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DE

LA LANGUE ALLEMANDE

AVEC LE GREC ET LE LATIN

EXPLIQUÉES PAR LE SAMSKRIT

PAR C. SCHOEBEL

PROFESSEUR DE LANGUE ET DE LITTÉRATURE ALLEMANDES
AU COLLEGE ROYAL DE REIMS

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INTRODUCTION.

Méditer sur les noms des choses du monde réel et imaginaire, au milieu desquelles nous vivons; rechercher quelle raison a pu leur faire imposer tel nom plutôt que tel autre, et pourquoi ces noms dérivent de racines dont la valeur n'a le plus souvent, au premier aperçu, aucune liaison avec la signification usuelle des mots qui nous représentent ces choses; mettre enfin en lumière la portée des termes employés pour rendre telle ou telle impression, en en découvrant l'idée mère et en rétablissant leur filiation, n'est-ce pas là une étude digne du plus haut intérêt ?

Cette vérité une fois reconnue, qui peut mettre en doute l'utilité réelle de tout travail qui a pour objet de pénétrer dans les profondeurs d'une langue, d'en mettre à nu la valeur primitive, de révéler dans chaque racine une manifestation intellectuelle, et de découvrir la marche des idées à travers la transformation des mots? Ce mouvement n'est autre que le travail progressif qu'a dû accomplir chaque peuple avant d'arriver

à un certain point de civilisation. L'étude et la comparaison des langues offrent donc les moyens de résoudre les nombreux problèmes que présente encore l'histoire de la race humaine 1.

Si l'on considère avec attention les luttes que l'humanité a soutenues et celles qu'elle soutient encore, on acquiert la conviction qu'elles ont leur cause dans le travail que nécessite le développement de la parole, parce que sa perfection est le signe infaillible de la perfection par excellence. Cela est si vrai et si utile à savoir, que Dieu, qui créa les sphères et les inonda d'éblouissantes clartés par la puissance de sa parole, n'a pas voulu le laisser ignorer aux hommes. La voix inspirée des prophètes ne connaissait rien de plus grand, de plus sublime, de plus digne de servir d'attribut à la Divinité, que la parole. Son action est, selon eux, l'action la plus vivante, la plus énergique : la parole de Dieu, c'est le tonnerre de sa puissance; elle cerne le ciel tout entier2: c'est tantôt un feu ou un marteau qui brise les rochers, tantôt une rosée ou une pluie bienfaisante. Et l'apôtre n'a-t-il pas dit : « In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. Omnia per ipsum facta « sunt : et sine ipso factum est nihil quod factum est: in ipso vita

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Aider à la propagation de la lumière que la connaissance parfaite de la parole répand sur les destinées humaines, tel est le noble but pour lequel travaillent les hommes doués de la patience du vrai savoir, et tel est aussi le but des étymologistes.

L'acquisition de la connaissance fondamentale des mots est possible, donc elle est nécessaire; la poursuite de l'impossible est seule inutile. Je dis, elle est possible, parce que tout homme le reconnaît instinctivement. Quel autre sens donner aux demandes réitérées des enfants lorsqu'ils entendent nommer une

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chose : « Pourquoi cela s'appelle-t-il ainsi?» Manifestation d'un vœu qui ne saurait être si général, s'il n'était le reflet d'une vérité contenue au fond du cœur humain. Il faut donc que l'esprit de l'homme ait apporté, en naissant, la faculté conditionnelle, bien entendu, de répondre aux questions qu'il se pose, si d'ailleurs elles sont avouées par la raison, parce que l'âme serait un non-sens si ses puissances n'aboutissaient qu'à la négation. Mais cette faculté est conditionnelle, c'est-à-dire que toutes les solutions étant plus ou moins cachées, le travail seul finit par les découvrir. Par lui déjà s'est répandue une grande et salutaire lumière sur les origines et sur les analogies des langues. On ne niera point que cette clarté ne soit due, en grande partie, aux travaux des grands étymologistes et philologues que l'Allemagne a produits depuis un siècle1. Bien qu'un grand nombre d'entre eux n'aient particulièrement étudié que les origines de la langue germanique, ils n'en ont pas moins bien servi les intérêts de la science des langues en général; d'abord parce que la plupart des langues de l'Europe contiennent des traces nombreuses de l'élément germanique, puis parce que l'allemand, par l'intime affinité de ses parties constitutives avec les idiomes classiques, peut servir en même temps à expliquer les langues

1 Wachter, Frisch, Ihre, Fulda, Adelung, Vater, Grimm, Graff, Bopp, Guillaume de Humboldt, Klaproth, Guill. de Schlegel, Gesenius, Westergaard, Hoffmann, Kaltschmidt, Lepsius et tant d'autres. Telles sont les autorités imposantes sur lesquelles nous nous appuyons pour oser présenter ce travail au public.

Lorsque nous écrivions ces lignes, nous ne connaissions pas encore le beau travail de M. Eichhoff sur les langues de l'Europe et de l'Inde. Nous regrettons beaucoup de n'avoir pu le consulter. Les ouvrages de ce genre, et, en général, tous ceux qui n'intéressent pas les masses, sont si rares en province, qu'il est sans doute plus aisé d'étudier les travaux des savants français à Königsberg ou à Stockholm que dans une ville provinciale française quelconque.

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