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grande période, depuis l'état de fusion de notre planète jusqu'à nos jours, mais divisée en plusieurs périodes secondaires, où se sont formés les terrains secondaires; et enfin celles-ci sont encore divisées en périodes d'un troisième ordre, dont l'état actuel du globe est la dernière. Mais est-il bien certain que depuis que le monde existe il n'y a eu qu'une seule de ces grandes époques? Cela ne me paraît pas probable, car il faudrait admettre qu'elle a commencé déjà alors qu'il a plu au Créateur de tirer l'univers du néant; temps qui équivaut pour nous à l'éternité. Il est au contraire beaucoup plus rationnel d'admettre que ces grandes époques de l'existence de la terre, où elle a chaque fois passé par l'état de fusion ignée, se sont fort souvent renouvelées par des causes que nous ne pouvons pas connaître; époque où toute structure disparaît, et où tout recommence chaque fois par une série de nouvelles créations.

Je viens de dire que l'époque à laquelle il a plu au ToutPuissant de tirer le monde du néant équivalait pour nous à l'éternité; mais ce temps si considérable peut-il même être admis? Je ne le pense pas, cette époque telle éloignée qu'on pourrait la supposer, n'étant qu'un instant comparablement à la véritable éternité. En effet, si dans l'origine Dieu a créé notre planète à l'état de fusion ignée, toutes les parties volatiles telles que le soufre ont dès lors dû commencer à s'en échapper, et comme il s'en dégage encore de nos jours, le temps où cette évaporation a commencé ne doit pas être si éloigné de nous, quand même il y aurait eu plusieurs fusions successives; les gaz une fois dégagés ne pouvant plus y rentrer, les forces qui les chassent de la masse fondue les empêchant d'y rentrer. Il suit de là qu'on doit encore admettre des périodes de quatrième ordre, c'est-à-dire celles réellement primitives, où chaque fois le monde entier retourne à l'état chaotique, où tous ses éléments se séparent pour se réunir après, soit dans la même forme, soit dans diverses autres, chacune commençant probablement par l'état de fusion ignée.

NOTE n° XIX. Génération spontanée.

Les premiers savants qui ont admis la possibilité de la génération spontanée des Étres vivants, ont pensé que même une foule d'espèces fort grandes, mais dont l'économie n'était alors pas connue, naissaient ainsi d'elles-mêmes ; et ils le crurent par cela que ces Étres étant considérés comme vils, on ne cherchait pas à savoir comment ils étaient produits. Les voyant souvent paraître tout à coup en très-grand nombre à certaines époques, dans des lieux où l'on n'en trouvait d'ordinaire pas avant, on a tout simplement pensé qu'ils s'y formaient d'eux-mêmes. C'est ainsi que beaucoup d'espèces, habitant communément dans les marais, furent considérées comme y prenant naissance par des causes fortuites, alors que l'eau venant à y détremper le sol, y produisait une fermentation qui les engendrait en nombres plus ou moins considérables; tandis qu'il n'y en existait aucun quand ces marais étaient desséchés.

C'est également ainsi qu'on croyait d'une manière fort gratuite qu'une foule d'insectes, et surtout la vermine qui dans certaines circonstances couvre le corps de l'homme et des animaux, étaient engendrés par des causes simplement fortuites, telles que plusieurs maladies, et surtout par la malpropreté.

Tant qu'on n'a pas cherché à faire servir cette hypothèse de base à des théories entières sur l'origine des Étres vivants en général, pour tâcher d'expliquer comment tous et l'homme lui-même ont pu prendre leur origine, cette erreur de la génération spontanée ne méritait pas la peine qu'on cherchât à la faire disparaître; mais quand on en a fait le principe de divers systèmes philosophiques, il a été nécessaire de détruire cette base erronée de la théorie de la génération des Étres; et c'est le professeur SPALLANZANI qui s'en est

chargé en démontrant, par une série d'expériences parfaitement bien conduites, qui ne laissent aucun doute, que tous les Êtres vivants, jusqu'aux derniers animalcules, doivent, sans exception, leur existence à des individus semblables à ceux qui les engendrent.

Les spontanéistes, chassés d'abord de retranchement ên retranchement, se refugièrent à la fin dans la classe des animaux infusoires, d'où ils crurent que, vu l'extrême petitesse de ces animalcules, il serait impossible de les en débusquer; soutenant qu'au moins là, la génération spontanée existait; mais là aussi ils ne purent tenir contre les preuves que leur opposa Spallanzani, qui fit voir (1) que bien que certaines espèces périssent dès qu'on élève à 35 ou à 45 degrés (Réaumur) la température de l'eau dans laquelle elles vivent, leurs œufs toutefois peuvent éprouver la chaleur de l'eau bouillante, et cela même pendant une demi-heure pour certaines espèces, sans perdre la faculté de se développer; tandis qu'en maintenant la chaleur de l'ébullitiou pendant trois quarts d'heurê, toute faculté germinatrice cesse. C'est-à-dire qu'en soumettant les diverses infusions pendant ce temps à cette haute température, il ne s'y produit plus jamais aucun animalcule, pas même les plus petits (Monades), que Spallanzani nomme ceux de troisième ordre. (Voyez la note n° 24.)

NOTE no 20. Grandeur absolue des animaux.

Il semble au premier aperçu que tout étant possible à Dieu, il aurait pu créer dans toutes les classes d'animaux des espèces de grandeur quelconque; mais il n'en est pas ainsi : l'Étre Suprême, ayant soumis la matière à des lois qui régissent ses propriétés, il a lui-même limité par là sa possi

(1) Opuscule de Physique animale et végétale, CHAP. II et III. 1776.

bilité de créer; et il ne put en outre rien produire qui fût contraire aux lois d'axiomes, telle que celle que la partie est moindre que le tout; loi qui trouve surtout son application dans la question qui nous occupe ici. En effet, par une conséquence de cette dernière loi, le poids des corps de même nature augmente en raison du cube de l'une de leurs dimensions; tandis que par une conséquence de la loi de gravitation, la force de soutien d'un corps, et spécialement d'une colonne, n'augmente qu'en raison du carré du diamètre horizontal, vu que chaque molécule de la substance de la colonne ne pouvant porter au plus, partout que le même poids, la force de soutien de la colonne est en raison du nombre de ces molécules qui constitue chaque couche horizontale, nombre proportionnel à l'aire de la section horizontale de la colonne, et en conséquence proportionnel au carré du diamètre.

Si l'on applique ces principes au corps des animaux terrestres, à celui des mammifères élevés sur quatre membres en forme de colonnes, on trouve en conséquence que dans deux espèces de même organisation, mais dont la taille serait seule différente, la force de soutien des os des membres serait en raison du carré du diamètre transversal des os au point où ceux-ci sont le plus minces; tandis que le poids du corps serait en raison du cube de cette même dimension. Appliquant cette loi à des espèces connues, on trouve que l'Éléphant, cet animal qui paraît si lourd et si massif sur ses membres, est au contraire, quant à ceux-ci, bien plus grêle que la Gazelle la plus fine. En effet, de tous les mammifères que je connaisse, le Guib (Antilope Scripta) est l'espèce la plus fine sur jambes. Sa hauteur au garrot est de 64 centimètres, et l'os du canon du membre antérieur n'a que 1 centimètre carré de grosseur à l'endroit le plus faible. S'il existait un animal en tout semblable, mais de la taille d'un Éléphant, qui aurait quatre fois et demi cette hauteur, ou 2,88, cette espèce pèserait en conséquence plus de 90 fois autant

que le Guib (91,125, cube de 4,5). Or, chez un Éléphant de cette grandeur, l'ensemble des deux os de l'avant-bras, n'a à l'endroit le plus mince que 61 centimètres carrés de grosseur; c'est-à-dire que la force de soutien du membre n'est que soixante et une fois aussi grande que dans le Guib, tandis que dans une Gazelle de même hauteur elle devrait avoir plus de quatre-vingt-dix fois cette puissance. Ce qui prouve que l'Eléphant est, vu sa hauteur, beaucoup plus grêle sur jambes que le Guib, qui nous paraît si fin. Si l'on considère avec cela que l'Éléphant étant proportionnellement beaucoup plus trapu dans son corps que ce dernier animal, son poids absolu doit être bien plus grand que serait celui d'un Guib de même hauteur, d'où il résulte en outre que la force de soutien de ses membres est considérablement plus faible que dans l'Antilope le plus léger.

Supposons maintenant que les Éléphants tels que nous les connaissons ayant trois mètres de hauteur, soient en raison de leur taille, les mammifères les plus grêles sur jambes qui puissent exister, et qu'il ait plu à l'Etre Suprême d'en créer de bien plus grands encore, de douze mètres par exemple, cette espèce eût en conséquence eu un poids soixante-quatre fois aussi grand que celui des espèces vivantes, tandis que la force de soutien des membres n'eût été, sous la même forme que seize fois aussi puissante; d'où le Créateur eût été obligé de quadrupler cette force dans la grande espèce, afin que les os des membres ne se brisassent pas sous le poids du corps; c'est-à-dire que les os des avant-bras auraient dû avoir, non pas 976 centimètres carrés (61×16), pour rester dans les mêmes proportions, mais au moins 3,924 centimètres carrés (61 x64).

On trouve là la raison pourquoi il n'existe pas de mammifères terrestres d'une très-grande taille, tandis qu'il y en a d'aquatiques, animaux dont le corps partout soutenu par l'eau, est en outre, par son poids spécifique, à peu près en équilibre avec ce liquide ambiant, ce qui empêche ce der

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