précipite que sur l'extérieur des brins, mais ne pénètre pas. La soie, dans ces deux opérations, conserve toute son élasticité. On l'assouplit ensuite par un bain de tannin pour lequel on emploie le cachou, la noix de galle, le dividivi, etc. On ajoute à ce bain plus ou moins de sel d'étain, selon que l'on veut obtenir plus ou moins de poids. On termine enfin par un bain de savon.

M. Gillet a trouvé que l'accroissement du poids de la soie est à peu près proportionnel à celui de son volume.

Il a observé aussi que, dans les fils d'une soie écrue qui avait pris beaucoup de poids par la teinture en noir, les brins élémen→ taires s'étaient fortement écartés les uns des autres dans les dernières opérations, et que la couleur n'avait pris que sur leur extérieur, en pénétrant à peine dans le cœur. On ne peut pas douter que ce gonflement de la soie ne diminue la force des filaments simples de cocons.

Ce résultat donne l'explication des expériences où l'on a observé que la soie éprouvée au sérimètre était beaucoup plus forte avant qu'après la teinture au noir pesant.

VENTE DE THÉ AVARIÉ.

On lit dans la Patrie du 20 février, et sans doute dans d'autres journaux, l'annonce suivante :

« Vente publique de thé avarié.

« Le jeudi, 25 courant, à deux heures après midi, au DockEntrepôt (Havre), M. E. Troteux fera vendre publiquement, pour compte de qui il appartiendra, par le ministère de MM. A. Voizard et Marest, courtiers.

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JOURNAL DE CHIMIE, DE PHARMACIE ET DE TOXICOLOGIE.

« Le tout plus ou moins avarié d'eau de mer et provenant du navire Joséphine-Amédée, venu de Chine au Havre. »>

On doit se demander si la vente d'un produit avarié est licite ; en effet, ce produit livré au commerce ne sera pas livré comme produit avarié, l'acheteur n'en voudrait pas; il ne sera donc pas vendu pour ce qu'il est. S'il n'est pas vendu pur, il sera mêlé à du thé de bonne qualité et vendu comme thé; il y aura alors, selon nous, tromperie sur la nature de la marchandise.

Si notre manière de voir est exacte, comment se fait-il qu'on vende le thé avarié ?

Le thé avarié par les eaux de mer peut facilement être reconnu, son infusion précipite par l'azotate d'argent.

Charbonné, puis incinéré, ses cendres fournissent du sel marin. A. CHEVALLIER.

OBJETS DIVERS.

MOYEN POUR DÉFENDRE DES TOITURES EN PAILLE

CONTRE L'INCendie.

On assure que, pour protéger les toitures en paille contre le feu, il suffit de faire un enduit composé de 7 dixièmes de terre glaise, de 1 dixième de sable, de 1 dixième de crottin de cheval et 1 dixième de chaux vive; le tout bien mélangé et délayé avec de l'eau jusqu'à consistance de mortier. On applique cet enduit sur la surface du chaume et on donne à la couche une épaisseur de 1 centimètre environ, en ayant soin de remplir les fentes et les fissures qui se forment au fur et à mesure que l'enduit se dessèche. Cette espèce de mastic ne peut être dissous par l'eau, et par conséquent il ne coule pas sous l'inclinaison des toits; de plus il intercepte le contact du feu avec la paille, diminue l'activité de l'incendie et donne par conséquent les moyens de l'arrêter.

Le Gérant: A. CHEVALLIER.

23023 PARIS. TYPOGRAPHIE DE RENOU ET MAULDE, RUE DE RIVOLI, No 144.

DE

CHIMIE MÉDICALE,

DE PHARMACIE ET DE TOXICOLOGIE.

5me Série; Tome V; N° 5. Mai 1869.

TOXICOLOGIE.

INTOXICATION MERCURIELLE PROFESSIONNELLE.

M. Hillairet lit une note sur un nouveau moyen de préparer sans mercure les poils de lièvre et de lapin destinés à la fabrication des chapeaux de feutre, extraite d'un mémoire sur l'intoxication mercurielle professionnelle.

M. Hillairet se propose, dans cette note, de soumettre à l'Académie un moyen d'éviter les accidents inhérents à ce genre de fabrication, qui est utilisé depuis une année dans une des principales couperies de Paris. D'après l'auteur, le bénéfice de ce nouveau mode de préparation, qui consiste à substituer au mercure l'emploi de l'acide hypoazotique, serait considérable au point de vue hygiénique.

« Désormais, dit-il, 10,000 ouvriers en France et 20 à 25,000 en Europe, échapperont, grâce à ce nouveau mode de préparation, aux tristes conséquences de l'intoxication hydrargyrique. »> (Ce travail est renvoyé à l'examen d'une commission composée de MM. Vernois, Bergeron et Delpech.)

DU VENIN DE LA VIPÈRE.

Voici quelques résultats obtenus par MM. Cheron et Goujon

5o SÉRIE V.

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sur l'action du venin de la vipère; ils permettent de définir positivement cette action. Le 2 septembre dernier, étudiant comparativement les effets dus au venin de la vipère et à celui du scorpion, on fit mordre un lapin aux oreilles et au cou par la vipère-aspic de moyenne taille et commune dans la forêt de Fontainebleau. Ce lapin mourut trente heures après ces piqûres. Vingt-quatre heures étaient écoulées lorsqu'on constata l'existence d'un œdème considérable dans les différents points piqués, et, à ce moment, on recueillit facilement 60 à 70 grammes de sérosité rougeâtre, ayant une odeur fétide, colorée par des globules de sang et contenant quelques rares leucocytes. Cette sérosité, chauffée dans un tube et traitée par l'acide nitrique, ne donne pas de coagulation.

Deux grammes de ce liquide à peu près ayant été injectés sous la peau d'un autre lapin en parfaite santé, cet animal ne parut pas d'abord incommodé par cette opération; mais, une heure et demie après, il était très-froid et titubait en marchant; une demi-heure plus tard, il était pris de convulsions dans lesquelles il succombait.

A l'autopsie, faite de suite, on trouva dans la cavité abdominale une grande quantité de sérosité transparente et incolore. Le point où l'injection avait été faite ne présentait rien de spécial; il n'y avait pas d'ecchymose ni d'œdème comparables à ceux dont les venins déterminent la production. Les muscles étaient très-pâles et ne réagissaient pas sous l'action des courants induits. Tous les viscères étaient également décolorés. Les veines caves étaient gorgées de sang noir, et les artères complétement vides. La vessie renfermait une grande quantité d'urine trouble, dans laquelle on ne trouva pas d'épithélium, et qui redevint transparente sous l'action de la chaleur.

Il est curieux de constater que les venins, dont les propriétés physiques et physiologiques sont toutes différentes de celles des

virus, peuvent produire sur les liquides organiques des modifications qui donnent à ces derniers, sur l'animal dans les tissus duquel on a introduit le venin, des propriétés ayant quelque analogie avec celles de certains liquides virulents.

EMPOISONNEMENT PAR DES LOTIONS AVEC UNE DÉCOCTION
DE TABAC.

Observation du docteur BLANCHARD,

Médecin à Maffliers (Seine-et-Oise).

Au moment où la question de l'absorption cutanée vient d'être remise à l'ordre du jour par la savante communication de M. le professeur Tardieu, à l'Académie de médecine, à propos de l'empoisonnement par la coralline, je crois du devoir de tous les praticiens de traiter cette importante question, et on me pardonnera la liberté que je prends de soumettre à l'Académie une observation de ma pratique, qui prouve une fois de plus que les substances tenues en dissolution dans l'eau peuvent être absorbées par la peau.

Je me bornerai à raconter les faits, laissant à l'Académie le soin d'en tirer les conclusions qu'elle jugera convenables.

Le 28 janvier de cette année, peu de jours avant la communication de M. Tardieu, à l'Académie, sur l'empoisonnement par la coralline, je suis appelé à Nerville, commune de Seineet-Oise, canton de l'Ile-Adam, au milieu de la nuit, près de deux malades, qu'on me dit être atteints du choléra. Je m'empresse d'accourir, et voici quel est l'état des malades à mon arrivée :

Le nommé Émile B..., âgé de trente-deux ans, profession de bûcheron, est couché sur un lit; sa face est pâle, couverte de sueur visqueuse; il est plongé dans la stupeur, dont on le fait difficilement sortir; il accuse de violentes douleurs à l'estomac,