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ment animé de l'Esprit divin que l'Éternel avait mis en lui; pensée exprimée dans le passage cité plus haut, (Saint Jean, X, 35), où il dit: La loi appelle Dieu ceux à qui la parole de Dieu est adressee: mais on ne trouve nulle part qu'il ait jamais attaché à ce titre de Fils de Dieu l'acception ordinaire du mot fils; et c'est bien évidemment aussi de même que l'entendaient les Évangélistes, qui, tout en le nommant le Fils de Dieu, le firent toutefois descendre en ligne directe de David.

J'ai, du reste, déjà fait remarquer plus haut que cette opinion que Jésus était le Fils unique de Dieu, conçu du Saint Esprit, conception annoncée à Sainte Marie par l'ange Gabriel, ne se trouvait exprimée que dans Saint Luc; l'Évangéliste qui n'était point apôtre, mais simplement un historien compilateur qui réunit, ainsi qu'il le dit lui-même, tous les renseignements et les traditions qu'il put recueillir au sujet de Jésus-Christ; d'où l'on peut fort bien expliquer pourquoi les Évangélistes apôtres ne parlent aucunement de ce fait, d'une si haute importance cependant, et que Saint Luc ne l'a accueilli que d'après de simples dires, ou des contes faits sur la vie de Jésus-Christ. Opinion qui prend même le caractère de la certitude, par cela que dans la famille même de Jésus-Christ, on ne croirait ni à sa descendance divine, ni même à sa mission comme envoyé de Dieu, ainsi qu'on l'a vu plus haut.

Quant à la croyance aujourd'hui généralement adoptée par la plupart des chrétiens, et dont il a déjà été parlé plus haut, que Jésus-Christ n'est autre que le Créateur incarné, elle n'a non-seulement jamais été soutenue par Jésus-Christ lui-même, qui a, au contraire, protesté contre, mais encore, parmi les Évangélistes, Saint Jean est le seul qui l'ait dit dans son premier chapitre, formant une espèce d'introduction à son histoire de Jésus-Christ, où il en parle, non pas en narrateur, mais dans un style figuré et poétique, dû, comme je l'ai déjà dit, à l'exaltation de son esprit pour son

sublime maître, qui lui avait voué spécialement une affection toute particulière, et pour lequel ce disciple devait naturellement éprouver le sentiment de l'admiration la plus parfaite, et un dévouement sans bornes; dévouement qui a dù lui faire adopter, plus qu'à tout autre, l'opinion que JésusChrist était plus qu'un simple mortel, et vraiment d'une essence divine.

Jésus-Christ, en voyant l'ascendant qu'il avait sur l'esprit de tous ceux qui l'écoutaient, et surtout sur celui de ces disciples, qui dans leur admiration le nommaient le Messie et le Fils de Dieu, a dû naturellement le croire; et c'est par là qu'on peut expliquer facilement le sens de ce passage des Évangiles, où il est dit qu'il fut tenté par le Diable, passage, du reste, évidemment allégorique. En effet, il est dit dans SAINT MATTHIEU (CHAP. IV, 1) : « Alors Jésus fut emmené par l'esprit dans un désert, pour être tenté par le Diable. » 2. « Et après qu'il eut jeûné pendant quarante jours et quarante nuits, il eut faim.

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3. «Et le tentateur s'étant approché de lui, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. » 4. « Mais Jésus répondit: Il est écrit: L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

5. « Alors le Diable le mena dans la ville sainte, et le mit sur le haut du Temple, »

6. « Et il lui dit: Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit qu'il ordonnera à ses anges d'avoir soin de toi; et ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre. »

7. « Jésus lui dit : Il est aussi écrit: Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. >>>

8. «Le Diable le mena encore sur une montagne fort haute, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ; » 9. « Et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant, tu m'adores. »

10. «Alors Jésus lui dit: Retire-toi, Satan; car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. » 11. «Alors le Diable le laissa; et aussitôt des anges vinrent et le servirent. »

Prendre ce passage à la lettre, serait vraiment absurde; car il faudrait d'abord admettre l'existence du Diable, c'està-dire d'une Divinité malfaisante, dont le pouvoir, opposé à celui de l'Étre Suprême, le contre-balancerait, et le surpasserait même le plus souvent pour faire triompher le vice, ainsi que le pensaient les anciens païens, et comme l'observation de tous les jours semble en effet le prouver.

Mais tout réels que soient ces faits comme résultats, peuton, avec quelque bon sens, attribuer le mal que produit le vice à l'action d'un Être intellectuel malfaisant réel, aussi puissant que Dieu même, et qu'on nomme le DIAble, Satan Ou DÉMON? et n'est-il pas au contraire plus conforme au bon sens de désigner sous ces dénominations le vice personnifié? Et c'est bien certainement dans ce dernier sens que l'Évangéliste a employé ces termes dans le passage, évidemment allégorique, que je viens de rapporter, sur les tentations de Jésus.

En effet, comment peut-il entrer dans l'intelligence d'un chrétien qui croit à la divinité de Jésus-Christ, que celui-ci ait, en cette qualité, jamais pu être tenté par le Diable, qui lui aurait proposé de se prosterner devant lui et de l'ADORER? Et comment Satan peut-il avoir offert en outre à la Divinité tous les biens de la terre pour prix de cette adoration? Car toute proposition suppose qu'elle puisse être acceptée. Cela devient tellement absurde que réellement on ne peut y répondre, et il ne serait en effet pas possible de pousser le blasphème plus loin que d'admettre que de semblables propositions puissent être faites à Dieu par le démon. D'où il est impossible que les Evangélistes qui ont écrit ce passage aient pu voir dans Jésus-Christ la Divinité incarnée; si toutefois ils ont cru, ainsi que beaucoup de personnes le pensent

encore, à l'existence réelle de Satan, comme étant un Être puissant et intelligent.

Quel pouvait être d'ailleurs l'Esprit qui a emmené ainsi Jésus dans le désert pour le faire tenter par le Diable? Ce n'était évidemment pas Satan lui-même; car l'Évangéliste fait dans ce qu'il dit une distinction d'individualité entre eux. Était-ce l'Esprit de Dieu ? Outre qu'un acte aussi indigne ne saurait être attribué à l'Être Suprême, quoiqu'on en trouve plusieurs équivalents dans la Bible, telle que l'histoire de Iob, il est tout à fait constant que l'Evangéliste fait là une distinction entre cet Esprit, qui serait Dieu, et Jésus; c'est-à-dire qu'à ses yeux Jésus n'était pas Dieu luimême. Et admettant pour le moment qu'il fût le Fils de Dieu, c'est-à-dire un Être différent de l'Éternel, mais cependant de même essence, ce qui établirait, comme on voit, la pluralité des Dieux; comment le Créateur avait-il besoin, voulant connaître l'immuable foi et la vertu inébranlable de Jésus-Christ, d'employer l'office du Diable pour l'éprouver, voire même pour le tenter? Cela supposerait d'abord à ce dernier une faculté que Dieu lui-même n'avait pas, et ensuite quel est le rôle qu'on fait jouer ici à la Divinité?..... Celui d'un indigne agent provocateur!!! Quelle religion !!!

Il est dit aussi que Jésus-Christ après avoir jeuné pendant quarante jours, eut faim. Mais s'il était Dieu, comment pouvait-il faire pénitence de ses péchés par le jeûne et la faim?

A la proposition de Satan, de convertir des pierres en pains, l'Evangéliste dit que Jésus-Christ répondit que l'homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Cette réponse ne satisfait d'abord pas à la question, vu qu'il est évident que si l'homme ne vit pas seulement d'aliments qui entretiennent l'existence matérielle du corps, cette nourriture est toutefois nécessaire quand on a faim après un jeûne de quarante jours; et c'est ainsi bien dans le sens direct que la première propo

sition de Satan doit être prise, demandant simplement à Jésus de faire un miracle pour prouver qu'il est réellement le Fils de Dieu, ou du moins le Messie; tandis que la réponse du Sauveur s'applique évidemment à la nourriture spirituelle, et n'a, du reste, rapport qu'à lui-même, mais elle prouve surtout qu'il ne se considérait du moins pas comme étant Dieu le Créateur lui-même, dont il parle à la troisième personne. Vérité qui ressort du reste aussi de toutes ses autres réponses, où Jésus-Christ repousse avec indignation les propositions du mauvais génie de se prosterner devant lui, pour obtenir par là tous les biens de la terre.

Mais en ne voyant dans ce passage de Saint Matthieu qu'une simple allégorie, le sens en devient parfaitement clair et logique. En effet, Jésus-Christ considéré non comme une divinité mais comme un sage, qui voyait dès le début de sa vie évangélique tout l'ascendant qu'il avait sur le peuple par ses enseignements, on comprend que des idées ambitieuses ont dû se former dans son esprit, qui le jeta d'abord dans le vague de l'incertitude sur ce qu'il avait à faire; état que l'Évangéliste désigne ici sous le nom de désert. Pendant ce temps, le vice de l'ambition, personnifiée sous le nom de Satan, l'excite à se détourner du chemin de la vertu pour se livrer à ce même démon.

Dans cette tentation, la pensée lui venant qu'il était un Être surnaturel, le Messie (Fils de Dieu), capable de faire ce qui était impossible aux autres hommes, l'Évangéliste a présenté cette tentation sous la forme du Diable, proposant à JésusChrist de convertir des pierres en pains, ou bien de se jeter en bas du haut du temple, chute dont il ne devait éprouver aucun mal, si réellement il était le Messie ou l'oint de Dieu. Mais reconnaissant que cette épreuve marquerait un doute, une incertitude dans sa vie, il en repoussa l'idée, en disant Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. Enfin, il a vu dans son imagination le peuple oppressé par l'étranger, s'unir à lui comme à un Sauveur ou le Messie, et lui offrir

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