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voir un second, que de se rendre soi-même justice par la vengeance;

Qu'au lieu de haïr ceux qui font le mal, le devoir de l'homme est de leur rendre le bien en échange, et d'implorer leur pardon auprès de l'Éternel. Sublime précepte, dont il a donné lui-même le plus bel exemple, quand il fut mis à mort, disant, en s'adressant à l'Éternel : Pardonneleur, mon Dieu, ils ne savent pas ce qu'ils font. Enfin, JésusChrist dit à ses disciples que, pour mieux régler leur conduite à l'égard de leur prochain, pour rester agréables à l'Étre Suprême, ils ne doivent jamais faire aux autres ce qu'ils ne voudraient pas qui fût fait à eux-mêmes. Maxime admirable dans sa rigoureuse précision, renfermant dans si peu de mots toutes les règles et les devoirs des relations sociales.

Mais je serais obligé de transcrire ici l'histoire entière de JÉSUS-CHRIST si je voulais citer tout ce que son enseignement a d'admirable, et je renvoie pour cela à l'ÉVANGILE même, le Livre de sa doctrine morale et religieuse, recueillie par quelques-uns de ses disciples. C'est dans ce Livre que se trouvent, ainsi que je l'ai dit, les sublimes commentaires ou plutôt le complément de la loi mosaïque, Livre qui constitue aujourd'hui le véritable Livre canonique de ses innombrables sectateurs, divisés malheureusement en différentes communions, selon les interprétations qu'on a cru devoir faire du texte de l'Évangile, d'après les quatre auteurs qui nous ont transmis, sous forme historique, les entretiens de Jésus-Christ avec ses disciples; vu qu'il n'est fait nulle part mention d'une véritable doctrine spéciale, formant Loi, qu'il aurait cherché à établir à la place de la Loi mosaïque, qu'il a, ainsi que je viens de le dire, simplement expliquée, pour en faire mieux comprendre l'esprit. Il est même très-probable que les quatre Évangiles que nous possédons ne sont que de simples fragments de ces sublimes entretiens qui soient venus jusqu'à nous; cela ressort du

moins de la forme sous laquelle les quatre Évangélistes les ont écrits, les uns rapportant des faits sur lesquels les autres se taisent; tandis qu'ailleurs, ils répètent fort souvent la même chose en se copiant. Ce qui prouve qu'ils n'ont pas tenu de journal régulier des enseignements de leur Maître et n'ont écrit que plus tard, ce dont ils se sont souvenus. Cette opinion est d'autant plus fondée que les Évangélistes entrent souvent dans des détails minutieux sur des choses de trèspeu d'importance, pendant que, d'un autre côté, ils rapportent si peu de faits différents, qu'il est impossible qu'il n'y en ait pas eu beaucoup plus d'un grand intérêt, durant les trois ans que Jésus-Christ a été au milieu d'eux.

La douceur de caractère de Jésus-Christ, sa rigoureuse vertu, les sublimes paroles de son enseignement et la parfaite pureté de sa morale religieuse excitèrent d'abord l'admiration de ceux qui eurent le bonheur de le connaître, et dont beaucoup devinrent ses disciples. Cette haute idée qu'il donna de sa sagesse, ainsi que la sublimité de sa doctrine. si parfaitement conforme aux véritables principes de la vraie religion, basée sur l'amour sans bornes pour Dieu et le bonheur de la félicité éternelle, principes dont toutes les vertus ne sont que les rigoureuses conséquences et dont il donne le plus touchant exemple, l'élevèrent tellement dans l'esprit de ses disciples intimes ou APÔTRES que, dans un élan d'enthousiasme, SAINT PIERRE le nomma le FILS DU DIEU VIVANT (SAINT MATTHIEU, XVI, 16); titre qu'il n'a du reste non-seulement jamais accepté, mais contre lequel il a en quelque sorte formellement protesté, en ne se nommant d'abord lui-même autrement que le FILS DE L'HOMME dénomination assez usuelle chez les Hébreux pour désigner le genre humain ou simplement une personne. Ce terme est souvent employé dans ce sens dans l'Ancien Testament, surtout par le Prophète Ézéchiel, qui en fit un fréquent usage. Enfin, après sa mort, l'enthousiasme d'admiration porta les premiers sectateurs de Jésus-Christ, qui prirent le nom de

CHRÉTIENS, à enchérir encore sur les Apôtres, en le considérant non- seulement comme le Fils de Dieu, mais ils l'assimilèrent à la Divinité elle-même, en le proclamant identique avec le CRÉATEUR; admettant qu'il ne formait avec lui et l'Esprit divin ou le SAINT-ESPRIT qu'UN SEUL ETt même Dieu, formé ainsi de TROIS PERSONNES OU TRINITÉ; croyance qui devint bientôt le dogme fondamental de toutes les sectes chrétiennes qui se sont établies, à l'exception de celles des Ariens et des Unitaires, qui, tout en adoptant les principes de morale théologique enseignés par Jésus-Christ, rejetèrent toutefois le dogme de son essence divine.

Ce dogme de la Trinité n'est fondé que sur un passage de la Première Épître catholique de l'Apôtre SAINT JEAN, CHAP. V, 7, où il est dit : « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, la Parole et le Saint-Esprit, et ces troislà sont un. » Or ce passage a été écrit après la mort de Jésus-Christ.

Cette opinion d'une Divinité unique, formée cependant de trois personnes, a souvent été l'objet de fortes discussions. Ceux qui la soutiennent, et ce sont la plupart des théologiens chrétiens, prétendent qu'on doit l'accepter, d'abord parce qu'elle est enseignée dans les Actes des Apôtres ; et ensuite comme reconnue vraie par l'Église, qui se fonde sur la décision du Concile OEcuménique de Nicée (en 325), qui condamna la doctrine des Ariens. Les catholiques romains allant jusqu'au point de ne pas même permettre la moindre réflexion à ce sujet, ainsi que sur aucun autre dogme, pour tâcher d'en comprendre la possibilité, ont soin de déclarer que ce sont des mystères incompréhensibles pour l'intelligence humaine, et que la plus simple discussion à ce sujet, voire même le plus léger doute, constituent déjà un grave péché.

Les Protestants soutiennent bien la même thèse, mais ils permettent toutefois le libre examen sur cette grave question, afin que chacun puisse trouver d'une manière quel

conque les preuves d'après lesquelles il pourrait se convaincre qu'il se peut que trois personnes n'en constituent cependant qu'une seule. En effet, est-il bien possible à un homme de s'imposer volontairement une croyance à laquelle il ne croit pas? Or cette difficulté ne repose que sur une simple faute de logique de la part de ceux qui enseignent ce dogme, voulant d'une part, pour tenir fermement au texte de l'Écriture Sainte, qu'on considère le Créateur, le Saint-Esprit et Jésus comme trois Étres différents, tandis que de l'autre on doit aussi ne croire qu'à un seul Dieu.

Quant au Saint-Esprit, l'explication est facile, si l'on considère ce nom comme un simple synonyme des autres désignations sous lesquelles on nomme la Divinité, qui, en réalité, n'a qu'un seul nom, celui de DIEU, tandis que toutes les autres dénominations sous lesquelles on parle d'elle ne sont que celles de l'un de ses attributs. C'est ainsi qu'on nomme Dieu l'Être Suprême, l'Éternel, le Tout-Puissant, le Créateur, c'est-à-dire celui qui est au-dessus de toute chose, qui n'a ni commencement ni fin, dont le pouvoir est illimité, et qui a tiré l'univers du néant; et c'est également ainsi que Dieu qui n'est qu'Esprit peut aussi être désigné sous le nom de Saint-Esprit.

Pour ce qui est de Jésus-Christ, comme troisième personne de la Trinité, l'affirmation pourrait encore être soutenue jusqu'à un certain point, si l'on voulait s'en tenir ririgoureusement au texte de l'Apôtre Saint Jean, et ne considérer le Sauveur que simplement comme la Parole de Dieu, c'est-à-dire comme l'Interprète par lequel le Créateur a parlé aux hommes; en d'autres termes que sa parole doit être considérée comme étant celle de Dieu même; mais il y a loin de là à une identité parfaite avec le Créateur. Enfin, si allant plus loin encore, on voulait regarder Jésus-Christ comme étant réellement le CRÉATEUR INCARNÉ, ainsi que le prétendent la plupart des sectes chrétiennes, admettant que Dieu a pris en lui la qualité physique de l'espèce humaine, de

même qu'on dit qu'il a pris la forme d'une colombe, lors du baptême de Jésus, il faudrait du moins qu'on restât conséquent avec ce dogme, et ne pas soutenir tantôt que le Christ est le Créateur même, tantôt qu'il n'est que le Fils de Dieu, et tantôt, en le considérant comme le Messie (Christ); c'est-àdire comme n'étant que le descendant du Roi David; car ici commence le grand embarras de l'inextricable thèse paradoxale des orthodoxes.

En effet, comment comprendre que le Créateur, sous la forme d'une colombe, soit descendu sur lui-même, ayant aussi en même temps la forme de Jésus? Ensuite, comment Jésus a-t-il pu appeler le Créateur son Père, et être ainsi à la fois le Fils de lui-même, et dire, comme on le verra plus loin, qu'il retourne auprès de son Père, etc.? Enfin comment a-t-il pu adresser des prières à lui-même, surtout le Pater? Ce sont là de ces contradictions qu'il est impossible d'expliquer, et par cela seulement qu'on a adopté inconsidérément un principe erroné qui fausse tout, à quoi il se trouve mêlé.

Quant à la croyance que Jésus-Christ est le Fils unique de Dieu, titre qu'il n'a, ainsi que je l'ai déjà dit, non-seulement jamais accepté et contre lequel il s'est même formellement prononcé, comme on le verra un peu plus bas, elle n'est fondée d'abord que sur un rêve de SAINT JOSEPH, ensuite plus particulièrement sur une simple exclamation d'admiration de SAINT PIERRE, et enfin sur la prétendue annonciation faite à MARIE par l'Ange GABRIEL, qu'elle était enceinte par la vertu du SAINT ESPRIT, événement dont parle seul SAINT LUC dans la compilation de son Évangile ; tandis que n'ayant écrit que. longtemps après la mort de Jésus-Christ, il ne l'a très-probablement pas même connu; pendant que SAINT MATTHIEU et SAINT JEAN, les deux principaux Évangélistes qui ont été du nombre de ses Apôtres, ni même SAINT MARC, le quatrième Évangéliste, mais qui ne fut pas non plus Apôtre, ne font absolument aucune mention de ce grand événement qui au

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