jusqu'à marquer sur chaque ouvrage quelle en a été l'occasion, son titre, la matière qui y est traitée, de combien de livres il est composé, les paroles par où il commence, et souvent même en quel lieu il a été écrit, si ç'a été pendant son épiscopat, ou lorsqu'il n'était que prêtre; si ç'a été avant son baptême ou depuis. C'est ce qui donne une grande facilité pour distinguer ses véritables écrits d'avec ceux qui lui sont supposés.

7. Après avoir repassé tous ses traités, il commença la révision de ses Lettres, mais sans en rien mettre par écrit. Il fut même obligé de l'interrompre pour répondre à un écrit que Julien avait composé contre lui plusieurs années auparavant, sans qu'il fût encore venu à sa connaissance. Néanmoins il n'employa pas tout son temps à réfuter le

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livre de ce pélagien; il se contenta d'y travailler de jour, employant la nuit à la revue de ses Lettres, lorsqu'il n'avait point d'occupations extraordinaires.

8. Prosper et Hilaire ayant appris dans les Gaules que saint Augustin travaillait à revoir ses ouvrages, le prièrent, avant même qu'il en parût rien en public, de leur envoyer ce qu'il aurait fait sur cette matière. La lettre d'Hilaire est de l'an 429. Ainsi les deux livres des Rétractations n'avaient pas encore été alors rendus publics dans les Gaules. Il est toutefois certain qu'aux instances réitérées de ses frères, il les donna au public, sans attendre qu'il eût revu ses Lettres et ses Sermons, ce qu'il commença de faire en 428, comme on le voit par sa lettre au diacre Quodvultdeus. Possidius les a intitulés : Revue des livres; mais ils portent le titre de Rétractations dans tous les manuscrits, et c'est sous ce titre que saint Augustin les marque en divers endroits de ses ouvrages, et après lui saint Prosper 5, Cassiodore et saint Fulgence; ce terme, au sens de ces auteurs, signifie non pas corriger, mais revoir et retoucher. La seule erreur que saint Augustin ait rétractée dans ces deux livres est celle des demi-pélagiens. Il en usa ainsi, afin que le respect qu'on lui témoignait, n'empêchât point qu'on ne l'abandonnât en ce point avec liberté.

9. Cassiodore, parlant des livres des Rétractations, s'exprime de la sorte: « Celui qui veut apprendre à parler exactement et à ne point s'égarer par une témérité trompeuse, doit lire avec soin ces livres; il y trouvera un excellent modèle à imiter pour arriver à la perfection, et il y connaîtra à quelle éminence de sagesse la divine miséricorde avait élevé ce grand homme, lorsqu'il le verra si sévère envers lui-même pour ne rien laisser échapper, lui que nul autre n'aurait peut-être osé entreprendre de cen

surer. >>>

§ II.

Des Confessions de saint Augustin.

Estime

qu'on livres.

faite de ces

Comment ces lves

1. De tous les ouvrages de saint Augustin, il n'y en a point eu qui aient été mieux re- ont été reçus, et qui aient eu plus de cours que celui cus. de ses Confessions. Aucun aussi n'est plus rempli du feu de l'amour de Dieu, ni plus

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a

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