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9. Saint Augustin demeura à Carthage va à Rome jusqu'à la vingt-neuvième année de son et à Milan, age, c'est-à-dire jusqu'en 383, attendant

en 384.

avec impatience la venue de Fauste le Manichéen. Il avait parmi ceux de sa secte le nom d'évêque, et il y était regardé comme un homme descendu du ciel, quoique d'une vie très-voluptueuse . Ses discours avaient du feu et de la vivacité, et il expliquait ses pensées en des termes fort propres. C'était à quoi se terminait son savoir, car il ne faisait d'ailleurs que conter les mêmes fables que les autres manichéens. Saint Augustin, qui en était déjà las et rebuté, ne les trouvait pas meilleures pour être mieux dites, ni plus vraies pour être racontées avec plus d'éloquence. Il proposa néanmoins à Fauste " une conférence où il pût lui représenter ses doutes dans une liberté tout entière. Mais aussitôt qu'il les lui eut proposés, Fauste refusa modestement d'y répondre, et ne se voulut point charger d'un fardeau trop pesant pour lui, ne rougissant point d'avouer qu'il ignorait la science sur laquelle roulaient ces difficultés. C'était sur les supputations mathématiques. Saint Augustin voulait voir si ce qu'il avait lu dans les livres des manichéens valait mieux que ce qu'on en lisait dans d'autres livres. La modération" d'esprit de Fauste lui plut et lui parut plus estimable que les choses mêmes dont il désirait d'acquérir la connaissance. Cette conférence lui fit néanmoins perdre l'espérance de pouvoir trouver de la satisfaction en s'expliquant avec les autres docteurs des manichéens, celui-ci, qui était si célèbre parmi eux, lui ayant paru si ignorant. Ainsi, par un effet extraordinaire de la Providence divine, ce Fauste qui avait été pour tant d'autres un piége mortel,

1 Lib. IV Confess., cap. ш, num. 6. - Lib. V Confess., cap. vII.

3 August., lib. Cont. Faust., cap. v et VII. Lib. V Confess., cap. VI, num. 10.

Ibid., cap. vi, num. 11. — 6 Ibid., lib. V, cap. VII, num. 12,

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commença, sans le savoir et sans le vouloir, à tirer saint Augustin de celui où il était retenu depuis tant d'années. Il partit de Carthage vers la fin de 383, inquiet et incertain du parti qu'il devait prendre, et vint à Rome dans le dessein d'y enseigner la rhétorique ; il logea chez un auditeur des manichéens, où il assembla quelques écoliers. Mais, averti que plusieurs d'entre eux conspiraient ensemble pour ne rien donner à ceux qui prenaient la peine de les instruire, et choqué de cette bassesse, il passa de Rome à Milan, qui manquait d'un professeur en éloquence. C'était en 384; saint Ambroise, alors évêque de cette ville 10, le reçut en père et témoigna se réjouir de sa venue avec une charité digne d'un vrai pasteur. Cette bonté le gagna. Il allait l'écouter avec grand soin lorsqu'il enseignait le peuple, moins toutefois pour s'instruire lui-même, que pour éprouver si son éloquence répondait à sa réputation; mais il ne laissait pas d'être attentif pour s'assurer s'il ne disait rien qui favorisât ou qui combattît l'hérésie des manichéens. Dieu ", qui voulait le retirer de son erreur et lui apprendre la science d'où dépendait la solution de ses difficultés, portait ce saint évêque à résoudre incidemment celles que les manichéens faisaient sur divers endroits de l'Écriture. Ce fut par cette voie que saint Augustin apprit insensiblement la vérité, et que son erreur s'évanouit peu à peu et par degrés. D'abord 12 il lui sembla que la doctrine de saint Ambroise pouvait se soutenir, et que, pour lui, il avait eu tort de croire qu'on ne pût sans témérité défendre la foi catholique contre les arguments des manichéens. Voyant ensuite avec quelle clarté ce saint évêque expliquait les passages les plus difficiles de l'Ancien Testament, il se persuada de plus en plus qu'il n'était pas impossible de répondre aux calomnies par lesquelles les manichéens déchiraient cette partie de l'Écriture, qu'ils n'interprétaient que selon la lettre qui tue, au lieu que saint Ambroise l'expliquait comme il convenait, selon le sens spirituel et allégorique. Il souhaitait encore de pouvoir convaincre de fausseté

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les opinions des manichéens. Dans cette vue, il compara ce qu'ils disaient touchant ce monde élémentaire et toutes les parties de la nature qui peuvent tomber sous le sens, avec ce qu'en ont dit les philosophes, et il trouva que plusieurs d'entre ces derniers en avaient parlé avec plus de vraisemblance et plus de solidité. Cela lui fit prendre la résolution d'abandonner entièrement les manichéens, ne croyant point devoir demeurer dans une secte dont la doctrine lui paraissait moins probable que celle de beaucoup de philosophes.

10. Il prit donc le parti de demeurer1 catéchumène dans l'Église catholique que ses parents lui avaient tant recommandée. Cependant sainte Monique, sa mère, après avoir essuyé divers périls, vint le trouver à Milan. Quand saint Augustin lui eut dit qu'il n'était plus manichéen, quoiqu'il ne fût pas encore catholique, elle lui répondit avec un esprit tranquille et plein de confiance, qu'elle s'assurait en Jésus-Christ de le voir fidèle catholique, avant qu'elle sortit de ce monde. Alypius et Nébridius, tous deux amis intimes de saint Augustin, l'avaient suivi à Milan, dans le dessein de chercher ensemble la vérité. Ils voulaient même vivre en commun avec quelques autres, du nombre desquels était Romanien. Mais comme quelques-uns d'eux avaient déjà des femmes, et que d'autres pensaient à se marier, ils ne crurent pas que la vie commune pût leur convenir. Saint Augustin était de ceux qui pensaient au mariage, et sa mère avait trouvé une personne qui lui pouvait convenir, mais si jeune qu'il fallait attendre environ deux ans. La concubine qu'il entretenait étant un obstacle à son mariage, elle s'en retourna en Afrique, où elle fit vœu de continence pour le reste de ses jours. Il n'eut point le courage de l'imiter, et il prit une autre concubine pour le peu de temps qui restait jusqu'à son mariage. Tout ceci se passait en l'an 385. Le premier jour de cette année, Augustin avait prononcé devant une assemblée publique très-nombreuse le panégyrique de Bauton, alors consul.

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Sa co

version,

11. L'année suivante, il commença à lire l'Écriture sainte avec une ardeur extraor- 386. dinaire mais il ne goûtait rien tant que les Épitres de saint Paul. Cette lecture répandit dans son âme 7 une lumière qui lui fit voir la vertu dans sa beauté. Toutefois, il était encore dans l'incertitude du genre de vie qu'il embrasserait. En cet état, il s'adressa au prêtre Simplicien, homme d'une grande vertu et père spirituel de saint Ambroise ; il lui raconta tout le cours de ses erreurs et tous les égarements de son âme. Simplicien, apprenant de lui qu'il avait lu quelques livres de Platoniciens, traduits en latin par le rhéteur Victorin, en prit occasion de lui rapporter 10 de quelle manière " ce Victorin s'était converti. Augustin en fut sensiblement touché, et désirait ardemment de l'imiter, non-seulement en recevant le baptême, mais en renonçant comme lui à la profession de la rhétorique. Un jour qu'il était seul avec Alypius, un africain, du nom de Pontitien, officier de l'empereur 12, vint les trouver. Ils s'assirent pour s'entretenir; et Pontitien ayant aperçu un livre sur la table qui était devant eux, l'ouvrit, et trouva que c'étaient les Épîtres de saint Paul. Surpris de trouver là ce seul livre, au lieu de quelqu'autre qui regardât la profession d'un orateur, il jeta les yeux sur Augustin avec un sourire qui marquait sa joie et en même temps son admiration car il était chrétien et faisait souvent de longues prières dans l'église. Après qu'Augustin lui eut avoué qu'il s'occupait avec grand soin à la lecture de ce livre, Pontitien commença à parler de saint Antoine, solitaire d'Egypte, dont le nom, quoique célèbre presque partout, avait jusqu'alors été inconnu à Augustin et à Alypius. Il leur en raconta la vie, et leur parla de cette grande multitude de monastères dont l'Égypte était remplie; de la sainte manière de vivre de ces saints solitaires, et des effets merveilleux que la grâce opérait en eux. Comme ce récit les remplissait d'étonnement, il leur raconta aussi la conversion de deux officiers de l'empereur, qui, pendant le séjour de la cour à Trèves, furent si tou

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chés de la vie de saint Antoine qu'ils trouvèrent chez des moines du voisinage de cette ville, qu'ils embrassèrent sur-le-champ la vie monastique. Pendant que Pontitien parlait, Augustin se sentait déchirer le cœur, et il était rempli d'une horrible confusion, en voyant qu'il ne lui restait plus d'excuse pour suivre la vérité qu'il cherchait depuis douze ans, et que ses amis avaient trouvée. Il se leva donc aussitôt après le départ de Pontitien, et, s'adressant à Alypius, il lui dit avec émotion, le visage tout changé, et d'un ton de voix extraordinaire, qui faisait bien mieux connaître que ses paroles ce qui se passait dans son âme : « Qu'est-ce ceci? Que faisons-nous? Que dites-vous de ce que nous venons d'entendre? Les ignorants ravissent le ciel; et nous, avec toute notre science, insensés que nous sommes, nous demeurons toujours ensevelis comme des bêtes dans la chair et le sang: est-ce à cause qu'ils nous précèdent dans la voie de Dieu, que nous avons honte de les suivre? Ne devons-nous pas plutôt rougir de honte de n'avoir pas même le courage de les suivre? » Alypius le regarda sans rien dire, étonné de ce changement, et le suivit pas à pas dans le jardin où l'emporta le trouble qui l'agitait. Ils s'assirent au lieu le plus éloigné de la maison. Augustin, frémissant d'indignation de ne pouvoir se résoudre à ce qui semblait ne dépendre que de sa volonté, s'arrachait les cheveux, se frappait le front et s'embrassait les genoux avec les mains jointes. Alypius ne le quittait point, attendant, sans lui rien dire, quelle serait la fin de cette agitation extraordinaire. Mais Dieu rompit enfin toutes ses chaînes par un miracle qu'il raconte ainsi : « Après qu'une profonde méditation eut tiré des plus secrets replis de mon âme et exposé à la vue de mon esprit toutes mes misères et tous mes égarements, je sentis s'élever dans mon cœur une grande tempête, qui fut suivie d'une grande pluie de larmes; et afin de la pouvoir verser tout entière avec les gémissements dont elle était accompagnée, je me levai et je me séparai d'Alypius, jugeant que la solitude me serait plus propice pour pleurer à mon aise; et je me retirai assez loin et à l'écart, afin de n'être point troublé par la présence d'un si cher ami. Je me couchai par terre sous un figuier, et ne pouvant plus retenir mes lar

1 August., lib. VIII Confess., cap. vii et VIII.

mes, il en sortit de mes yeux des fleuves et des torrents que vous reçûtes, Seigneur, comme un sacrifice agréable. Je vous dis plusieurs choses ensuite, sinon en ces mêmes termes, du moins en ce même sens : Jusqu'à quand ? jusqu'à quand serez-vous en colère contre moi? Oubliez, s'il vous plaît, mes iniquités passées car je connaissais bien que c'étaient elles qui me retenaient, et c'est ce qui me faisait dire avec une voix lamentable: Jusqu'à quand? jusqu'à quand remettrai-je toujours au lendemain? Pourquoi ne sera-ce point tout à cette heure, pourquoi mes ordures et mes saletés ne finiront-elles pas dès ce moment? Comme je parlais de la sorte et pleurais très-amèrement dans une profonde affliction de mon cœur, j'entendis, d'une maison voisine, une voix, comme d'un jeune garçon ou d'une fille, qui disait et répétait souvent en chantant: Prenez et lisez, prenez et lisez. Je changeai de visage dans le moment, et je commençai à penser en moi-même si les enfants n'avaient point coutume de chanter dans certain jeu quelque chose de semblable; et il ne me souvint point de l'avoir jamais remarqué. J'arrêtai donc le cours de mes larmes, croyant que Dieu me commandait d'ouvrir le livre des Épitres de saint Paul, et de lire le premier endroit que je trouverais; car j'avais appris que saint Antoine étant un jour entré dans l'église, lorsqu'on lisait l'Évangile, avait écouté et reçu ces paroles comme s'adressant à lui-même: Allez, vendez tout ce que vous avez: donnez-le aux pauvres, venez et me suivez, et que, par cet oracle qu'il entendit, il fut dans le même moment converti. Je retournai donc promptement au lieu où Alypius était demeuré; je pris le livre que j'y avais laissé, je l'ouvris, et dans le premier endroit que je rencontrai, je lus tout bas ces paroles: Ne vivez pas dans les festins et dans l'ivrognerie, ni dans les impudicités et les débauches, ni dans les contentions et les envies; mais revêtez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à contenter votre chair en ses désirs. Je n'en voulus pas lire davantage; et aussi n'en était-il pas besoin, puisque je n'eus pas plutôt achevé de lire ce peu de lignes, qu'il se répandit dans mon cœur comme une lumière qui le mit dans un plein repos et dissipa entièrement toutes les ténèbres de mes doutes. Puis, ayant marqué cet endroit du livre, je le fermai, et, avec un visage tranquille, je fis

Matth. ΧΙΧ, 21.

Rom. XIII, 13.

1.

entendre à Alypius ce qui m'était arrivé. » Alypius désira de voir le passage, en fit remarquer la suite à saint Augustin, qui n'y Rom., XIV avait point pris garde : Assistez celui qui est faible dans la foi, et s'appliqua à lui-même ces paroles. Ils rentrèrent dans la maison, et vinrent dire à sainte Monique de quelle manière tout s'était passé, sachant bien que rien ne pouvait lui faire plus de plaisir. En même temps Augustin résolut de renoncer au mariage et à toutes les espérances du siècle, et de commencer par abandonner son. école de rhétorique. Il voulut néanmoins le faire sans éclat; et comme il ne restait que trois semaines environ jusqu'aux vacances que l'on donnait pour les vendanges, il remit à ce temps-là à se déclarer. Sa conversion arriva donc dans le mois d'août ou de septembre de l'année 386.

Il se retire à la

Ses occupa tions.

12. Le jour des vacances arrivé, il se recampagne. tira en un lieu nommé Cassiaque ou Cassiciaque, dans la maison d'un ami nommé Vérécundus, citoyen de Milan, et professeur de grammaire. Il y fut suivi de sa mère, de son frère Navigius, de son fils Adéodat, d'Alypius, de Nébridius, et de deux jeunes hommes, ses disciples, Trygétius et Licentius, dont le dernier était fils de Romanien. Pendant cette retraite, saint Augustin composa divers ouvrages le premier, contre les Académiciens; le second, de la Vie heureuse; le troisième, de l'Ordre, et le quatrième, les Soliloques. On y voit de quelle manière ils vivaient ensemble dans cette campagne. Quoique sainte Monique fût chargée des soins du ménage 2, saint Augustin ne laissait pas d'entrer dans quelques détails des affaires domestiques 3, et il était quelquefois occupé des journées entières ou à écrire des lettres, ou à régler des affaires. Il ne se levait pas ordinairement avant le jour; mais il s'était accoutumé depuis longtemps à veiller près de la moitié de la nuit, pour méditer sur les diflicultés qu'il rencontrait. Après s'être levé, il rendait à Dieu ses vœux ordinaires, et répandait tous les jours devant lui les humbles plain

1 Lib. IX Confess., cap. III, num. 5. 2 Lib. II Acad., cap. v, num. 13.

3 Lib. I Acad., cap. v, num. 15, et lib. II, cap. IV, num. 10. Ibid., lib. II, cap. xt, num. 25, et lib. Ill, cap. II, num. 2.

5 August., lib. I de Ordin., cap. III, num. 6. Ibid., cap. VIII, num. 25. Ibid., cap. v, num. 13. 8 Lib. I de Ordin., Ibid., lib. I, cap. VIII.

cap. 11.

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tes de son ignorance et de sa misère". De là il allait se promener à la campagne avec ceux de sa compagnie . Mais lorsqu'il faisait mauvais, ils allaient s'entretenir dans des bains qui étaient assez beaux. Il ne prenait de nourriture dans ses repas qu'autant qu'il en fallait pour apaiser la faim 10, sans rien diminuer de la liberté de l'esprit, et ne se couchait qu'après avoir prié Dieu". Mais il était quelquefois longtemps à méditer et à s'entretenir avec lui-même. Trygétius et Licentius couchaient dans la même chambre que lui. Comme il avait pour eux une extrême affection, il prenait un très-grand soin 12 de former leurs mœurs et de les instruire dans les belles-lettres. Il y réussit si bien, que ceux qui les avaient connus auparavant, avaient peine à concevoir 13 qu'ils fussent devenus si ardents à approfondir les vérités les plus relevées, et qu'étant si peu avancés en âge, ils eussent ainsi déclaré la guerre aux voluptés. Depuis que saint Augustin eut commencé à se donner à Dieu, la lecture des psaumes le touchait sensiblement, et il séchait de douleur en pensant aux écrits que les manichéens opposaient à ces divins cantiques. Ce fut dans le même temps 15 qu'il comprit combien le parjure est dangereux, et qu'il entreprit de se défaire de la mauvaise coutume qu'il avait prise de jurer. « J'ai combattu 16, dit-il, cette habitude, et non-seulement je l'ai combattue, mais j'ai prié le Seigneur de m'aider à la surmonter. Il m'a accordé son secours, et présentement rien ne m'est plus facile que de ne pas jurer; car, en combattant un vice, on le lie pour ainsi dire, et on le resserre 17: en le liant, on le rend languissant la langueur le fait enfin mourir et l'on acquiert une bonne habitude, en se corrigeant d'une mauvaise. » Ce fut aussi dans sa retraite qu'il éprouva le secours de Dieu dans un mal de dents si violent 18, que jamais il n'avait ressenti de si vives douleurs. Quand le mal fut arrivé à un tel excès qu'il ne pouvait plus parler, il lui vint en esprit d'avertir ses amis qui étaient présents de prier Dieu pour lui. 10 Lib. II Acad., cap. vi, num. 14. 11 August., Epist. 3, pag. 6.-12 August., lib. I de Ordin., cap. x, num. 29, et cap. VIII, num. 24.

13 Lib. II de Ordin., cap. x, num. 29.

14 Lib. IX Confess., cap. IV.

15 August., Serm. 180, cap. IX, num. 10. 16 Serm. 307, cap. IV, num. 5. 17 Serm 180, num. 10. cap. IV, num. 12,

17

18 Lib. IX Confess.

П reçoit

à Milan, en 387.

Pour leur faire entendre sa pensée, il l'écrivit sur des tablettes qu'il leur donna à lire : et aussitôt qu'ils se furent mis à genoux, la douleur s'évanouit. Cet effet si miraculeux grava profondément dans le cœur de saint Augustin le pouvoir de la volonté de Dieu, et sa foi lui en donnant de la joie, il loua le saint nom du Seigneur. Mais cette foi ne lui permettait pas d'être sans inquiétude dans le souvenir de ses péchés qui ne lui avaient pas encore été remis par le saint baptême.

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13. Le temps étant donc venu pour se le haptême mettre au nombre des compétents et se préparer à recevoir ce sacrement, il quitta la campagne et revint à Milan avec Alypius et son fils Adéodat, qui voulaient participer à la même grâce. C'était au commencement du carême de l'an 387. Il nous apprend luimême dans quelle disposition il était alors, dans un ouvrage qu'il composa longtemps après, et où il parle de lui et des autres en ces termes : «Faisons-nous si peu d'attention sur nous-mêmes, que nous ne nous souvenions pas avec quelle application, quel soin et quel respect nous écoutions les instructions de ceux qui nous enseignaient les principes de la religion, lorsque nous demandions à être admis au baptême, et que pour cette raison, on nous appelait compétents. » Il reçut ce sacrement des mains de saint Ambroise 3, la veille de Pâques, qui, cette année 387, se rencontra le septième des calendes de mai, c'est-à-dire le 25 d'avril. Aussitôt qu'il eut été baptisé, l'inquiétude que lui donnait le souvenir de sa vie passée s'évanouit, et il ne pouvait en ces premiers jours se rassasier de la consolation singulière qu'il recevait, en considérant quelle est la profondeur des conseils de Dieu en ce qui regarde le salut des hommes. Il renonça plus que jamais à tout ce qu'il eût pu espérer dans le siècle, et se résolut à ne servir, lui et les siens, que Dieu seul.

14. Ayant examiné en quel lieu il pourrait exécuter plus aisément son dessein, ils se résolurent, lui et les siens, de retourner en Afrique avec un jeune homme nommé Evodius, qui était aussi de Tagaste. Arrivés à Ostie, ils s'y reposèrent du long chemin

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qu'ils avaient fait depuis Milan, et se préparaient à s'embarquer. Un jour, étant appuyé sur une fenêtre avec sa mère qui regardait le jardin de la maison où ils logeaient, ils s'entretinrent ensemble avec une extrême consolation sur la félicité éternelle, oubliant tout le passé pour ne s'occuper que des biens à venir. Alors sainte Monique lui dit : « Mon fils, pour ce qui me regarde, je n'ai plus aucun plaisir en cette vie. Je ne sais ce que je fais encore ici, ni pourquoi j'y suis. La seule chose qui me faisait souhaiter d'y demeurer, était de vous voir chrétien catholique avant de mourir. Dieu m'a donné plus: je vous vois consacré à son service, ayant méprisé la félicité temporelle. » Au bout de cinq jours elle tomba malade de la fièvre, et mourut au bout de neuf. Saint Augustin lui ferma les yeux et se sentit en même temps frappé d'une douleur qui voulait se répandre au dehors par des ruisseaux de larmes : mais il les retenait avec une extrême violence. On porta le corps, et on offrit pour la défunte le sacrifice de notre rédemption. On fit encore des prières auprès du sépulcre, suivant la coutume, en présence du corps, avant de l'enterrer. Saint Augustin, écrivant dans la suite toutes les circonstances de cette mort, priait les lecteurs de se souvenir au saint autel de son père Patrice et de Monique, sa mère. Elle avait elle-même demandé cette grâce un moment avant sa mort, en disant à son fils 10 et à Navigius : « Mettez ce corps où il vous plaira, et ne vous en inquiétez point: je vous prie seulement de vous souvenir de moi à l'autel du Seigneur, quelque part que vous soyez. » Saint Augustin était alors dans la trente-troisième année de son âge 11: ainsi il faut mettre la mort de sa mère vers le commencement du mois de novembre de l'an 387.

15. Soit que la saison fût trop avancée, soit qu'il n'ait plus trouvé d'occasion favorable pour s'embarquer, soit enfin qu'il appréhendât les troubles qu'avait causés en Afrique l'invasion de Maxime, saint Augustin ne partit d'Italie qu'après la mort de ce prince, c'est-à-dire au mois d'août ou de septembre de l'an 388. Il passa tout ce temps à Rome, comme il nous en assure lui-même, et l'em

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