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cette définition; mais il soutient contre Cresconius que les donatistes sont aussi héréti ques, parce qu'ils rejettent le baptême des catholiques. «Quoique j'approuve ',leur ditil, la distinction par laquelle on dit que le schisme est une division récente d'une société, faite néanmoins pour quelque différent (car il ne peut y avoir de séparation ni de schisme, s'il n'y a quelque pratique différente), je dis que l'hérésie est un schisme invétéré. Vous êtes hérétiques parce vous n'êtes pas seulement séparés, mais parce qu'étant invétérés dans un schisme vous suivez des maximes contraires en nous rebaptisant et parce que vous ne voulez pas reconnaître l'Église qui est le corps de Jésus-Christ. » Fauste le manichéen définissait le schisme et l'hérésie de la même manière. « Le schisme, disait-il, est, si je ne me trompe, d'être séparé de société, quoiqu'on ait les mêmes sentiments et le même culte. L'hérésie est une secte de personnes d'avis différents des autres, et qui honorent Dieu d'une manière différente. »

quod schisma est hæresim vocas? August., lib II Contra Cresc., cap. III, num. 4, pag. 414.

1 Proinde quamvis inter schisma et hæresim magis eam distinctionem approbem qua dicitur schisma esse recens congregationis ex aliqua sententiarum diversitate dissensio (neque enim et schisma fieri potest, nisi diversum aliquid sequantur qui faciunt) hæresis autem schisma inveteratum : tamen quid hinc opus est ad laborem cum me tantum adjuvent definitiones tuæ ut si mihi et per alios vestros concederet, schismaticos vos libentius quam hæreticos dicerem. Si enim schisma faciunt, quibus cum eis a quibus se dividunt una religio est, eadem sacramenta, nihil in christiana observatione diversum, hinc est vestra rebaptizatio damnabilior, quia in una religione, eisdem sacramentis nihilo in christiana observatione diverso, alius et diversus esse non potest baptismus. Sed quoniam nec nullum est, nec aliquid parvum quod diversum sequimini, cum ab unitatis vinculo separati, etiam de repetitione baptismi dissentilis a nobis, fit ut secundum istam ipsam definitionem tuam qua dixisti: Hæresis est autem diversa sequentium secta; et hæretici silis, et victi appareatis; hæretici quidem, quod non tantum divisi, verum et in rebaptizando diversum sequimini; victi autem quia datum per nos baptismum tanquam non ipsum vel tanquam nullum sit iteratis, quod unum atque idem, nec diversum esse fatemini August., lib. II Contra Cresc. cap. VII, num. 9, pag. 4c3. Nam et hæretici estis vel quod in schismate inveterato remansistis; vel ex tua definitione, quod de Ecclesia, quæ corpus est Christi, vel de iteratione christiani baptismi diversum sequimini. Et sacrilegus error est, non solum a christiana unitate separatio, verum

,

Saint Augustin ne laissait pas de trouver beaucoup de difficultés à donner un definition régulière de l'hérésie, parce que toute erreur n'est pas une hérésie, quoiqu'il n'y ait point d'hérésie sans erreur 3. C'est pourquoi il ne s'explique pas toujours avec précision sur ce sujet. Dans son livre de l'Utilité de la foi, il dit que l'hérétique est * eelui qui invente ou qui suit de nouvelles opinions en vue de quelque intérêt temporel, et principalement pour acquérir de la gloire ou du pouvoir. Définition qui semble suppo ser qu'une personne ne peut être hérétique qu'il n'y entre quelque vue temporelle, ou quelque mauvaise volonté. D'où vient que ce Père ne veut pas qu'on mette au rang des hérétiques ceux qui ont des opinions fausses et erronées, pourvu qu'ils ne les défendent pas avec obstination, principalement quand ils ne les ont pas inventées par une présomption téméraire, mais qui les ont reçues de leurs pères; qui cherchent la vérité avec toute la précaution et tout le soin possibles, prêts à se corriger quand ils l'au

etiam sacramentorum, quæ secundum tuam confessionem una eademque sunt, violatio atque res cissio. August., lib. II Contra Cresc., cap. VIII, pag. 4c4.

2 Schisma, nisi fallor, est eadem opinantem atque eodem ritu colentem quam cæteri solo congregationis delectari dissidio. Secta vero est longe alia opinantem quam cæteri alio etiam sibi ac longe dissimili ritu Divinitatis instituisse culturam. Faust. apud August., lib. XX, cap. III, pag. 333, tom. VIII.

3 Non omnis error hæresis est, quamvis omnis hæresis, quæ in vitio ponitur nisi errore aliquo hæresis esse non possit. Quid ergo faciat hæreticum, regulari quadam definitione comprehendi, sicut ego existimo, aut omnino non potest aut difficillime potest. August., lib. I De Hæres .pag. 4, tom. VIII.

Hæreticus est, ut mea fert opinio, qui, alicujus temporalis commodi et maxime gloriæ principatusque sui gratia, falsas ac novas opiniones vel gignit, vel sequitur. August., lib. I De Utilitate credendi, cap. I, pag. 45. tom. VIII.

Dixit quidem apostolus Paulus: Hæreticum hominem post unam correptionem devita, sciens quia subversus est ejusmodi, et peccat, et est a semetipso damnatus. Sed qui sententiam suam, quamvis falsam atque perversam, nulla pertinaci animositate defendunt, præsertim quam non audacia præsumptionis suæ pepererunt, sed a seductis atque in errorem lapsis parentibus acceperunt, quærunt autem cauta sollicitudine veritatem, corrigi parati cum invenerint, nequaquam sunt inter hæreticos deputandi. August., Epist. 43, num. 1, pag. 88,

2

ront trouvée. C'est dans ce principe qu'écri-
vant à Vincent Victor qui avait avancé 1 plu-
sieurs erreurs dans son livre de l'Origine de
l'ame, il lui dit : « Ne croyez pas qu'ayant
ce sentiment vous soyez déchu de la foi ca-
tholique, quoiqu'il soit opposé à la foi catho-
lique, si vous croyez devant Dieu qui connaît
tous les cœurs, que vous avez dit la vérité,
et que vous ne vous arrêtiez point trop à vo-
tre sens, prêt d'abandonner votre sentiment,
si l'on découvre qu'il n'est pas probable, et
dans la disposition de condamner votre pro-
pre jugement et d'embrasser ce qui est vé-
ritable et plus sûr. Car la disposition où
vous êtes de vous corriger et d'embrasser la
vérité, vous rend catholique, même à l'égard
des choses qui ne le sont pas, et que vous
avancez par ignorance. »

Ce Père applique cette maxime à un hom-
me même qui serait dans l'erreur la plus con-
damnable, comme celle de Photin, croyant
être dans la doctrine catholique. « Je n'ose-
rais pas, dit-il, appeler cet homme héréti-
que, si ce n'est que quand on lui a décou-
vert la doctrine catholique, il n'aime mieux
résister à la vraie foi, et tenir le sentiment
qu'il avait choisi. » Il paraît donc qu'il ne
suffit pas qu'un homme soit dans l'erreur
pour être hérétique, mais qu'il faut de plus
qu'il ait de la présomption et de l'opiniâ-
treté. C'est ce que dit assez clairement le
même Père dans un autre endroit : « Ceux
qui, dans l'Église de Jésus-Christ, ont des sen-
timents corrompus et pernicieux, si, étant
repris et exhortés à rentrer dans la saine et
pure doctrine, ils résistent avec opiniâtreté,
et ne veulent ni se départir de leurs dogmes

1 August., lib. III De Anima et ejus orig., cap.
IV, num. 22, pag. 384.

2 Absit autem ut te arbitreris, hæc opinando, a
fide catholica recessisse, quamvis ea fidei sint ad-
versa catholicæ, si coram Deo, cujus in nullius
corde oculus fallitur, veraciter te dixisse respicis,
non te tibi ipsi esse credulum probari ea quæ
dixeris posse; ac studere te semper etiam pro-
priam sententiam non tueri, si improbabilis dete-
gatur, eo quod sit tibi cordi proprio, damnato ju-
licio, meliora magis et quæ sint veriora sectari.
Iste quippe animus, etiam in dictis per ignoran-
tiam non catholicis, ipsa est correctionis præme-
ditatione ac præparatione catholicus. August., lib.
De Anima et ejus orig., cap. xv, num. 23, pag.3 85
et 386.

3 Constituamus ergo duos aliquos isto modo,
unum eorum verbi gratia, id sentire de Christo
quod Photinus opinatus est et in ejus hæresi bap-
tizari extra Ecclesiæ catholicæ communionem;

pernicieux, ni quitter leurs opinions empoi-
sonnées et mortelles, mais continuent à les
défendre, deviennent hérétiques, et se re-
tirant de l'Église, ils se rangent au nombre
de ses ennemis. » On obligeait les hérétiques
de dire anathème à leurs écrits et à leurs
erreurs, comme on le voit par la conduite
que le pape Innocent et les évêques d'Afri-
que tinrent à l'égard de Pélage et de Céles-
tius. Ces évêques, persuadés que l'autorité
du Saint-Siége serait en cette occasion d'un
plus grand poids auprès de Pélage que la
leur, prièrent le Pape par lettres de l'obli-
ger à dire anathème au livre dont il était
auteur, afin que ses sectateurs, étonnés de
cette censure, n'osassent plus à l'avenir trou-
bler les cœurs vraiment fidèles et chrétiens,
par leurs disputes sur la grâce. Innocent lut
le livre de Pélage, et y trouva beaucoup
de choses contre la grâce de Dieu, et beau-
coup de blasphèmes; ce qui lui fit juger que
cet hérésiarque devait anathématiser ses sen-
timents erronés, afin que ceux qu'il avait
séduits revinssent plus facilement, étant in-
formés qu'il avait lui-même anathématisé les
erreurs qu'il leur avait enseignées. Les évê-
ques d'Afrique en usèrent de même envers Cé-
lestius: ils marquèrent au pape Zosime, qu'il
ne suffisait pas que cet hérétique avouât géné-
ralement qu'il se soumettait aux lettres du pa-
pe Innocent, mais qu'il devait encore anathé-
matiser ouvertement les mauvais sentiments
répandus dans l'écrit qui contenait sa profes-
sion de foi. Zosime en conséquence fit cher-
cher Célestius pour l'obliger à faire ce que de-
mandaient de lui ces évêques. Maisil disparut.

On peut dire en un sens que les héré-

alium vero hoc idem sentire, sed in catholica bap-
tizari, existimantem ipsam esse catholicam fidem.
Istum nondum hæreticum dico nisi manifesta sibi
doctrina catholicæ fidei resistere maluerit, et il-
lud quod tenebat elegerit. August., lib. IV De Bapt.,
cap. XVI, num. 23, pag. 135.

↳ Qui ergo in Ecclesia Christi morbidum aliquid
pravumque sapiunt, si correpti ut sanum rectum-
que sapiant, resistunt contumaciter suaque pesti-
fera et mortifera dogmata emendare nolunt, sed
defensare persistunt, hæretici fiunt, et foras
exeuntes habentur in exercentibus inimicis. Au-
gust., lib. XVIII De Civit. Dei, cap. LI, num. 1,
pag. 533.

5 August., Epist. 177, num. 6, pag. 624, et num.
15, pag. 627.

6 Innocentius apud Augustinum, Epist. 183,
num. 5, pag. 642.

7 August., lib. Il Contra duas Epist. Pelag., cap.
III, pag. 434

tiques au lieu de nuire à l'Église catholique, l'ont affermie, en ce que pensant mal, ils ont fait connaître ceux qui pensaient bien 1. Avant qu'il y eût des hérétiques, plusieurs choses étaient cachées dans les Écritures ils les ont agitées par des questions, et par là ce qui était caché s'est découvert, et on a mieux entendu la volonté de Dieu. Ceux mêmes qui pouvaient les expliquer avec le plus de succès, demeuraient cachés parmi le peuple de Dieu, et ils ne s'appliquaient point à résoudre les questions difficiles, parce qu'il ne s'élevait aucun ennemi qui les pressât. C'est pour cela qu'on n'a point traité parfaitement du mystère de la Trinité avant les clameurs des ariens; ni de la pénitence avant que les novatiens s'élevassent contre elle; ni de l'efficacité du baptême avant ceux qui ont introduit la rebaptisation. On n'a pas même traité avec la dernière exactitude les choses qui se disaient de l'unité du corps de JésusChrist, avant que le schisme qui mettait les faibles en péril, obligeât ceux qui étaient instruits de ces vérités, à les traiter plus à fond, et à éclaircir entièrement ce qu'il y a d'obscur dans les Livres saints sur ce sujet. Chaque hérésie a apporté à l'Église sa question

1 Etenim ex hæreticis asserta est catholica, et ex his qui male sentiunt probati sunt qui bene sentiunt. Multa enim latebant in Scripturis; et cum præcisi essent hæretici, quæstionibus agitaverunt Ecclesiam Dei: aperta sunt quæ latebant, et intellecta est voluntas Dei... Ergo multi qui optime possent Scripturas dignoscere et pertractare, latebant in populo Dei; nec afferebant solutionem quæstionum difficilium, cum calumniator nullus instaret. Numquid enim perfecte de Trinitate tractatum est antequam oblatraren: ariani? numquid perfecte de pœnitentia tractatum est antequam obsisterent novatiani? Sic non perfecte de baptismate tractatum est antequam contradicerent foris positi rebaptizatores; nec de ipsa unitate Christi enucleate dicta erant quæ dicta sunt, nisi postquam separatio illa urgere cœpit fratres infirmos, ut jam illi qui noverant hæc tractare atque dissolvere, ne perirent infirmi, sollicitati quæstionibus impiorum, sermonibus et disputationibus suis, obscura legis in publicum deducerent. August., in Psalm. LIV, num. 22, pag. 513.

2 Didicimus enim singulas quasque hæreses intulisse Ecclesiæ proprias quæstiones contra quas diligentius defenderetur Scriptura divina, quam si nulla talis necessitas cogeret. August., De Dono pers., cap. xx, num. 53, pag. 851.

3 Tempore illo quo Dominus priora delicta recentibus pœnarum exemplis cavenda monstravit, et idolum fabricatum atque adoratum est et propheticus liber ira regis contemptoris incensus, et schisma tentatum : idololatria gladio punita est,

particulière, contre laquelle on a défendu plus exactement la sainte Écriture, que s'il ne s'était jamais élevé de pareilles disputes. Au reste l'énormité du schisme est si grande' que Dieu a puni plus sévèrement ce crime même dans la loi ancienne que celui de l'idolâtrie. Car l'idolâtrie ne fut punie que par la mort seule et par l'épée, au lieu que les schismatiques qui s'élevèrent contre Moïse furent dévorés et engloutis tout vivants. Et s'il arrivait dans les persécutions genérales dont l'Église a été agitée de temps en temps, que les schismatiques livrassent avec nous leurs corps aux flammes pour la confession de la foi qui leur était commune avec nous, on était persuadé que tous ces tourments leur étaient inutiles pour le salut éternel*, parce qu'étant séparés de nous, ils ne les souffraient pas en esprit de dilection, ne s'étudiaient pas à conserver l'unité dans le lien de la paix, et n'avaient pas par conséquent la charité. »

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exusti libri bellica cæde et peregrina captivitate; schisma hiatu terræ sepultis auctoribus vivis, et cæteris cœlesti igne consumptis. Quis jam dubitaverit hoc esse sceleratius commissum quod est gravius vindicatum? August., lib. II De Bapt., cap. VI, num. 9, pag. 101.

Si aliqua ingruente persecutione tradant ad flammas nobiscum corpus suum pro fide quam pariter confitentur, tamen, quia separati hæc agunt non sufferentes invicem in dilectione, neque studentes servare unitatem spiritus in vinculo pacis, charitatem utique non habendo, etiam cum illis omnibus quæ nihil eis prosunt, ad æternam salutem pervenire non possunt. August., lib. I De Bapt., cap. IX, num. 12, pag. 86.

5 Non tribuamus dandi regni atque imperii potestatem nisi Deo vero, qui dat felicitatem in regno cœlorum solis piis, regnum vero terrenum et piis ac impiis, sicut ei placet, cui nihil injuste placet. August., lib. V De Civit. Dei, cap. XXI, pag. 038.

Deus ipse dat regna terrena bonis et malis. August., lib. IV, cap. XXXIII, pag. 112.

7 Cum enim constemus anima et corpore, et quamdiu in hac vita temporali sumus, etiam rebus temporalibus ad subsidium degendæ hujus vitæ utamur; oportet nos ex ea parte, quæ að hanc vitam pertinet subditos esse potest tibus, hoc est, hominibus res humanas cum aliquo honore administrantibus. Ex illa vero parte qua credimus Deo, et in regnum ejus vocamur, non nos oportet esse subditos cuiquam homini, idip

sommes ici-bas, et que nous usons des choses temporelles pour le soutien de cette vie, il faut que nous soyons soumis aux puissances en ce point. Mais en ce qui regarde l'autre partie de nous-mêmes par laquelle nous croyons en Dieu, et sommes appelés pour jouir de son royaume, nous ne devons être assujettis à qui que ce soit, au préjudice de ce que Dieu nous a donné pour la vie éternelle. Celui-là donc se trompe fort qui, parce qu'il est devenu chrétien, s'imagine n'être point sujet aux puissances, ni obligé de leur payer les tributs, et leur rendre l'honneur qui leur est dû. Mais c'est se tromper encore davantage de croire que les puissances préposées pour gouverner les choses temporelles, aient droit sur notre foi. Il faut garder en cela le juste tempérament que Jésus-Christ nous a prescrit en ordonnant de rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Saint Augustin fait application de cette règle, par un exemple de ce qui se passa autrefois sous un prince païen. « Il y a eu, ditil1, un empereur infidèle nommé Julien. C'était un idolâtre, un méchant, un apostat. Il avait des soldats chrétiens, et ces soldats servaient un prince infidèle. Lorsqu'il s'agissait de la cause de Jésus-Christ, ils ne reconnaissaient pour roi que celui qui est dans le ciel : et quand Julien voulait qu'ils adorassent les idoles et leur offrissent de l'encens, ils préféraient Dieu à Julien. Mais lorsqu'il leur disait d'aller combattre et de marcher contre une telle nation, ils obéissaient aussitôt, distinguant fort bien entre le Seigneur qui est

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sum in nobis evertere cupienti quod Deus ad vitam æternam donare dignatus est. Si quis ergo putat, quoniam christianus est, non sibi vectigal reddendum, aut tributum, aut non esse exhibendum honorem debitum eis quæ hæc curant potestatibus, in magno errore versatur. Item si quis sic se putat esse subdendum, ut etiam in suam fidem habere potestatem eum, qui temporalibus administrandis aliqua sublimitate præcellit, in maiorem errorem labitur. Sed modus iste servandus est, quem Dominus ipse præscribit, ut reddamus Cæsari quæ Cæsaris sunt, et Deo quæ Dei sunt. August., in Expos. propos. ex Epist. ad Rom., cap. LXXII, pag. 920, tom. III, part. 2.

1 Julianus exstitit infidelis imperator, exstitit apostata, iniquus, idololatra: milites christiani servierunt imperatori infideli: ubi veniebatur ad causam Christi, non agnoscebant nisi illum qui in cælo erat. Si quando volebat ut idola colerent, ut thurificarent, præponebant illi Deum : quando autem dicebat: Producite aciem; contra ite illam gentem, statim obtemperabant. Distinguebant Do

2

Sur la por

sonno

sacréo 1 Rog. XXIV, 6 et 7.

éternel et le seigneur temporel. Néanmoins ils demeuraient même soumis au seigneur temporel, à cause de celui qui est éternel. » 183. On lit que David, loin d'attenter à la vie de Saül, trembla après avoir coupé le des rois. bord de la robe de ce prince. Sur quoi saint Augustin dit à Pétilien, évêque donatiste : « Vous m'objectez que celui qui n'est pas innocent ne peut avoir la sainteté. Je vous demande si Saül n'avait pas la sainteté de son sacrement et de l'onction royale, qu'estce qui causait en lui de la vénération à David? N'est-ce pas à cause de cette onction sainte et sacrée que David l'a honoré durant sa vie, et qu'il a vengé sa mort? Son cœur, frappé de respect trembla quand il coupa le bord de la robe de ce roi injuste, ce qui montre que quoique Saül n'eût pas l'innocence, il ne laissait pas d'avoir la sainteté, non de vie et de mœurs, mais du sacrement divin qui est saint même dans les hommes mauvais. » Saint Augustin appelle ici sacrement l'onction royale ou parce qu'avec tous les Pères il donne ce nom à toutes les cérémonies sacrées, ou parce qu'en particulier l'onction royale dans l'Ancien Testament était un signe sacré institué de Dieu pour rendre les rois capables de leurs charges, et pour figurer l'onction de Jésus-Christ. Mais ce qu'il y a de plus important à remarquer en cet endroit, c'est que ce saint Docteur reconnaît, d'après l'Écriture, une sainteté inhérente au caractère royal qui ne peut être effacé par aucun crime.

3

184. «Nous n'appelons pas, dit saint Au

minum æternum a domino temporali: et tamen subditi erant propter Dominum æternum, etiam domino temporali. August., in Psal. CXXIV, num. 7, pag. 1416.

2 Si satis absolutum tibi videtur quod dixisti: Qui non fuerit innocens, non habet sanctitatem. Quæro si non habebat Saul sacramenti sanctitatem, quid in eo David venerabatur? Si autem habebat innocentiam, quare innocentem persequebatur? Nam eum propter sacrosanctam unctionem et honoravit vivum, et vindicavit occisum: el quia vel panniculum ex ejus veste præcidit, percusso corde trepidavit. Ecce Saul non habebat innocentiam, et tamen habebat sanctitatem, non vitæ suæ (nam hoc sine innocentia nemo potest) sed sacramenti Dei, quod et in malis hominibus sanctum est. August., lib. II Contra Litt. Petiliani, cap. XLVIII, num. 112, pag. 253.

3 M. Bossuet, dans la Politique tirée de l'Ecriture sainte, pag. 262 et 263, tom. I de l'édition de Bruxelles, en 1721.

Neque enim nos christianos quosdam impera

En quil

'bonheur des τρίς.

consiste gustin, certains empereurs chrétiens heureux, pour avoir régné longtemps, ou pour être morts en paix, laissant leurs enfants successeurs de leurs couronnes; ou pour avoir vaincu les ennemis de l'État, ou pour avoir opprimé les séditieux. Ces biens ou ces consolations de cette vie malheureuse sont des choses dont on joui des gens qui adoraient les démons et qui n'appartenaient pas au royaume de Dieu. Cela s'est fait par une dis pension particulière de sa miséricorde, afin que ceux qui croiraient en lui ne les demandassent point comme y mettant leur souverain bonheur. Mais nous appelons les princes, heureux, quand ils font régner la justice; quand, au milieu des louanges qu'on leur donne ou des respects qu'on leur rend, ils ne s'en orgueillissent point, mais se souviennent qu'ils sont hommes; quand ils soumettent leur puissance à celle de Dieu, et la font servir à faire fleurir son culte ; quand ils craignent Dieu, qu'ils l'aiment et qu'ils l'adorent; quand ils préfèrent à leur royaume celui où ils ne craignent point d'avoir des associés; quand ils sont lents à punir, et prompts à pardonner; quand ils ne punissent que pour le bien de l'Etat, et non pour satisfaire leur vengeance, et qu'ils ne pardonnent que parce qu'ils espèrent qu'on se corrigera, et non pour donner l'impunité au crime; quand, étant obligés d'user de sévérité, ils la tempèrent par quelques actions de douceur et de clémence, quand ils sont d'autant plus retenus dans leurs plaisirs, qu'ils au

vel

tores ideo felices dicimus, quia vel diutius imperarunt, vel imperantes filios morte placida reliquerunt, vel hostes reipublicæ domuerunt, inimicos cives adversus se insurgentes et cavere et opprimere potuerunt. Hæc et alia vitæ hujus ærumnosæ, vel munera, vel solatia, quidam eliam cullores dæmonum accipere meruerunt, qui non pertinent ad regnum Dei, quo pertinent isti: et hoc ipsius misericordia factum est, ne ab illo ista, qui in eum crederent, velut summa bona desiderarent. Sed felices eos dicimus, si juste imperanti si inter linguas sublimiter honorantium et obsequi animis humiliter salutantium non extolluntur, sed se homines esse meminerunt; si suam potestatem ad Dei cultum maxime dilatandum, majestati ejus famulam faciunt: si Deum timent, diligunt, colunt; si plus amant illud regnum, ubi non timent habere consortes; si tradius vindicant, facile ignoscunt; si eamdem vindictam pro necessitate regendæ tuendæque reipublicæ, non pro saturandis inimicitiarum odiis exserunt; si eamdem veniam non ad impunitatem iniquitatis, sed ad spem correctionis indulgent; si quod aspere coguntur plerumque decer

raient plus de liberté de s'y livrer; quand ils aiment mieux commander à leurs passions qu'à tous les peuples du monde; quand ils font toutes ces choses non pour la vaine gloire, mais pour l'amour de la félicité éternelle; enfin quand ils ont soin d'offrir à Dieu pour leurs péchés le sacrifice de l'humilité, de la miséricorde et de la prière. Voilà les princes chrétiens que nous appelons heureux: heureux dès ce monde par l'espérance; et heureux lorsque ce que nous attendons sera arrivé. »

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185. Il était d'usage parmi les catholiques 1 de s'abstenir, non-seulement de la ta chair des animaux, mais même de quelques fruits de la terre, uniquement pour dompter leurs corps et humilier leurs âmes dans la prière, et non pas qu'ils crussent ces aliments impurs. L'abstinence n'en était générale que pour peu de personnes, mais ils l'observaient presque tous pendant le carême, les uns plus, les autres moins, selon leur pouvoir ou leur volonté. Le jeûne de quarante jours que nons appellons Carême, et que l'on trouve pratiqué par les anciens prophètes comme par Jésus-Christ, a été fixé en un temps qui aboutit à la passion de Jésus-Christ; et l'on ne pouvait en choisir un plus convenable, puisqu'elle nous représente la vie laborieuse que nous menons icibas, et qui doit être accompagnée d'une tempérance qui nous prive des fausses douceurs et des faux plaisirs que le monde étale de toutes parts. On exhortait les personnes

2

nere, misericordiæ lenitate et beneficiorum largitate compensant; si luxuria tanto eis est castigatior quanto posset esse liberior; si malunt cupiditatibus pravis, quam quibuslibet gentibus imperare et si hæc omnia faciunt, non propter ardorem inanis gloriæ, sed propter charitatem felicitatis æternæ: si pro peccatis suis, humilitatis et miserationis et orationis sacrificium Deo suo vero immolare non negligunt. Tales christianos imperatores dicimus felices interim spe, postea re ipsa futuros, cum id quod expectamus advenerit. August., lib. V De Civitate Dei, cap. XXIV, pag. 141.

1 Christiani non hæretici, sed catholici, edomandi corporis causa, propter animam in orationibus amplius humiliandam, non quod illa esse immunda credant, non solum a carnibus, verum a quibusdam etiam terræ fructibus abstinent; vel semper, sicut, pauci, vel certis diebus atque temporibus, sicut per quadragesimam fere omnes quanto magis quisque vel minus seu voluerit, seu poteurit. August., lib. XXX Contra Fausi., cap. v, pag. 447.

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August., Epist. 55, cap. xv, num. 28, pag. i59.

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