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COMPLÈTES

DE BOURDALOUE.

Э

SERMONS POUR LE CARÊME.

TOME PREMIER.

A PARIS,

CHEZ MÉQUIGNON FILS AINÉ, ÉDITEUR,
rue des saints-PÈRES, N° 10;

M. DCCC. XXII.

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Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem rever

teris.

Souvenez-vous, homme, que vous étes poussière, et que vous retournerez en poussière. Ce sont les paroles de l'Église dans la cérémonie de ce jour.

IL seroit difficile de ne s'en pas souvenir, Chrétiens, lorsque la Providence nous en donne une preuve si récente, mais si douloureuse pour nous et si sensible. Cette Église où nous sommes assemblés, et que nous vîmes il n'y a que trois jours occupée à pleurer la perte de son aimable prélat,' et à lui rendre les devoirs funèbres, nous prêche bien mieux par son deuil cette vérité, que je ne le puis faire par toutes mes paroles. Elle re• M. de Péréfixe, archevêque de Paris.

CARÊME. I.

1*

grette un pasteur qu'elle avoit reçu du ciel comme un don précieux; mais que la mort, par une loi commune à tous les hommes, vient de lui ravir. Ni la noblesse du sang, ni l'éclat de la dignité, ni la sainteté du caractère, ni la force de l'esprit, ni les qualités du cœur, d'un cœur bienfaisant, droit, religieux, ennemi de l'artifice et du mensonge, rien ne l'a pu garantir du coup fatal qui nous l'a enlevé, et qui, du siége le plus distingué de notre France, l'a fait passer dans la poussière du tombeau. Vous, Messieurs, qui composez ce corps vénérable dont il étoit le digne chef; vous qui, par un droit naturellement acquis, êtes maintenant les dépositaires de sa puissance spirituelle, et que nous reconnoissons à sa place comme autant de pères et de pasteurs; vous, sous l'autorité et avec la bénédiction de qui je monte dans cette chaire pour y annoncer l'Évangile, vous n'avez pas oublié, et jamais oublierez-vous les témoignages de bonté, d'estime, de confiance que vous donna jusques à son dernier soupir cet illustre mort; et qui redoublent d'autant plus votre douleur, qu'ils vous font mieux sentir ce que vous avez perdu, et qu'ils vous rendent sa mémoire plus chère?

Cependant, après nous être acquittés de ce qu'exigeoient de nous la piété et la reconnoissance, il est juste, mes chers Auditeurs, que nous fassions un retour sur nous-mêmes ; et que, pour profiter d'une

mort si chrétienne et si sainte, nous joignions la cendre de son tombeau à celle que nous présente aujourd'hui l'Église, et nous tirions de l'une et de l'autre une importante instruction. Car telle est notre destinée temporelle. Voilà le terme où doivent aboutir tous les desseins des hommes et toutes les grandeurs du monde: voilà l'unique et la solide pensée qui doit partout et en tout temps nous occuper: Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris: Souvenez-vous, qui que vous soyez, riches ou pauvres, grands ou petits, monarques ou sujets ; en un mot, hommes, tous en général, chacun en particulier, souvenez-vous que vous n'êtes que poudre et que vous retournerez en poudre. Ce souvenir ne vous plairapas; cette pensée vous blessera, vous troublera, vous affligera mais en vous blessant, elle vous guérira; en vous troublant et en vous affligeant, elle vous sera salutaire ; et peut-être, comme salutaire, vous deviendra-t-elle enfin, non-seulement supportable, mais consolante et agréable. Quoi qu'il en soit, je veux vous en faire voir les avantages, et c'est par-là que je commence le cours de mes prédications.

Divin Esprit, vous qui d'un charbon de feu purifiâtes les lèvres du prophète, et les fites servir d'organe à votre adorable parole, purifiez ma langue, et faites que je puisse dignement remplir le saint ministère que vous m'avez confié. Éloignez de moi tout ce qui n'est pas de vous. Ne m'inspirez

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